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l)0() DHUilM:: tiKOliUAlMllQUK DKS KSl'KOl^JS CULTIVKKS.
chair oii soul les graines, tandis que dans les Mdopepones, onla mange. »
Comme le dit très l)ien Madliiole (édit. Valgr., p. 368) , après de pareilles
expressions, ou ne sait (jue penser. Je demeure comme lui dans le doute,
après avoir lu les textes, et j e voudrais trouver des indices d'une autre
jiature pour m'assiu^cr que les Anciens connaissaient le Melon.
Les meilleurs arguments sont peut-être dans les noms vulgaires modernes
et dans la Iradilion. En Grèce, le Melon est nommé aujourd'hui IleTrwvia
(Fraas, /. c , ) ; en Italie, on le nommait déjà en 1 5 3 9 (Brasav., /. c . ) e t
on le nomme encore maintenant Pepone^ Melone^ Meïlone (Poil., FL
Ver., m , p. 1/|5). Les Espagnols employaient déjà au commencement du
xvi^ siècle (Ilerrera) le terme de Melon. S'ils avaient reçu ce fruit des
Arabes et non des Romains, il est vraisemblable qu'ils lui auraient donné
un nom arabe, comme cela est arrivé pour le coton. En Sardaigne, où les
traditions romaines sont bien conservées', on dit Meloni (Moris, Fl.
Sard., II, p. 8 5 ) . Il est certain que du temps de Matthiole, en 1 5 7 0 , on
cultivait plusieurs variétés de Melons qui étaient excellentes. La planche
de cet auteur (p. 368), celle de Daléchamp, en 1 5 8 7 (p. 6 2 3 ) , ne laissent
aucun doute sur l'espèce. L'admiration des auteurs du xvr siècle pour le
parfum et le goût exquis du Melon, comparée au silence des Romains, qui
n'étaient pas peu gourmets, est assurément un indice de la nouveauté du
fruit en Europe. Virgile, par exemple, n'en parle pas (Fée, Paulet, FL de
Vinj.). Les fragments de Pline, Columelle, Apicius, etc., sur le Melo, sont
Irès brefs et insignifiants. D'après Olivier de Serres (Theatr. d'agric., édit.
(îenève, p. Z|77, en 1 6 2 9 ) , la culture du Melon s'était répandue considérablement
dans le midi de la France, où elle était auparavant inconnue. « Pline,
dit ce vieux et aimable auteur, prend le plus souvent le concombre pour
le melon, confondant ces deux fruits sous même appellation, montrant par
là le melon être de son temps en Italie nouvelle viande. Nul autre ancien
auteur de rustication n'en fait mention. » Le père de l'agriculture espagnole,
Herrera, disait, en 1 5 1 3 (Agric. gen., édit. 1809, III,p. iià) avec
une bonhomie qui n'exclut pas la malice : « Si le melon est bon, c'est un
des meilleurs fruits qui existent, et même aucun ne lui est préférable,
S'il est mauvais, c'est une mauvaise chose. On a coutume de dire que les
bons sont comme les femmes bonnes, et les mauvais comme les mauvaises.
))
Rien ne prouve que les Arabes aient cultivé le Melon ordinaire avant les
Européens. On a supposé que leurs médecins du moyen âge en auraient
parlé quelquefois sous le nom de Kadt ou Chiar (Ebn Raithar, trad, de von
Sondtheimer, I I , p. 280), sans aucune description du fruit ou de la
plante; mais ce nom de Chiar^ attribué au Melon par M, de Sondtheimer^,
OMOINE DES ESPECES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 9 0 7
est le nom du concombre, Cucumis sativus, d'après Eorskal (p. LXXVI) et
Belile (F/. J E g . , p. 29) . L e nom de Bathich, dérivé évidemment de
VAbatichim des Hébreux, attribué aussi au Cucumis Melo (Sondth,, ih.,
I, p. 1/|5), doit être plutôt celui du Cucumis Citrullus, le nom arabe du
vrai Melon étant Dummoejri (Forsk., Domeyri (Del., p. 2 9 ) . Rau-
Avolf, en 157Zi, n'avait vu le Melon qu'à Tripoli, car il le cite comme cultivé
seulement dans cette localité, lui qui indique le Melon d'eau et la courge
ù Halep et à Tripoli (FL or., édit. Gron., p. 12/i). Je ne puis regarder
ceci comme une preuve de non-existence dans l'Orient ; mais n'oublions pas
que les Hébreux, et peut-être les Romains du temps de Jules César, ne
connaissaient pas l'espèce. Plus on marche vers l'Asie méridionale, moins
la culture du Melon parait ancienne. On ne connaît aucun nom sanscrit
(Roxb., FL Ind., édit. 1832, IH, p. 7 2 0 ; Pidd., Index], et un seul
nom moderne, à la fois bengali, hindustani et persan, Khurbooja, indique
une origine persane. Point de planche dans Rheede. Rumphius
(Amb., V, p. àOh) dit que les Melons ont été apportés dans les îles de
l'archipel asiatique par les Portugais. Ils sont médiocres en Chine et en
Cochinchine (Lour., p. 726) . On les cultive beaucoup au Japon (Thunb.,
FL, p. 323) , ce qui indiquerait une date plus ou moins ancienne
dans l'Asie orientale. Aucun des auteurs que j e viens de citer ne parle
de Melons sauvages, ni même naturalisés par dissémination hors des
jardins.
La culture de l'espèce n'étant pas fort ancienne, et la plante n'ayant
jamais été trouvée sauvage dans la région de la mer Méditerranée, en
Afrique, dans l'Inde et les îles de l'archipel indien, nous arrivons, par
exclusion, à soupçonner qu'elle est originaire de la Tartaric ou des environs
du Caucase. C'est aussi la seule région où l'on prétende avoir quelquefois
rencontré l'espèce hors des cultures. Willdenow (Sp., IV, p. 6 1 3 )
disait : « habitat in Cahnucchia, » sans indiquer de preuve, tandis que
Linné (Sp. , 2" édit.) ne connaissait aucune habitation. M. de Steven (vUe/n.
506\ Mose., in-/i% IV, p. 7 0 ) dit l'avoir trouvé dans un endroit stérile,
loin de toute habitation, sur les bords du lleuve Kour, dans le district de
Schirvan ; mais il regrettait de n'en pas avoir conservé des échantillons
desséchés, afin de vérifier exactement l'espèce. « Dans la Russie méridionale,
ajoute-t-il, onle cultive en abondance et il ne s'échappe pas dans la
campagne. » Bieberstein (HI, p. 62/i) cite Steven, et il dit n'avoir pas rencontré
la plante spontanée autour du Caucase. M. Hohenacker l'a trouvée
près d'Élisabethpol (Ledeb., FL Ross., H, p. 1/|2), Jusqu'à présent,
MM. de Steven et Hohenacker sont les seuls qui l'aient trouvée; mais leur
témoignage, très digne d'attention, concorde avec les faits historiques, et
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