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9(5/i OltlGIKE UÉOGIUPIIIUUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
clans un jardinet provenani de graines de Guinée. 11 dit que les négriers
en cliargeaieut leurs vaisseaux pour nouiiir les esclaves pendant la
traversée, ce qui indique une culture alors très répandue en Afrique.
Pison, dans la seconde édition (1658, p. 256, non dans l'édit. I(i/|8),
iigureun fruit très analogue, importé d'Afrique au Brésil, sous le nom de
Mandobi, bien voisin du nom de l'Aracliis, Mundidn. D'après les trois
folioles de la plante, ce serait leVoandzeia, si souvent cultivé en Afrique;
mais le fruit me parait plus allongé qu'on ne l'attribue à ce genre, et il
a deux ou trois graines au lieu de une ou deux. Quoi qu'il en soit, la distinction
établie par Pison entre ces deux graines souterraines, l'une brésilienne,
l'autre d'Afrique, teiul à faire penser que l'Aracbis est du Brésil.
L'ancienneté et la généralité de sa culture en Afrique est cependant un
argument de quelque force, qui compense jusqu'à un certain point l'ancienneté
au Brésil et la présence des six autres Aracbis dans ce seul pays.
Je lui donnerais beaucoup de valeur si l'Aracbis avait été connue des anciens
Egyptiens et des Arabes; mais le silence des auteurs grecs, latins et arabes,
l'absence de l'espèce en Egypte, du temps de Forskal, me font penser que
sa culture en Guinée, au Sénégal (Guill. et Perr., Fl. Smcg.) et sur la
cote orientale d'Afrique (Lour., FI. Cock.), ne remonte pas à une date
fort ancienne. Elle n'a pas non plus des caractères d'antiquité bien grande
en Asie. En eflet, on ne lui connaît aucun nom sanscrit, ou même bengali
(Roxb., Fi. Ind., in, p. 280;Pidd., Index), mais seulement un nom
bindustani. D'après Uumpbius (V, p. /r26 et /i27), elle aurait été importée
du Japon dans plusieurs' des îles de l'arcbipel indien; elle n'aurait eu
alors que des noms étrangers, et le nom usité par les Chinois signifiait
seulement fève de terre. A la lin du siècle dernier, elle était cultivée généralement
en Chine et en Cochinchine. Cependant, malgré cette supposition
de Rumpbius, d'une introduction dans les îles par le Japon ou la Chine,
je vois que Tliunberg n'en parle pas dans sa Flore Japonaise. Or, le
Japon a eu d'anciens rapports avec la Chine, et les plantes cultivées, origimiires
de l'un des deux pays, ont ordinairement passé de bonne heure dans
l'autre. Elle n'est pas indiquée par Forster parmi des plantes usitées dans
les i^etites îles de la mer Pacifique.
L'ensemble de ces données me fait présumer l'origine américaine, j'ajouterai
même brésilienne.
Auciin des auteurs (juej'ai consultés ne dit avoir vu la plante spontanée,
soit dans l'ancien, soit dans le nouveau monde. Ceux qui parient de l'Afrique
ou de l'Asie ont soin de dire que la plante y est cultivée. Marcgraf
ne le dit pas pour le Brésil, mais Pison indique l'espèce comme semée.
Sesamsuu hjdîcum, MC {H. ìndie«.« et S oi îentaîe, L ) — LeSésame
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES, 965
est une de ces graines oléagineuses répandues depuis longtemps dans les
régions chaudes de l'ancien monde. Pline (l. xviii, c. 10) en pariant des
cultures d'été des Égyptiens dit : « Sesama ab Indis venit : ex eo et oleum
faciunt. Colorejus candidus. » Il parle d'un Sésame sauvage, usité aussi en
Egypte pour de l'huile, et qui doit être le Ricin (1. xv, c. 7). Théophraste
(1. vm, c. 1, 5) et Dioscorides (1. ii, c. 121) mentionnent aussi un Sésame,
plante annuelle, dont les Égyptiens tiraient de l'huile. Malgré ces témoignages
concordants, je doute que la culture du Sésame fût bien ancienne
en Egypte, car il ne paraît pas qu'on en trouve des grains dans les cercueils
de momies, et les commentateurs ne citent aucun nom hébreu qui se rapporte
à elle (Hiller, Hieropinjton ; Rosenmuller, Bihl. AUert:., ÎV). Le
nom de Sesamum est commun aux Grecs, aux Latins et aux Arabes (Forsk.,
p. Lxviii), sauf quelques variations insignifiantes de lettres. Le nom sanscrit
est Tila (Roxb., FL Ind., 111, p. 100). Il y aun nom malais Widjin
(Rumph., V, p. 205), un nom chinois Moa (//>.), un nom japonais Koba
(Thunb., FL Jap., p. 25/i). La diversité de ces mots dans des langues
anciennes, montre l'antiquité de la culture et sa grande diffusion dès l'origine.
C'est aussi une indication que les races considérées, par les uns, comme
appartenant à la même espèce; par d'autres, comme formant plusieurs
espèces ont peut-être une patrie primitive différente, et ce fait appuierait
l'idée de plusieurs espèces. Roxburgh et le docteur Royle (lU. HimaL,
p. 29/|) qui ont observé la culture de divers Sésames et qui reconnaissent
l'hérédité de leurs caractères, admettent une seule espèce. Dans ce cas, la
plante primitive serait probablement celle à graines noires, à fleur rose,
feuille peu large, entière ou sinueuse, que Rumpbius (V, p. 20/i, 205) nous
dit être la plus commune dans l'archipel indien et se propager hors des
cultures, parce qu'on la bannit des jardins. Aucun autre auteur ne parle
de Sésame spontané, et nous ne pouvons pas savoir si Rumpbius lui-même
entend une plante vraiment sauvage, ou une plante qui s'échappe des cultures
par la facilité avec laquelle ses graines se répandent. Le nom malai
vulgaire, Wiedjen allas, signifie Sésame sauvage (Hassk., Cat. h. Bogor.
ait., p. 152).
Le Sésame est cultivé sur la côte occidentale d'Afrique (Hook., FL
Nigr., p. hQh). C'est de là que les Portugais apportèrent au Brésil la
variété à graine blanche et à feuilles étroites entières (Piso, Bras., édit.
1658, p. 211). Comme toutes les vraies sésamées (Trib., I ; DC., Prodr.,
IX) bien connues, sont originaires d'Afrique ou d'Asie, je doute infiniment
que les deux Sesamum encore mal connus, peut-être cultivés, et d'origine
mal établie, qui sont à la fm du genre dans le Prodromus, soient véritablement
indigènes en Amérique.