990 DES ESPECES DISJOINTES.
en Corse (Salis, Flora, 183/i, Beibl., p. 3), clans les montagnes de l'île
s
de Sardaigne (Moris, Ehnch., I, p. /il), en Sicile (Guss., Sijn., II,
p.^610). Je lie sais s'il est originaire dans les ravins frais du Boujareah,
près d'Alger, où i l en existe quelques pieds, selon M. Munby (Fl. Alg.,
p. 105). L'espèce manque à l'île de Madère (Lemann, liste manusc.), et
même aux Açores (Wats., dans Hook., Lond. journ. Bol., III et VI), où
elle pourrait probablement réussir.
Il n'est pas certain que le Châtaignier (Castanea vesca) soit de toute
ancienneté dans les îles Britanniques (voy. p. 687), mais il existe dans les
îles de la mer Méditerrannée, en abondance, à une certaine élévalion audessus
de la mer. On ne le connaît pas dans l'Atlas, jusqu'à présent
(Cosson, verbalement en 1853). Je doute qu'il soit spontané aux îles Canaries
(Buch, Can., p. 178), car Webb ne l'indiquait pas (Phijtogr. Can.),
et j'ignore ce qu'il en est à Madère où ma liste communiquée par Lemann
l'indique. Il manque aux Açores (Wats., Lond. journ. Bot., III et YI).
Le Fagiis sjivatîca (nètre), existe sur le continent d'Europe et dans
les îles Britanniques, où il n'est pas sùr qu'il soit ancien (voy. p. 689).
Il est en Corse (Salis, Flora, 183/i), et en Sicile (Guss., Sxjn.) évidemment
indigène, mais à une certaine élévation au-dessus de la mer, ce qui
rend le transport parles courants presque impossible à supposer. Il manque
au midi de l'Espagne (Boiss., Voy. ; Webb, Iter), à la Sardaigne (Moris,
Ehnch., I-III), à l'Algérie (Munby, Fl. Alg.), aux Canaries (Webb,
Phyt. Can.), à Madère (Lemann, liste manusc.), aux Açores (Wats.,
Lond. journ. Bot., III et VI) ; ce qui s'explique de reste par le peu d'élévation
ou par une position trop méridionale.
Conifères.
La plupart des Conifères ont des graines ailées, ou très plates, ou petites
et entourées d'une chair qui peut tenter des oiseaux. Leur transport dans
ces différents cas peut se comprendre. Mais il y a des espèces à graines
pesantes, assez grosses, et dépourvues d'ailes. Les naturalisations sont
à leur égard d'autant moins probables que ces graines germent lentement
et sont souvent détruites par les insectes ou par les rongeurs. Quelquesunes
cependant ont des habitations séparées par Ip mer.
Le Pîniis Cembra, L., existe aux îles Kuriles, comme dans l'Asie septentrionale
où il est si commun (Endl., Conif., p. 1/|3).
Le Pinns parvifiora, sîei». et Kascc., qui en est très voisin (P. Cembra,
Thunb.), est au Japon et aux îles Kuriles (Endl., I. c.).
< Le Pinus koraiensîs, siei». et Ziicc., également à graille non ailée, se
trouve au Japon et au Kamtschatka (Endl., l. c.).
ESPÈCES LIGNEUSES A GROSSES GRAINES OU A GROS NOYAUX. 997
Je ne citerai pas le Pinus Pinta, assez répandu dans les îles de la
Méditerranée, parce qu'il peut avoir été semé de main d'homme dans
plusieurs localités, comme il l'a été à Madère (Lemann, liste manusc.), à
cause du bon goût de ses amandes.
Palmiers.
Plusieurs Palmiers ont de grosses graines; mais les espèces de cette
famille étant presque toujours limitées à une petite étendue de pays, même
sur chaque continent, il est assez naturel que, dans les îles éloignées,
elles se trouvent souvent propres à ces îles.
Lorsque deux pays, sans être extrêmement séparés, le sont assez pour
que le transport de gros fruits et de grosses graines soit difficile à admettre,
on voit quelquefois des Palmiers s'y trouver simultanément. Ainsi, d'après
VEortus Maurilianus Bojer, il y a quelques espèces communes
à Bourbon et à Maurice, quoique les courants ne portent pas directement
de l'une de ces îles à l'autre, et que la distance soit de trente lieues. Personne
ne doute que certaines espèces de Palmiers ne soient communes, par
exemple à Ceylan et à la péninsule indienne, à diverses îles de l'archipel
malai, à plusieurs îles de l'archipel des Antilles, et probablement à telle ou
telle de ces îles et au continent américain. Néanmoins, d'après les
ouvrages actuels, même d'après la splendide ¡Monographie de M. de Martius,
les cas de cette dispersion sont peu communs. Je ne les indiquerai
pas'ici, car, probablement, leur rareté tient à l'absence de bons échantillons
dans les collections, et à l'ignorance où l'on est sur la végétation de
plusieurs de ces îles. Je remarque cependant que la Flore des îles du
Cap Vert, par M. Schmidt, le Mémoire du docteur Hooker sur les îles Galapagos
{Trans, soc. Limi., v. XX), les petites Flores des îles Sandwich et
des îles de la Société dans le Voyage de Beechey {Hook, et km., Voy.
Beech.) ne contiennent aucune espèce de Palmiers spontanée, d'où l'on
peut croire que l'isolement des terres a empêché les graines d'y parvenir.
L'existence fort ancienne, déjà mentionnée par Pline, du Dattier sauvage
aux îles Canaries, n'est pas très probante; car, de toutes les espèces de la
famille, c'est peut-être celle que l'homme transporte le plus volontiers, et
dont les graines peuvent se trouver le plus souvent dans l'estomac des
oiseaux. Si la rareté des Palmiers dans les îles un peu séparées se confirme,
on pourra l'attribuer à l'isolement géographique plutôt qu'à un
obstacle venant des climats insulaires en général, attendu que les îles de
la Sonde et les îles Mascareinhes semblent pourvues d'une assez notable
proportion de ces belles plantes. La difficulté, non de transport, mais de
naturalisation, pour les Palmiers à gros fruits, est démontrée par le fait du