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8 0 / I C/IA,\GKME>TS DANS L/LIABITATIO.V DES ESPÈCES.
la plus vnsle, et vicn^ersà. Cela arrivera „„jour |.e„t-êlre; mais actuellement,
Il n'en est pas ainsi, et l'on peut en lirer la conclusion que des causes
antérieures dominent encore la distribution géographique des espèces. Les
Composées, par exemple, une fois transportées sur un continent, s'y
répandent avec facilité, mais elles ont une habitation moyenne peu
étendue. Les Caryophyllées sont dans le même cas. La première de ces
ran)illes est douée d'aio-rettes qui favorisent la dispersion , la seconde rencontre
partout des terrains légers ,fui conviennent à plusieurs de ses
especes ; l'une et l'autre avaient besoin pour se répandre qu'une cause
nouvelle et puissante de transport leur fit franchir les mers , et
cette cause a été l'homme, avec ses vaisseaux et ses cultures. Les plantes
de montagnes, comme les Gentianacées, Saxifragacées, Primulacées,
oflrent peu ou point de naturalisations, quoique leur aire moyenne soit
grande. Il faut qu'à une époque plus ancienne, les circonstances leur aient
ete plus favorables, soit que les chaînes de montagnes aient été moins séparées,
les plaines intermédiaires étant, par exemple, moins abaissées, soit
que des moyens de transport aujourd'hui peu importants, les montagnes
flottantes de glace ou tel autre, aient été jadis d'une importance beaucoup
plus grande pour elles.
Les plantes aquatiques ont une aire très vaste. Elles se naturalisent
aisément, mais quand l'homme se plaît à les transporter, car les causes
naturelles de notre époque sont impuissantes à cet égard. Tl faut, pour que
les Nymphéacées, Potamogeton, Ilaloragis, Lentibulariées, etc., se soient
largement répandues avant l'arrivée de l'homme, et sans sa volonté que
des causes spéciales, qui n'existent plus aujourd'hui, les aient dispersées
jadis, ou qu'elles aient été formées primitivement en divers pays.
J ' en dirai autant des Joncées, des Cypéracées, des Plumbaginées, qui se
trouvent répandues dans de vastes pays ou sur des côies très éloignées,
sans que de nos jours, morne avec l'intervention de l'homme, des faits de
naturalisation aient été constatés à leur égard, et sans offrir dans leurs
graines une organisation très favorable aux transports, du moins en apparence.
S E C T l O i N 11.
RETRAIT DES LIMITES D'ESPÈCES.
Dans presque tous les pays où l'on a herborisé depuis longtemps on parle
d especes qui deviennent rares, qui disparaissent même, au dire des I)otanistes,
ou qui sont bien près de disparaître. S'il s'agit d'une flore peu
UKTHAIT DKS LIMITES DKSPKCES. 805
éteiuluCj des environs d'une ville, par exenifde, ou trouve aiscnienl la causo
de ces changenieiils, car on connaît riiistoire des localités, et presque toujours
la diminution ou disparition d'une espèce tient à un cliangement
déterminé par l'homme dans les stations propres à l'espèce. Quand il s'agit
de pays plus étendus, les changements de fréquence et de nature physique
sont plus difficiles à apprécier; mais les causes sont ordinairement les
mêmes. Les plantes de marais deviennent rares, disparaissent quelquefois
de certains districts, parce que les marais ont été desséchés; les plantes
île forêts, parce que les bois ont été coupés; les plantes de certaines collines,
parce qu'on a défriché, etc. Quelquefois aussi, dans les environs
d'universités célèbres, l'avidité des collecteurs a fait disparaître les plantes
rares de localités classiques. Ainsi, aux environs de Montpellier, l'indiscrétion
des botanistes, combinée avec les défrichements, excitait, vers la fin du
siècle dernier, les doléances de Gouan (a), et depuis cette époque, le mal
n'a lait qu'empirer. La destruction des forêts dans presque toute la région
de la mer Méditerranée a été désastreuse sous ce point de vue. Il est impossible
de ne pas croire que la flore du Péloponèse, celle des îles Baléares
et de plusieurs provinces d'Espagne ont perdu graduellement des espèces, à
mesure que îe terrain devenait plus aride par la destruction incessante des
forêts qui le protégeaient.
Certaines catégories d'espèces étant expulsées successivement dans le
voisinage de leur limite, par la destruction des stations qui leur sont nécessaires,
il en résulte forcément le retrait de la limite générale. L'effet,
néanmoins, doit être assez lent et moins fréquent qu'on ne le pense. Il est
rare qu'on détruise la totalité des marais ou la totalité des forêts d'un
l)ays. Presque toujours il reste des anses de rivière, des petits marais, de
même que des ravins boisés, des bouquets épars, où les plantes aquatiques,
les plantes de marais et les plantes forestières conservent une place. Elles
deviennent rares, mais elles ne disparaissent pas facilement de tout un
pays s'il a une étendue un peu considérable. J'aurais voulu étudier sur
quelques Flores la disparition présumée des espèces, comme j'ai étudié
l'introduction d'espèces nouvelles. Malheureusement, les disparitions sont
infinimentplus difficiles à constater que les apparitions. Il y a toute la différence
d'un phénomène négatif à un phénomène positif, d'un changement
obscur à un changement apparent. D'ailleurs, si l'on ne retrouve plus
aujourd'hui dans telle flore certaines espèces que d'anciens auteurs y signalaient,
le vague des premiers livres de botanique,-le défaut d'herbiers, le
défaut d'ordre et d'indications précises dans ceux qui existaient, la confuía)
Herborisations, préface, p. vm.
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