6 M CHANGEMENTS DANS L'HABITATION DES ESPÈCES.
11 ilésigne comme colonist (Cybeïe, I, p. 63) : « Des mauvaises herbes
eie terrains cultivés ou des alentours des maisons, trouvées rarement
hors des terrains modifiés par l'homme, avec une certaine tendance
néanmoins à paraître aussi sur les rivages, les tranchées, etc. » Cette
définition s'appliquerait à un grand nombre d'espèces des terrains cultivés
et des décombres, les unes adventives, les autres durables ; mais tantôt
indigènes, tantôt d'origine étrangère. Heureusement, dans les applications,
M.Watson abandonne la définition qu'il a donnée. La force des choses l'a
ramené à des caractères plus justes, et s'il avait rédigé sa préface après le
troisième volume, au lieu de l'avoir mise en tête du premier, il aurait probablement
rayé le mot colonist ou l'aurait limité à quelques cas particuliers.
Pour preuve, je citerai les Bora go oifîcinalis, Stellaria media, Saponaria
vaccaria. Viola tricolor, etc., qui, d'après la définition, seraient colonist,
. et qui sont désignées autrement.
11 nomme alien, étrangères, les espèces {Cyb.,ih.) « maintenant plus ou
moins établies, mais présumées introduites, ou certainement introduites de
pays étrangers. » En réunissant ainsi des cas certains et des cas douteux,
mais probables, d'introduction, trois de mes catégories de plantes spontanées
(les 1°, 2° et 3°) sont fondues en une seule. Il est vrai que^ dans le
corps de l'ouvrage, l'auteur fait comprendre, à l'occasion de chaque
espèce, s'il entend qu'elle est adventive {alien stragler, alien scarcehj
naturalized, etc.), ou bien établie, qu'elle est certainement, ou probablement
d'origine étrangère. Ici encore l'ouvrage vaut mieux que les définitions
de la préface.
Enfin, M. Watson emploie l'expression denizen, tirée du droit anglais
(a), pour caractériser les espèces qui(i;^6., ib.) « gardent actuellement
leurs localités d'habitation, comme si elles étaient indigènes, sans le
secours de l'homme ; mais qui, cependant, sont sous le coup de quelque
suspicion d'une introduction de l'étranger. » On reconnaît ma quatrième
catégorie de plantes spontanées, qui ont peut-être une origine étrangère;
mais en ne distinguant pas les degrés de probabilité, la définition est moins
précise que la mienne. De fait, M. Watson appelle denizen des espèces qui
me semblent, ou peut-être, ou probablement d'origine étrangère.
La revue des plantes britanniques, déjà classées par M. Watson, est donc
un 'travail assez délicat. J'aurai à compléter les documents, surtout au
moyen des Flores de pays voisins et de recherches linguistiques; après quoi
il faudra peser les arguments pour et contre l'origine étrangère et l'établis-
(a) Le mot denizen s'applique en anglais aux individus qui ont reçu ce qu'on appelle
en France la petite naturalisation, c'est-à-dire qui, étant d'origine étrangère n'ont pas
acquista totalité des droits de citoyen.
NATURALISATIONS A PETITE DISTANCE. Î>/l5
s e m e n t durable ou passager; enfin, comme résultat, je devTai classer chaque
espèce dans une des catégories que j'ai adoptées.
J'indiquerai en caractères dits gras les espèces que j'estime naturalisées,
soit avec probabilité, soit avec certitude, si toutefois on ose employer ce
terme en pareille matière. Les espèces, ou cultivées, ou adventives, ou
dont l'origine est entachée de quelque soupçon, ou enfin indigènes, dont
j'aurai été conduit à parler par un motif ou par un autre, sont en caractères
italiques. Naturellement, je ne cherche à être complet que dans les
deux premières catégories (naturalisations certaines et probables), et les
espèces des autres divisions ne seront mentionnées que dans des cas dignes
d'être discutés ou signalés.
L'astérisque, avant un nom spécifique, indique les espèces naturalisées
depuis l'époque de l'édition du Synopsis de Ray, par Dillenius, c'est-à-dire
depuis 1724.
LISTE DES ESPÈCES NATURALISÉES, CERTAINEMENT OU AVEC PROBABILITÉ,
DANS L'ÎLE DE LA GRANDE-BRETAGNE (ANGLETERRE, PAYS DE GALLES,
ÉGOSSE) ;
CONTENANT EN OtJTRE :
1 ° L'INDICATION DES ESPÈCES DONT L'ORIGINE A ÉTÉ SOUPÇONNÉE ÉTRANGÈRE ;
<2° DES DISCUSSIONS SUR LA PATRIE ORIGINELLE ET SUR LA DIFFUSION DE PLUSIEURS
ESPÈCES EUROPÉENNES.
A n e m o n e a p e n n î n a , IJ. lif — Trouvée depuis un siècle à l'état spontané
aulôû7de Londres {Engl'Bot., t. 1 062), maintenant assez répandue, çàetlà, en
Angleterre (Wats., Cyb.,l, p. 75) et en Écosse. Ray et Dillenius, en '1724
{Syn., p. 229) indiquaient trois localités. Elle est plus rare en Irlande, car on ne
cite qu'une localité près du jardin botanique de Glasnevin, faisant partie maintenant
de ce jardin, où elle a été trouvée il y a 30 ans (Mackay, Fl. Hib., p. 6).
Comme cette plante manque à presque toute la France et croît seulement en
Provence(Lois.,l, p.400), en Corse et en Italie, je pense avec M. H.-C. Watson,
qu'elle est sortie des parcs anglais, où elle est cultivée. On la trouve en Hollande ;
mais selon le Prodr. FL Bat., p. 4 : «Sine dubio advenu. » Si le vent, les
oiseaux, les rivières, les courants, déterminaient sa dispersion, elle se serait
répandue de proche en proche dans le centre de la France, et de là, peut-être,
en Angleterre. Ce n'est pas ainsi que l'espèce a marché, carello a commencé dans
l'ouest par la Grande-Bretagne, et là dans les parcs. On ne peut pas supposer
qu'elle ait été jadis très répandue dans l'Europe occidentale et qu'elle soit restée
en Angleterre seulement, car elle manquait aux premières éditions du Synopsis
de Ray (a), etune plante aussi apparente, croissant autour de Londres, n'aurait pas
(a) Les espèces introduites dans l'édition de 1724, et qui manquaient aux précédentes,
sont indiquées dans l'ouvrage de Dillenius par un signe particulier (un astérisque).
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