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I il
922 OlUGliNE GÉOGKAPHlQUfc: DES ESPÈCES CULTIVÉES.
p. 5), il établit que tous les bananiers cultivés pour leurs fruits peuvent
être rapporlés à une seule espèce. Dans cette çspèce il distingue lik variétés
qu'il dispose en deux séries, les bananes à gros fruits (7 à 15 pouces
de longueur), et celles à petits fruits (1 à 6 pouces) appelées vulgairement
figues bananes. M. R. Brown, en 1818, dans son ouvrage sur le Congo
(p, 51), soutient aussi qu'aucune circonstance dans la structure des bananiers
cultivés en Asie et en Amérique, n'empêche de les considérer comme
appartenant à une seule espèce. Il adopte le nom de Musa sapienium^ qui
me parait eflectivement préférable à celui de M. paradisiaca^ adopté par
M. Desvaux, parce que les variétés à petits fruits fertiles rapportées au
M. sapientum, L., semblent plus près de l'état des Musa spontanés qu'on a
trouvés en Asie.
M. R. Brown remarque, sur la question d'origine, que toutes les autres
espèces du genre Musa sont de l'ancien monde; que personne ne dit avoir
trouvé en Amérique, dans l'état sauvage, des variétés à fruits fertiles,
comme cela est arrivé en Asie; enfin, que Piso et Marcgraf ont regardé le
Bananier comme introduit du Congo au Brésil. Malgré la force de ces trois
arguments, M. de Humboldt, dans la seconde édition de '^on Essai surla
Nouvelle-Espagne (II, p. 397), ne renonce pas tout à fait à son opinion.
Il dit que le voyageur Caldcleugh (Trav. in S. Amer., 1825, I, p. 23) a
trouvé chez les Puris la tradition établie que sur les bords du Prato, on
cultivait longtemps avant les communications avec les Portugais une petite
espèce de banane. Il ajoute qu'on trouve dans les langues américaines des
mots non importés, pour distinguer le fruit du Musa, par exemple Paruru
en tamanaque, etc., Arata en maypure. J'ai lu aussi dans le voyage de
Stevenson (I, p. 328) qu'on aurait trouvé dans les huacas ou tombeaux
péruviens antérieurs à la conquête, des lits de feuilles des deux bananiers
cultivés habituellement en Amérique, mais comme ce voyageur dit avoir
vu dans ces huacas des fèves (1, p. 363), et que la fève est certainement
de l'ancien monde, ses assertions ne méritent aucune confiance au point
de vue botanique. M. Boussingault (C. r. Acad. Sc.^ Paris, 9 mai 1836)
pensait que \e Platano arton, au moins, est originaire d'Amérique, mais
il n'en a pas donné les preuves. Meyen, qui avait aussi été en Amérique,
n'ajoute aucun argument à ceux qui étaient connus avant lui (Pflanz,
geog.^ 1836, p. 383). Il en est de même de M. Ritter (Erdkunde, IV,
p. 870 et suiv.) qui reproduit simplement pour l'Amérique les faits indiqués
par M. de Humboldt.
Je n'ai pas moi-même d'argument nouveau et direct à apporter,
mais l'étude préalable de questions analogues et celle de nombreux
faits concernant les plantes spontanées, me conduisent à énoncer una
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 923
opinion. Je le ferai en insistant sur les détails concernant l'habitation
asiatique.
Et d'abord l'ancienneté et la spontanéité du Bananier en Asie sont des
faits incontestables. Il y a plusieurs noms sanscrits (Roxb. et Wall., FL
Ind., II, p. /485; Pidd., Index). Les Grecs et ensuite les Arabes en ont
parlé comme d'un arbre fruitier remarquable de l'Inde (Rumph., Amb., Y,
p. 133; Ritter, Erdk., IV, p. 880). Le Bananier offre dans le midi de
l'Asie, soit sur le continent, soit dans les îles, un nombre de variétés immense
; la culture de ces variétés remonte dans l'Inde, en Chine, dans
l'archipel indien, à une époque impossible à apprécier; elle s'était étendue
jadis, même dans les petites îles de la mer Pacifique (Forst., Plant, esc.,
p. 28) et sur la côte occidentale d'Afrique (Glus., Exol., p. 229; Br.,
Bot. Congo, p. 51); enfin, les variétés portaient des noms distincts dans
les langues asiatiques les plus séparées, comme le sanscrit, le chinois, le
malai. Tout cela indique une ancienneté prodigieuse de culture, par conséquent
une existence primitive en Asie, et une diffusion contemporaine
avec les races d'hommes ou antérieure.
On dit avoir trouvé le Bananier spontané en plusieurs points, et cela mérite
d'autant plus d'être noté que les variétés cultivées ne donnant souvent
pas de graines et se multipliant par division, l'espèce ne doit guère se
naturaliser par semis hors des cultures. Roxburgh l'avait vu dans les forêts
de Ghittagong (i;orom., tab. 275; FL Ind., 1. c.), sous la forme du
M. sapientum, L. Rumphius ( im6 . , Y, p. 139) décrit une variété à petits
fruits sauvage dans les îles Philippines. Loureiro (FL Coclu, p. 791)
parle probablement de la même sous le nom de M. seminifera agrestis,
qu'il oppose au M. seminifera domestica, et qui serait donc sauvage en
Cochinchine. Blanco indique aussi un Bananier sauvage aux Philippines (FL,
I n é d i t . , p. 2A7), mais sa description est insuffisante. Finlayson (Journ. to
Siam, 1826, p. 86, d'après Ritter, Erdk., IV, p. 878) a trouvé le Bananier
sauvage, en abondance, dans la petite île de Pulo Ubi, à l'extrémité
sud du pays de Siam. Moon (Cat. CeyL, p. 71) énumère une multitude de
variétés de l'île de Ceylan, dont huit au moins, d'après les noms et l'absence
d'indication de plante cultivée, seraient sauvages dans cette île.
Transportons-nous maintenant en Amérique : les faits sont tout autres.
On n'y a jamais vu le Bananier sauvage, excepté à la Barbade (Hughes,
Barh., p. 182; Maycock, FL Barb., p. 396), mais là c'est un arbre
qui ne mûrit pas ses fruits et qui est par conséquent, selon les probabilités,
le résultat de graines de variétés cultivées peu abondantes en semences.
Le Wild plantain de Sloane(II, p. 148) paraît une plante très différente
des Musa. Les variétés qu'on prétend pouvoir être indigènes en Amérique,