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P 6 8 ORIGINE GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES CULTIVÉES.
(Lonic., p. i5/i), et peut-être Camelim vient-il de ChamoeUnum qui
exprimerait la mèuie chose; je ne vois cependant pas ce mot dans les
vieux auteurs. Il y a des noms russes, bohèmes, lithuaniens, etc., assez
variés, et différents des noms allemands.
J u l i a n s res îa, T. — Pline (1. XV, c. 22) dit expressément que le Noyer
a été introduit de Perse en Grèce : « Et has e Perside a regihus translatas,
indicio sunt grimca nomina. Optimo quippe genus earum Persicon
atque Basilicon vocant. Caryoïi a capitis gravedine, propter odoris
gravitatem. » Théophraste entendait bien le Noyer par Kapuov et Képvov
PotffiXixôv ou Uepcrtxà, quoique M. Fraas paraisse en douter (Sijn. Fl. class.,
p. 85), car les propriélés indiquées au livre i"', chap. 178, vont bien à
l'espèce, et il dit (1. i, c. /jl) qu'on en tirait de l'huile. Le nom moderne
grec Kaûui.o!, cité par M. Fraas, est une confirmation de l'ancien nom.
Les Romains appelaient le Noyer, IVux, et le fruit, Jovts glans. On
connaît l'usage de jeter des noix au-devant des épouses. Les Arabes semblent
avoir eu connaissance du Noyer par les Romains, car ils lui ont
donné le nom de Jowz (Ainslies, Mat. med. Ind., I, p. hQ'è) ou Joim
(Roxb., FI. Ind., lit, p. 3(31) ou Dschamvz (Ebn Baithar, trad, par
Sondth., I, p. 266). Il y a du reste d'autres noms arabes et indiens modernes
qui paraissent se rattacher au sanscrit Vkshadu (Roxb.), Unkotha
(Pidd., Index). Le mot hébreu Egos, qui se trouve une seule fois dans
la Rible, est attribué au noyer (Rosenmuller, Bibl. AU., IV, p. 22/j). Il
offre une ressemblance singulière avec plusieurs noms du Noyer chez les
peuples du Caucase (Pallas, Fl. Ross., II, p. 3). L'existence de noms
slaves, Ore,9a/.: en bohème, Oral-en illyrien (Vis., FL Dalm.J, p. 215),
et d'un nom basque, Ençauria (Mor., Diet, inéd.), indiqueraient une
culture antérieure aux Romains. Cependant le mot breton vulgaire Craoïif
(DC., manssc.), ou plutôt Kraoncn et plus anciennement Knouën, Knou,
Knau (Le Gall, lettre) se rattache au Kâpuov des Grecs.
Le Noyer est spontané dans la région au midi du Caucase (Ledeb,, Fl.
Ross., I, p. 507), d'après divers voyageurs, dans les forêts montueuses
de Talusch (C. A. Mey., Verzeichn. Causas.), et probablement en Perse
et en Cachemir, car, d'après Roxburgh (/. c.), il est natif des montagnes du
nord et du nord-est de l'IIindustan. M. Bunge, en parlant du Noyer dans
la Chine septentrionale, dit : « Occurrit hinc inde (Enum., p. 62) . » Ce
qui semble indiquer un état non cultivé.
Thcohroma Cacao, !.. — H croît sauvage dans une région étendue de
l'Amérique méridionale, savoir : le bassin du fleuve des Amazones (Mart.,
Uebfr d. Cacao, dans Buchn., Rep.), et celui de l'Orénoque (Humb. et
Boiipl., .\o>-. gni., V, p. 316). La cullure s'est propagée dans d'autres
ii. . •!
ORIGINE DES ESPÈCES LE PLUS GÉNÉRALEMENT CULTIVÉES. 960
localités chaudes, humides el ferliles du même continent et aux Antilles,
mais il est très douteux que les Theobroma spontanés de ces pays soient
le véritable Theoliroma Cacao. Les anciens Mexicains employaient
les graines de Cacaoyer comme une sorte de monnaie et faisaient grand
usage du chocolat (Humb., Nouv.-Esp., 2« édit., III, p. 33). Hernandez
(Nov. Hisp. (hes., L m, c. /|6) parle bien du Cacaoyer comme croissant
au Mexique « in calidis fervidisque regionibus, etc. » Cependant aucun
auteur moderne, à ma connaissance, n'a trouvé le T. Cacao, L., spontané
au Mexique, aux Antilles, ni même à la Guyane, et il est probable que les
indigènes de ces i)ays se servaient de diverses espèces analogues du genre
Theobroma, dont quelques-unes ont peut-être des qualités aromatiques
supérieures, d'après le prix considérable de leurs graines dans les villes
du Mexique (Mart., L c.). On en connaît plusieurs au Brésil, dans la
Guyane et au Mexique (Mart., L c. ; DC., Prodr., etc.).
Coffca arabica, L. — Le Caféier croît spontanément en Abyssinie
(A. Rich., TcnL FL I, p. 3^9), et dans le Soudan, où il forme
de grands bois (Ritter, cité dans Flora^ I8/i6, p. 70/î). On l'indique même
au midi du Niger, jusqu'à Sierra-Leone (Ritler, ib.) et sur la côte occidentale
à Monrovia (Vogel, dans Hook., Fl, Nigr., p. / î l3). Je ne connais
pas de preuve qu'il soit spontané en Arabie. Cela n'aurait rien d'étonnant,
vu la grande analogie du climat et de la végétation entre les deux
côtés de la mer Rouge. Au surplus, dans le cas où des voyageurs le trouveraient
véritablement sauvage en Arabie, on resterait peut-être dans le
doute de savoir s'il est aborigène, ou s'il provient de graines transportées
par l'homme et les animaux des cultures dans la campagne. Les graines
de café perdent rapidement la faculté de germer, mais elles se répandent
aisément autour des terrains cultivés et naturalisent l'espèce. Ainsi Meyen
a trouvé le Caféier naturalisé près de Rio-de-Janeiro, dans les bois du mont
Corcovado {Geogr. bol.y trad, anglaise, p. 38/i). l\ est assez probable
qu'il s'est naturalisé dans plusieurs autres régions.
L'usage du café paraît fort ancien en Abyssinie. Shehabeddin Ben, auleur
d'un manuscrit arabe du xv' siècle (if Qhh de la Bibl. de Paris^, cité dans
l'excellente dissertation de John Ellis (An historical avcount of Cofjee^
177/i) dit qu'on employait le café en Abyssinie depuis un temps immémorial.
L'usage, môme médical, ne s'en était pas propagé dans les pays
voisins, car les croisés n'en eurent aucune connaissance, et le célèbre
médecin Ebn Baithar, né à Malaga, qui avait parcouru le nord de l'Afrique
et la Syrie au commencement du xiii^^ siècle de l'ère chrétienne, ne dit
pas un mol du café (trad, de Sondtheimer, 2 vol. in-8% i8/|2). En 1590,
Bellus envoyait à de l'Ecluse des graines doni les Egyptiens tiraient la