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1 3 3 2 VÉGÉTAUX DE DIVERS PAYS AU POINT DE VUE DES ORIGINES.
plusieurs géologues le présument (a), ce serait avant l'existence des espèces
propres des diverses îles, car sans cela.les sommités, qui seraient
les derniers restes du continent, auraient conservé plusieurs espèces communes.
On dirait plutôt que chaque volcan s'est élevé à une époque successivo
(/>) et a fini par être le centre d'une végétation particulière. Celle-ci
serait arrivée, dans certains cas et à la suite, peut-etre, d'un temps très
long, jusqu'à offrir les formes les plus compliquées des Dicotylédones ; par
exemple aux îles Sandwich, des Lobéliacées et Goodéniacées arborescentes,
aux îles Galapagos, à la Nouvelle-Zélande et à Juan-Fernandez, des
Composées ligneuses très distinctes ; tandis que dans d'autres îles ce sont
des formes ordinairement moins élevées, par exemple à Taïti, des Orchidées,
Apocynées, Asclépiadées, Urticacées, il est vrai avec des Rubiacées
et une Lobéliacée ligneuse très remarquables ; à Norfolk, des Orchidées,
Conifères, Santalacées, Pipéracées, Rutacées, Légumineuses.
Ces différences dans la nature des plantes les plus compliquées de
chaque archipel ou île seraient-elles en raison de l'âge des îles? Y auraitil
une loi de progression dans le règne végétal, vraie dans les îles fort
éloignées, comme sur les continents, d'après laquelle toute végétation
commencerait par des Cryptogames, recevrait ensuite des Phanérogames
de plus en plus compliquées, et arriverait, sauf le cas de destruction, jusqu'à
offrir des Composées et familles analogues? La paléontologie botanique
le fait entrevoir sur les continents, et certaines îles ou archipels très
séparés, n'ayant jamais eu de connexion avec d'autres surfaces terrestres,
se seraient comportés à ce point de vue comme de petits continents.
Dans cette hypothèse, le règne végétal se serait enrichi pleinement,
sans interruptions, dans toute l'Amérique, entre la ligne et les 25^ à
30° de latitude, dans la région qui s'étend des îles Canaries au Caucase,
en Abyssinie, dans la Nouvelle-Hollande méridionale (c) et à Van-Diémen,
dans l'Afrique australe, aux îles Mascarenhes (Madagascar, Bourbon,
Maurice), à Sainte-Hélène, à Juan Fernandez, aux Galapagos, aux Sandwich.
Quelques régions assez bien partagées, sous le rapport des conditions
actuelles, sembleraient n'avoir pas atteint le même degré de développement,
par exemple, les îles de la mer des Indes, l'Himalaya,
(а) Voy. Ch. Darwin, Journal, etc., édifc. 1852, p. 466.
(б) Les milliers de bouches volcaniques des Galapagos ont une forme indiquant une
formation sous-marine, avec exhaussement postérieur (Darwin, ibicL, p. 373).
(c) La Nouvelle-Hollande présente, indépendamment do nombreuses Composées, des
Slylidiées, Goodéniacées et Epacridées, dont la structure n'est pas moins compliquée. Je
ne partage pas, comme on voit, l'opinion de M. Alex. Braun (Characeoe, br. in-8, p. l l j
selon laquelle le continent australien offrirait moins de formes perfectionnées que les
autres. Cela peut être vrai pour la région septentrionale, mais non pour le midi et Van-
Diémen.
ORIGINES PROMBLES DES VÉGÉTATIONS ACTUELLES. 133S
l'Afrique equatoriale occidentale, régions où les Composées et familles
analogues sont rares et les espèces ordinairement peu locales. Plusieurs
autres pays, comme les plaines de la Tartaric, de la Sibérie septentrionale,
de l'Inde, du nord de l'Europe, auraient une végétation plutôt importée,
à la suite de submersions ou de destructions, et cette végétation est surtout
formée d'espèces très anciennes (Cypéracées, Graminées, Naïades, Joncées,
Polygonées, Salsolacées, etc., etc.), ce qui confirme l'opinion de Lyell, que
les plantes les plus communes, les plus robustes, les plus répandues et les
plus anciennes sont celles qui ont le plus de chances de s'établir sur des
terrains récemment émergés ou dévastés.
Enfin, les déserts du Sahara, d'Arabie, de la Perse, de Gobi, de l'intérieur
de la Nouvelle-Hollande, dans lesquels on trouve peu d'espèces et
des espèces ordinairement communes avec les pays adjacents, paraissent
avoir été appauvris par une combinaison de causes actuelles et de causes
antérieures, c'est-à-dire par la sécheresse et par une émersion encore récente,
géologiquement parlant.
ARTICLE V.
ORIGINES PROBABLES DES VÉGÉTATIONS ACTUELLES CONSIDÉRÉES AU POINT
DE VUE DES GENRES ET DES FAMILLES QUI LES COMPOSENT.
Les naturalistes s'attachent souvent à constater que des familles ou des
genres sont partagés entre deux pays, ou bien sont représentés par des
espèces différentes, mais analogues et en proportion peut-être semblable.
Il y a des ressemblances de cette nature entre les États-Unis et le Japon,
entre la zone arctique et le zone antarctique, la Nouvelle-Hollande et le
Cap, etc. Avec un peu d'imagination, il est aisé de dresser des tableaux
d'espèces ou de genres qui se représentent, dans deux végétations analogues,
sans être identiques. On peut établir de la même manière des
ressemblances entre une végétation actuelle et une flore antérieure. Par
exemple, la végétation des États-Unis à notre époque contient plusieurs
espèces de Magnolia, Juglans, Acer, etc., genres dont on a trouvé
d'autres espèces dans les dépôts de terrains miocènes en Europe; la végétation
actuelle de la Nouvelle-Hollande et des îles de ia Sonde présente
beaucoup de Protéacées, Lauracées, Légumineuses, Palmiers, etc.,comme
la végétation de l'époque éocene en Europe.
Si, dans ces rapprochements, on se borne à exprimer le fait de certaines
analogies, je n'ai rien à dire : ce sont des documents que l'on établit
pour eux-mêmes et pour l'avenir. Mais, en général, on va plus loin, et
d'une manière tantôt expresse, tantôt réservée, on déduit des probabilités
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