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gueillir lorfqu’elle réfléchit fur tous les moyens
qui lui font remis pour s’aflocier, en quelque forte,
à la providence & féconder l’un des plus beaux
deffeins dont l'homme ait tiplication clés hommes fucro nlan oteifrlraen,c el’ aî clcar omifulel-
ment de leur bonheur & la perfection de leurs lumières.
Mais aufli que cette adminiftration eft pectiatrer
iè&re diagun-ed edvea nmt édp’erilsle, l,o orfnq un’aev elac uvnoei t psa’argeiitleler
que pour des prérogatives ou dés prétentions.
Lorfqu'elle eft plus jaloufe de commander que de
bfoierntu fnaeir,e e,l le& a ilmoerf qmuieenutxo ujoruéier ddees l eeufrcsl avreefsp edéetsl à,
qu’étendre fes regards fur çet efpace immenfe,
onùif tlrae sn adteusr er oeins ,f ilceonmcem foenllti cêittee sf-evso fuosi nisn d! iOfféhre, nms i- à votre véritable grandeur ! & tandis que dans la
dC’aurnri èérec loaùt qvuoiu sn ’mapapracrhteiezn ,d rvooitu sq up’oà uvroriuesz , bcriolmler
ment en détournez-vous les yeux fi promptement,
pour courir après ces vanités ridicules, où vous
avez tant de rivaux !
Lorfqu’on fe borne à conleiller des modificatiidoéness
dtraannsc hleasn tiems pdôet sf,u p&pr eqfulïeo nl ’o&n dre’anboonlcieti oaunx,
founa dae cro :m cmar uln’eéxmageénrta tmiooni nesf t dper emfqouyee ntos upjoouurrs pfiemr--
pmloeu dvaenms efness 5d eélvlee lonp’ap erimene ndse, &co marpdeonféte, rdiaenns qfuesi l’arrête, rien que les hommes ne faififlent avec
fraecciolnitnéo &ifl aqnuc’ei ls dne e gleonuse nint iteiénsf uiftaen sa vpece intoe ute la à la
fcience de l’adminiftration. Mais ce qui fied à l’éloquence
, ne convient pas dçtmême aux affaires 5
celles des finances fur-tout, exigent, prefque fans
bcèiefnfe , &u nl ee fmpraitl , dlee sm avefaunrtea g&es &de lceos nicnicloiantvioénn.i eLnes s’y trouvent fouvent tellement unis v & comme
entrelaffés, qu’il eft aumoins difficile de les fépa-
1er d’une main violente.
oùE ln’efixna goénr aptieount rdeamnas rqleuse rp qrouj’eilt sn ’deef t raéufocrumn ep afyés-
tdeumifse oaùu tla’enxté cquut’ieonn Fforiatn pcleu,s t&ra vaeurcsuéen 5e nl’ aumtêomrieté-
y& a fefsa feoxrcceep &tio nfess réfiftancesj la juftice, fes règles î l’imagination, fon ardeur &
fes prompts dégoûts ; l’opinion publique , fes décidons
& fon inconftance ; enfin , l’inquiétude de
fean cfoitruea lteip nno &m blr’ee mdpesir ec odnet ral’dhiacbtiiotundse , grofliflent morale s , qui
pimrupdoefnetnet &à tcoiurcso nlefsp eaédtem 3i naifutfrlai teduorisv eunnt-ei lsm marocihnes
afpirer à une perfection idéale , qu’à ces améliorations
efficaces dont le plan modifié fagement
s’adapte davantage aux hommes, aux momens &
à l’état des affaires.
L’excès des impôts pouvoir être prévenu à la
vérité, en oppofant dès long-tems une digue aux
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dépenfes , en veillant fur tous les abus intérieurs,
en réfiftant fur-tout à l’amour delà guerre & en
réglant les écarts de la politique 5 mais quand une
longue.fuite de fautes ou de malheurs ont élevé
graduellement les befoins de l’Etat & les charges
publiques , on ne doit pas croire qu’un grand
royaume puifle, au gré d’un fyftême, renoncer
tout-à-coup à la branche de fes revenus la plus
importante , ou en convertir purement 8ç fimple-
inent le produit, dans une addition , à d’autres
tributs déjà portés à un point exceflif.
Après avoir tracé , comme le dit 'lui-même
l’homme d’état dont nous analyfons l’ouvrage,
une ligné à travers le labyrinthe de Ioix & a ’u-
fages1. concernant l’impôt de la gabelle , pour en
faciliter'la réforme , dont il faut reconnoître la
néceflité , il ajoute : c’eft aflez avoir vécu fous
des loix de finance, véritablement ineptes & barbares
5 c’eft aflez avoir expofé des milliers d’hommes
aux attraits continuels de la cupidité j c’eft
aflez avoir rempli les prifons & les galères de
malheureux qui ne font fouvent inftruits de leurs
fautes que par les punitions qu’on leur inflige ;
c’eft aflez avoir mis en guerre une partie de la
fociété contre l’autre î Ah ! des maux aflez grands
font autour de ceux que la misère aflaillit dès le
berceau , fans les expofer encofe à des dangers ,
où l’art le plus fubtil n’eût fu rien ajouter, & qui
femblent comme autant de pièges deftinés cepenr
dant à cette clafle d’hommes , dont la vue eft
obfcurcie par le manque d’éducation , & dont en
même-tems toutes les a&ions font précipitées ,
parce que les befoins preflans de la vie les rendent
chaque jour inquiets du.lendemain ! Non , non ,
ce ne font pas des tentations qu’il faut leur pré-
fenter 5 c’eft le goût du travail, c’eft une récom-
penfe fuffifante à fa fuite j ce font des encoura-
gemens à ces emplois honnêtes du. tems , qui
Vaillent à.la corifcience fa pureté , Sc à l’ame les
confolantes efpérances. Voilà les foins & les obligations
d’ un gouvernement 5 voilà la tutele que
vous devez à vos fujets, vous qui tenez en main
la force & l’autorité j vous qui faites les loix fut
la terre 3 vous qui avez pour devoir & pour au-
gufte fonction , de maintenir les moeurs, d’entretenir
l’ordre public , & de veiller à la garde
du foible. Que vous vaudront près de ces nobles
penfées , ce fafte éblouiflant, cette cour pafla-
gère, ces trompeufes adulations.? C ’eft l’ombre
de la grandeur 5 la grandeur elle-même, c’ eft la
puiffance de faire du bien à vingt millions d’hommes,
c ’eft l’ufage'journalier de ce magnifique &
touchant privilège.
Mais , hélas ! de quoi fervent ces réflexions. La
faculté d'aflocier les générations futures à l’exécution
des vues politiques du moment 3 la facilité
de prendre fur leur fortune de quoi fervir
les paflions guerrières, ont été la fource des dettes
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que les fouverains ont contraélées, Comme tous
les moyens de force aveuglement diriges, la faculté
d'emprunter eft devenue funefte aux nations.
Pour en arrêter les effets pernicieux , il taudtoit
que les gouvernemens convînffent , par un pacte
folemnel & fufceptible d'exécution , de ne jamais
emprunter pour fe faire la guerre ; mais la, tiation
inférieure en richefles ou en population, tx lu*
périeure en crédit, voudroit elle d un pareil trai
té ? Non fans doute, 5c dès-lots, pourroit-on
propofer à fes ennemis de renoncer aux memes
moyens ? C e feroit vouloir combattre avec 1 arjaa-
lete, des bataillons entourés de bouches a r e u . e
ainfi que de tant de manières, les “ values de puil-
fance ont multiplié les moyens de deftruCtion X
les facrifices des peuples.
Mais fans doute que le bien arrivèra un jour
de l’excès du mal les nations qui font chargées
d'une dette immenfe 8c d'impôts proportionnes,
feront arrêtées dans leurs efforts 5 lexpcnence apprend
que c 'e ftà de pareilles circonftances qu on
doit le-plus fouvent le retour de la tranquilite , ce
dans ces .momens où la flatterie célébré la modération
la magnanimité des princes , 1 auguite
vérité peut être , ne trouveroit à parler que de
leur impuiflancé.
Lorfque le repos de la paix & Taftion du commerce
ont attiré de nouvelles richefles, que les
reflources du crédit ont commence a renaître,
alors aufli l'ambition 8c la pqlitique fe réveillent s
• on forme de nouveaux projets pour s entrechoquer
& fe détruire , & les flambeaux mal éteints
de la difeorde & de la guerre, fe rallument de
toutes parts. Trifte deftin de la nature humaine !
le cours de la fortune publique refiemble a celui
delà v ie , & les beaux jours de l'une & de 1 autre,
font également les .précurfeurs d'une longue nuit !
Où faut-il donc chercher un adoucilfement à
tant de maux ? Où faut-il donc placer quelque
foible efpérance} C'eft dans la vertu des princes,
encore plus que dans leur fcience j celle-ci n eft
prefque jamais égaie aux difficultés j elle a peine
à démêler la vérité.rdans- ce dédale d'intérêts qui
la cachent ou qui l'obfcurciffsnt.
Mais la vertu , ce fentiment fublime, fe trouve,
comme la racine de toutes les penfées utiles, foit
en adminiftration , foit en politique s c'eft elle qui
arrête les projets injuftes & les folles depenfes ;
c'eft la vertu qui en modérant les befoins , prévient
le développement de toutes les reffources
pernicieufes ; c'eft la vertu q u i, fimple dans fa
conduite 8c ferme dans fes principes, trouve le
bien .fans efforts, & le fuit fans égarement ; c eft
elle aufli qui , pour les fouverains , eft comme le
fil-d’Ariane , dans le labyrinthe des erreurs , des
doutes-& des incertitudes ; enfin c'eft la vertu
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q u i , dans fa pleine étendue , eft pour ainfi dire
à la' fois , le motif & le moyen , l aétion 8e !a
penfée , la femence du bonheur 8c le bonheur
lui-même.
C ’eft de la vertu encore d’un adminiftrateur,
8c de là fageffe de fon adminiftration, que dépendent
la mefure 8e l ’etendue des depenfes imprevues
, 8e tous les facrifices de charité , de libéralité
8c de profufion même qu'exigent quelquefois
les circonftances. On fent combien il faut de rigidité
pour contenir de pareilles dépenfes dans des
bornes raifonnables. Chaque jour , chaque inf-
tant offre l'oécafion de donner ou de dépenfer
inutilement, 8c le contentement du fouverain ,
n'eft pas toujours néceffaire aux aétes de complai-
iance que le miniftre veut exercer ; car il peut être
libéral,-8c par des décidons de faveur fur le paiement
des iinpofitions, 8c par le foutien qu’il accorde
, à titre de juftice, à des réclamations ,
depuis iong-téms preferites , 8c par le prix généreux
.qu'il met à des rachats ou à des indemnités ,
8c par les facilités qu'il accorde à ceux qui font
des fervices pour la finance, 8c par les places
qu'il donne à la proteétion , 8c par celles qu'il
multiplie fans néceflité :8c par tant d'autres moyens
encore.
Chacun de ces objets , confidéré féparément,
paroît quelquefois peu de chofe ; mais au bout
de trois cens foixante-cinq jours , dont eft com-
pofée l’année, on v o it , quand on y prend garde ,
une fomme confidêrable de facrifices inutiles ,
être le ’fimple réfultat du caraélère particulier du
I miniftre des finances. Il eft donc très-convenable
de faire fouvent, à la fin de chaque mois , par
exemple, le réfumé des dépenfes éparfes qui ne
font point comprifes dans les charges ordinaires.
Cette méthode ramène naturellement à l’ordre Si
à l'économie.
Une autre règle encore, dont tous les miniftres
qui ont- de l'expérience 8c de l’honnêteté, fendront
l’importance , c’eft de renvoyer toujours au
roi les demandes de tous ceux qui par leur haute
naifïance ou leur état à là cou r, font aflez près
de fa perfonne pour folüçiter directement fes bontés.
Un miniftre ne doit ion appui qu'à la juftice,
aux fervices réels & au mérite ignoré ; les demandes
qui tiennent à des confidérations de faveur
Si de crédit ne font pas de fon reffort, 8c
il a des' reproches à fe faire , lorfqu'il confent feulement
à en être l'organe. C 'e ll avec cette conduite
que l'on écarte desi propofitions indiferettes ;
c'eft avec cette conduite que l’on décourage tels
importuns ; c’eft avec cette conduite que l'on perd
aufli dès titres à la reconnoiffance ; mais on acquiert
dés droits àr,l'èftime publique.
Un. miniftre des finances devroit lire & relire