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que des Fers , le droit que le feigneür per-
cevoit Fur les mines trouvées dans le territoire
de fa juftice, fut fixé au dixième du produit de
la mine. Ces mines confédérées comme une branche
du revenu public , méritent d’être la matière
d’un article dans le dictionnaire des finances$
elles font d’ailleurs comprifes dans le département
de cette partie , & c’eft à cette adminif-
tration à donner fes foins pour les faire prof-
p.érer.
On trouve, fous Henri I V , un édit du mois
de juin 1601 , qui confirme à fon profit le droit
de dixième fur les mines , en exceptant toutefois
les mines de fe r , de foufre , de falpêtre, d’ocre,
pétrolle , charbon de terre , ardoife , plâtre,
craie & autres fortes de pierres pour bâtimens
& meules de moulins : mines & carrières qu’il
exemptoit, par grâce fpéciale, en faveur de' fa
nobleffe & de fes bonsfujets, propriétaires-des
lieux.
I l paroît qu’en général on montroit peu d’ardeur
pour la recherche & l’exploitation des mines,
puisque dans l’affemblée des Etats généraux de la
nation , tenue, pour la dernière fois ,. en 1614 ,
le tiers-Etat faifoit les propofitions fuivantes, relativement
aux mines.
» Pour inviter vos fuje ts , par l’efpérance de
»» quelques profits, à s’employer à l’ouverture
» des mines découvertes & à découvrir dans votre
» royaume , vos très-.humbles fujets fupplient
» votre majefté de remettre les droits qui pour
®9 ce vous appartiennent , & ordonner à vos
juges de condamner tous coupeurs de bourfe,
» blafphémateurs, fainéans, vagabonds, gens fans
» aveu, à travailler auxdites mines , & les faire
'» délivrer , pour cet effet, aux maîtres d’icelles j
» avec défenfe aux condamnés de laiffer leurs
» ouvrages & s’abfenter pendant le temps qu’ils
».auront été condamnés de fervir aux mines, à
» peine d’être pendus Sc étranglés au lieu & à
» l’inftant qu’ils feront trouvés ailleurs.
Si ce fage projet eût été exécuté ,‘ obferve
l’eftimable écrivain qui nous a déjà fourni grand
nombre de réflexions aufli juftes que précieufes,
la France eût retiré & retirerôit encore des Py-
rennées autant de richeffes qu’en produifent en-
femble les mines de Saxe , de Bohême & de
Suède. C ’eft encore un des principaux moyens
d’y parvenir, parce que ces fortes d’entreprifes
font coûteufes & rifquables dans leur principe j
un pareil encouragement équivaudroit à des ré-
-compenfes en argent.
Quand même les mines des Pyrennées , en
plomb , cuivre , fer , cobolt * or & argent, ne
feraient pas aufli riches que les eflais l’indiquent 5
quand meme elles ne rendroient qu’ à peine la
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dépenfe de l’exploitation, l’Etat trouveront encore
un grand avantage a employer annuellement un ou
deux millions à tirer de nos terres les métaux
que nous tirons de l’étranger pour nos befoins.
La depenfe feroit faite dans le royaume j des
hommes dont la fociété eft privée par les autres
genres de fupplice , produiraient des valeurs j il
fortiroit moins d’argent pour la confommation
de ces productions.
Qui nous empêcherait encore d’acheter, pour
ce travail, des efclaves à Malthe & chez tous
les peuples qui font en guerre avec les barba-
refques ? Nous les inftruirions dans notre religion
j ^ on les marieroit, & leurs enfans étant
déclarés libres, augmenteroient notre population.
C e n’ eft pas qu’il n’y eût encore d’autres ar-
rangemens à prendre, pour mettre en vigueur
cette partie entièrement ignorée pàrmi nous.
Beaucoup d’entreprifes ont manqué par l’impéritie
des entrepreneurs. Il conviendrait donc au
préalable d’appeller des hommes intelligens dans
cette partie, & c’eft l’Allemagne qui les fournit j
& de faire voyager des élèves, déjà inftruits, dans
les établiffemens étrangers. Les capitaux & l ’envie
de gagner ne manquent point j & lorfqu’on pourra
donner quelque confiance aux perfonnes qui fe
prapoferont pour régir ces établiffemens , ont
les verra bientôt floriflfans. Elles éviteront deux
inconvéniens dans lefquels on eft prefque toujours
tombé. Le premier, de commencer par
des dépenfes trop confidérables : le fécond, d’effleurer
les mines fans les fouiller.
La manière de procurer l’exploitation des mines ,
femble auffi partager les opinions 5 & peut-être
a-telle donne naiflance à deux abus oppofés*
qui femblent également contraires à l’objet public.
L’ un, eft d’accorder des conceflions trop étendues.
Le fécond, de permettre trop facilement à
chaque particulier d’ouvrir des puits, qu’il abandonne
bientôt après , faute de facultés.
Dans l’ un & l’autre cas , l ’Etat perd certainement
des produits. Lorfque lésioncèflîons font
trop confidérables, il fe trouve nécelfairement
beaucoup de terrains utiles négligés. On borne
l ’induftrie & l’emploi des capitaux 5 on prive
les propriétaires du terrain , des moyens d’en
tirer un meilleur parti, par la concurrence des
entreprîtes. Si des particuliers , peu opulens, ont
la liberté de fouiller la terre à leur gré, ils fe
bifferont gagner par les eaux , ou bien ils ne tireront
point de parti d’une mine 3 qui a befoin
d’ un achat' çonfidérable d’autres matières pour
être mife en valeur.
Les grands établiffemens, comme les fonderies >
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font la dépenfe la plus coûteufe. Le grand point
fembleroit être de parvenir à en établir plufiçurs
dans un même canton , & de répandre, par préférence
, les encouragemens fur les compagnies
les plus pécunieufes. Alors il fe formerait în-
fenfiblement, dans les environs , d autres compagnies
fubalternes, qui ne. ^’occuperaient que
de la fouille des mines, dont elles vendraient
le produit à la fonderie qui les traiterait le
mieux, & ces divers établiffemens fe foutien-
droient réciproquement.
De toutes nos mines , celles de fer font
plus abondamment exploitées > & malgré une
longue expérience, il eft affez fingulier que nous
n’en tirions pas tout le parti dont elles font *uf-
ceptibles. On doit l’attribuer principalement a -
nos lo ix , qui accordent exclufîvement la mine
au fourneau le plus voifin} d’où il refulte que
l’entrepreneur n’eft pas le maître de fondre avec
tout l’avantage qu’il retirerait des mixtions, s il 1
étoit libre de les prendre où il en trouve de !
convenables, & que la qualité de nos fers n eft
pas auffi parfaite qu’elle pourrait 1 etre.
Recherches & confédérations , fur les finances ,
édition in- , tom, z , png. i f z.
C ’eft avec raifon que M. de Forbonnais cher-
choijt, en 17 54 , à éveiller l’attention du gou-
vernèment fur l’exploitation des mines. Cette,
branche d’induftrie, à là vérité, ne peut pas être
d ’une grande reffource pour les finances du roi,
& c’ en, fans doute, ce qui l’a toujours fait négliger
par les miniftres de cette partie 5 cependant
, comme elle eft propre à concourir à la
profpérité générale de l’Etat , fous cet afpeCt ,
elle n’étoit pas indigne des regards d’un grand .
adminiftrateur.
Pour préparer des fuccès en ce genre, il falloit
les leçons de l’étude & de l’inftruCtion j c’eft
ce qui fut fenti par l’homme d’Etat qui gou-
vernoit les finances , en 17 78, & ne s’occupoit
que des moyens d’enrichir le royaume. Un
arrêt du confeil, du 12 juin, établit une chaire
de minéralogie & -de métallurgie docimafiique , en
faveur du fieur Sage, très-favant dans ces fcién-
c e s , & pour en donner des leçons publiques &
gratuites.
Le préambule de cet arrêt va nous faire con-
noître fes motifs.
Le roi s’étant fait repréfenter les loix relatives
à l’exploitation des mines de métaux & de minéraux
, fa majefté a reconnu que cette partie des
richeffes du royaume n’avoit point acquis toute la
valeur dont elle étoit fufceptible, à caufe du défaut
de connoiflance des ouvriers dans la minéralogie
& la métallurgie, enforte que les entrepre-
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neurs des mines de France étoient réduits à recourir
à des étrangers, pour les mettre à la tête de
leurs exploitations, & elle a jugé qu’il feroit utile
d’établir une école publique où l’on enfeignât les
principes de la fcience dont il s’agit, & la manière
de la mettre en pratique. Le difpofitif nomme
le profeffeur, règle fes appointemens à deux mille
livres , & réferve de ftatuer ultérieurement fur tout
ce qui fera relatif à ce nouvel établiffement.
Trois années fe pafsèrent fans qu’il fut fait aucune
autre difpofition. On laiffa fructifier les leçons
qui fe donnoient* jufques en 1781 , qu’on
jugea devoir en éprouver l’utilité en créant quatre
infpeCteurs des mines. Voici comment s’explique
à ce fujet l’arrêt du confeil du 21 mars 1781.
Sur ce qui a été repréfenté au r o i, étant en fou
ôonfeil, qu’ un des moyens qu’on pourrait plus
efficacement employer, pour retirer tout l’avantage
qui peut réfulter de l’exploitation des fubftances
métalliques qui fe trouvent dans le royaume, feroit
de choifir un certain nombre de fujets inftruits
qui , d’après des tournées qu’ils feraient
annuellement dans différentes provinces, fe mettraient
à portée de rendre compte à l’adminiftra-
tion , des mines exploitées , ou non exploitées qui
y exiftent, & du! auraient des connoiffances affez
étendûes fur cette matière pour pouvoir juger
de la manière dont fe font les exploitations $
s’affiner de la folidité & régularité des travaux ;
veiller à la fureté des ouvriers qui y font employés
j aider les entrepreneurs de leurs con-
feils , & indiquer à l’adminiftration celles def-
dites exploitations q u i, à raifon de leur utilité &
de leur importance , pourraient mériter plus particulièrement
d’ être encouragées. A quoi voulant
pourvoir : ouï le rapport du fieur Moreau de
Beaumont, & c . le roi étant en fon con fe il, à
créé & établi quatre infpeéteurs des mines & minières
de fon royaume , auxquels il fera expédié
des commiffions * & dont le traitement fera déterminé
par l’adminiftrateur général de fes financées.
Veut fa majefté que lefdits infpetteurs , d’après
les ordres qui leur feront donnés par l’adminiftration
, fe tranfportent tous les ans dans les
provinces qui leur feront indiquées , à l ’effet de
vaquer aux opérations portées dans les inftruc-
tions qui leur feront données, & de dreffer un
journal ^ tant defdites opérations, que des découvertes
qu’ils feront, & qui feront de nature à
mériter l’attention du gouvernement. Veut pareil^
[ lement fa majefté. que , lors de la vifite qu’ ils feront
des mines & fouilles en exploitation, ils
veillent à ce qu’il foit promptement remédié aux
travaux défectueux & qui pourraient mettre en
danger la vie des ouvriers , ou occafionner quelques
autres accidens. Défend fa majefté à toutes
perfonnes, de quelque qualité & condition qu’elles
puilfent être , de troubler lefdits infpeéteurs dan$-
S i j