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fcoté d ’ünfc fotffcê fal'éô , coule une fource d'eau
douce •} ainfi , il ne fomble pas probable que Ton
puiflfe efpérer de trouver cks carrières de fel en
nia’fle » comme il en exifte à Wilizfcha en Po-
lôgnè &: en d'autres pays. Les recherches que
Kon a tentées à cet égard âvoient toujours été
infr^ueufes. jufqu'en 1784. Mais cette année ,
M . Tquvenel , médecin très-ihftrûit dans la phy-
n'què k dans la minéralogie , qui accompagnbît
le tîeuï Bleton , connu pour avoir lestaient de découvrit
lèS eaux fouterraines & les mines , fémbïe
avoir trouvé l'origine des fourCés1 falées , qui
alimentent les faiines de là Lorraine & de la
Franche-Comté.
A deux lieues de Saverne, dit ce favaht, entre
Je village de.Hultenhaufen , & celui.deiGarbourg »
dans, une haute montagne , dite iPehfenperck:
exiftent deux grands réfervoirs d’eau (ailée 5: l'un
au levant, à l'origine d’une vallée profonde &
très étroite , que l'on appelle gtand-Limèrthaàl,
prefqu’au pied de la montagne j l'autre au couchant,
fur la pente oppofée vers Garbourg, dans
îe fein meme de cette montagne. Ilsèommuni1
quent entPèux par cinq rameaux q ui-,i le* déraj
chant du réfervoir d’en-haut, viennent fé réunit
â celai d'-en-baSi De ces deux baflins ', briginaites
de falaifon, marqués fur place , par des arbréS
blanchis,, & infcrits comme autant de bornes ,
partent, fuivant les deux pentes dé la montagne,
deux grands ;écoulemens d’ eau ; le fupérieur ;fé
porte en Franche-Comté , & l ’inférieur eh Lorraine,
p,ù ils ‘fouimflfent, par des divisons &
ïoü's - div’iiions , aqx. différentes faiines qui y font
établies.
On peut donc'avanter que les fontaines falées
de ces deux, provinces, ont une origine commune,
quoiqu'elles aillent jaillir à plus de foixante-
dix lieues les unes des autres : trajet qui a été
fuivi èc défîgnë de manière à ne laùflet audun
doute fur les réfultats de cette importante opération.
On doit en conclure qu'il exifte là des
mines de fel gemme, & cette découverte eft plus
intéreffante encore pour radminiftratiofi que pour
ï'hiftoire naturelle. C e qui porte à croire que les
mines de fel marin ne fe bornent pas à la grande
montagne du Penfenpeck, ni aux grouppes des
montagnes adjacentes, & ce qui fait préfumer
qu’elles pourtoient bien s'étendre , fuivant la
chaîne des Vofges, depuis Landau /ttfqu'à Belfort,
c’eft qu'il fe rencontre dans toute l’étendue du
vallon d'AKaee, le long & à la chÛte de cës montagnes
, des fources plus ou moins imprégnées
de fel marin , qui toutes dérivent de cette chaîne
montueufe } mais toutes ces fontaines falées d*Al-
face , font beaucoup moins riches & moins abondantes
que celles qui , partant du centré des
Vo fge s, vont en Lorraine & en Franche-Comte.
Il eft vraifemblabîe que c’eft dans ce centré même
que gît la tête de la mine de fél gemme,
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On doit croire que des fuccès réitérés d'après
nos opérations, & confirmés par les fouilles ,
infpiferont aflez de confiance à l'admmiftration ,
pour la déterminer à tranfporter dans le chef-lieu
de cette énorme falaifon , foit pour en extraire
les eaux faiines non altérées, foit pour en tirer
^ fçLen nature , les travaux que l'on exécute
dans les provinces éloignées> au grand détriment
des forêts, pour fe procurer du fel. Mais , en
attendant, nous croyons pouvoir promettre ,
afleï à portée des faiines actuelles, des mines de
charbon de te r ie , qui fuppléeront à l’immenlè
quantité de bois que l'on y conComme.
Cette découverte, -en la fuivant, comme y
invite M. Touvenel, eft un motif à ajouter a
çeux: que nous pr-éfentons ci-après, pour abandonner;
\çs faiines , rendre au- roi douze cents
mille livres , qui font le prix des bois quelles
confomment, & tranquilïfer les provinces fur la
cràinre qu’elles, témoignent de manquer abfôlu*
ment de bois, ou de le payer un prix excdfif.
J ; Saris-doute, la mer eft trop éloignée pour.imagi-
ner, comme onl'açru,, qu'efle foit la çaufe dçJàfâ-
îure de ces eaux jJ’eau filtrée dans Jes terres pendant
fi long-tems, fe dépouilleroit nécessairement de fon
fql, à moins qu'on ne fuppofàt qu'elles font apportées
par un1 canal fort droit & fort large 5 ce -qui eft
contredit par l'expérience & par la raifon, puifque
l'eau de ces fources vienr par différentes_embou-
ebu re's , & qu'elle^ augmentent ou diminuent,
fuivant que la faifon eft sèche ou pluvieufe.
J On,remarque même que plus elles font abon-
| aantes , plusç'Ûes font falées 5 ce qui provient de
t'e qu'ayant alors plus de volume , de poids & dé
vîteffe , elles frappent avec plus de violence, &
émouflent plus aifément les angles des finuofités
quelles .parcourent, .& en détachent ainfi plus, de
particules falées. ' ;
Le produit des fources falées j qui arrivent à
Dieuze , y alimente non feulement trente- quatre
poêles ou poêlons , mais on en renvoyé tous
les jours, près de cinq ou fix cents muids au réfervoir
de-la faline de Moyenvic : d'ailleurs les dix-
huit cents muids qu'on reçoit à D ieuze, en vingt-
quatre heures , n'arrivent que dans les tems les plus
humides de l'année : les féchereffes en retranchent
jufqu’à cent muids , & font diminuer la
force de la falure d’un tiers ou d’une moitié de
degté.
Les eaux de la faline de Moyçnvic proviennent
de deux-puits qui ont entre douze & treize degrés
de falure, & font aflez abondantes i maïs comme
ôn a reconnu qu'elles étoierit très-dures à cuire,
ce qui occaLonnoit une dépenfe en bois fort con-
fldêrable r on a pris le parti en 174B, ,d’y faire
pafîer, comme on vient de le dire , cin!q à fix cens
muids des eaux de Dieuze , f oür lès1 mélanger dans
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la oroportion d’un tiers ou d'un quart, ce qui
réduit letrr falure à quatorze degres & demi , ou
quinze degrés.
Ces eaux arrivent par une file de tuyaux de bois,
dont la conduite eft placée fur une étendue de trois
lieues, avec des regards diftribues^ aflez. près les
uns des autres , pour mettre efv état d y recon-
noître & d'y réparer les dégradations qui r e viennent
, foit accidentellement, foit parle rait
des fraudeurs qui viennent voler les eaux pour en
fabriquer du fel. Lorfqu'ils font pris en délit, par
les employés, ou que ceux-ci trouvent des eaux
falées au domicile de quelques particuliers , ils font
condamnés aux peines prononcées contre les taux-
fauniers en pays de gabelles. V Fa u x -pAUA
Château-Salins, le puits de la fahne reçoit
plusieurs fources , qui mélangées , donnent communément
douze degrés & demi ou treize degres
de falure. Elles font fi abondantes , que l’on n a
pas pu en conftater le produit avec precifion s mais
tout annonce qu’élles pourroient fournir a nne formation
de fe l, triple & quadruple de la quantité
qui s'y fabrique. Le même puits renfermant des
èaux douces, on a établi une machine qui eft
Continuellement en jeu , pour feparercelles-ci des
eaux falées, & les conduire à la rivière de Seille.
On a parlé ci devant des fources de Salins ; on
ajoutera ici que depuis quinze ans elles ont 'beaucoup
changé en produit & en falure ; mais on en
a trouvé une que l’on appelle le Merle blanc , &
qui dans trente-fix ou quarante-huit heuresacquiert
une abondance & une qualité étonnantes- Elle
augmente depuis fept degrés jufqu’à qurnze &
dix-huit, Se toujours en raifon du volume de fes
eaux ; mais dans un tems fe c , elle perd la quantité
& la qualité quelle acquiert par les pluies.
La faline de Montmorot tire , ainlt qu’on l’a
d i t , fes eaux de trois puits , qui donnent fix
à fept cents muids , çar vingt - quatre heures ,
à trois à quatre degrés de falure. Comme leur
formation en fel exigeoit une trop forte confom-
roation de bois , on y a adopté la méthode des bâ-
timens de graduation dont on ne connoît pas l’auteur
; mais on croit que fa faline de Soult-z en
baffe-Alface . a fourni le modèle des machines de
ce genre,
Quoi qu’ il en fo i t , l’art a cherché à imiter la
nature pat les bârimens de graduation: pour cela
il rr’a-chaogjj que la forme de l’évaporation ; celle
de la jgtitré. fe fait dans une 'difpofîtion horifon-
tale j celle de l’ art dans une difpofition verticale.
L ’objet de ces bâtimens eft donc de dégager des
eaux falées, lès parties d’ eau douce qui s’y trouvent
, Sc de diminuer par-là fa Confommation du
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boîs qui feroît uéc.eflaire pour procurer une- plus
longue ébullition.
Les bâtimens de graduation font à jour, élevés
de vingt, à vingt-cinq pieds de la cuve à la fa-
blière. On fot^ce l'eau que l'on veut graduer, à
monter par des pompes jufqu'au haut de ces bâtimens
, d'où elle fe diftribue dans des augets de
quatre à fix pouces de largeur & autant de profondeur}
ils font difpofés fuivant la longueur du bâtiment
, & parfemés de petits robinets à fix pouces de
diftance les uns des autres, qui ne laiflent échapper
l ’eau que par gouttes. Ces gouttes tombant
fur une mafle de fafcines, ou fagots d'épines de
vingt à vingt-cinq pieds de haut, fur dix de large,
fe fubdivifent & multiplient leur furface à l'infini,
en forte que l'air auquel cette fubdivifion donne
beaucoup de prife, emporte dans l’efpace, comme
une rofée , les parties douces & légères de l’eau
qui fe font trouvées foumifes à fon aétion, pendant
que les parties qui font chargées de fe l , déterminées
par leur poids , décrivent conftammfcnt
une perpendiculaire , & fe précipitent dans le
baflin deftiné à les recevoir > mais bientôt elles en
font encore enlevées par d'autres pompes qui les
portent dans d'autres divifions d'augets , pour retomber,
par la même manoeuvre qu'on vient de
décrire , dans une autre divifioti dé baflins, & fuc-
ceflivement jufqu'au dernier : le nombre de ces
baflins eft proportionné au degré de là falure
de l’eau.
On donne aux plus foibles de deux ou trois
degrés, jufqu'à fept divifions , & on pourroit lès
porter jufqu’à trente degrés,en trois jours, dans la
bonne faifon.
Plus la difpofîtion des bâtimens de graduation
eft parfaite , & plus les économies font fenfibles.
Leur forme , l'expofîtion de ces bâtimens, la manière
d’élever les eaux, l'attention au progrès de
la falure pour éviter un travail inutile , & ménager
un tems précieux , le gouvernement des robinets
qu’il faut conduire fuivant les variations &
le caprice, du vent , & mille autres détails que
l'on croiroit îndifférens, font d'une importance
extrême. ■
Pour pouvoir déterminer avec.certitude l'étendue
des bâtimens néceflaires à graduer une fource
falée, il. en faut connoître avec précifîon la qualité
} mais pour en donner une idée générale, de
même que de l ’économie qui en réfulte^ on dira
que pour opérer la graduation de fept mille tonneaux
de föl de fix cens livres chacun , avec de
l'eau à quatre degrés , il faut trôis mille pieds dé
bâtiment, & cinq millè cordes 'de bois, & que
fans graduation, il en coûteroit trente-deux mille
cordes de bois,
• Ainfi , en fuppofant qu'il faille trois pieds de