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raine & en Franche-Comté, Sr dont l'exploita: :
tion eft ordinairement confiée à la ferme générale
, comme chargée feule du privilège exclufif
de la vente du fel dans le royaume, & par-là
intéreffée à veiller fur les abus d’uqe confom-
mation de fel qui lui feroit étranger;
Ori compte fix de ces falines : fçavoir , dedk
en Lorraine, une dans les Trois Evêchés , ,& trois
en Franche-Comté.
Celles de Lorraine font , Dieuze , à huit lieues
de' N an c y , capitale de la province 3 & la plus
confîdérahle de toutes.
Château-Salins 3 à quatre lieues de Dieuze.
Moyenvic , généralité de Metz , à deux lieues
de la première faline, & à dix lieues.de. cette
capitale.
En Franche-Comté , la faline de Salins , fitu'ée
à fix lieues de Befançon, capitale de la province ,
eft la première & la plus ancienne.
On diftingue enfdite. celle de Montniorot,, à
huit liçues de Salins.
4 Et celle de Chaux , qui en eft à trois lieues ,
bien moins renommée par fes Tels , que. par des
bâtimens (magnifiques qui fervent à leur fabrica-
ion /monument digne d'orner la capitale du royaume
jamais dont la fîtuation dans un lieu ifolé,
au milieu d ’une forêt , blefle toutes les règles
de lax convenance , & d'une fage adminiftra-
tion.
Afin de mettre de l'ordre & de la clarté dans
tout ce que nous avons à dire des fatmes'^ Sc
de leur travail, nous le diviferons en huit fec-
tions. !
• La première comprendra un abrégé hiftorique
de leur origine & de leur établiffeméht^-en'èbm-*
mençant par 1 es falines de Lorraine.
Dans la fécondé , on traitera de la jurifdi&ion
appellée réformatiôn , à laquelle appartient la
connoiflance de tout ce qui concerne les bois ,
leur affectation à chaque faline , leur exploitation 5
de fa compofition, de fa forme de procéder j de
•la coupe des b o is , de leur tranfport ; du prix
qu’il coûte.
On fera mention dans la troifième * des puits
falés, ou fources falées, du degré de falure, &
de la conduite des eaux , & de l’ufage des bâtimens
de graduation.
La formation des fels, tant en gros que menus
grains^ & en pains 5 un abrégé dès procédés relatifs
à cette formation, le dépôt des fels , & leur
déchet 3 les employés attachés aux falines , les
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quantités de fel formées en. chacune*, .avec des
remarques fur cette fabrication ,.fçront la matière
delà quatrième feCHon.
La cinquième contiendra quelques détails fur
la délivrance des fels-aux falines , tant dans- l'intérieur
des provinces qu'aux Suiffes.
La ftxièfrie traitera de la'vente étrangère , du
tranfport des fels , du bénéfice qu'il donne , &
de l'intelligence qu'il demande.
Il fera queftion de la régie. & de l'adminif-
tration des falines 3 du bénéfice qu'elles ont donné/
I dans la feptième feÇtion.
Enfin, on prôpofera dans la huitième quelques
vues nouvelles de régie & d'adminiftration pour
le s falines 3 tendant au, bien des provinces où
elles font fit.tiéés, en diminuant la conformation;
’ dès bois , /contre l’excès de laquelle les peu-,
. pies ne ceflent dé faire des repréfe'ntations.
T rR E' M I È R E '. S E C T I O N .
* Âfytâi.hifibriquè' äe'Tongine. & de VétabliJferhebt
• . : V ]dèf 'falines»
L O R R A I N E.
D'après les recherches qui ont été faites aiî
î tréfôr dès Chartres de la chambre dès comptes
de N a n c y , où font dépofés tous les aéles de là
; lëgiflation des anciens ducs de Lorraine, on peut
; afturer qu'il, exiftoit des falines dans cette province
ayant i ioq.* Comme elles faifoierit -fa*principale
partie du revenu de ces princes-, ils appor-'
to'iettt la plus grande attention à leur régie.
: Ils; avoient créé des charges;de gouverneurs /
trilleurs, bouttavans : des contrôleurs-tailleuts .des
^ bois 3 dies contrôleurs à la-, délivrance ; des fels.-
Tous, ces offices fubfiftent encore , & leurs prétentions
^ autant que leurs'fondions , mettant
une telle! gcne dans l'exploitation des falines- ,
qu'on eft étonné que leurs offices n’aient pas été
füpprimés. Vingt-cinq années de gages, gratifications
en bois & f e l , qui font attribués à ces
offices, indemniferoient largement la Ferme générale
> qui pourroit’être chargée de leur rernbouc-
fement ; l'E tat, en fe libérant dé ces •attribtnrÔrïs
prifes fujr fes revenus^ verrontA.après la?révolution’des'
vingt-cinq années', aügùiéhter fenfi^Ie-
mefit le produi t des falines , par plus de fiiùplicité
& ‘d’éconômie dans leur manutention.. •" : .: -
On trouve^ dans le tréfor des ch â r t r e sd b n t
il a été parlé , différens1 coih'^tés ' rêHdus ^tôus'
les ans .aux ducs , £ar les gouverneurs des fa'Unes '.
Ces comptés, font diviles. pat chaprfrto de recette
*5è dépènfe, qüi èothprènrieni lès produits
s a l
fels les frais de fabrication , d'exploitation
& de voiture de bois , de gages d'officiers &
appointemeris d agens.
Mais il patoît par ces comptes même , que
du tems des ducs de Lorfaine , les falines etoient
en plus grand nombre qu'à prélent.
Il en exiftoit une à I^ozicre , à trois lieues &
demie de Nancy, qu'on a vu détruire en 1760.
Elle étoit anciennement la plus confiderable , K
dônnoit, par année, jufquà quinze nulle munis
de fe l, chacun de fix cents cinquante livres.
Les eaux du puits de cette faline provenoient
de differentes fources, qui, réunies ; èorçpofoient
un mélange: de fept à huit degrés de falure. Elle
avoit. fes bâtimens: de graduation ; on en expliquera
les effets, en parlant des falines de Mont-
morot. & de Chaux. Mais un homme entreprenant
& en faveur, ayant.propofe , dans la vue,
difoit-il, de détourner les eaux douces des eaux
falées, & d’augmenter confiderablement le degre
de falure des dernières , & par confequent les
produits delà faline ren.apcelérant la formation,
avant indifcrettement proppfe difterens travaux fur
ces fources.,, fans égard pour les reprefentatipris
qu’on lui fit fur lq danger de cette enttepnfe ,
les fourdes falées fe perdirent ; on tenta vainement
de le s rétablir , & il. fallut détruire cette
faline.
La faline de Dieuze paroît avoir^ une origine
antérieure à l'an 1.300 3 mais en meme ^ ms on
préfume que fon produit étoit bien foible , en
le comparant à fon produit aétuel. C e qui fonde
cette préfomption, c'eft qu'on fçait qu il y exiftoit
encore des bâtimens de graduation , en 1755_&
173.6 : preuve que l'on n'avoit pas encore fait
la découverte de la fource. fi abondante que renferme
le puits de Dieuze ,. 8c la plus_ riche en
fel 'quél'on connoiffe dans aucune faline , puif-
quplle afe'ize degrés de falure, &• donne chaque
jour, dix-huit cents muids d’eau , qui pourroient-
fprmer annuellement trois cents quatre-vingt mille
quintaux de fel.
I.a faline de Château-Salins eft au® ancienne
que celle de Dieuze 3 toutes deux paroi fient avoir
exifté en même tems 5 mais on ne peut pas dire
avec'certitude, quelle a été la première,*
• Il ,ÿ avoit une troifièmei/^/z/ze à Salonne , qui
trayailloit encore- fou$ le règne, du duc Léopold 5
mais on ignore l'époque de fa deftruétion.
Une cinquième, appellée Saltzbrourr , paroît
avoir été en aétivité-dans le feizième fiée lé 3 &
Bon croit-qu'elle :a été détruite par les Suédois.
~ .Ôn a tenté 'plufieurs fois de la rétablir , no-
tapment loffque Louis X IV fe fut emparé de la
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Lorraine. Le projet qui fut préfenté dans cette
vue au confeil, ne refta fans exécution, que paice
que cette province fut rendue peu de, tems apres
avoir été conquife.
En 1724 , le duc Léopold femble avoir penfé
à tirer parti de la faline de Saltzbroun ^ puif-
qu'il ordonna des vifites > & la reconnoifiance
de l'état des eaux 5 mais.il fut détourne de ce
projet par d'autres vues.
La Lorraine ayant pafié ious la domination du
roi en 17355 dès 1738 on propofaàM. Or ry , alors
contrôleur général des finances, un plan de ré--
tabliflement pour la même faline ; mais la contrariété
des opinions, qui.régnoit dans la ferme
;; générale /empêcha de l'adopter- Il en fut de nrême
• encore en 1775, quoique le refultat dé ce re-
• tarblifiement, parut offrir un bénéfice annuel aux
fermiers généraux de plus de deux cents mille •
i livres. Voici comment on en démontrôit la.pof-
! fibilité.
11 étoit queftion de former à Saltzbroun^ douze
v mille muids de fel chaque année , que 1 on eut
.• diminué fur la faline de Dieuze.
Le prix de formation revenoit alors dans çette
• dernière, pour un muid de fel pefant fix cents
. cinquante livres , à . . . ? 3 iiv. 3 fols.-
Etjitpour un muid de
i vente étrangère , pefant
î huit , cents livre s , à . . . 5 17 6 den.
| Le prix d’achat & voi-
; ture de bois, -calculé fur
le pied de cinq livres la
corde, étoit de trois livres
quinze fols 3 c i . . . . . . . . 3 1S
7 liv. 12 fols 6 den.
Le moindre prix de
vente de fel , aux trai-
tans du Rhin : on appelle
ainfi les particuliers qui
viennent acheter le fel •
aux falines eft d e ........... 2.1 Iiv. 13 fols
Si l'on en déduit le prix
de . . . . . . . . . ------ .v j ;? 7 i l * 6 dep.
Il refte toujours en bénéfice.
L4 ’ r 3
A ce premier bénéfice
il faut ajouter celui qui
fe feroit trouvé fur le
tranfport des fels , depuis
Dieuze , a. Saint-Avold :
lieu où les traitans font