
1éi O F F
OFFICIERS D ’AN JO U . ( droits des ) Ces
droits portent le nom de droits des officiers d'Anjou
, parce qu’ils font les reftes des attributions
accordées , par l ’édit du mois de décembre 1633 ,
à des confeillers-contrôleurs & confervateurs établis
dans' rous les bureaux des cinq grolTes fermes.
C ë s contrôleurs ayant été réyoqués par l'édit du
mois d'aout 1644, leurs droits furent convertis
en deux fols pour livre- dés droits d e ntr^e &
vés au profit du roi,
Au mois d’avril 165S , il fut de nouvçau créé
& érigé err titre d’offices formés & héréditaires,
quatre tréforiers généraux , quatre contrôleurs 8c
quatre premiers 8c principaux commis de ces tre-
ibriers anciens, alternatifs, triennaux & quatrien-
naux des deniers des fermes , avec attribution de
fix deniers pour liyre de tous les droits des fermes
, même fur le parifis , & fur l,es, douze-deniers
précédemment attribués aux controleurs-
confervateurs. En attendant que ces offices fuffent
le v é s , un arrêt du confeil du. 10 avril 1658 » ordonna
que la levée de ces droits ferait faite par
les'cômmis de l’adjudicataire’des fermes, & que
leur produit feroit verfé au tréfor royal. Enfin ,
tous ces droits furent réunis à ceux des cinq
groffes fermes par les arrêts des s-8 octobre 1679 3 24 juillçt 1681 3 8c 17 août 1683. Cës différens
lègleméns fe trouvent rappellés dans l'article 241
. du bail fait à Forceville en 1738.
Les droits des officiers-d’Anjou donnent un produit
annuel d'environ quatre-vingt-dix à cent
mille livres.
La perception de ces droits fe fait fur des tarifs
manufcrits qui n’ont pas d’autre titre & d’autorité
qu’un ancien ufage. IHR| P â r is j s .
' O F FR ANDE S E T A UM O N E S 5 dans la
maifon dir roj on donne ce nbm à Une partie de
dépepfe ppur laquelle i l y a un tréforier particulier
qui porte le nom de tréforier des. aumônes»
11 reçoit des'fortds du' tréfof royal pourJ payer ,
chaque quartier, les frais de la célébration de la
meffe & de la chapelle , o i i pour'faire les aumônes
qui font défignées par le roi & grand
aumônier.
Dans ia dépenfe des offrandes & aumônes* eft
suffi comprife celle de la ;çérémqnie de la cène ,
8t l’achat des livres de dévotion néceffaire au
roi & ceux des femaines feintes, dont il’ fe fai-
foit autrefois une diftribution, tant aux princes du
fap g , qu’aux grands feignè.urs attachés a la .cour,
La dépenfe des offrandes & aumônes eft un objet
annuel de deux cens quarante mille livres , qui
font remis au tréforier de cette partie, & qui les
difiribue furies oïdre$,dtt grand aumônier. F e g a
T^ESORIEI^
O F F
O P IN IO N PUBLIQUE ; tribunal d*uîi genre’
unique qui a étp élevé en France par l’efptjt de
fociété , par l’amour des égards & de la louange.
Quoique Yopinion publique foit fans magiftrats ,
fans palais & fans code , elle n’ en influe pas moins
fur toutes les parties du gouvernement, 8c en
particulier fur radmii)ilkatioo des finances, parce,
que celle-ci a des rapports plus nombreux 8c plus
multipliés avec toptes les çlaffés des fujets de
l’Etat. Tous les hommes quj attirent fur eux les
regards, font obligés dç comparaître .au tribunal,
de l'opinion publique , & là , en fouyeraine , ell^
décerne , comme du haut cpUn trône, des prix 8ç
des couronnes 5 elle fait,& d éM l les .réputations.
Nous empruntons icU’hiftoire de ce tribunal,
4’un ouvrage juftement célèbre , dont l’auteur a
reçu là récômpenle la plus flatteufe de l'opinion
publique', puïfqu’H a également entendu les* fuf-
frages qu’elle a donnés à fon adminiftration, 8c
les profonds regrets qu’elle a montrés à fa retraite »
Cette autorité de l'opinion, y eft-ildit 3 tome / ,
page y8 de fadmipijlratipn des finances,. fut inconnue
tant que des1'troubles intérieurs remplirent
tous les fentimens^, occupèrent toutes les penféps.
Lés efprits divifés par des faétions où l’on ne fait
jamais'qu'akner & haïr -3 ne pouvoient fe réunir
fous leSjbannières plus tranquilles de 1 eftime & de
Y opinion publique. Mais lorfque, fous Louis X IV *
le repos fut affermi, Y opinion publique ne put exer-
cer encore .qu.e fqiblemçnt fon empire. C e grand
monarque attirait tout à lui ; il vouloit. être feul
à répandre toutes’ les efpèces d’encoüragement 8c
de gloire 5 fon empreffement à chercher le mérite,
fon talent à le difcerner , fa vigilance' à récom-
penfer & à punir, cet art qu'il pôffédoit, âi*
plus haut degré, d’exçiter ou de réprimer par des
.mots ,& par des regards , le grand éclat enfin qui
envifonnoit fon trône, tout avoit habitue la nation:
à ne chercher & à pe Gonnoître que l'approbation
d’ un fi grand roi ; & l’pn yit les hommes
les plus élevés par leurs talens, & les plus
comblés de la faveur publique -3: ambitionner encore
avec plus d’ardpur, d'être apperçus par cç
prince.
Cependant Louis X IV , & les hommes célèbres
qui‘ firent l’ornement de fon- fiècle ,TàîP-
fèrent après eux les traces du beau , & comme
une idée plus diftinéteCde toutes les efpèces
d,e talens & de mérites. La nation avoit appris ce
qu’elle devoir admirer ; & les hommes fupérieurs
dans tous les genres , s’ étoient accoutumés à cette
récompenfe délicate & prochaine qui tient aux
applaudiflemens 8e à la louange,
De telles difpofitions dévoient néceflafrement
préparer l’empire de Y opinion publique ; cependant
fes progrès furent encore retardés par l'indifférence
& h léger,été qui caraétérifèrent le tems
o p i
ré e 'h régèïice -y par cette hardieffe de -moeurs qui
vint s’ y joindre encore , & par les agitations
td’ intérêt & de fortune qui occupèrent uniquement
l’attention ; mais depuis cette époque, la
puiffance de Yqpinior} publique , favorilee par di-
yetfes circonftance^, s’ert accrue fucceflivemeiit,
.& elle, ferait aujourd’hui difficile ;à détruire. Elle
règne fur tous les efprits- , 8c les princes eux-
mêmes la refpeélent toutes }és fois qu ils ne font
pas entraînés .par de trop grandes paffions les
uns la ménagent volontairement, par 1 ambition
qu’ils ont de la faveur publique ; & les autres
moins dociles, y font encore fournis , fans s en
appercevoir, par l ’afcendant de ceux qui le§..entourai
C e pouvoir- de.' Y opinion publique eft infiniment
plus foible dans d’autres pays, & fous des gou-
•Vernemens différens. Les peuples efclaves doivent
fixer toute leur attention fur lés recompenfes que
décerne le prince, ou fur les punitions qu il peut
exercer.
: Les républicains ne connoiffent que le crédit
populaire , ou l’ àfcendant de l’éloquence dans les
affemblées nationales ; là liberté , d ailleurs , qui
fait l’effence de pareils gouvernement, infpire aux
hommes plus de confiance dans leurs propres
jügemens , & l’on dirait que , jaloux de ^toute
efpèce d’empire , ils chériffent jufques a 1 indépendance
dç leurs opinions ? & feritent un fecret
plaifir à s’écarter de celle des ^autres.
Enfin , les nations amolies par le climat du
midi, trop occupées de tous les plaifTrs des féns,
ne voudraient pas* du joug de l’opinion publique ,
& elles n’aimeroient point a fervir fousuin maitie
dont les plus grandes faveurs ne vaudraient pas a
leurs yeux les douceurs du repos , ou les en-
chantemens d’une imagination exaltée.
La plupart des étrangers ont peine à fe fairç
une jufie idée de 1 autorité qu exerce en France
Yopinion publique. Ils comprennent difficilement
ce que c’efi: qu’une puiffance invifible , qui fans
tréfors , fans garde & fans armées , donne des
loix à la ville , à la cour ix jufques dans le palais
des rois. Cependant rien n’eft plus vrai, rien n’efi:
plus remarquable, & l’on ceffera peut-être de
•s’eaétonner, fi l’on réfléchit fur ce qui doit ré:
fulrer de l’efprit de fociété , lorfque cet efprit
^règne dans toute fa force au milieu d’ une nation
Yenfible qui aime également à juger & à paraître ,
qui n’eft: nidiftraite par des intérêts politiques, ni
affoiblie par le defpotifme , ni fubjuguée par des
paffions trop bouillantes ; chez, une nation enfin ,
où peut-être un penchant génépi à l’imitation,
prévient la ûes opinions, & rend
ffoibles - toutes celles qui font ifolées ; enforte que
réunies communément enfemble , & formant
glors comme une forte de flot plus ou moins
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împétùéiix , elles oçt , pendant la durée dé feur
mouvement > une force très'-puiffante.
Cependant cette réunion d’opinions, cet efprit
de fociété, cette communication continuelle entre
les hommes,, dbivent. donner ..un grand prix
aux fuffrages des autres:,' & faire aimer par-deffus.
tou t, la confidératioh 3 lésrégards. , 1 eftime: & la
rènommée. C'eft une jouiffance d’autant plus pre-,
cieufe : qu’ elle eft de tous les: jours de .tous les.-
inftans ; c’eft üné; paffion qui doit; égaler & fur-,
paffer en énergie, celle de l’argent & de la fortune;
:car les richefles elles-mêmes , font converties.
par .ceux! qui..les poffèdent en biens de
pure imagination. ; >
Ces lambris dorés , ces parures éclatantes , voe
cortège ;de vafèts-, ces brillans' attelages , que feraient
ils au bonheur, fans le prix qu’on attaché
à l’impreffion que pourront faire fur les autres
ce luxe & cette vaine fplèndëùr ? Et fi de telles
vanités , iî de femblables chimères ont un pareil
attrait ; ff on les recherche avec tant d’ardeur,
comment-feroit-on étonné1 d’ùn'émp'ire plus noble
& plus raifonnable , de celui de l’opinion publique ,
de cettt opinion qui règne Jur les hommes , pour
nourrir en5eu x , l’amour aê la véritable gloire
pour lés exciter aux grandes choies par l'honneur
& par la louange, & p'où'r les éloigner dé la baf-
fefle fk de là lâcheté , par la crainte du mépris &
de la honte ? Comment ne troUVeroit-on pas redoutable
cette puiffance qui-peut avilir lés hommes
jufques fur les marches du trône , tk qui
peut les rélever-au contraire dans l’exil ou dans
la difgrace ? r
Ah ! fentons le prix d’une autorité fi fiilutaire 5
rallions-nous pour la défendre contre ceux qu’elle
impoïtuqe 8< qui voudraient la détruire > elle
ffiufe arrêçe^ncore les funeftes progrès de l’indifférence
; elle feule au milieu d’ un fiècle dépravé
, fait encore entendre fa voix , 8c femble y
tenir les affifes de l’honneur.
C ’eft l ’afcendant de Yopinion publique , q u i,
fouvent plus qu’aucune autre confidération , op-
pofe.des obftacles , en France ,,apx abus dç.l’au-
. totité. Oui j c’eft uniquement cette opinion & fe fi
time qii’on en fait encore , qui cqnlèrvent à la
nation une forte d’influence, en lui confiant le
pouvoir dé *écompenfer ' ou de punir , par Ja
louange ou par le mépris. Que fi jamais cette
opiniôri'èx.oxK. abfolument dédaignée , que fi jamais
elle s'affoibliffoit d’elle-même, la liberté, peut-
être, perdrait fon principal appui , & l’on aurait
befoin , plus que jamais, & des vertus du fouve-
rain, & de la modération de fes miniftres.
Entre tous ceux qui paroiffent fur la fcène dif
mondé « c eft fuHout le miniftre des finances qui