
tirer aucnne conféquence pofîtive j car la régie
des gabelles étant devenue plus induftrieufe &
plus vigilante, la ferme a pu augmenter fes ventes,
fans que la confommation du royaume fe foit
accrue dans la même proportion. Enfin, le prix
<T\ine ' denrée , l’étendue du nùrpéraire, la mafle
générale des impôts, font auffi des confidérations
qui augmentent ou diminuent la confommation j
& loffqu’ un réfultat dépend d’ une infinité de
circonftances, il feroit déraifonnable de l’attribuer
à une feule caufe , ou d-'effayer même de
déterminer, d’une manière pofitive, ce qui peut
y appartenir.
Il y . a éu , fans doute, des focoufles momentanées
dans la popuLitio.n i .be les maladies épidémiques
, les difettes , les rigueurs de l’h iv e r ,
dans certaines années, la.guerre & les émigra^
..rions funeftes à la France , ont occafionné des
diminutions fenfibles dans le nombre de fes habitans
j mais tel eft le progrès annuel de la régénération
, q a au bout d’un1 certain nombre d’am
hées, la population d’ un pays induftrieuy. & commerçant
, fe rapproche de la- melure des fubfif-
tances.
Ainfi , quand la culture augmente, quand les
communications intérieures fout faciles, & quand
les riches trouvent à échanger les productions
de leurs terres contre les travaux divers de i’in-
duftrie nation?le y les principales fources de la
population femblent afitirées.
Mais , ce n’eft pas fur. les effets du temps que
les gouvernemens doivent fe repofer; & ils ont
à fe reprocher toutes les calamités deftrudlives
qu’ ils n’ont pas fçu prévenir ou tempérer,-quand
ils en avoient le pouvoir. 11 ne leur eft pas permis
d’être indifférens au .moment préfent, & de fe
confoler des maux dont ils font fpe&ateurs , en
fe fiant à cette bienfaifance féconde , qui prend
foin de l’efpèce humaine , & qui la fait triompher
des erreurs de J ’adminiftration- & des iniquités
politiques. Ainfi , les guerres qui détruifent les
hommes, le poids des impôts qui les décourage-,
les rigueurs qui les éloignent, & l’indi$érenee ,
q ui, dans des temps malheureux, les'livre à la
merci des évènëmens. Toutes ces circonftances ,
fur lefquelles le gouvernement influe immédiatement
, occafionnent dans la population, des diminutions
plus ou moins fenfibles, & il ne peut
fuffire au fouverain que le temps, un jour , les
répare.
- On doit obferver encore , qu’ une forte de
luxe arrêtera , dans tous les temps, l’entier développement
de la population : ces parcs , ces
jardins l'omptueux que le foc de la' charrue ne
fillonnera plus ; ce grand nombre de chevaux
defiiués à tranfporter- commodément les riches
dans les lieux où leurs affaires & leurs pkifirs les
appellent j ces feux multipliés, qu’un fafte de valets
occafionné ; cet art recherché, où la fubftance
qui nourriroit plusieurs familles , fert à flatter
un moment, le goût d’un homme blâfé, & à lui
valoir l’applaudiflement de quelques convives î
tous ces rafinemens enfin, de la mollefte ou* de
la grande fortune, diflîpent line portion des produirions
de la terre , Se nuifent à l’étendue de
la population. Il eft difficile , fans doute , dans
un grand Etat, de prévenir les effets inféparables
de l’inégalité des richeffes ; mais , ainfi que je
tâcherai de le développer, en traitant féparément
la queftion du luxe , c’eft fouvent radmîniftra-
tion elle-même qui contribue à l’accroiflement
de ces difparités.
C e n’eft pas encore un des moindres inconvé-
niens de la jalonfie des fouverains , & de l’excès
de l’état militaire en temps de- pair -, que cette
nombreufe cavalerie , dont l’entretien oblige à
refferrer les hommes fur un plus petit efpace
de terre, pour en céder une partie aux animaux
qui doivent les aider à fe détruire.
Il eft encore des caufes de dépopulation, dont
les effets feroient fans doute d’une foute autre-
importance : on peut imaginer une telle pro-
penfion au célibat, une telle dépravation de moeurs,
un tel affoibliffement dans la nature humaine,
qu’au milieu même d’une terre féconde , les naif-
fances ceffaffent d’être proportionnées à l’étendue
de la mortalité ; mais on eft loin encore de
cette funefte fituation.
Les célibataires des v ille s , dût-on les confi-
dérer comme entièrement étrangers aux races
futures , compofent jufqu’à préferit une trop petite
portiorr des habitans du royaume , pour arrêter
les progrès de la population r ce qui de-
-viendroit véritablement d’angereux, ce feroit la
corruption des moeurs dans les campagnes,, la
crainte d’être père , & l’abandon dénaturé des.
enfans dans ces lieux d’afyle où la mort fait tant
de ravages : ce fera peut-être un des maux de
l’avenir , & l’on apperçoit déjà les indices d’un
coupable relâchement. Mais il eft un mal existant,
dont on ne doit point fe diffimuler le$
funeftes effets, c’eft la grande misère du peuplé
des campagnes ; & je dois faire ici une obfef-
vation. d’une véritable importance. On. voit le
nombre des naiftances furpafler le nombre des
morts, be l’on a lieu d’être tranquille fur l’état
de la population du royaume ; mais il ne faut pas
perdre de vue que cette population, félon qu’elle
eft différemment compofée , n’a pas la même influence
fur le bonheur & fur la force des Etats.
Que dans un pays, le plus grand nombre dés
habitans jouiffent à peine d’un étroit néceffaire :
entraînés cependant par les plaifirs des fens , ils
auront peut-être le même nombre d’enfans que
jftls vivoient dans Taifance j mais après avoir fait
quelques efforts pour les élever , trop pauvres
pour leur donner, ou une nourriture fufhfance,
ou des fecours dans leurs maladies, la plus grande
partie de cette génération ne panera pas 1 âge cle
trois ou quatre ans * & il fe trouvera que dans
un tel pays, le nombre des enfans en bas-age ,
fera conftamment dans^ une difproportion trop
grande avec le nombre des adultes ou des nommes
faits. Alors un million d’individus ne pre-
fenteront ni la même force ni la meme capacité
de travail,, qu’ un pareil nombre dans un
royaume où* le peuple eft moins miferable.
Le nivellement des fortunes n?eft pas au pouvoir
d’un gouvernement ; mais diftribliteur des
impôts & de toutes les charges publiques î mais
à la fois-fiirveiliant & lé g ifla teur il a des moyens
pour adoucir le fort du peuple, & pour empêcher
qu’une clafle nombreufe d hommes ne
voient dans l ’accroilfement de leur farnille, une
fource. de peine & d’ anxiété , ou ne s accoutument
enfin à devenir comme étrangers aux plus
doux fentiraens de la. nature.
On ne peurfouvent fe défendre des plus triftes
penfées, en parcourant ces nombreux regiftres de
morts & de naiftances , & en mefurant le peut
efpace qur fépare ces- deux termes de la vie y Se
quand on voit um quart de la génération périr
avant trois ans} un autre avant vingt-cinq; un
tfoifieme avant cinquante , & le refte fe diffiper
èn peu de temps , on croit être fpeéfateur d un
naufrage } & Ton eft tantôt épouvapté de là fragilité'de
la vie , & tantôt étonné des vaftés pro*
jets que l’efprit humain fait unir à- cette courte
durée;
Que l’adminiftration eft grandè & peut s’énor^
gueillir, lorfqu’elle réfléchit fur tous les moyens
qui lui font remis pour féconder L’un des plus
beaux deffeins dont nous ayons-connoiffarice ,
la multiplication des hommes fur la terre , l’ac-
croiffement de leur bonheur, & la perfeérion de
leurs lumières. Mais auffi, que cette- adminiftra-
tion eft petite &: digne de mépris , lorfqu’avec
une pareille carrière au devant quelle, on ne la
voit , s’agiter que pour dès prérogatives ou des
prétentions ! lorfqu’ elle eft plus jaloufe de commander
que de bien faire j Se losfqu’entôurée
des efclaves de la fortune , elle aime mieux jouit
de leurs refpeds, qu’étendre fes regards fur cet
efpace immenfe » où la nature en filence follicite
fes foins 1 O h l.miniftrés des rois , comment êtes-*
vous indifférens à' votre véritable grandeur ! Se
tandis que dans la carrière où vous marchez*,
vous pourriez brrllerd’ uir éclat qurn?appartiën:-
droit qu'à vous , comment en détournez-vous
les yeux fi promptement , pont courir apres
ces vanités ridicules où vous avez tant de rivaux
i
P O R T L>£ L E T T R E S , f. m. C ’eft la taxe
nftfe fur chaque lettre arrivée p a r ja pofte, &£
qui eft une portion du falaire de l'établiffemenc
fait pour entretenir les couriers chargés de porter
les lettres. Wwm L e t t r e s On y trouvera le
dernier réglement qui- a taxé tous les ports de
lettres , luivant les cas où ils font dûs. »
P O R T A T IF , adjeftifqui eft pris fubftantive-
ment dans le langage des*douanes & dans celui
de la régie des aides.
Dans la première- circonftance on donne le
nom de portatif à- un petit livre- quon appelle
ailleurs agenda , manuel ou carnet, & qui fert f a
Bordeaux , aux vifiteurs de la douane, à inferire
un précis des vifites qu’ils font fur les navires
entrant ou-fortant , qui eft enfuite rapporte plus
au long fur un regiftre.
Les commis aux aides- appellent portatif, un
regiftre à-peu-près de forme in quarto , fur lequel
ils-inferivent, ou doivent inferire, le réfultat
de l’opération qu’ ils font chez les vendans vin
en détail, chaque fois qu’ ils y font leurs exercices
, en conformité de 1-article V du titre de
l’ordonnance des aides-, de 1680 , concernant
l’exercice des-commis. Ces portatifs-font en papier
marqué du timbre de la généralité dans laquelle
eft fituée la direérion des aides dont dépendent
lés commis doivent être reliés} chaque feuillet
eft' coté' é è paraphé par un é lu , ou le-juge à qui
appartient Ta connoiftance dés- droits*
Chaque vendant vin ou autres*boiflons en deta
i l, a un compte ouvert fur ce regiftre , pour
1 la quantité de boiftons qu’ il a en cave ; Se chaque
jour les commis doivent conftater, par un a£ie,
figné de deux, ce qu’il a débité & ce qui lui
refte; ils doivent auffi , .à chaque exercice , fom-
mer le vendant vin de figner cet aéte, & faire-
mention de ce- refus.
Les commis font tenus dë diftînguer fur là
portatif i les vendans vin à affiette de ceux qui
vendenrà por. Mais cette diftindrion n’a lieu qu’eii
pays de huitième. Dans les provinces où le quatrième
a cours r cette formalité feroit fuperflue.
L ’article IX du même-titre'V dé l’ordonnance
des aides , porte que les regiftres portatifs feront
: crus- jufqivà l’infcription de. faux.
Un arrêt du confeil, du 2 feptembre 172.7 > a
cafté une fenten-ce de l’élëélion dé Chatellerault ,
du 5 juillet précédent, qui avoir admis le prtH
cureur du roi à faire informer contre la- foi- d’un
\ portatif, fans avoir auparavant formé une Inf-
•: cription de faux.
Les portatifs fe renouvellent ordinairement tous
; les mois dans les- v i l l e s ou à chaque tierce ^