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Ci-contre, . . . . . . . . . 14 liv. i fols I den.
la levée de leur Tel , qu’ils
font conduire enfuite à
Vaudrevange , pour les
faire embarquer fur la
Sarre.' C e trajet, depuis
Dieuze à Saint-Avold ,
coûte ordinairement trois
livres fix fo is , c i . . . , . 3 6
Et comme la Sarre
paffe au milieu de Saltz-
broun , 3c que les fels y
auroient pu être embarqués,
les traitans; éconô-
mifant la dépenfe du ’
tranfport de Saint-Avold
à Vaudrevange, qui eft
un objet de quarante-cinq
à cinquante fols , ils ne
fe feroient pas refufé à
une augmentation de
trente fols* par muid de
f e l , en raifon des frais
du nouvel établiffement
fait à Sàltzbroun, c i . . . 1 10
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Total du bénéfice . . . *18 liv. 17 fols 1 den.
Si fo n multiplie cette fomme par douzè-ftiille
muids de fel., qui. auroient été fabriqués dans
cette faline , on aura une fomme de deux cents-
Vingt-fix mille huit cents livres.
Un avantage auffi décifîf offroit fans doute
des moyens d'élever une faline avec des bâti-
mens de graduation, dont' lès devis ne môntoierit
qu’ à fix cents mille livres. Mais la ferme générale
qui avoir encore fous les y eu x , l’exemple
en effet très-frappant de la faline de Chaux , qui
lui avoit coûté feize çents dix mille livrés, tandis
que les devis avoièn.t été arrêtés à fix cents mille
livres , fe refufa à l’établiffement de Sàltzbroun
peut-être aufli entra t-il dans ce parti, quelque
mouvement raifonnable de défiance contre un
homme qui avoit préfidé à. la conftru&ion de
la fdèine de Chaux % & qui n’avoit montré dans
fes dépenfes , ni fageffe, ni modération. M a is ,
n’eft-il donc pas pofîîble de concilier le bien public
avec l’économie"?
S i la faline de Chaux offroit un monument
extraordinaire , dont l’ idée n’a pu être infpiree,
hi par le lo cal, ni par les befoins de l’ufine,
celle de Montmorot préfentoit des leçons d’inr
telligence 3c d’utilité , qui pou voient fervir de
guide. On fait qu’elle a été bâtie en fix ans ,
depuis 1744 à 17 50 , avec quatre mille cinq cents
pieds de bâtimens de graduation , 3c qu’elle n’a
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pas coûté huit cents mille livres : les entrepreneurs
ont même avoué enfuite , que d’après leur
expérience, ils en conftruiroient une femblable
pour fix cents mille livres. Si jamais la faline de
•Sàltzbroun étoit rétablie , vingt-quatre années
fuffiroient pour rembourfer tous les frais, & le
roi polféderoit une feptième faline 3 qui augmen-
teroit fon revenu de plus de deux cents mille
livres par année.
A cet avantage , il faut encore ajouter celui
que le gouvernement auroit trouvé à faire le bien
de la province > car en déchargeant Dieuze de
douze mille muids de formation, on eût reftitus.
chaque aqnée , à l’ arrondiffement de cette faline ,
plus de fept mille cordes de bois, qui auroient
procuré l’abondance & le bon marché d’ une denrée
, dont la difette & le haut prix excitent fans
ceffe les plaintes dès cours fouveraines , 3c de
toutes les claffes d ’habitans.
Salines des Trois-Evêchés*.
Les évêques de Metz poffédoient autrefois en
toute propriété , & à titre dé fouveraineté , deux
falines3 dans cette provinc'e: l’une à Moyenvic,
& l’autre à Marfal, qui n’en étoit éloignée que
de trois-.quarts de lieue. Cette dernière a été
détruite,- parce que la formation du- fel y étoit
trop coûteufe.
L ’hiftoire apprend, qu’ avant 1298., tjïerard,
foixante-huitième évêque de Metz , acquit ces
deux falines de quelques ' feigneurs particuliers,
& les réunit à l’évêché. Raoul de C o u c y , foixante-
feizième évêque, engagea , environ l’an T $ 90 ,
le château de Moyenvic à Henri Gilleux, foixante
muids de fel à Robert , duc de Bar , & dix
muids à Philippe de Boifremon.
Conrard Bayer de Roppar, foixante-dix-fep-
trième évêque, retira cet engagement l’an 144,5 5
mais lui & fon frère Théodoric Bayer, ayant été
arrêtés prifonniers , par l’ordre du duc René %
roi de Naples & de Sicile, il en coûta à l’évêque ,
pour f^liberté , plufieurs feigneuries , & notamment
les faéines, que le duc lui rendit dans la
fuite.
On vptit dans le tréfor des Chartres de la chambre
des comptes de Nan cy , différens concordats
paffés entre les évêques de Metz & les dites
de Lorraine 1 pour s’accorder refpe&ivement
aide & protection dans l’exploitation de leurs
falines.
D ’autres aétes préfentent un- accotrd-jpour régir
ces mêmes falines à profit commun. C e s traités
paroiffent avoir été fondés fur,ce que les évêques
dé Metz n’ avoient pas des bois fuffîfamment, 3c fur ce qu’ils étoient obligés d’emprunter le
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territoire de h Lorraine, .pour procurer des débouchés
à leurs fels. |
En cardinaT.de Lorraine , admîmrrrateur.
& le cardinal de Guife évêque , laif-
sèrent, en f ie f , au duc de Lorraine, les falines
de l'évêché , moyennant quatre mille cinq cents
li/res, monnoie de Lorraine , & quatre cents
muids de Tels. Ces ducs, devenus proprietaires,
étoient obligés, fuivaQt le foixante-dixieme article
du traité des Eyrenées de fournir le fel ne-
ceffaire à la confommation des éveches, a taifon
Moyenvic ayant été cédé au roi, par le douzième
article du traité de 1661 , conclu à Vincennes,
entre le duc Charles IV de Lorraine & le cardinal
Mazarin , Se la faline ayant été ruinée par
les guerres, elle fut rétablie en 1673.
MarfalLpaffa fous la domination du ro i, en
1663 , p fflle traité de Noméni ,. avec le même
prince.
Tout 1^ pays des environ's de Dieuze , Château
Salins , Moyertvic, Mariai 8e ;Salonne, offre
des' filtrations d'eaux falées , qui dénotent une
grande abondance de mines de fel, La ferme générale
a fait combler , 8e fait encore garder certains
puits, pour empêcher l'abus qu'on pourrait
faire de leurs eaux, au préjudice de la gabelle.
Salines de Franche- Comté.
Parmi ces falines , celle de Salins, tient le
premier rang, 8e fon origine remonte à plus de
douze cents ans. Elle fe divife en grande 8e petite
faline , qui fe communiquent par une voûte
fouterraine de deux cents-fix pieds de long , fur
cinq pieds de large, 8e fept pieds cinq pouces.
de haut; de façon que ces deux parties ne font
qu'un feu! corps de bâtiment. Il eft fitué au centre
de Salins, dans une»gorge fort étroite , 8e féparé
par le rempart, de la rivière de Furieufe. Un
mur ferme la faline du côté de la v ille, à qui elle
a donné la 11 ai fiance 8e le nom ; car Salins a commencé
par quelques habitations conftruites pour
les ouvriers qui travailloient à la formation du
fel.
Les eaux delà faline de Salins en avoient fait un
domaine d'un grand revenu, 8e ce fut un de ceux
que faint Sigifmond, foi de Bourgogne , donna
au commencement du fixièrae fiècle pour doter
le mônaftère d'Agaune. C e monallère polféda dès-
lorsSalins en toute propriété jufqu'en 943 , que
Meinier, abbé d'Agaune, le donna en fief à Âl-
béric , comte de'Bourgogne 8e de Mâcon. Strabon
affûte qu'on faifoit grand.cas à Rome des chairs
falées dans le pays des Séquanois.
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La gratifie faline occupe un terrein Irrégulier ,
qui a cent quarante trois toifes dans fa plus grande
longueur, & cinquante dans fa largeur. La petite
faline placée au nord de la grande, n’a que quarante
toifes de long , & vingt-cinq de large.
Cette derniere renferme un puits, appelle puits
a muire 3 il eft à foixante fix pieds de profondeur
depuis la voûte fupérieure jufqu’au fond du récipient
qui reçoit les eaux Talées; & il a trente
pieds de largeur de toutes faces. L’on y defcenxi
par un efcalier, & l’on trouve au fond, deux iour-
ces falées,* q u i, dans, vingt quatre heures, donnent
cent foixante muids mefure de Paris', d’une
eau claire, à dix-fept degrés de fature, qui eft
•conduite par un tuyau de bois dans le récipient
des. eaux falées où il en contient quarante-fept
muids. Tout près de ce premier en eft un fécond,
de la contenance de foiXante-irn muids ; c’ eft là
que l’on rafîemble les eaux de quarante autres
fources uné fois plus, abondantes que les deux
premières, mais q u i, n’étant qu’ à trois degrés,
font par cette raifon nommées petites eaux.
En terme de fa lin e , on entend par degrés la
quantité de livres de fel renfermées dans cent livres
d’ eau; c’eft-à-dire, qu’ une eau à dix-fept
degrés , rend par l’ébullition dix - fept livres de
fe l, fur cent livres d’eau j celle à trois degrés n’en
donne que trois liyres.
On n’entrera pas ici dans la defeription des
autres fources & puits d’eau falée,- ni dans le détail
des machines & des procédés fer'vant à la
fabrication du fé l, ce foin appartient au Diétion-
; naire des arts & métiers- Suivons rhiftorique de
: la faline de Salins 3c des autres falines de la Fr.an-
j che-Comté.
Lorfque la Franche-Comté palfa à la couronne
d’Efpagne, la propriété des falines étoit divifée
en quatre cents dix-neuf parts, qui appartenoient
à des particuliers & à des communautés régulières.
Cette divifîon avoit pris naifiance fous les
feigneurs de Salins, qui avoient affocié aux travaux
dç leurs falines ces particuliers , auxquels
ils avoient accordé , en réçpmpenfe des découvertes
qu’ils avoient faites d’ eaux falées, une certaine
quantité de ces eaux. Ces parts étoient app
e lle s quartiers, 3c chaque quartier étoit de
trente fceaux d’eau falée.
Les rois d’Efpagne, Avenus maîtres des fali-
• nés , formèrent le projet de réunir ces quartiers à
leur domaine ; ils n’y trouvèrent de difficultés que
de la part des gens d’ églife , qui en poffédoient
la plus grande partie, vraisemblablement enfuite
des dons qui leur en avdient été faits. L’affaire
fut portée à Rome, où cependant elle ne fut pas
décidée , à l’avantage des eccléfiaftiques. Leurs
portions furent eftimees , 3c l’on en créa des ren