
de vingt-quatre karats j ainfi dans les monnaies.
d o r , exactement conformes au titre déterminé
par la loi , il y auroit deux parties de cuivre fer-
vant d’alliage , contre vingt-deux parties d’or pur.
Mais la fabrication eft eftimée bonne, quand
le titre des Iouis-d’or eft de vingt 8c ,Vin karats,
& vingt-deux trente-deuxièmes, c’ëft-à-dire ,
quand il ne diffère que de dix trëntè-deuxièmes
de karat du degré de fin 3 prefcrit par les régle-
mens j 8c cette tolérance eft appellée le remède
de loi.
Monnoies d'argent*
Huit écus de fix livres 8c trois dixièmes , doivent
pefer un marc de huit onces.
Mars la fabrication eft eftimée bonne , quand
les écus ne diffèrent que de trente-fïx grains par
marc, du poids prefcrit par les ordonnances.
Le titre des monnoies d’argent eft fixé à onze
deniers, 8c l ’argent pur eft réputé de douze deniers
> ainfi dans les efpèces d’argent exactement
conformes au titre prefcrit par la loi , il y auroit
une partie de cuivre fervant d’alliage, contre onze
partie d’argènt pur.
Mais la fabrication eft eftimée^bonne, quand le
titre des écus eft à dix deniers vingt & Un grains >
c ’eft-à-dire, lorfqu’ ilne diffère que de trois vingt-
quatrièmes de denier du degré de fin,prefcrit parla
loi.
Monnoies de billon.
La monnoie de billon , qui a cours en France
eft compofée de pièces de deux fous 8ç d’ un fou
fix deniers.
Cent douze pièces de deux fous, felon le réglement
de 173§ , dévoient pefer un marc de huit
onces ; mais la fabrication étoit eftimée bonne ,
lorfque cent feize pièces feulement, .équivalent
à ce poids.
Le titre fixé par l’ordonnance , étoit de deux
deniers & demi d’ argent pur, contré neuf deniers
& demi de cuivre, & la tolérance ou le remède
de l o i , étoit réglé à quatre-vingt-quatrièmes de
denier,
On ne peut donner auçun renfeignement exa&
fur les pièces d’un'fou fix deniers ; c’eft un afifern-
blage d’ efpèces de diffère ns' titres : la fabrication
d’upe partie remonte au treizième fiècle
plus récente eft du commencement du dix-huitième.
11 y a auffi dans la circulât!,qn, des pièces d’un
fou de deux liards ou d’ un demiTfoUv & d’un
liard ou d’un quart de . fou j mais çes efpèces font
çn entier dç cuivre?
Bénéfice du So u v e r a in , su r tA Fa b r ï -
c a t io n d e s M o n n o i e s ;
Monnoies d'or.
On paie aux hôtels des monnoies 3 fept cens neuf
livres d’un marc-d’o r , au titre de vingt & un
karats , & vingt-deux trente-deuxièmes.
On fait avec ce marc, trente louis-d’or valant
fept cens vingt livres.
Lès frais de fabrication & les déchets , fe montent
à environ quarante fous.
Ainfi le bénéfice du fouverain fe réduit à neuf
francs par marc.
C e qui répond à un Sc quatre quinzièmes pour
cent.
Le bénéfice fur cette fabrication , étoit autrefois
beaucoup plus confidérable.
L’o r , au titre que je viens1 de c ite r , n’ a été
payé que fix cens foixânte-neuf livres deux fous
deux deniers, depuis l’époque du tarif de 1726 ,
jufques en 1729 ’ ainfi le profit du Souverain,
déduction faite des frais 8c des déchets, fe mon*
toit à quarante-huit liv. dix-fept fous dix deniers.
C e qui faifoit fept & cinq feizièmes pour cent.
Le prix de For fut augmenté de quatre deniers
pour livre en 1729 , & d’une pareille quotité en
1755 ; mais ces changemens ne furent autorifés
que par des arrêts du confeil.
C e t accroiflement dans le prix de l’o r , reduifit
le bénéfice du Souverain à cinq 8c onze vingtièmes
'pour cent en 1729 , & à trois 8c neuf onzièmes
pour cent en 17$ 5.
C e bénéfice a fubfifté , de cétte manière, juf-
qu’en 1771 , époque du tarif aduel j mais 1 admi-
niftration s’eft.relâchée fréquemment de fes.droits,
en faveur des particuliers qu’elle voüloit favori
fer.
Monnoies d'argent.
On paie aux hôtels des monnoies, quarante-huit
livres neuf fous d’un marc d’argent, au titre de
dix deniers vingt & un grains.
On fait avec ce marc , huit écus de fix livres
& trois dixièmes, c’eft: à-dire , une fomme équivalente
à quarante-neuf livres feize fous.
Les frais de fabrication^ les déchets, fe montent
à environ quatorze fous fix deniers j ainfi le
bénéfice du. fouverain fe réduit à douze fous fix
deniers par marc.
C e qui fait un & fept Yingt-quatrièmes pour
cent; Ce
C e bénéfice a pareillement été plus confidé-
rable autrefois. ’
Les direéteurs des monnoies 3 félon le tarif de
1726 , ne pouvoient payer que quarante-fix livres
fept fous trois deniers de l ’argent, au titre qu on
vient de défignerj ainfi le bénéfice du fouverain,
déduétion faite des frais ? fe montoit a deux livres
"quatorze fous fept deniers par marc, c eft-a-dire,
à cinq 8c fix feptièmes pour cent.
Les arrêts du confeil de 1729 & 175 ƒ 3 ayant
Augmenté le prix de l’argent, comme celui de
l'o r , de quatre deniers pour'livre, le bénéfice
du fouverain fut réduit à quatre 8c un huitième
pour cent, de 1729 à 1755 , & è deux 8c onze
vingt-feptièmes pourcent, de 1755 à I771*
Des avantages ou des inconvéniens du bénéfice que
fa it le roi 3 fur la fabrication des monnoies.
L ’on a fou vent donné dans les extremes, en
agitant cette queftion. Les uns ont envifagé le bénéfice
du fouverain , fur la fabrication des monnaies
3 comme un impôt qui devoit repouffer 1 or
& l’ argent , & faire refluer ces métaux vers d’autres
pays. C ’eft une marchandife, difoit-on, &
qui doit venir avec plus d’abondance dans les lieux
où elle eft le plus favorifée.
D ’autres , au contraire, ont prétendu que le
bénéfice du roi fur la fabrication des monnoies ,
étoit un trait de politique. Lorfque le fouverain ,
difoit-on , au moyen de fon empreinte , fait valoir
dans les Etats , cent deux ou cent trois , un
poids d’or 8c d’ argent qui ne lui a coûté que cent,
ces métaux , après avoir acquis ainfi une valeur
furnaturelle 8c particulière à un certain pays , ne*
doivent plus en fortir , puifqu’ ils perdroient au-
dehors, la faveur que leur a donné l’autorité du
prince. Ainfi , ajoutoit-on , le bénéfice que fait le
fouverain fur la fabrication des monnoies nationales,
eft le plus fur moyen de prévenir leur
exportation.
Je crois que ni l’une ni l’autre de ces propolî-
tions, ne font juftes.
L ’or & l’argent, fans doute , font une marchandife
, puifque çes métaux fe vendent & s’achètent
, 8c que leur prix eft fufceptible de variation
j mais il ne faut pas conclure de cette qualification
, que l’or 8c l’argent puifient appartenir
en .plus grande quantité, aux nations qui en donnent
un plus haut prix. Un particulier auroit beau
déclarer qu’il prendroit les écus pour fôixante-
cinq fous } s’il n’avoit rien à donner en échange ,,
on ne l’écoùteroit pasc o u , s'il étoit allez infenfé
pour troquer effectivement foixante-cinq fous
contre un écu de foixante , on épuiferoit fa fortune
dans une journée.
Tome I I I , Finances«
11 en eft de même des nations : celles qui n’au-
roient rien à répéter pour folde de leurs échanges
, n’acquerroient ni or ni argent, quelles que
fuflent les conditions fixées pour l’admiflion de
ces métaux aux hôtels des monnoies : & fi le fou-
verain fe déterminoit à en payer un prix fort au-
deflus de la valeur courante , on fondroit à l’inf-
tant la monnoie qu’il auroit donnée en échange j &
en lui revendant continuellement le même or &
le même argent, on ne tarderoit pas à l’éclairec
fur fa folie.
Suppofons, au contraire , un négociant qui ne
voulut recevoir les écus que pour cinquante huit
fous, on n’en feroit pas moins commerce avec
lu i, s’il avoit des marchandifes à vendre} on auroit
foin feulement de les lui payer un peu au*,
delfous du prix ré e l, afin de fe dédommager de
la perte qu’on efluyeroit fur les efpèces qu on auroit
à fournir pour folde d’échange.
Il eft aifé d’appliquer cet exemple aux tran-
faélions générales des nations les unes avec les
autres.
Enfin , l’expérience eft ici d’accord avec le rai-
fonnement. Depuis 1726 jufques à 1755 , le bénéfice
du fouverain en France, a été , comme on l’a
vu , beaucoup plus confidérable qu’il n’eft aujour*
d’hui î & pendant cét intervalle, il n’eft pas moins
entré dans le royaume de grandes fommes d’or 8c
d’argent , dont on a fait la converfion en monnoies
courantes.
On tomberoit dans une autre erreur, ainfi que
je l’ai annoncé , en prétendant que le bénéfice du
roi fur la fabrication des monnoies, s’oppofe à leur
exportation. Que la France, en effet, deyînt débitrice
des autres nations , elle feroit forcée de
s’acquitter avec de l ’or ou de l’argent} & les efpèces
nationales fortiroient, n’importe le prix auquel
le fouverain auroit acheté les métaux employés
à leur fabrication 5 car il eft impofiible aux
nations d’acheter, de devoir & de ne pas payer.
Ainfi, le bénéfice que le fouverain fait en France
fur la fabrication des monnoies , ne fauroit, ni
empêcherl’introduéiion de For & de l’argent, ni
en prévenir la fortie ; ce bénéfice eft'une petite
circonftance, qui ne peut rien contre la force prédominante
de la balance du commerce.
On va maintenant effayer d’indiquer les rapports
fous lefquels le bénéfice que fait le roi fur les monnoies
, doit être confîdéré.
Les befoins des fabriques de bijouterie , d’or-
févrerie3 8c d’autres de meme genre , étant très-
limités., la plus grande partie de For & de l’argent
qui entre en France, & qui s’y arrête, eft
portée néceflairement aux hôtels des monnoies ;
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