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** Rochelle, Clermont, Riom, 8c plufieurs autres
35 villes moins considérables, les droits font de
“ .cinq cens livres ; le tout outre le chef-d’oeuvre
» qu’on n’ eft pas obligé de faire à Lyon............. »
Peu après ils appuient leur demande de ce mot
if : « On comprend bien que cette augmentation
«c de droits rendant l’entrée à la Maitrife un peu
30 plus difficile , pourra diminuer à l’avenir le
*5 nombre des maîtres j ils feront plus experts ,
M plus aifé s, & c ............
On voit que cette requête ne préfente aucun
motif raifonnable pour l ’intérêt même de la communauté.
Car , i Q. moins il y aura de maîtres ,
plus la portion des charges fera grande pour chaque
maître. i ° . C e n’ eft pas le moindre nombre
qui rend les maîtres plus experts $ au contraire
l ’habileté eft l’effet de la concurrence. On remarquera
feulement que îes dettes contractées par les
corps de métiers ont caufé l’exceffive augmentation
des droits de réception à la maitrife. Qu’en
eft-il arrivé ? Les étrangers n’ont pu en faire la dép
l i e ; les réceptions ont été rares, le nombre des
maîtres ell diminué, & leur contribution augmentée.
s On doit fur tout obferver combien les Mait r i f es
s oppofent à la propagation des arts, 8c combien
eft injufte la loi qui augmente le droit pour les
étrangers.
Il faut confidérer encore, que la portion du
peuple qui fouffre le plus, ce n’eft pas la poftérité
de ceux qui font reçus maîtres dans une profef-
fion ; mais ceux qui ont le malheur d’être nés de
compagnons pauvres , qui n’ayant pu achetter des
Maitrifes , n ont pu en tranfmettre les privilèges
a leurs enfans & plus encore ceux qui font nés
de parens qui n’ont pas eu le moyen de s’inftruire
dans aucune profeffion. Cette partie du peuple eft
la plus indigente , & celle qui a le plus befoin de
travailler.
Cependant ce font-Ià les hommes que nos ré-
glemens appellent étrangers 5 ce font ceux pour
lefquels on a te plus multiplié les obftacles, auxquels
on a laiffe moins de reffources dans les arts
& métiers ; enfin cette portion de la fociété qu’on
écarté du travail par le plus de gênes & d’impo-
ftions.
N e nous étonnons donc pas, comme nous l ’avons
déjà obfervé , que les mendians foient fi
nombreux. II eft vrai que quelques-uns d’entre eux
ont embrafle cet état par l’amour de l’indolence
& de la faitféantife ; mais le plus grand nombre eft,.
réduit à cette vie inutile & onéreufe par les difficultés
dont nous avons fémé la route qui conduit
au travail , & par le haut prix auquel nos loix ont
porte les moyens de s’occuper. C e prixNa été beaucoup
augmenté , comme nous venons de le voir,
depuis que les communautés ont emprunté pour
les befoins de l’état. Ces Secours ont donc été nui-
fibles 8c préjudiciables j ils ont donc caufé un plus
grand dommage que n’en auroient caufé nos ré-
glemens : en rendant plus difficiles les approches
de la Mairrife , ils ont conféquemment diminué
le nombre des maîtres. Cette diminution , les
charges reftant les mêmes , a 'augmenté l’impo-
fition de chaque contribuant. Il en eft réfulté un
double mal j la diminution des maîtres a diminué
la concurrence, qui feule diminue le prix des ouvrages
j elle a augmenté encore la portion des rentes
de la communauté que chaque maître doit
payer : autre raifon pour foutenir la main-d’oeuvre
à un haut prix. -
Ainfi la nation paie, fans s’en appercevoir, le
furhauffement des denrées occafionné par les emprunts
des corps de métiers, dont les maîtres
feuls profitent ; & elle le paie fans tarir la fource
du mal qui fubfîfte & fe perpétue. On ne peut
donc trop fe hâter d’éteindre ces dettes onéreu-
fes. La néceffité de le faire eft d’autant plus preT-
fante , qu’on ne peut remédier aux obftacles que
les corps de métiers oppofent aux progrès de l’in*
duftrie , fans procéder auparavant à la liquidation
de ces dettes.
Elles ont été contra&ées pour l’ Etat $ c’eft par
conféquent un 'dépôt facré. La bonne foi & le
crédit de la nation exigent qu’ elles foient religieu-
fement payées} il ne feroit ni jufte ni raifonnable
de les Supprimer. Mais qui doit les acquitter ?
L’ Etat, pour le befoin duquel'elles ont été contractées.
Il, y eft d’autant plus intéreffé, qu'il en
fupporte le fardeau.
Peut-être cette partie de la nation qui n’appartient
pas à la claffe des artifans , des fabricans &
des marchands, réclamera contre la part qu’ elle
doit payer de ces emprunts 5 mais nous obferve-*
rons qu’il eft jufte qu’elle y contribue.
io. Parce que le rembourfement de ces emprunts
diminuant le prix de la main-d’oeuvre, diminuera
celui de la fubfiftance.
2o. Parce q u e , fî l’Etat n’avoit partant demandé
aux corps de métiers, il aurait plus demandé
au refte de la nation.
3°. La plus grande partie de ceux qui refufe-
roient aujourd’hui, defcend de parens qui étoient
dans la claffe de l’induftrie , lorfqu’elle a fait ce;
emprunts. Leur fortune vient du bénéfice qu’ils
ont fait dans les arts & le commerce j ils doivent
donc par reconnoifiance contribuer au rembourfement
des dettes du commerce.
r 4o; Quand même il feroit certain , que ni eux ,
ni leurs pères , ne doivent leur ajfânce aux arts ‘.ni
au commerce .r au moins ils dèfcetident d’ê ceux
qui ont prêté à ces communautés pour les befoins
de l’état- Peut- être même font-ils pofiefieurs d’une
partie des contrats. -Or il n’eft pas, injufte qu’ik
contributif au rembourfement de ces capitaux
dont la rente leur a produit depuis la création e
la dette , deux fois le fonds, fans aucune îndui-
trie de leur part.
Nous devons obferVer ici qu|un Etat qui veut
s’agrandir par le commerce , doit faire tomber e
plus qu’il eft poffible, les impofuions fur ceux
qui vivent dans le repos, du revenu d un argen
prêté. Le légiflateur d’ une nation commerçante
doit mettre une grande differer.ee entre 1 utilité
du produit fait fur un capital par 1 mduitrie g lse
le produit fait par l’ indolence fur de Amples contrats.
L’ effet qui réfulte de ces deux produits,
pour l ’avantage ou le défavantage de 1 E ta t, el
tellement différent que les loix ne fauroient trop
féconder le premier, & trop diminuer le fécond.
Parce que. le premier n’eft jamais pris^ que fur la
nation, il ne peut enrichir un fujet qu aux dépens
d’un autre. Le fécond au contraire rend les etrangers
tributaires .& augmente le capital de 1 Etat.
D ’ailleurs , plus le premier fera grand & répandu,
plus le nombre des hommes industrieux augmentera
: plus le fécond fera borne, plus les pofleft
feurs des rentes feront forcés de travailler , 8c
plus le nombre des citoyens oififs diminuera.
Tels font les moyens que nous propofons pour
le rembourfement des emprunts. Comme ce feroit
perpétuer le mal qu’on veut guérir, que de charger
les matières premières, les marchandifes, les
métiers, 8c les fabricans ou artifans confîderes
comme tels , on pourroit lever la fomme defti-
née à éteindre ces dettes fur Jes objets purement
dé luxe : telle feroit une taxe fur les propriétaires
8c fur les maîtres en raifon des domeftiques, des
chevaux1 des équipages , des fenêtres , des portes
cochères, & c . . . . . . On pourroit même impofer
les dorures vendues en détail.
i° . Permettre des oCtrois fur les boiflons dans
les villes de corporation où ces droits ne font
pas établis, 8c dans celles où ils exiftent. Le
prince, ami des arts & protecteur du commerce ,
pourroit en leur faveur céder tous les ans une
îomme dans la portion des oCtrois qu’il fe réferve.
Il a déjà donné des exemples de cette libéralité
pour des objets moins interefians pour l’Etat.
3°. Créer une. loterie à cet effet, ou faire une
retenue fur celles qui exiftent.
4°. On n’ofe propofër un moyen qui feroit plus
prompt 8c moins onéreux j ce feroit de fufpendre
pendant un tems la nomination de quelques abbayes,
ou dexéferver furie revenu des bénéfices
dont le prince feroit la nomination , une fomme
proportionnée à la valeur de ces bénéfices.
• On fent les objections fondées à beaucoup 4 d ’égards contre l ’emploi de ce moyen.
Quoi qu’il en fo it , les fonds deftinés pafieroient
tous les ans au bureau du commerce, qui feroit
inftuit-par des états exaCts 8c authentiques des emprunts
de tous les corps de métiers. Il répartiroit
annuellement à chaque communauté, en proportion
de fes charges, des fommes qui en peu d années
rembourferoient le capital. Les contrats fur
les t-ailles dont plufieurs corps font pofiefieurs ,
pourroient encore aider à ce rembourfement.
Les emprunts des corps de métiers font l’obf-
tacle éternel qu’ils oppofent aux differentes réunions
qu’on a voulu faire , & a la diminution des
privilèges de Maitrife que le gouvernement defire.
Ces dettes ont fait de chaque communauté autant
de corps de débiteurs à p a r t, qui ne veulent pas
acquitter, & qu’il n’eft pas jufte d obliger a acquitter
les dettes des autres. Si ces emprunts etoient
rembourfés, non-feulement cet obftacle feroit levé
i mais il feroit facile de ne faire de toute l ’in—
duftrie qu’un enfemble, & pour ainfi dire, qu’un
feul & même corps. Les différentes clafles qui la
compofent ne feroient plus Séparées par des intérêts,
contraires qui la défunifient. Pour y parvenir
, c’eft ainfi que nous croyons qu’il faudroit
procéder.
io. Réunir ces différentes clafles fous le moins
.de dénominations 8c en moindre nombre qu’il feroit
poffible.
2o. Il faudroit que ces communautés d’hommes
réunis fous le nom de leur a r t, ne fuflent plus que
de fimples aflociations , fans aucun privilege_ex-
clufif 5 c’eft-à-dire , que ces hommes ne fuflent
en communauté, que par forme de récenfement
feulement j qu’il fût permis à tout fujet de s y
faire inferire, fi fon intérêt l’exige. 11 faudroit défendre
, fous des peines très-exprefies, de recevoir
pour l’enregiftrement, aucun droit.
3°. Permettre à tout artifan de pafler gratis
d’une communauté dans un autre , s’il le trouve
avantageux : enfin comme les talens ne peuvent fe
perfectionner que par la liberté abfolue de s’exercer
comme il leur plaît, dans tous les arts , il
*faut que cette liberté foit gratuite. Il réfulte de
tout ce que nous venons de dire, qu’on doit prof-
crire prefque tous les articles des réglemens. Pour
la police des corps, nous croyons qu’il feroit avantageux
d’y fubftituer ceux-ci.
io. Permettre, comme nous 1 avons déjà d i t , a
tout ouvrier d’avoir autant de métiers & d’ap-
prentifs qu’il voudra.
2o. N e point prolonger le tems de 1 apprentif-
fage au-delà de deux années. Nous ne voyons pas
meme qu’ il foit befoin qu’aucune loi le rende ne-
cefîaire 5 car celui qui veut travailler dans un art,
a intérêt d’apprendre cet art. Or ou 1 interet commande
, il ne faut point de loi.
3°. Supprimer tout compagnonage > c’eft une
fervitude barbare : nous rougirons un jour de 1 a-
Yoir autorifée* L ’ouvrier d o it , au for tir de fon
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