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poètes conviennent enfémble que les Hefpérides
font foeursj que leurs richeffes confiftoient en
pommes d'or ; que 'ces pommes étoient gardées
par un dragon > qu’Hercule trouva cependant le
moyen d en cueillir & d’en emporter dans la
Grece. Mais, dira-t-on, ils font divifés fur prefque
tous les autres faits.; ils ne,s'accordent, ni fur la
nalliance de ces nymphes, ni fur leur nombre,
*» généalogie au dragon , ni fur le lieu où
les jardins des Hefpérides étoient fîtués, ni finalement
fur la manière dont Hercule s’y prit pour
avoir de leurs fruits. T out cela ell très-vrai, mais
var^ t^s/ d’idées ne nuifent à perfonne ; les
fictions ingénieufes feront celles auxquelles nous
donnerons notre attache, fans nous embarraffer
des autres.
Héfiode par exemple, veut ( Theogon. 215 ,
*75 à. )• cpe les Hefpérides foient nées de
la nuit ; peut-etre donne-t-il ;une mère fi laide à
des filles fi belles, parce qu'elles habitoient à
1 extrémité de l’occident, où l'on faifoit con>
mencer 1 empire de la nuit. Lorfque Chérécrate au
contraire les fait filles de Phorcus & de C é to ,
deux divinités d e là mer, cette dernière fiétion
nous déplaît, parce que c’eft une énigme inexplicable.
Quant au nombre des Hefpérides, les poètes
n’ont rien fait d'extraordinaire. La plupart ont
fuivi l'opinion commune qui en établit trois,
E g lé , Aréthufe, Hefpéréthufe. Quelques-uns en
ajoutent une quatrième , qui eft Hefpéra ; d’autres
, une cinquième, qui eft Erythéis ; d'autres,
une fixièmç , qui eft Vefta ; & ces derniers même
n'ont point exagéré, puifque Diodore de Sicile,
Jiiftorien , fait monter le nombre de ces nymphes
jufqu’à fept.
La généalogie du dragon nous eft fort indifférente
en elle-même, foit qu’on le fuppofe fils
de la terre & de Pyfandre, ou de Tyohon &
d’Echidneavec Phérécide. Mais les couleurs dont
quelques-uns peignent ce monftre expirant, nous
émeuvent & nous intéreffent. C e n’eft pas une
defeription d’une mort ordinaire, qu'on lit dans
Apollonius ; c’eft un tableau quon croit voir :
« le dragon, <J*t-il, ' percé des traits d'Herçule , '
93 eft étendu au pied de Tarbre; l’extrémité de )
99 fa queue remue encore, le relie de fon corps
.»9 eft fans mouvement & fans vie ; les mouches
>9 s'aflemblent par troupes fur le noi* cadavre, :
?9 fuçent le fang qui coule des plaies-, & le fiel
?» amçr de l ’hydre de Lerne, dont les flèches
» font teintes. Les Hefpérides: 'défolées à ce trille
99 fpeétaçle , fe couvrent le vifage de leurs
»9 mains , & pouffent des çris lamçntables » . . .
En un mot, de telles deferiptions nous affectent
, tandis qne nous ne fommes point épris des
prétendus myftères qu’on prétend que ces fi'cr
îîpns renferment ÿ & des explications hiftoriaues ,
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morales ou phyfiques qu’on nous eh a données ;
encore moins pouvons-nous goûter les traces imaginaires
que des auteurs, plus chrétiens que critiques
, croient appercevoir dans ces tables de
certaines vérités que contiennent les livres facrés.
L’ un retrouve dans les pommes , ou dans les
brebis des Hefpérides., Jofué quf pille les troupeaux
& les fruits des Cananéens ; l’autre fe per-
fuade que le jardin des Hefpérides, leurs pommes
& leur dragon, ont été faits d’après le paradis
terreftre. Non , non, les poètes , en forgeant la
fable de ces aimables nymphes , n’ont point corrompu
l’écriture fainte, qu’ils ne cqnnoiffoient
pas ; ils n’ont point voulu nous cacher des myftères
, ni nous donner aucune inftruétion. C ’eft
faire trop d’honneur à ces agréables artifans de
menfonges, que de leur prêter des intentions de
cette efpèce ; ils fe font uniquement propofés de
nous amufer, d’embellir leur fujet, de donner
carrière à leur enthoufiafme, d’exciter l’admiration
& la furprife, en un mot de peindre & de
. plaire, & l ’on doit avouer qu’ils ont e u , pour la
plupart, le fecret de réuffir. ( D. J.)»
- Le chevalier de Jaucourt, quoique dégoûté
des explications mythologiques , auroit certainement
accordé fon affémiment à celle qu’a donnée
des Hefpérides , M. Dupuis, s’ il eût pu la
connaître : on la trouvera dans Hercule, à fon
douzième travail.
HESPÉRIDES , ( i f es des ). Ifîe de la mer
Atlantique; Pline ( Liv. V I , ç. X X X ) , n’en
parle qu’avec incertitude; ce qu’il en dit ne
convient point aux Canaries, encore moins aux
açores, ni aux antilles; il met une journée de
navigation depuis les iftes Hefpérides au cap nommé
Hefperu-ceras ; il parcourt donc la côte occidentale
d’Afrique : le cap qu’il nomme Hefperu-
ceras , doit être le Cap-verd ; les Hefpérides
étoient, dit-il, à une journée en-deçà d'Hefperu-
ceras ; feroient-ce deux des ifles du Sénégal ?Quel
fond peut-on faire fur des relations imparfaites,
& dreffées dans des temps où ces lieux n’étoient
connus que par une tradition également obfcure
& incertaine ? ( D. J. ) ,
HESPÉRIE, nymphe du mont Ida F .E saque,
HE5P ER IE , mot originairement grec , qui
fignifie un pays occidental. Les grecs appellèrent
Tltalie Hejpérie, parce qu’elle étoit à leur couchant;
& les romains donnèrent pour la même
raifon ce nom à l’Efpagne, qu’on 3 appellé grande
Hejpérie.
Le mot latin, Hefperus, formé du grec
ail le nom d’une étoile qui paroît du côté dç
l ’Italie j par rapport à la Grèce, ôc 4ü côté
l’Efpagne, par rapport à ritaiiç,
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TI y en a qui font venir le nom d‘Hefpérie,
quand on le donne à l'Italie, du nom A'Hefiérms,
lequel ayant été chaffé de fon royaume par fon
frère Atlas, vint en Italie , & y régna,
H fJ p LR^S * l fils de Japet, & frère d’Atlas,
ayant été chaffé par fon frère du royaume de fes
pères, fe retira en Italie, & donna à cette contrée
le nom d’Hefpérie. Diodore dit qu’Hefpérus
étant monté fur le fommet du mont Atlas , pour 1
mieux contempler les aftres, n’en revint point,
& ne parut plus ; ce qui fit croire qu il avoit été ;
«hangé en un aftre, qu’on appelle Hefpérus ou
Vefper, l’étoile du foir ( Diodor. h b. UI. ) , & le
matin , Lucifer.
Quelques poètes font l’aftre Hefpérus , fils de
Céphale & de l’Aurore( Hygin. àftronom. c. 4 1 .) A
Sur ün autel rond de la villa Borghèfe ( n°. 21.
monum. inédit. ) , on voit ce dieu fous la 'figure
d’un jeune homme qui porte un flambeau. Cet
attribut eft relatif à l’Aurore , fa mère, qui l’eut
pour fils du chaffeur Céphale.
HESTIA. Quelques-pns donnaient ce nom à'
Vefia ; c’étoit fon nom grec , ËV/«. D ’autres l’ap-
pelloient H e s t a , d’où l’on avoit formé le mot
latin Vefta.
HESTIÉES, facrifices folemnels qu’oa faifoit
dans plufieurs lieux de la Grèce, & fur-tout à
Corinthe, en l’honneur de la fille de Saturne &
de Rhéa , la déeffe du feu , ou le feu même ; car
le nom UU , que les grecs donn dent à cette divinité,
fignifie feu , toyer des maifons , d ou les
latins ont fait celui de Vefta. Voye% V e s t a .
HÉSUS. Voye% Ê sus.
HÉSYCHIA ; c’ eft , le nom qu’on donnoit à
Clazomène , aux prêtrefles de la déeffe Pallas ,
qui faifoient toutes leurs fonélions dans un grand
.filence, d’qu leur eft venu ce nom.
HÉSYCH ASTIQUE ( mufiq. des anc.) , forte
de mélopée des grecs, propre à calmer les pallions.
HËTÉRIARQUE , nom' d’un officier dans
l’empire grec. Il y avoit deux officiers qui p >r-
toient ce nom 5 l’un s’appelloit fimplementHété-
riarque, l’autre le grand Hétériarque. VHété-
riarque étoit flibordonné au grand Hétériarque.
C ’étçient les officiers qui commandoient les trou
pes des alliés. Ils avoient différentes fondions à
la cour auprès de l’empereur.Codm les décrit (ch.
V. n°. 30, 5 1, 52 , 37, de ojficiis. ). Voye% auffi
du Cange, dans fes notes fuj; l’ alexiade d’Anne
Comnène (p. 227. )!. .
H E T 18*
C e nem vient de irdifos, focius, & “ÇWj
perium.
H E TER OM A SC AL A . Voyez Eteromasch
a l a , article tranfpofé par inadvertance.
H ETRE ifo g u s , arbre confacré à Jupiter, à
caufe de la fabie de Dodone. Dans les grandes
folemnirés, on ornoit les autels de ce dieti avec
des feuilles de hêtre.
H ÉTRUSQUE. Voyez Étrusque,
HEUR E S, en grec ofeti, filles de Jupiter & de
Thémis, félon Héfiode, ( Théogon. 90 1.) qui
; en compte trois, Eunomie, Dicé & Irène, c’eft-
. à-d ire ,le bon ordre, la juftice & la paix, Cette
fidion fignifioit, fans doute, que le bon ufage'des
heures réglées entretient les loix, la juftice & la
concorde.
Homère nomme les heures les portières du c iel,
& nous décrit ainiî leurs fondions : c< Le foin des
» portes du ciel eft commis aux heures; elles
>3 veillent depuis le commencement des temps à la
,93 garde du* palais de Jupiter ; & lorfqu’il faut
»3 ouvrir ou fermer ces portes d’éternelle durée ,
33 elles écartent ou rapprochent fans peine le nuage
9> épais qui leur ferc de barrière »». ( Iliad. y. )
Le poëte entend par le ciel cette grande région
de l'efpace éthéré, que les faifons femblent gouverner;
elles ouvrent le ciel, quand elles diffipent
les nuages; & elles le ferment:, lorfque les exha-
laifons de b terre fe condenfent en nuées, & nous
cachent la vue du foleil & des aftres.
La mythologie grecque ne reconnut d’abord que
les trois heures, dont nous avons donné les noms,
parce qu’il n’y avoit que trois faifons, le printemps,
Tété & l’hiver ; enfuite quand on leur ajouta
l’automne & le folllice d’hiver, ou fa partie la plus
froide, la mythologie créa deux nouvelles heures>
■ qu’elle appella Carpo , & ( Paufan. Boeot. ) Tha-
lotte, elle les établit pour veiller aux fruits & aux
fleurs ; enfin , quand les grées partagèrent le jour
eu douze partes égales , les poètes multiplièrent
le nombre des heures jufqu’à douze., employées au
fervice de Jupiter, & les nommèrent les douze
feeurs , nées gardiennes des barrières du ciel, pouf
les ouvrir & les fermera leur gré; ils leur commirent
auffi le foin de ramener Adonis de i’Aché-
ron & de le fendre à Vénus.
Les mêmes poètes donnèrent encore aux heures
l’intendance de l’é lucation de Junon; & dans
quelques ftatuev de cette déeffe, on repréfente les
heures au diffus de fa tête.
Elles étoient reconnues pour des divinités dans
la ville d’Athènes , où elles avoient un temple bâti
en leur honneur par Amphiétiqn. Les athéniens^