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A R G E N T A R 1 A
Y I C I N I Æ . P O S U E R V N
I D E M . T Y I N T Y R
A N N O. X I X
P R O. P A R T E . I N
V I G V L . P R O V I C 1 N
V N A. C V M * M A G 1 S R
C O N I V L E R V N T ,
( Articles extraits de f kifioire de Vart de ÎVinc-
kelman ).
« Hercule fe trouve quelquefois repréfenté dans
la plus belle jeuneffe * & avec des traits qui font
prefque douter de fon fexe : fa .beauté reffemble
à celle que la complaifante Glycère exigeoit d'un
jeune homme digne de fes faveurs ( Athen. Deipn.
liv. 13 j pag. 60 y D. ). C ’eft ainfi qu'il eft gravé
fur une cornaline du cabinet de Stofch. ( Description
, &c. p. 268 ). Mais la plupart du temps fôn
front s'élève & prend une confîftance charnue *
les os de fes yeux fe gonflent & s’arondiifent,
caractère qui dénote la force & les travaux eu héros
futur5 au milieu des chagrins, qui, comme dit le
poète * enflent le coeur. ( II. E. v. 5 50.642 ) ».
<c Cette forme du front, fur-tout fes cheveux
courts & ramaffés fur le front, font des caractères
qui fe- trouvent à toutes les belles têtes
èCHercule de tous les âges 3 ils nous offrent, outre
la groffeur du c o l, des marques fymboliques
de fa force * & paroiflfent faire allufion aux poils
qui fe trouvent entre les cornes du taureau. Ces
cheveux font donc des traits caraéfcériftiques ({‘Hercule,
qui nous font diftinguer les têtes de ce héros de
celles d’ Iole* fa maîtreffe, couvertes pareillement
d'une peau de lion , & garnies d’une chevelure
qui defeend en boucles fur le front* ainfi qu’on
la voit coëffée fur une pierre gravée du cabinet •
royal-Farnèfé , de Naples, repréfentant une tête
de cette jeune beauté , travaillée de grand relief.
C e même caractère fut une des raifons qui m’engagea
autrefois à donner la vraie dénomination
a une tête à3Hercule gavée en creux dans l’ancien
cabinet de Stoch ; tandis que cette tête
n’étoit connue des antiquaires que fous le nom
d’Iole. Ces mêmes traits caraétériltiques fe trouvent
à une tête jeune couronnée de lau’ iers , &
gravée fur une cornaline par Allion, artiffe grec 5
elle fe voit au cabinet du grand duc à Florence,
& reoréfente pareillement un Hercule & non un
Apollon * pour lequel on a voulu le faire paffer
( Stoch. Pierre gr. pi. 8 ). Une autre tête d'Hercule
du même cabinet , fur une pierre gravée par
Onéfas , eft également couronnée de laurier ;
mais comme le haut de la tête y eft défectueux,
1 e front a été reftauré fur la gravure en cuivre par
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des gens qui n’ont pas fait toutes ces obfervations.
11 eft certain que lï les antiquaires adonnés à l’étude
des médailles avoient fait les mêmes réflexions,
nous trouverions aujourd’hui l ’image d’Her*
cule fur une infinité de médailles qui partent d’autres
noms : tel que celui d’Alexandre ou de quel-
qu’autreroi. Combien n’y a-t-il pas de médailles
qui repréfentent une tête jeune couronnée de
lauriers, qui portent le nom d’Alexandre le grand*
tandis qu’elles devroient porter celui d Hercule ?»
« L’exiftence ou la fuppreflion des nerfs & des
mufi.1 s dillinguent Hercule* obligé de déployer
la force de fqn bras contre des monftres & des
brigands, & éloigné encore du terme de fes travaux
, d3Hercule purifié par le feu des parties grof-
lîères du corps & parvenu a la jouilfançe de la
félicité des immortels. L’homme paroît dans Y Hercule
Fainéfe , & le Dieu dans YHercule du Belve-
dere , ou dans le fameux Torfe. Ces traits carac-
tériftiques nous autorifent à juger fî des ftatues
rendues méconnoiffables par la perte de la tête &
des attributs, repréfentent un Dieu ou un homme.
Plein de ces fubiimes conceptions l’artifte élevoit
fon imagination du matériei à l’immatériel, & fa
main créatrice produifoit des êtres, exempts des
befoins de l’humanité* des figures qui repréfen-
; toient l’homme dans une plus haute dignité* &
r qui fembloient être les types & les images des
efprits penfans & des intelligences céleftes ».
« Parmi les héros de l'antiquité,"celui qui fe
diftingue par des oreilles de lutteur* c’ eft-àdire à
; rebords nerveux applatis par les coups* c ’eft fur-
tout Hercule * parce que dans les jeux qu’il infti-
tua lui-même à Elis, en l’honneur de Pelops, fils
de Tantale , il gagna le prix comme Paneratiafte :
il fut encore vainqueur au jeux qu’Acafte , fils de
Pélée, célébra à Argos. De même Pollux eft figuré
avec de femblsoles oreilles , parce qu’ il remporta
la victoire comme Pancratiafte dans les premiers
jeux pythiques de Delphes.- Cette forme d’oreilles
donnée à un jeune héros fur un grand bas-relief de
la Villa Albani * m’a fait croire que cette figure
repréfente Pollux* ainfi que je l’ai fait voir dans mes
monumens de l’antiqu;té. On remarque encore de
femblables oreilles à la ftatue de Pollux au Capitole*
& à une petite figure du même héros * au
palais Farnèfe. Il faut obferver cependant que
toutes les têtes d‘Hercule ne paroi fient pas avec
des oreilles ainfi conformées : celles qui nous le
repréfentent comme Pancratiafte, & par conféquent'
avec ce caractère * font, parmi les ftatues * celles
de bronze au tapitoie , & fix autres de marbre :
la première au Belvedère; la- fécondé à la Villa
Médicis; la troiîîème au palais Mattéi ; la quatrième
à la villa Borghèfe 5 la cinquième à la villa
Ludovifi ; & la fixième au jardin du palais Borghèle.
Entre les têtes Herculeavec des oreifies portant
ces .cara&ères* je peux citer les fuivantes : celles
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du capitule, du palais Barberini, de la vilIa'Al-
banU mais la plus belle de toutes ces tetes ett celiè d'un Hermès du comte FèdeE antique trouvée
à T iv o li, dans les jruines de la villa Adnana.
Les favans qui ont préfidé à la publication des
antiquités du cabinet d'Herculanum > auroænt pu
confirmer la véritable forme des oreilles des lut
teuts. s'ils avoient voulu faire plus d attention a
celle des deux buttes d‘Hercule de grandeur naturelle
& de bronze; attendu que ces tetes etoient
affez. reconnoiffables par leur B B H Ü M -
leurs cheveux. N'ayant point fait attention a ces
caractères particuliers, ils nous ont. donne de
fauffes notions de ces antique», en faifant palier
la première qui eft dans- l’adolefcence pour un
Marcellus, petit-fils d'Augufte, ( Brony, Ercot
tav. 4i?, 50 ) , & la fécondé qui eft dans 1 âge !
viril pour un Ptolémée Philadelphe {Ibid. tav. 661*
61) »*
ce A un Hercule du jardin Borghèfe, on voit
l’extrémité des parties naturelles repofer fur un
foucien , qui eft une baguette de marbre proprement
travaillée & de l’épaiffeur d un tuyau de
p urne î cet Hercule * à caufe de fa parfaite confer-
vation, peut être rangé dans la claffe des figures
lès plus rares de Rome : car il eft prefque entier*
& il ne lui manque que les extrémités de deux
doigts du pied, qui n’aurpient pas fouftert s ils
n'avoient pas débordé la plintlje*
« Dans l’appartement des confervateurs du ca-
pito'.e, on voit un Hercule fort connu , plus grand,
que le naturel* qui conferveencore toute fa dorure
antique ».
ce Je ne faurois pafler fous filence une ftatue
d3Hercule en marbre , placée au palais 1 îtu a Florence,
& défignée par cette infeription qu on
lit fur le focle : AYSinnos eîioiei, Lyfippe U a
fa it. Je ne ferois pas mention de cette antique , fi .
un.écrivain ne l’eût pas prônée comme un ouvrage
de cet artifte. ( Maffei * RaçcO:t. di fia t.).
C e n’eft pas en doutant de l’antiquité de l inf-
çription que je rejette fi n opinion : car fuivant le
témoignage de Flaminio Vacca , cette infeription
s’y lifôit lorfque la ftatue fut tirée des fouilles
du mont Palatin. Mais l’on fait que ces faulies
inferiptions & ces fupercheries fe pratiquoient
déjà chez les anciens , ainfi que je 1 ai fait voir..
Maffei avoir fait d’ ailleurs toutes ces remarques
fur l’infcription dont nous parlons. Quoi qu il en
foir, deux raifons Gins répliqué prouvent que cet
Hercule ne fauroit erre de la main de Lyfippe5
d’abord le filence des anciens fur les ouvrages
de cet artifte en marbre, enfuite le_travail de^ la
ftatue même qui n’eft rien moins que digne d un
Lyfippe». .
Une mofaïque du capitole offre Hercule demi-
nud , filant avec une quenouille & un luleau, pendant
qu’un petit amqur joue de la flûte à plufieurs
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tuyaux# Auprès de lui on voit un lion que des
amours ont lié par lès quatre pieds , & qü’ils
conduifent en lefie. Cette allégorie ingéniéufe,
fe trouve fur plufieurs pierres gravées fous d autres
formes. Tantôt l’àmour eft porté fur un lion, tantôt
il eft placé fur le dos d’Hercule qui plie fous le
faix, &c.
Une belle mofiïque de la villa Albani, repre-
fente Hercule délivrant Héfione expofée à un
rtionftre marin , & la rendant a Télamon * fo®
fiancé.
HERCULE portant un enfant.
" « On a cru trouver, dit Winckélmann, le portrait
de l’empereur Commode * dans la figure de
A*Hercule du Belvedeie > parce qu’il porte un enfant
fur fa peau de lion. On a prétendu que cet enfant
étoit celui que l’empereur avoit dans fa chambre
pour l’amufer* le même qui ayant trouvé la lifte
des proferits, &r l’ayant laiffé tomber par la fenêtre*
donna lieu à la mort du tyran.{Herodian.
L. 1 * c. y3 .) .Ce qui a encore donné occafion a
cette fauflè dénomination * c’eft la £eau de lion ,
dont Commode fe trouve couvert* comme Hercule,
fur quelques-unes de fes médailles. L’enfant porte
parcetce figure eft le jeune Ajax* fils de Télamon*
Hercule prit cet enfant dans fes bras, & l’ayant
mis fur fa peau de lion * il lui dit : « Puiffe-tu de-
» venir un jour encore plus grand que ton père ! »
( Pind. ihift. 6. v. 60. ). Dans le plâtre qu’on a tire
de cette ftatue on a fupprimé l’enfant, & l’on fa t
tenir à Hercule * au lieu du peiit A ’ax , les trois
pommes des Hefpéridès. Wright * qui répété dans
fon voyage tout ce que lui a dit fon aveugle conducteur
, penfe que ceCommoden’eft pas mauvais*
mais qu’il montre une différence évidente, entre
le goûc Grec &,le goût Romain dans la fculpture.
( Trav.p. 167. ). C e jugement abfurde n’eft fondé
que furie nom qu’on a donné à la ftatue 3 dfaprès
fon raifonnement on auroit pu y trouver le ftyle
Egyptien , fi on avoit pu donner à la figure le nom
de Ptolémée. Quoi qu’il en foit, on peut être affuré
que cet Hercule eft l’ouvrage d’un des grands
maîtres Grecs, & qu’il mérite une pl ice parmi les
plus beaux ouvrages de Rome. La tête ds^ cette figure
eft fans contredit la plus belle tête d'Hercule*
& les cheveux y font traités dans la plus grande
manière, & travaillés comme ceux d’Apollon ».
, Cette belle ftatue antique du capitole a été re-
! connue depuis la mort dé Winckélmann * pour
I HERCULE portant fon fils Télephe. On a placé depuis
peu d’années , à la villa Borghefe, une fem-
I blable ftatue trouvée dans les faubourgs de Rome,
d’où elle avoit été rranfportée dans la villa d’Eft à
Tivoli. Cet Hercule de la villa Borghèfe, a de
plus que celui du Vatican * une biche fculptée
dans le même morceau, à côté de lui, & levant la
tête vers l ’enfant qu’il porte. On ne peut mé