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fi blanc que le marbre de Carrare, quojqu il aie
plus d.’éclat que lui.
LUNES a argent, lunuU. Souvent les gens du
peuple à Naples attachent à leur bras une demi-
lune d’argent , qui.s appellent luna pe^ura 3
c ’eft-à-d ire, lune pointue, & qu’ ils regardent
comme un préfcrvùt'f contre Tépilepfîe; mais il
faut»que- cette lune ait été fabriquée de l aumône
qu’on'■' a recueillie foi meme, ' & qu’on la potte
enfime à un prêtre qui là béniffe. Cet abus eft
connu', cependant on le tdlère. Il fe- pourront
que le grand nombre de demir/tf»« d’argent,
qui fe trouvent dans le cabinet de-Portici , aient
eu le même objet de fuperftition. Les athéniens
les portaient au cuir du talon de taürSchauffures
fous. la cheville du pied. (VinckelmanA ). Vùyéç
L u n u l e ..
; LU N E T T E S . Les anciens ont-ils connu les
lunettes ? S’ils ne les ont pas connues, à qui les
devons-nous? Je vais répondre en detail a ces
deux queftions, parce qu’ elles appartiennent à
une découverte, dont les modernes doivent fe
glorifier, & qui eft de l’ ufage ta plus_ étendu.
On trouve, à la vérité, chez les écrivains.grecs
& romains .les principes d’optique, fur lefquels
font conftruites les lunettes. Pline a parle des
effets de la réfraction, & même des verres qui
pouvoient aider les myopes. « lidem, d it - il,
plèrumque & concavi , ut vifum coLUgant•* • • • •
Mero gladiatorum pugnas fpefiabat fmaragdô». On
tailloir, félon, lui, des émeraudes, dans la forme
de nos verres concaves ; elles dévoient par conséquent
produire le même effet que les lorgnettes
qui," en diminuant les objets, les nettoient & les
rendent" diftinéts ; & Néron, qui apparemment
avoir la vue courte, regardoit de loin, au travers
d’une émeraude ainfi raillée , les combats ^ des
gladiateurs. Séneque s’eft également expliqué fur
les propriétés des verres convexes d’ une manière
très-précife. Comment le premier de ces deux
écrivains, qui a compofé un chapitre entier des'
inventeurs des, ckofes, comment tous les hifto.-
r-:ens , comment les poètes fatyriques de la Grèce
& de Rome ; enfin, comment les médecins de
ces mêmes peuples ont-ils tous -paffé fous fîlence
d’un commun accord, les lunettes , inftrument
d’une utilité fi générale & 'd’une conftruction fi
facile? C ’eft qu’ il n’a jamais été connu & appliqué
aux befoins des vieillards.
En vain obie&eroit-on le fdber ocularjus, ou
oculariarius de quelques anciennes inferiptions ?
Ges ouvriers n’a voient rien de commun -avec les
opticiens; mais ils faifoient des yeux de verre,
de cryftal, d’or, d’argent, dé pierres prédeufes
pour les ftatuès-, principalement pour celtes des
dieux. Pline parle d’un lion, dont les yeux étoient
des émeraudes ; ceux de Minerve, au temple de
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Vulcain à Athènes, brToient,-félon Patifanias
d’un verd de mer ,- & étoient fans doute des
bérils.. On a découvert à Herciilanurrt plufieurs
ftatues, dont les yeux font .Creufés ; & Buona-
rotti en confervoit, dans fon cabinet, 'avec des
yeux d’argent. Les vieillards anciens ne renon-
çoient cependant pas àl'écriture & à la; lcélure.
Ils fe fer voient d’ un tube fitti pie, qui , réparant
& ifolaüt les objets, dirigeait l'a- vue, & r en doit
la vifîonplus nette. L'expérience: eft d’ accord avec
cette conjecture : car même, fans tube , & regardant
entre leurs doigts uh pèu fépàïésv ou par
un trou d’épingle fait dans une carte, plufieurs
perfonnes affujetties depuis long.-teins à Tulage
des lunettes y lifent affez facilement. D ’ailleurs *
ne connoiffant pas lès; polies, les anciens éc»
voîent peu ; les grands ne le faifoient que pat
le miniitère des affranchis, & tous fe fervoient
d’ un cara&ère très-gros & très-lifible* Témoins
les anciens manuferits, & principalement le Virgile
de Florence, celui de Rome,. & les pm*
deéies de la première ville, qui font de la plus
greffe écriture. On peut donc regarder cornue
démontré que les lunettes ont été inconnues
aux anciens , & qu’elles font dues aux modernes.
Les arabes, en renouvellent l’étude de l’ailn-
nomie & delà médecine, avoiènt-ils porté leurs
recherches fur les verres convexes , & en avoient*
ils tranfmis la oonnoiffance aux grecs avec leurs
ouvrages ? On ne peut donner d’autre origine
à ce verre, dont du Gange fait mention. Il a
trouvé dans la bibliothèque du roi un poème grec
manuferitjpar lequel il veut prouver que les lunettes
étoient en ufage à Conftantinoplé dès l’an nyoi
Le poète Ptochoprôdromus, y dit dans fes vers
politiques contre Hégumenus, que.les médecins
de l’empereur Manuel Comnène tâtent lepouls,
& regardent énfuite les excremens du malade avec
un verre. Mais Ménage croit qu ils en ufoient
ainfi plutôt pour le foulagement de leurs nez,
que pour celui de leurs yeux. Quoi qu'il en foit,
cette invention fut inconnue pour lors à l’Occident,
& il la doit probablement à un florentin
nommé Salvino de Gl'armati , mort en 1317-
Maria Manni rapporte dans fes opu feules feien-
tifiques l’e'pîtaphe de ce Salvino , qui fe lifo’t
autrefois dans la cathédrale de Florence, & qui
lui faifoit expreffémeht honneur de fa découverte.
Elle fut peu répandue d’abord; car on
l’attribua à un dominicain, Alexandre Spina,
mort à Pife en 1-313, qui, fans doute rendit les
lunettes communes & d’un facile ufage. Ce dominicain
cependant ne s’en occupa que d’apres
les descriptions vagues qui lui avoient été faites
du travail dé Salvino. Nous apprenons ce fait
d’une ancienne chronique manuferite des prêtres
de l’oTtitoire de Pifè , dans laquelle on lit ces
mots fous Tan 1313» après fa mort. «. Qui'
tumque vidit a ut audivit fa fia, fcivit & facere ; ■
ocularia ab aliquo primo facta & communicare
nolente, ipfe fecit & commuaicaytt ». Quoique
l ’invention de Salvino eût tranfpiré, comme nous _
l’apprenons d’un Bernard Gordon, qui, dans fon ‘
Lilium medicine. , écrit en 130; , parle d’un col-
lyre avantageux pour faire lire un vieillard fans
lunettes ; comme nous l’apprenons encore d'un
Scandro di Popozzo , qui dit , dans un manuferit.
écrit en 125)8., je fuis f i vieux , que je ne puis lire ;
ni écrire fans, verres quon nomme lunettes, fen^a
occhiah ; nous attribuons à Spina l’honneur de
cette découverte, p.rce que. lui feul nous en a :
fait jouir.
Nous pouvons donc lui donner pour époque
l ’efpace qui s’eft écou'é entre 1280 & 1300 ; &
c’eft l’opinion générale pour 1 Italie, où Jordanus
deRivalto, autre dominicain , difoit , dans des
fermons prêchés autour de -l'an 1305 : « Il n’y a
pas vingt ans qu’on a trouvé l’art de faire des
» lunettes qui aident la vue. C ’eft un art dés plus
» utiles & des plus néceffaires *>. La France partagea
bientôt les fruits de cettè découverte ; &
le Roman de la Rofe, achevé fous Philippe-le-
Bel , par Jean de Meun , vers l’année 1300 ,
parle , fous le nom de miroirs 3 de plufieurs fortes
de lunettes 3 tant de celles qui groffiffent Ls objets,
que de celles qui les diminuent. Il vante
même beaucoup un ouvrage intitulé le Livre des
Regars , qu’il attribue à un certain Alhetam ,
mort depuis quelques années. Voici ces vers :
Cil fit le livre des regars, .
De'ce doit il.fcience avoir }
Qui veult de l'arc du ciel favoir.
Car de ce doit e(ire jugeur
Clerc naturel & regardeur :
Et fâche de geometr.ie |
Dont, necejfaire eft la maifirie
Au livre des regars prouver.
Lors pourra, les caufes trouver ,
Et les. forces des mirouers ,
Qui tant ont merveilleux povoirs,
Que toutes chofes très petites,
Lettres gre(le s , très-loin, g eferiptes.
Et poudres de fablon menues ,
Si .grandes & f i grojfes font veues ,
Et fi apparans aux mirons ,
Que chacun ' les peult choifir, eus
Que l'on, les peult lyre 6* compter ’
De fi loin g , que ,quim /acompter
Le vauldroit 3 & qui Vaurait vèu ,
Si ne pourroit-il efire creu
D'homme qui point veu ne l'auroit,
Ou qui les caufes n en fauroit.
Si. ne fcroit- ce pas creance ,
Vuifqd.il en duroit la fcience,
Vîoye% V e r r e .
LU N ISO L A 1RE ( Cycle ). C ycle
pafehai. ...
'l UNUIÆ3 5*' % % Lunes.d’argent. Cetoît
un ornement que les patriciens de Rome portoient
fur leurs fouliers, peut-êtré pour marquer l’ancienneté
de leur, race , ainfi que L s peuplés
d’Arcadie , qui prenaient le titre de ,
parce qu’ils prétendoient être plus anciens'que la
Lune , & l’être, autant que Jupiter.
Séneque ta tragique ( in Hyppolito) défigne la
lune par cette; péiiphrafe :
Sidus pofi veteres arcades editum.
I Le roi Numa fut l’inventeur de la lunule. Martial
( lib. II. epifi. 29. ) parlant d’une ancienne
nobleffe, dit :
Hon hefterna fedet lunata Unguia plantâ.
On trouve dans Stace ( Uv. V. fylv, 2. v. 28. ■)
Patricia luna.
Plutarque, dans fes Queftions romaines 3 nous
apprend que ces petites lunes étoient un fymbole
qui fignifioit que les âmes de ceux qui les portoient
dévoient un jour être élevées au-deffus de
la lune , ou qu’elles étoient l’emblème de l ’in-
xonftance.de la Fortune, à caufe des différentes
phafes de cette planète.
Cependant Ifidore ( Orig. I. XX X IX . c. 34. )
affure que cet ornement n’ étoit point la repréfen-
tation de la lune en fon croiffant, mais ia figure
de* la lettre C , pour défigner le nombre cent 3
& qu’on vouloir par-là confçrver 1e fouvenir de
celui des fénateurs établis par Romuluf.
Les favans ne font pas d’accord fur l’endroit
du .foulier où l ’on plaçoit cette petite lune. L’opinion
la plus généralement reçue eft que c ’écoit
une efpèce de boucle d’ivoire qu’on attachoit fur
la cheville du.pied. Albert Rübens a remarqué
que les anciennes ftatües ont cette boucle iur la
•partie du pied la plus élevée ; mais Ferrarius ( in
.Analefiis.de re vefi. c. 3 ) affure que cette boucle
n’étoit pas la petite lune dés patriciens; qu’elle
I ne. fervoit qu’A ferrer, le foulier., & que la petite