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j 8 o L U S
cens, qui adopta le luftre , 8c qui ne fit que quatre
fois l’eftimation des biens 8c le dénombrement
des citoyens, commença à régner l’an 17y , &
fon règne dura trente-quatre ans. Tarquin-le-Su-
perbe, fon fucceffeur, ne tint point de cens.
Les confuls P. Valerius & T . Lucretius rétablirent
Fihftitutiqn de Servius, 8c tinrent le cinquième
cens, fan de Rome 245. Les marbres
du capitole manquent à cette époque , & fon y
voit une lacune qui comprend les fept premiers
luftres ; mais ils marquent que le huitième fut
fait fan de Rome 279 } de forte que les trois
premiers luftres célébrés par les confuls, forment,
un intervalle de trente-quatre ans.
C e fut à la création des cen feu rs fan de Rome
311 , qu’ on célébra le onzième luftre'> qui comprend,
à un an près, le même intervalle que les
trois derniers tenus par les confuls.
Le douzième luftre, félon les marbres du capitole,
fe rapporte à fan de Rome 390 ; ce qui
montre que fous les cenfeurs , créés afin de faire
Je dénombrement du peuple 8c d’en eftimer les
biens, les neuf premiers luftres l’ un dan9 l’autre
embraffent chacun d’eux à-peu-près fefpace de
neuf années.
Le dernier luftre fut fait par les cenfeurs Ap-
pius Claudius & L. Pifon , l’ an de Rome 703,
& ce fut le 71 * luftre. Si donc on compte les,
luftres depuis le premier, célébré par les cenfeurs,
jtilqu’ au dernier , on trouve entre chacun des
foixante luftres intermédiaires un intervalle d’environ
fix ans & -demi. T e l eft le véritable état
des chofes. Il en réfulte avec évidence que quoique
le temps & l’ ufage ait attaché l’idée d’un
intervalle de cinq ans au mot luftre j c’ell fans
fondement que cet ufage s’eft établi.
Au refte, l’on n’a pas eu moins de tort d’écrire
que Servius Tullius eft fauteur du luftre pris pour
le facrifice expiatoire du peuple. Servius Tullius
n’inventa que Je cens ou le dénombreraient. Le
luftre, la luftration, le facrificium luftrale , étoient
«fufage avant ce prince ; je le prouve par ce
partage de Tite-Live, qui dit que Tullus Hofti-
lius ayant gagné la bataille contre les habitans
d’Alb e, prépara un facrifice luftral ou expiatoire
pour le lendemain à la pôijnte du jour. Après que
tout fut préparé, .félon la coutume , il fit aflem-
bler les deux armées , 8cc. Sacrificium luftrale in
diem poftefum parut ; ubi illuxit paratïs omnibus
ut ajfolet, vocari ad concionem utrumque exeYcitum
ju b e t, &c.
Servius Tullius adopta feulement pour la clo^
wre du cens Je même facrifice'luftral, pratiqué
avant lui par Tullus Hoftilius, lors de la bataille
contre les albins.
Si le mot luflrum, luftre, ne vient pas de luf-
L U T
trare, purifier, peut-être eft-il dérivé de luere,
qui fignifioit payer la taxe à laquelle chaque citoyen
étoit impofé par les cenfeurs : c’eft du
moins le fentiment de Varron. (D . T )
LUSTRICI ilies. Voyej Lustral.
LUSUS naviandi. Voyez N a v ia ït d i.
L V T A T IA , famille romaine dont on a des
médailles ,
RRR. en argent.
RRR. en bronze.
O. en or.
Les furnoms de cette famille font : Ca tv lv s ,
Cêj^co.
Goltzius en a publié quelques médailles, inconnues
depuis lui.
LUTEUS color, Voye^ Jaune.
L U T T E , deux hommes combattans corps à
corps, pour éprouver leurs forces, 8c pour fe
tèrraffer, luttent enfemble.
La lutte étoit un dès plus illuftres exercices
paleftriques des anciens. Les grecs, qui font
cultivé avec le plus de foin , & qui l’ont porté
à la plus haute perfection, le nommoient
mot que nos grammairiens modernes dérivent
, de wuXteiv, fécouer., agiter, ou de -snifos , de k
boue j à caufe de la pouffière dont fe frôttoient
les lutteurs ,* du moins les autres étymologies,
rapportées par Plutarque» ne font pas plus heu-
reufes. Quant au mot lutta des latins. ©n ne fait
s’il vient de lucere3 pris au fens de folvere , réfoudre,
relâcher, ou de luxare, démettre, déboîter,
ou de quelque autre fource.
Mais, fans nous arrêter à ces futilités, recherchons
l’origine de la lutte , & fes prépara-
- tifs.; après cela, nous indiquerons les principales
efpèces à t.luttes , & lés defcriptions qui nous
en relient; enfuite nous déterminerons en. quel
tems les lutteurs furent admis aux jeux publics
de la Grèce; enfin nous parterons en revue ceux
qui s’y font le plus diftingués. Les auteurs latins
de l’art gymnaftique ont épuifé cette matière;
mais Burette en particulier f a traitée dans fes
mémoires de littérature avec lé plus de netteté ,
& avec l’érudition la plus agréable : il va nous prêter
fes lumières.
La lutte chez les grecs, de même que chez
les autres peuples, ne fut dans les commence-
mens qu’un exercice greffier, où la pefanteur du
corps 8c la force des mufcles avoierit la meilleurp
j part. Lés hommes les plus robuftes, & dé la taille
la plus ayantageufe,. étoient prefque fûrs d’y vain-
L U T
cre & n’y connoiffoient point encore la fupé-
rlorité que pouvoit donner , dans cette efpèce de
combat, beaucoup de foupleffe & de dextérité ,
jointes à une force médiocre.
La lutte3 confidérée dans cette première fim-
pücité, peut pafler pour un des plus anciens
exercices ou des premières manières de fe battre ;
car il eft à croire que les hommes, devenus ennemis
les uns dés autres, ont commencé par fe
colleter & s’attaquer à coup de poings, avant
que de mettre en oeuvre des armes plus oftenfi-
ves. Telle étoit la lutte dans les fiècles héroïques
& fabuleux de la Grèce, dans ces tems'féconds
en hommes féroces qui n’avoient d'autres loix
que celle du plus fort.
On recofmoît à ce portrait ces fameux fcele-
rats qui infeftoiént, par leurs.brigandages , les
provinces de la Grèce, 8c dont quelques - uns
contraignoient les voyageurs à lutter contr’eux,
malgré finégalité de leurs forces, & les tuoient
après les avoir vaincus. Hercule & Théfée travaillèrent
fucceffivement à purger la terre de ces
monfires,/employant d’ordinaire pour les vaincre
& pour les punir , les memes moyens dont ces
barbares, s’étoient fervis, pour immoler tant de
victimes à leur cruauté. C ’eft ainfi que ces deux
héros vainquirent à la lutte Antée & Cercyon,
inventeurs de ce combat,-,félon Platon, & auxquels
il en coûta la v ie , pour avoir ofé fe me*
furer contre de lï redoutables adverfaires.
Théfée fut le premier, au rapport de Paufa-
nias, qui joignitTadrefle à la force dans lu tte ,
& qui établit des écoles publiques appellées pa-
leftres, où des maîtres l’enfeignoient aux jeunes
gens. Comme cet exercice fit partie des jeux
itthmiques, rétablis par ce héros, & qu’il fut
admis dans prefque tous ceux que l’on célébroit
en Grèce 8c ailleurs, les athlètes n’oublièrent rien
pour s’y rendre habiles ; 8c le defîr de remporter
les prix, les rendit ingénieux à imaginer de riou-
vellës rufes & denouveaux mouvemens qui, en
perfectionnant la lutte, les mettoient en état de
s’y diftinguer. C e n’eft donc que depuis Théfée
que la lutte qui avoit été jufqu’alors un exercice
informe, fut réduite en art, 8c fe trouva dans
tout fon luftre.
Les frictions & les onCtions, fi communes dans
les gymnafes , parurent être dans l’art athlétique
des préparatifs néceflaires pour ce combat en
particulier. Comme il étoit queftion dans la lutte
de faire valoir toute la force 8c toute la fou-
plelfe des membres, on eut recours aux moyens
les plus efficaces pour réun r ces deux qualités.
Les fri&ions, en ouvrant les pores, 8c en facilitant
la tranfpiratiofi, rendent ta circulation du
fang plus, rapide, & procurent en même tems
une diftribution plus abondante des efprits ani- |
maux dans tous les mufcles du corps. O r , l’on J
L U T S * *
fait que la force de ces organes dépend de cette
abondance, jointe à la fermeté du tiftïi des
fibres. D ’un autre côté, les on étions, qui fuccé-
doient aux frittions produifoient deux b'ons effets;
l’ un d'empêcher, en bouchant les pores,
une trop grande diflipation d’efprits J qiu eut
bientôt mis les athlètes hors de combat; 1 autre
de donner aux mufcles, à leurs tendons 8c aux
ligamens des jointures, une plus grande flexibilité
, & par-là de prévenir la rupture de quelques-
unes de ces parties dans les extenfions outrées,
auxquelles la lutte les expofoit.
Mais comme cesonétions, en rendant la peau
des lutteurs trop griffante, leur otoient la facilité
de fe colleter & de fe prendre au corps avec
ïuccès , ils remédioient à cet inconvénient j
tantôt en fe roulant dans la pouffière de là pa-
leftre, ce que Lucien exprime plaifamment, en
difant, les uns f e vautrent dans la boue comme
des pourceaux ; tantôt en fe couvrant réciproquement
d’un fable trè s -fin , réfervé pour cet
, ufage dans les xyttes, & fous les portiques des
gymnafes; ceux-ci, ajoute, le même Lucien, 8c
dans le même ftyle, prenant le fable4 qui eft dans
cette fojfe , fe le jettent les uns aux autres : comme
des coqs. Ils fe frottoient aufli de pouffière après
les onétions, pour effuyer & fécher la fueur dont
ils fe trouvoient tout trempés au fort delà lutte 3
8c qui leur faifoit quitter prife trop facilement.
Ce moyen fervoit encore à les préferver des im-
preffions du froid; car cet enduit de pouffière,
mêlée d'huile & de fueur, empêchoit l’air de
les faifir, 8c mettoit par-là ces athlètes, à couvert
des maladies ordinaires à ceux qui fe re-
froidiffent trop promptement, après s’ être fort
échauffés.'
Les lutteurs ainfi préparés en tenoient aux
mains. On les apparioit deux à deux, & il fe
faifoit quelquefois plufieurs luttes en même tems.
A Sparte., les perfonnes de différent Cexeluttoient
les unes contre les autres, & Athénée obferve
que la même chofe fe pratiquoit dans l’île de
Chio.
Le but que l’on fe propofoit dans la lu tt e ,
ou l’on combattoit de pied-ferme, étoit de ren-
verfèr fon adverfaire, de le terraffer, en grec
*c4r«o«è2Xe<» ; de-là vient que la lutte s’appelloit
x.utc&xï.)itikoç y . ï art de jetter par terre.
Pour y parvenir , ils employoient la force ,
l’adrefle 8c la rufe ; ces moyens de force 8c d’a-
dreffe fe réduifoient à s’empoigner réciproquement
le bras, en grec ty*<r<rw3 à fe retirer en avant,
ûsrxyuv ; à ' fe pouffer & à fe renverfer en arriéré,
& «vciTpitrtiv ; à fe donner des
contorfions 8c à s’ entrelacer les membres, a*y/-
; à fe prendre au collet, & à fe ferrer la
gorge, jufqu’ à s’ôter la refpiration , 8c
«w-ow-y/ytivj à s’embraffer étroitement 8c fe fe