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toyer les images 3 de les parer aux Jours de fête.,
& de les porter aux funérailles des membres de la
même famille. On les y portoit ordinairement placées
fur de petits lits ou brancards x & quelquefois
fichées fur des piques(S//i. ital. X $67.). Mais
on brifoit les images de ceux dont on condam-
noic la mémoire , ou on ne les lai [Toit pas paraître
aux funérailles de leurs defeendans. C ’eft
ainfi qu’un empereur jaloux & barbare, empêchant
de porter à un convoi les images de Brut us & de
Caflius -, fervit plus à les rappeller au fouvenir des
aflîftans , que. s’il ne les avoit point profcrites :
fiedpr&fulgebant , dit énergiquement Tacite, Caffius
atque H rue us hoc ipfo 3 quod effigies illorum non
vifebantur.
Les images des empereurs avec-leurs noms attachées
aux enfeignes militaires , placées folem-
nellement dans les endroits publics, & portées
en pompe 3 étoient des témoignages par lefquels
le peuple & l’armée les reconnoiffoient pour fou-
verains. Lorfqu’au contraire ils vouloient les dégrader
& fecouer leur joug, ils brifoient leurs images,
en traînoient les débris dans les boues & les
précipitoient dans les fleuves & les cloaques. Pour
les autres détails 3 voyez Statues.
On plaçoit dans les bibliothèques publiques &
particulières les images ou les ftatue s des écrivains
célèbres} & on deflinoitleurs portraits au commencement
de leurs ouvrages. Mille pafîages garan-
tiffent le premier ufage ; & le fécond en conftaté
par ce diftique dé Martial ( X IV . 186. ):
Quam brevis immenfum capit membrana maronem !
Ipfius Vultus prima tabella gerit.
Les romains faifoient graver fur,leur anneaux
les images de leurs amis. Les difciples d’Epicure
ne fe contentoient pas des fes images placées
dans l^urs Chambres cubiculaires, & auxquelles ils
rendoientune efpèce de culte, maisils les portoient
gravées fur leurs anneaux & même fur leur coupes,
fed etiam in po cu lis , dit Cicéron (defin. V , i.),.
Ovide difoit aufli ( Trift. 1 . 6. $. ) :
H ac tibi diffimulaS'. 3 fentis tameji otnnia dici 3
Indigitq qui mtferfquç referfque, tuo.
Effigiemque meam fulvo complexus in auro
Cara relegati 3 quA potes ora vides.
Claude ne permit pas indiftinélement à tous fes
fujets de porter fon image fur leurs;bagues, mais
feurement à ceux qui avoient les entrées de fa
chambre, admiffionum. ju s . Vefpafîen abolit cette
vile dittin&ion qui étoit, devenue à charge à ceux
qui l’obtenoient, & qui fervoit fouvent de fon-.
dement aux accufations des délateurs. Car ce fut
an crime capital fous Tibère (Sues. 58.3. ) 3 que
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de porter aux lieux fecrets , ou dans les maifons
de proftitutiôn Yimage de l’empereur gravée fur
fon anneau j & même de prendre avec la main
qui en étoit ornée, le vafe néceflfaire pour le fou-
lagtment des befoins naturels ( Senec. de benef.
5. z6, \
On plaçoit à la pouppe des navires les images
de certaines divinités, ou de certains animaux *
& c ’étoit ce que l’on défîgnoit par ces mots, tu-
tela navis.
Les grecs & les romains offroient dans les temples
des dieux, non - feulement leurs propres
images , mais encore celle des autres hommes.
( Diogen. vit. Plat.) Mithridate, fils de Rodobate,
dédia aux mufes la ftatue de Platon. ( Denys
d’Halycarn. ). Romulus dédie à Vulcain des quadriges
d’or & fa propre image. ( Tacit, Annal. 3.
64.). Julie dédia à Augufte, près du théâtre,
Yimage de Marcellus.
IMAGINES ( ad) 3 \ r . v
IMAGINARIUS , ƒ Porte ' enfelê nes' V'
Enseignés.
IM AG UNCULÆ.
«< Huit têtes de femmes rempliflent ces quatre
planches , dit Caylus , ( Rec. d'antiq. 1. 190. )
Elles font de terre cuite, & ont chacune depuis
douze jufqu’à quinze lignes de hauteur : celle que
l ’on voit au n°. 1. eft plus grande environ du double.
Cette quantité de têtes de la même manière,
à peu-près du même volume, trouvées toutes en
Egypte, & qui n’ont aucun attribut de divinité ,
me perfuade qu’elles pouvoient être quelques unes
de ces poupées dont Cicéron, dans fes lettres à
Atticus» parle , comme de portraits de dames romaines
, tels que Ton en avoit. trouvé plufieurs
dans les équipages de quelques jeunes gens. Voici
fes paroles. « On y trouve, les portraits de cinq
de nos dames. » ( Lettre V I . trad. de Mongault. )
Le traduéleur donne dans fa note à ces portraits
les noms « d’imaguncuU , de plagunculA , petites
» poupées de cire qui repréfentoient les perfon-
» nés au naturel, & dont On fe fervoit dans les
m enchantemens. » C e dernier trait d’ une fuperf-
tition reçue chez les romains augmente# le mérite
de la confiance, & par coriféquent c,.-lui de
la faveur queces dames accordoient à leurs amans.
Mais il ne s’agit point ici de ces fortes de réflexions.
Je n’ignore pas que ces poupées en buftes. ou en
figures, entières étoient ordinairement de cire ;
mais il fe pouvoit aufli que pour les rendre plus
durables & les préferver d’un grand nombre d’in-
convéniens ,■ on les eût fait de terre, par la raifon
qu’on avoit la reffource de la cuite, pour garantir
ces figures des accidens inévitables à celles de cire.
Je n’infifte point fur cette conje&ure , de quelque
vraifemblance qu’elle puifle être accompagnée, ;
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jnaîs j’ajouterai qu’ il ne paroît en aucun endroit
que les anciens aient jamais confacré la peinture à
cette confolation des amans dans l’abfence. »
IMBRASIA, furnom de Junon , pris du flèuvè
Imbrafus , de Tifle de Samos , dans lequel les prêtres
de cette déeffe alloient quelquefois laver fa.
llatue ; aufli les eaux de l’Imbrafus étoient tefiues
pour facrées, ( P Un. lib, V.cap. X X X I . )
IMBRICES. Voye% A ppéAUDISSemens.v .
IMBRIUS,-fiis de Mentor, & mari deMédé-
flearte.
IMBRUS, en Carie, imbpoy.
Les médailles autonomes de cette ville font:
RRRR. en bronze. . . . .Pellerin.
O. en or.
O. en argent.
Leur fabrique & leur légende.fuffifent pour les
dillinguer dés médailles frappées dans l’iflè à1 Imbrus.
Im brus, ifle. iMBPiftN.
Les médaillés autonomes de cette ifle font:
RRR. en bronze.............Pellerin:
O. en or.
0 . en argent.
1. M. D. Id&A Matri Deum.
IM ÉRO S , ou le defir, fut divinifé, chez les
grecs} on trouve fon nom avec ceux d’Eros & de
Pothos , qui lignifient amour & fouhait : tous les
trois font repréfentés fous la figure de trois cupi-
«k>ns , ou trois amours.
Le nom Imêros efl formé de , je defiré.
JMANTEZ. ' V-oyei CESTE.
IM IT A T IO N S égyptiennes. -
« L’ égalité , dit Caylus » ( Rec. dyantiq. IV . pl.
19. n. 1. ) ou plutôt la répétition de la manière
d ’opérer dans les arts, préfente un tableau *qni
fe retrace continuellement aux yeux de l’antiquaire.
Depuis la découverte de la Chine , l’Eu-
.rope n’a que trop fouvent copié les magots &
l’architeélure de ce pays , fi cette façon de
bâtir mérite de porter ce nom : cette petite
nouveauté pourroit trouver fa place dans les
modes ; mais elle a été malheureufement entretenue
par la parefle & l’ignorance des artiftes,
qui par ce moyen compofent fans étude & fans
réflexion. Cependant il faut convenir que cet écart
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du goût vrai, eft une imitation des anciens, ou
plutôt une répétition dépendante du méchanifme
des. têtes. En e ffet, on remarque qu’après la
décadèncé des grandes écoles de la G rèce, le
prétendu goût Egyptien fe répandit en Italie &
peut-être même.dans- la Grèce , depuis la conquête
que les romains firent de ce pays. Les pay-
fages , les vues- & les architectures qu’on a trouvées
à Ilerculamm, ont augmenté les preuves de
ce fait.' 11 cftmêmé'très-vràifembiable que le genre
bifarre;, toujours-plus •facile, que l’ornement rai-
fonnablë, niais un peu plus épuré qu’il n’a paru
dans ces derniers temps , a été la fource des gro-
tefques & dès arabefqùes qui ont pafle jufqu’à
nous. C e n’eft pas que les Egyptiens & les Chinois
n’aient fait de bons ouvrages. La grandeur
8c-‘ la * folidité des premiers les a rendus
comparables aux géans de la fable; & j’ai vu
quelques têtes Faites d’après nature , exécutées à
la Chine , qui netoiem dépourvues ni de raifon
ni de beauré : il feroit même étonnant que cela
ne fût pas ; la nature eft également belle dans
toutes les parties du monde. Un génie heureux
fait &• !a lire & la rendre à travers;tous les nuages
dé la mode. Qnoi qu’il en foit, les romains ont
adopté à l’égaïd des Egyptiens, une manière fac
ile , légère, ou plutôt négligée, que nous avons
répétée que nous répéterons encore à l’égard
des Chinois: Il eft vrai que les anciens ont pouffé
ce goût plus loin que n o u s c ’ eft-à-dire , ^qué
nous en avons moins abufé. Nous n’ avons imité
la Chine que fiir des éorps légers, & des matières
d’une médiocre duree. Les romains au contraire
ont peint des frefques; Ils ont oublié leur pays
pour repréfenter les afpeéts de l’Egypte. Ils ont
plus fait ; ils 'ont exécuté des bas-reliefs fur le
marbre, comme On peut le voir furlaplintè de la
ftatué du Nil. Ce mauvais goût avoit fait dès-.lors
une fi forte imprefiion en Italie , que les hommes
y font repréfentés informes, boudinés & fans
aucun fentiment de nature. Un Ouvrage de ce
genre & de cette importance , auroitfuffi pour la
preuve de ce que je viens d’avancer ; mais le morceau
de terre cuite , ou'plutot lé modèle que préfente
ce n°. prouvé une répétition de ce même
abur. Le goût, la compofition 8d le travail ont
rant de rapport avec les bas-reliefs de' la ftatue
du Nil , que j’ai eu befbîn de la ‘ confrontation
pour croire que cette' barque & ces deux Egyptiens
n’éteient pas abfolumerit conformes à une
partie de cette plinte. Mais le bas relief de ce n°.
préfente des différences ; il eft même d’une plus
petite proportion. Indépendamment de tous les
rapports de goût, de travail & de compofition,
on ne peut douter que ce modèle n’ait été fait
dans l’intention de. repréfenter le Nil. Les pieds
des- ibis que le fragment a confervés, caràétéri»'
fent abfolument les bords de ce fleuve. ( Largeur
fept pouces :: plus grande hauteur cinq pouces Jist
lignes),