U) C H R O N O L O G I E
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C H A P I T R E IX.
Des Babyloniens.
XJ NE origine ob fcure, des commencemens
foi'oles 8c incertains , des progrès lents &
fucceffifs, voilà à quoi fe réduit l’hiftoire des
premiers tems de B ab y lon e , ainG que de la
plupart des cités.
Babylone ne fut d’abord qu’un hameau de
pêcheurs, qui fans doute eût tes roitelets particuliers
, comme on voit au fièçle de Jofué
chaque bourgade de Phénicie avoir les liens.
Mais, faute de monumens, on n’aura peut-être
jamais de grands éclaircilfemens fur ces details.
Babylone dût au commerce fes accroilfemens
& la fplendeur. Une pofition heureufe en fit
le rendez-vous naturel des .habitans de la Pa-
le ftine, des Syriens, des Arabes; des peuples
du haut Euphrates £e du T ig re . C ’écoit-ià
qu’ils venoient faire des échanges contre les'
marchandifes qui yabordoient par le golfe per-
fiq u e , contre les perles 6c l’or d Ophïr ( î ) , &
les parfums des autres contrées de l’Arabie méridionale.
Un long cabotage dur y fairè'palfer'
des produirions de l’Inde'même. Ave c ces
m o y en s , Babylone devint florilfante, 6c dût
tenter l’avarice des puilïànces voifines ; auili les
Aliyriens en firent-ils la conquête vers le tems
de P h o u l, c'eft-à-dire, entre les années deux
cent à deux cent trente ; 6c ils en formèrent la
capitale d’une latrapie dépendante : c*eftceque
l ’on infère d’un palfage du livre des Rois (i\
« Salmanazar., Roi d'Alfyrie , ayant enlevé
» les habitans de Samarie 8c du pays adjacent,
» les remplaça par des C olonies, tirées entr’au-
« très de Babylone «.
Donc Babylone dépendoit des A Syriens, 6c
cette exportation de fes habitans indique un
pays récemment conquis, un peuple encore
indocile au joug.
Mais Ninive ayant perdu t’empire, B a b y lone
devint le fiége d’une puilfancè qui s’enri-
(j) On pourra s’étonner de voir rci Ophir compté
au rang des contrées arabes-, mais j’ai enmainunemaflè
de preuves qui ne laifi'ent pas même le doute fur la
jufteffe de cette opinion,
fi) Reg. H.‘C. ï7.v. 14*
chit des dépouilles de l’ancienne & e’eft à ce
tems q uil faut rapporter ce que Bérofe ( î1),
Hérodote, les Grecs de les Hébreux ont dit de Y empire des Babyloniens.
Quant à ce que la Génèfe dit de celui d’un Nemrod, qui, fitôt après le déluge, auroit occupé
une vàfte étendue de p a y s , c’eft un récit
qui tient à des traditions qu’on n’a point entendues
, de qui ne font rien moins que ce que l’on
penfe.
La différence des noms de dynafties de d’individus
qu’on a donnés aux Rois de Babylone,.
a jettéle défordre de la confufion dans leur hif-
toire ;on les appelle tantôt Kaldéens, tantôt Arabes de Ajfyriens. L ’équivoque de ce dernier
nom fur-tout a égaré la plupart des écrivains
dans un dédale de méprifes de d’erreurs. Sans
celle ils ont attribué à Babylone ce qui n’appartient
qu’à Ninive , &• vice versa. Les Hebreux,
que leur voifinage mit plus à portée d’être bien
inftruits, femblent avoir fait une diftinétion plus
exadte*, car ils affe&ent d’appeller Ajfy riens les
Ninivites, de Kaldéens les Babyloniens.
L ’empire Babylonien date , comme celui des
Mèdes, de l’an trois cent deux -, de il dura juf-
qu’à l’an quatre cent cinquante-cinq, où fut
diflbus-par C y r u s , de remplacé par celui des
Perfes.
O n a déjà vu ( art. des Hébreux 1 , la lifte des
Princes Babyloniens depuis Nabukodonofor
fécond -, il s’agit de reconnoîtreceux qui le précédèrent.
P tolom é e , dans fon canon aftrono
mique, eft l.edeul qui en ait rafïemblé tous les
noms -, mais la lifte qu’il donne demande des
éclairciffemens nouveaux. On n’a point fenti
que Ptolomée a fait cette confufion dont je
viens de parler, de qu’il a regardé comme Rois
de Babylone des Princes qui appartiennent à
Ninive. L ’examen de fon canon v a le prouver.
(3) Berofe ap. Jofeph. contr. app. lib.IDÉS
D O U Z E S I E C L E S .
Lifte des Rois AJJyriens de Babylone.
Nabon-Aflàru s ................... ........ T4 ans.
N ad iu s ................................................2
Chinzirus de Porus....................... .5
J u gæ u s ................................................5
Mard ok-Empadus.. . . . . . . . . 12
A rk ian u s..'. ...................................... 5
I . Interrègne................................. 2
Belibus.................................................3
Ap ronad ius .. . . ............. .. .6
Rigebelus............................................1
Meftèfli-Mordakus..........................4
II. Interrègne. ............................8"> AJfar-Addinus................................ 1 3 ƒ
Saofduchæus....................................20
Chyniladanus.................................. 22
Nabo-Pol-AlTarus................ 21
Nabo- C o l - A(Taru§....................... 43
Iloua-Rodamus................................. 2
N ir i-C a flo l-A fla ru s .................«. 4
Nabonadius....................... 1 7
C y r u s , . .................. . . . . . .©
209 129
lni
Q u ’e ft-c e que l’Afïar-Add înus qui termine
la première feeftion de cette lifte , finon YAJfar-Adoun des Hébreux? O r fi ce prince fut
le dernier des Rois de Ninive , n’eft-il pas évident
que Ptolomée s’eft trompé , en les intitulant
de Babylone. C e n'eft qiiiSaosdukoeus que
commencent les Rois propres de. cette ville.
La railbn qui a fait confondre en une feule de
même lifte deux dynafties réellement différentes,
eft que les Rois de Ninive ayant régné fur Ba-
bylohe depuis Nabon - AJfar, les aftronomes
de cette v ille, copiés par Ptolomée, ont compté
leurs années comme s’ils euffent été les princes
indigènes.
O n reconnoît aifément Jar le Nabou-Kaden-At- des Hébreux, dans Nabo col-AJjar\ leur Aouil-Mérodak dans Iloua Rodame. Niricajfo- laffar eft le Niriglijfor de Bérofe ", de Nabona• dAinuds elel dNe aBbaoltnhiadesa rd.u même, dit encore Nabo- Mais Ptolomée a omis La - borofoachod, de ce n’eft pas la feule chofe qu’on
ait à lui reprocher.
En raffemblant les connoiffances des divers
auteurs, il eft déformais facile de donner une
lifte complette dçs Rois Babyloniens. J ’écrirai
le nom de ceux qu’ont connu les Hébreux, félon
leur ortographe orientale.
Lifte des Rois Babyloniens.
Saofduchoeus dit Belefys & Merodak & Baladan Se M ard okentes .. . 20 ans de
Chyniladanus-Ben M e ro d âk ..................... 37
Nabo-Pol-Atfar d^c Nabukodonofor I .................... . ...................................29
. Noubou-Kaden-Atfar II....................................................................................... 43
A ouilmerbdak...................-.............................................. ........................................2 •
Niricaffol A t f a r . . . .............................. .......................... ................... . * . . .4
L abo rofo-A chôd................................................... 9 mois.
Nabonidus dit B àl-A c fa r. ............................. 17
Cyrus prend Babylone................... ; ........... . . . . ............... . ......................
Années du T.
302 à z 1 1
3 59 4
388
43 1
43 3
4 3 7
458 à 454
45 5
> s8
§7 .
4 3 ° .
4 3 *
43<J
A Cuivre les calculs de P tolomée, la première
année de Saosduchoeus ne re.monteroit
qu’à l’an ; z i . Mais cet auteur s’efl: trompé dans
les nombres : ou bien il a oublié un prince qui
auroit été le Béléfys.de Ctéfias. Rien n’autorife
Sette fécondé cenjeéture ; mais les fautes notoires
du canon aftronomique rendent probable
la première (1).
(1) Je ne parle point du canon aftronomique retouché
par les Ecrivains dits Eccléfiaftiques > il ne mérite Que
le filenee.