422 L A O
nodore , vhodiens ; J opinion la- plus générale fait
les deux derniers fils du premier. En effet, ce
qui prouve qu’Athéno.iore droit fils d’Agél'andre ,
c'elt riiifcription de la baie dune ftatue de la villa
Aibani ;
A 0 A N O A 12 P ° S
A r H S A N A P 0 ï P. O A I 0 Z
E II ° I H *2 E.
Athénodore, fils d’Agéfandre , i’a fait. La ftatue
de Laocoon rend aufii très- vraiïemblable lopinion
qui donne à Polydore Agéfnidre pour père ; parce
qu’autrèment il ne feroit pas concevable que. trois
arrtftes euffeiît pu s'accorder , je ne dis pas dans
la manoeuvre d'une feule & même ftatue, mais
dans ia diftr.bution du travail, la ftatuë du père
étant bien plus belle que celles des fils. Je penfe
donc qu’Agéfandre a fait Laocoon , & que Polydore
& Athénodore ont fcu'pté les deux fils. »
■ cc La bafe de la villa Aibani , citée plus haut,
découverte au milieu des ruines d’Antium , eft
de maibre noir ; mais quelques refies font voir
qu’elle portoit une fiatue de maibre blanc , dont
on a trouvé un morceau de chlamyde. » ...
ecLe grouppe de Laocoon déedroie jadis le palais
de Titus ; ce fut là qu'on en fie la découverte, &
non , comme l’affurent Nardini & d’autres (Rom.
p- 11 d. ) , dans les fept falles, qui étoient les
réferyoirs pour les bains de l’empereur. On fait
pofitivement qu’il fut retrouvé fous la voûte d’un
fillon qui paroît avoir fait partie des thermes de
Titus ; & cette découverte nous fait connoître
la fituation précife du palais de cet empereur,
qiii communiqubit avec fes thermes. Le Laocoon
étoit placé dans une grande niche pratiquée au
bout du fillon peint, où l'on voit encore le tableau
antique du prétendu Conol'an. Les mémoires
du temps nous apprennent que cette importante
découverte fut faite par Félix de Fréd'is, romain.»
« Pline dit que le grouppe de Laocoon étoit
formé d'un feul bloc ; & la chofe a pu lui pa-
roître ainfi , parce qu’alors les différentes’parties
étoient.jointes très-exactement : mais deux mille
ans écoulés depuis fa fabrication , ont fait entrevoir
des divifîons prefque infenfibles, par lefqirelles
il eft évident que l’aîné des fils a voit été travaillé
féparément & en fuite ajouté au grouppe. Le bras
droit de Laocoon 3 qui manquoit & qui eft aujourd’hui
de terre cuite, fait par le Bernin, devoir
être reftauré en marbre par Michel-Ange , qui
l’avoit déjà dégroffi, mais qui ne l’a pas- achevé :
on voit cette ébauche aux pàeds-de la figure. Ce
bras, entortillé des deux ferpens , fe recoirrbe-
roit par-deffus la tête de la ftatue , s’il étoit à
fa place. 11 eft poflible que l'amfte moderne fe
foit propofé pour but de renforcer l’afpeCl des
fouffraeces de Laocoon ; &: comme le refie de la
l a o
figure eft libre, il a voulu fans doute, en approchant
ce bras de la tête, offrir le fentlment de
fes maux dans deux ide'es liées. Par les tours répétés
des ferpens , il a voulu concentrer dans cet
endroit la douleur que l ’artifte ancien a combinée
avec la beauté de la f ig u r e fe propofant d’y faire
régner l ’une & l ’autre. Mais il femble que le
bras replié par-deifus la tête-auroit partagé l’attention
principale qu’exige cette partie efientielle
du corps ; & il paroît d’ ailleurs que tous ces
ferpens auroient trop attiré les regards du fpeç-
tateur. C ’eft "pour cela que le Bernin a étendu le
bras qu'il a reftauré en terre cuite, pour laiffer
libre la tête de la figure, & pour ne la pas cacher
par aucune autre partie du corps. ”
« Les deux degrés pratiqués au bas de la plinthe
fur laquelle repofe Laocoon 3 paroiffent indiquer
les degrés de l'autel près duquel s’eft paffé la
fcène repréfentée dans le grouppe. »
« Dans l'immenfe quantité de ftatues qui furent
enlevées aux villes grecques & tranfportées a
Rome , celle de Laocoont tient le premier rang.
Regardé comme la production la plus accomplie
de l’art par les anciens eux-mêmes , ce fameux
grouppe mérite d’autant plus l’attention & l'admiration
de la poftérité, qu’elle n'a rien produit
encore qui puiffe être comparé à ce chef-d’oeuvre.
Le philofophe y trouve une ample matière à réflexion
, 6c l’artifte un fuj'et d'étude inépuifabîe.
Qu’ ils foient intimement perfuadés tous deux que
cette figure cache encore plus de beautés qu’elle
n’en montre , & que l’entendement du maître
étoit encore plus fubiime que fon ouvrage. »
« Laocoon vous offre le fpe&acle de la nature
plongée dans la plus vive douleur, fous l’image
d’un homme qui raffemble contre fes atteintes
toute la force de fon amè. Tandis que les fouf-
franees gonflent fes mufcles & contrarient fes
nerfs, on voit fon efprit, armé de force, éclater
fur fon front fillon n é, & fa poitrine, oppreflee
par la refpîration gênée & par la contrainte cruelle,
s’ élever avec effort pour renfermer & concentrer
la dou'eur qui l'agir e. Les gémlilemens qu’il étouffe
& l’haleine qu’il retire , épuifent le tronc 6c creu-
fent fes flancs ; aétion qui nous laiffe découvrir,
pour ainfi dire, les vifeères. Cependant fes propres
fouffrances. paroiffent I’affeéler moins que
celles de fes enfans, qui lèvent les yeux, vers lui
& qui implorent fon fecourc. La tendreffe paternelle
de Laocoon fe:, man-ifrfte dans fes regards
Iang.u:ffans > la compaflicn paroît nager fur fes
prunelles comme une fombre vapeur. Sa phyfio-
nomie exprime les plaintes & non pas les cris : fes
yeux, dirigés veis le ç d , implorent l’afliftance
des dieux : fa bouche refpire la langueur, & la
lèvre inférieure qui defeend, en eft accablée ; mais
dans la lèvre fupérieure qui eft tirée en haut, cette
langueur eft jointe à une fienfation douloureufe.
l a o
La fouffrance , mêlée de l’indignation que font
maître d'injiifies châtimens, remonte jnfqu'au nez,
le gonfle & éclate dans les narines élargies &
exhauffées. Au-deffous du front eft rendu, avec
la plus grande fagacité, le combat entre la douleur
& la réfiftance , qui font comme réunis en un
point : pendant que celle-là fait remonter les four-
cils, celle-ci comprime les chairs du haut de l'oe il,
& les fait defeendre vers la paupière fupérieure,
qui en eft prefque toute couverte. L ’artifte ne
pouvant embellir la nature , s’eft attaché à lui
donner plus de développement, plus de contention,
plus de vigueur : là même où il a placé la
plus grande douleur, fe trouve aufli la plus .haute
beauté. Le côté gauche, dans lequel le ferpent
furieux lance fon venin mortel par la morfure eft
la partie qui femble le plus fouffrir par la proximité
du coeur, & cette partie du corps peut être
appellee un prodige de l’art. Laocoon veut lever
les jambes pour fe fouftraire à fes maux. Enfin
aucune partie n’eft en repos. La touche même du
‘ maître concourt à l’expreffion d’ une peau engourdie.
»
De toutes les ftatues entièrement travaillées
dyec l’outil, la plus belle eft fans contredit le
Laocoon. C ’ eft ici qu’un oeil attentif découvre
| avec quelle? dextérité & quelle fûreté le ftatuaire
a promené l’inftrument fuir fon ouvrage, pour
l ne pas perdre les touches fa vantes par un frottement
réitéré. L ’épiderme de cette ftatuë paroît
un peu brut, en comparaifon de la peau lifte
d autres figures ; mais ce brut eft comme un ve-
I Jours doux, comparé à un fatin brillant. L ’épiderme
du Laocoon eft pour ainfi dire comme la
peau des premiers grecs, qui n'étôit point dilatée
j par l'emploi fréquent des bains chauds, ni relâchéepar
l'ufage répété des frottoirs, connue chez
les romains amollis par le luxe. Sur la peau de
ces hommes nâgeoit une tranfpiration falutaire,
| comme le premier duvet qui revêt le menton de
j 1 adolefcent..
Ce fameux grouppe fe trouve fur une pierre
[ f raTce ancique du cabinet du roi ; on remarque
y iur»le devant un brader, & dans le fond le commencement
du frontilpice du temple pour le facri-
j- ï f e *lue ce 8rand pretre & fes enfans faifoient à
•Neptune, lorfque les deux horribles ferpens vin -
f p nrf *cs envelopper. & leur donner la mort. Enfin
[ le Laocoon a été gravé, avec beaucoup d’art, fur
une améthyfte , par le célèbre Sirlet, & cet ou-
Vrage paffe pour fon chef-d’oeuvre.
11 y a dans l'a collection de Strofch une pâte
e verre de Laocoon & fes deux fils, copiés exactement
d’après le beau grouppe du Belvédère de
■ Home. , .
h,s ‘i'H eaor & d’Andra-
maque. y . A nurom aquç .
L A O 423
| L Â O D AM IÉ , fille de Belltrophon & d ’Aché-
mone, fut aimée de Jupiter, dont elle eut Sar-
pédon, roi de Lycie. Homère dit que Diane ne
pouvant fouffrir fon orgueil, la tua à coups de
^ flèches. Voye^ Sar fed o n .
L A O D AM IE , femme de Prot efilas , ayant
.appris que .ftm mari avoit été tué au fiège de
T ro y e , pour ne pas perdre de vue l’objet de
fa| douleur & de fon amour,'fit faire une ftatue
qui reffembloit à fon mari, & elle ia tenoit toujours
auprès d’elle. Un efclave ayant vu cette
ftatue -dans le ht de Laodamie, alla dire à Acalte
fon père , que la prîneeffe étoit couchée avec un
homme. Le roi accourt auffitôt à fon appartement,
& n'ayant trouvé que cette ftatue, il la fait enlever
pour ôter! à fa fille ce qui entretenoit fa douleur.
Laodamie affligée de cette fécondé perte,
demanda aux dieux pour toute grâce, qu’il lui
fût permis de voir & d’entretenir fon mari pendant
trois heures feulement; ce qui lui fut accordé.
Mercure alla retirer des enfers Protéfilas, & le lui
préfenta : mais le terme étant expiré, Laodamie
ne peut fe réfoudre à la réparation , elle aima
mieux fuivre fon époux dans le royaume de Piur
ton , que de refter fins lui fur la terre. Ovide
nous a laiffe une épicre de Laodamie à Protéfilas,
( c’eft la treizième de fes héroïdes ) par laquelle
elle lui exprime la vive douleur qu'elle a reffen-
tie.de fon départ, & la crainte continuelle ou
elle eft que cette guerre ne lui devienne fatale,
crainte entretenue,,par des Tonges futuftes qui
l’obfèdent toutes les nuits. Voy. Pr o t é s il a s .
L A O D AM IE , prîneeffe d’Epire. Les épfrotes
ayant fait périr tous les princes de la famille royale
dans une révolte générale, il ne reftoit du fang
de leurs rois,, que Néréis & Laodamie fa foeur.
Néréis époufa le fils de Gélon , roi de Sicile;.
Laodamie s’étant réfugiée à l'autel de Diane
comme à un _afyle qu’elle croyoit inviolable, y
fut affommée impitoyablement par le peuple. Les
f dieux vengèrent ce forfait, par des fléaux & des
calamités qui firent périr prefque toute la nation.
A la ftérihté, à la famine, à la guerre civile
fuccédèrent d’autres guerres qui achevèrent de
tout, perdre. Milon qui avoit porté le coup mortel
; à Laodamie , ■ devint furieux jufqti’au point de fe.
. déchirer le ventre & les entrailles , avec des
pierres, du fe r , & fes propres dents; enforte
qu’il mourut le douzième jour après le meurtre
’ commis. C ’eft ainfi que Diane vengea la profanation
de fon afyle.
L A O D ÏC E , fille de Priam & d’Hécube, fut
■ mariée en premières noces à Télèphe , fils
; d'Hercule ; mais ce jeune prince ayant quitté le
parti des troyens. pour pafler dans c lui des grecs,
_• abandonna àuffi fon époufe. Priam remaria fa fille
à Hélicaon, fils d'Aiitenor, qui fut tué peu de