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lune étoit placée aux talons , « rus âçpùydxets *
d'où venoit le proverbe, nobilitas in aftnagalis.
Ceux qui penfent ainfi, croient que, félon Phi -
loftrate , dans fes Vies des Sophiftes ( /• IL in
Herode Attico. ) , cette boucle ne fe mettoit pas
fur la partie antérieure du foulier, mais autour
du talon. Il faut s’en tenir au fentiment des
premiers. Les autres ne paroiffent pas avoir entendu
le mot tTrtrQvpM dont fe fert Phlloflfate,
& que Didyme, en parlant de la chauffure des
héros d’Homère (f/. A. v. 18.) & Héfychius
expliquent par malleorum tegumenta ; rtpûpo* lignifie
la cheville du pied 8c non pas le talon.
LU N U S ( le d ieu ). V o y e \ M e n .
On le voit fur les médailles de Cibyra , de
Trapezopolis en Carie, de Cius en Bithynie > de
Sébafte en Galatié, de Sardes.
L U P A T A fren&\ mors rude hérifle d’afpé-
rités & d’inégalités. comme les mâchoires du
loup , dont les dents font fort inégales. Les
romains attribuèrent aux «autois, l'invention de
ces mors rudes. Dans \e* fouilles faites^ par
M. Grignon , dans la ville, gauloife, du Châtelet
en Champagne, près de Joinville , on a trouvé
des mors de fer brifés & tris - rudes , \ frena
lupata.
L U P E R C A L , grotte où Rémus & Romulus
»voient ét£ allaités par la louve ; elle étoit au
pied . du mont PalatirT. Servius croit que cette
grotte fut ainfi appellée, parce qu’elle étoit con-
facrée à Pan, dieu de l’Arcadie, auquel le mont
Licée étoit auffi cOnfacré; il ajoute qu’Evandre.
arcadien , étant venu en Italie, dédia de même
un lieu au dieu de fa patrie, & le nomma lupcrcal,
parce que c’ eft par le fecours de ce dieu , que
les beftiaux font prêfervés des loups. Il eft vrai
que le lupcrcal etoit confacré à Pan, & que
les luperques, fes prêtres, lui faifoient dans cette
grotte, des facrifices.
LU PERCA LES , fêtes inftituées à Rome en
l’honneur de Pan. Elles fe céléliroient, félon
Ovide , le troifième jour après les Ides de février.
Nous avons vu au mot Lupcrcal, que Servius’ en
attribue l’ inflitution à Evandre. Valère-Maxime
prétend que les Lupercales ne furent commencées
que fous Romulus & Rémus, à la perfuafion du
berger Fauilulus. Ils offrirent un facrifice, immolèrent
des chevres, & firent enfuite un fef-
tin, où s’étant échauffé la tête à force de boire
du vin, ils divifèrent en deux troupes les bergers
, qui s’érant ceints de peaux des bêtes immolées,
coururent de tous côtés, folâtrant les
uns avec les autres. En mémoire de cette fête ,
de jeunes gens coutoient tous nuds ( remarquez
quec'étoit au mois de fé v r ie r ), tenant d’une
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maïn les couteaux dont ils s’étoient fervï pour ïm*
moler les chevres j ils fe teignoient le front de
ce fang, & l’tffuyoient enfuite avec de la laine
trempée dans du lait. Dans l'autre main, ils avoient
des couroies dont ils frappoient tous^ ceux qu'ils
rencontroient dans leur chemin. L’opinion où
étoient les femmes que ces coups de fouet leur
fervoient à devenir fécondes, ou à accoucher heu-
reufement, faifoit que loin de^ s’éloigner pour
éviter leurs rencontres , elles s’en approchoient
pour recevoir ces coups favorables. Vo ic i, félon
Ovide , ( Faft. lib. i . ) l’origine de cette opinion.
Les Sabines furent long-tems à concevoir après
leur enlevement; maris 8c femmes s adreflerent
à Junon ; ils allèrent l’invoquer dans un bois qui
lui étoit confacré : elle répondit qu il falloit qu un
bouc faillît les femmes de Rome t italicas matres,
inquit, caper hircus inito. Par bonheur un augure
qui fe trouva 'préfent, les tira de peine ; il immola
un bouc, dont il ordonna que la peau fut
mife en lanières pour fouetter les femmes. Elles
y confentirent, 8e ne manquèrent pas d accoucher
au dixième mois.
Parmi les Luperques il y avoit des gens de U
première qualité, 8c des magiftrats qui couroient
la ville tout nuds comme les autres. La raiton
qui faifoit courir tout nud pendant les Lupercales,
étoit qu’ un jour que Rémus 8e Romulus cele-
broient cette fête, des voleurs profitèrent de loc-
cafion , 8e enlevèrent leurs troupeaux. Les deux
frères 8e toute la jeuneffe qui étoit avec eux,
s’en étant apperçus, mirent bas leurs habits , pour
courir plus aifément après ces voleurs ; 8e les ayant
atteints, ils leur enlevèrent le butin. Comme celi
leur avoit réuffi, la coutume de courir nuds aux
Lupercales , s’introduifit 8c s'établit. Ovide ( Fafi.
'i. ) , en rapporte encore une autre raifon. Il dit
qu’Hercule voyageant un jour avec Omphale »
Faune qu’il prend ici pour le dieu P a n , devint
amoureux de cette belle. Hercule 8e Omphale
logèrent cette nuit dans une caverne. Pendant
qu’on leur préparoit à fouper, Omphale para Her*
cule de fes habits 8e de fes bijoux, & prit^a **
place la peau de lion , la maflue, le carquois &
les flèches j ils foupèrent ainfi traveftis, 8e ne
quittèrent point en fe couchant leur deguifement.
11 fallut fe féparer pour cette nuit * parce qu ils
dévoient dès le matin faire un facrifice à Bacchusj
8e cette cérémonie demandoit que l'on palfat la
nuit dans la continence. Faune qui avoir fuivi
l’objet de Ton amour, entra dans la caverne a 1*
faveur des ténèbres 8e du fommeiloù tout le monde
étoit plongé. Il va de côté 8e d’autre à tâtons >
jufqu’ à ce qu’ il trouve le lit d’Omphale} mais A
n’a pas plutôt touché la peau du lion, qu’il recule
tout effrayé. Il trouve enfin le lit d’Hercule qu A
prend au toucher des habits pour Omphale, H
glifle dans le lit ; le héros s’éveille, 8e d’un coup
de coude jette Faune hors du lit» Omphale M?
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veille, appelle à fon feeoürs, demande de la lumière
; on trouve Faune étendu par terre , ayant
de la peine à fe relever , mais qui en fut quitte
pour des ris 8c des huées. De cette aventure il
prit en horreur les habits qui l’avoient trompé,
8c voulut que fes prêtres n’en portaient point 1
pendant les cérémonies de fon culte.
Du temps d’Augufte, cette fête qui tomboiten
défuétude, fut rétablie, & continua même au-delà
du paganifme ; car il fut aboli à Rome dès le
quatrième fiècle, & cependant les Lupercales fe
célébroient encore à la fin du cinquième, comme
on le voit dans les lettres du pape Gélafe.
LUPERÇES pu LUPERQUES, étoient les'
prêtres du dieu Pan, qui çéébroient Ls luper-
cailës. C ’étoient les plus ami-ns piètres de Rome,
ayant été inftitués ou par Evandre, ou par Ro^
mu'us. Ils étaient divifés en deux collèges ou compagnies
, celle des Fabiens , & celle des Quinti-
liens. Jules-Céfar en ajouta une troifième qu il
nomma les Jul ens de fon nom. Suetone donne à
entendre que cèrétabliffement fut unedes chofes
qui rendit, cet empereur plus .odieux. Il paioît
même que cette compagnie de Luperques1' ne fut
point inliituée par C é far, ni à l'honneur de Pan,
mais par lés amis de Céfar, 8c en fon honneur;
« car il fouflfrit, dit Suetone , qu’on lui décernât
des honneurs au-defius de-l’homme, un fîège
d'or dans le fénat 8c fur le tribunal, des temples,
des autels, des fiâmes auprès de celle des dieux, un
flamine des Luperques 8c qu’il y eût un mois qu: portât
fon nom ». Cette efpèce de fàcerdoce n'étoitpas
en grand honneur à RomebCicéron reproche à Antoine
de l’avoir exercé ; & il traite le corps des Luperques
de foçieté agrefte, inftltuée avant l’humanité
8c les loix, c’eft-à-dirè, avant que les hommes fuf-
fent huraanifés 8c policés (Ciceropro Coelio. cap. 2.)
On voit fur une calcédoine de la collection de
Stofch, une figure nue, debout avec une efpèce de
large ceinture de peau de quelque animal, liée autour
du corps ; c’eft un homme robufte qui ayant un
thyrfe appuyé contre l’épaule , fe met un mafque
avec les deux mains.
Cette figure qui eft d’une admirable gravure.,
fut publiée par Ficoroni (Mafchere Scen. tom. X III.
Paë’ Î7* L à qui elle appartenoic alors, & qui
èn mourant èn fit préfent au baron de Stofch.
Elle a été auffi publiée par Gravelle ( Pierres Gravées
tom. I I 3 pl. 29 ) , 8c par Natter ( Pier. Grav.
pl. z i. ) ; mais le deffin de ces auteurs ne répond
pas à la pierre; celui de Natter eft pourtant recommandable
, en ce qu’ il montre la profondeur
de, la gravure.
j La figure repréfente fans doute un Lupercal.,
c ert-à-dire , l ’un de ces prêtres, de Pan ( Val.
Max. lib% I l ; cap. 1. n .9. ) , qui couroient nuds
par les^ rues , & n’a voient que les parties natu-
Antiquités. Tome IÏL
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relies couvertes des peaux des brebis qui avoiene
été immolées à Pan. Les rits des fêtes de Pan ne
différoient pas beaucoup de ceux des fêtes de
Bacchus j 8c celles-ci étoient célébrées par des
divertiffemens de théâtre; les-*fêtes de Pan fe di£-
tinguoient peut-être auffi par des fpeétacles, aux -
quels le mafque feroit allufion ; car, on ne lit
pas que les . prêtres, des Lupercales courufient
mafqués ; mais le filence des anciens ne rend pas
cette fuppofition impoffible.
LUPERCUS y furnom de la famille. G a l l ia .
L U P I N , lupinus ou lupinum y femence de
lupins .•
Du tems de Galien, on faifoit fouvent ufage
des graines de Lupin pour la table ; apjourd hui
on n’en mange plus. Lorfqu’ on l.s macère dans
l'eau chaude , les lupins perdent leur amertume
8c deviennent agréables au goût ; on les mai geoit
cuits avec cie la faumure fimple,. ou avec de la
faumure & du vinaigré , ou, même affaifonnés
feulement avec un peu dé Tel. Pline rapporte ,
| que Protogène travaillant à fon chef-d’oeuvre ,
■ au tableau d’ Ialÿfe , pour l’amour duquel, Démé-
trius manqua depuis de prendre Rhodes, ne
' voulut', pendant long - terris , fe nourr r que de
lupins Amplement apprêtés , de peur que d’autres
mets ne lui rendiffent les fens moins libres.
Les comédiens 8c les joueurs à Rome fe fer-
; voient quelquefois de lupins au lieu d’argent, 8c
; on y imprimoit une certaine marque pour obvier
aux fripponneriés : cette moniroic. fidivë: couroit
i entr’eux , .pour repréfenter .une. certaine, valeur
• 8c ne paffoit que dans leur fociété. De-là vint
1 qu’Horace ( Ep.. VII. I. I. ) dit qu’un homme
; fenfé corrnoit la différence qu'il y a entre l’argent
! & les lupins.
S Nec tamen ignorât quid difient Ara lupinis. •
Il y a un paflage affez plaifant, à ce fujet,
L dans .le P&nulds de Plaute ( A 3 . I ï l . Scène IF)
| le-voici:
. A gA . Agite', infpicite, aurùm eft.
' C ol. Profeclo , fpeâato'res, comicutn ; m a c e r a t o
î ho,c pingues ftun.t auro in, barbariâ loves.
■ et A g a . C'eft. de .1 eqr. ?v_> A
-« C ol. O u i , meilleurs , ma foi c’eft de. l’or
de comédie ; c’eft de cet or dont on fe fert, en
Italie,-pour engraiffer les boeufs ».
Il paroît par une loi de Juftjnién, X ' t* T. cod.
’ tit. de aleatoribus ) que les joueurs fe fervoient
fouvent de lupins au lieu d’ argent , comme nous
nous fervons de jetons : « Si quelqu’un , dit la loi ,
a perdu au jeu, des lupins ou d'autres marques,
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