fi'oie de voir un ouvrage plus accompli. On trouve
reloge qu’il a fait de ce beau monument dans
les explications qui accompagnent la gravure de
toutes les figures antiques de la galerie de Florence
».
« Il ne feroit pa? impoffible qu'on ne découvrît
encore une ftatue. femblable à celles dont je viens
de parler , & d’un auffi beau t r a v a ilc a r les
anciens n’étoient pas difficiles fur les répétitions.
Quand un fujet avoit réuffi , les meilleurs aitiftes
le multîplioient fans aucun fcrupule, & fouvent
fans aucune différence. J’ai parlé de leur facilité à
cet égard dans le premier volume de c e . receai!
en rapporranr l’enièvement du Palladium : à plus
forte raifon doivent-ils avoir répété les llarues ,
quand elles avoient pour objet des fujets piquans.
L 'hermaphrodite étoit fait pour plaire à des hommes
auffi plongés dans la volupté que les grecs & lès
romains? ils y trouvoient un affimblage de ce
que les deux fexes offroient, chacun en particulier
, de plus b*au & de plus capable d’échauffer
Purs idées. Mais quelque beauté que l’on trouve
dans les Hautes de ce genre, je ne crois pas qu’on
doive les regarder comme des imitations fimpîes
d’un jeu'de la. nature"; ce phénomène a été auffi
rare dans tous les temps, qu’ il peut l’être aujourd'hui.
fl eft vrai que l’efpoir du gain a pu engager
les marchands d’efclaves à faire des recherches,
& que par ce moyen on a vu des hermaphrodites
dans la Grèce & dans l’Italie, plus communément
qu’on ne peut en voir aujourd’hui ; la différence
des moeurs & de la religion engageroient même
à les cacher à préfent plutôt qu’à les divulguer.
Mais , physiquement parlant, on peut être per-
fuade que ces créatures, forties de l’ordre, établi
par la nature, fuivent indubitablement le genre
des monftres. Je fuis d’autant plus porté à le
croire, que celui que j’ai v u , jouiffant d’une
très bonne fanté , auroit été très-peu avantageux
à deffiner. Je crois donc que ces efpèces de
monftres ne peuvent porter avec eux le caraftère
da la beauté, encore moins celui de l’ élégance,
dont on voit la réunion dans les figures d’hermaphrodites,
dont j’ ai parlé. Ces réflexions me per-
fuadent que les ftatues dont*il s’agit, font, en
quelque forte , des figures d’invention , .& le fruit
du génie d’un artifte du premier ordre ; c’eft-à-
dire , que cet homme favant a pris dans plufieurs
modèles dés deux fexes & du même âge ce qui
ponvoit plaire davantage; & qu’ enfin, par une
élégante réuivon , il à voulu produire une figure
finguüèrement volnptueufe, telle que la nature
ne l’a voit peint produire, mais telle que lés Grecs
auraient defiré de la trouver. La fable même de
Saîmacis ne sme paroît point avoir d'autre fondement',
du mSins elle rappelle toutes ces idées ».
« La quantité de figures hermaphrodites que les
moaumëns nous préfcntent, me font croire, dit
le comte de Caylus, ( Rec. d’antiq. V\ i l o. ) quô
les anciens n’ont pas toujours repréfenté les androgynes
comme des effets finguliers de la nature,
ou comme des effets de volupté. Le plus grand
nombre de leurs figures avoit affez généralement
rapport au culte, & ce culte étoit fouvent chargé
d’allégories. Un trait de l’ ancienne hiftoire des
Saxons me paroît expliquer non-feulement le genre,
mais le nombre des hermaphrodites que les rnonu-
mens nous préfenîent.( d am c f ab olao Worm.
p._ e & c6.) Fr&a, femme de Wooden , étoit regardée
c h e f les Saxons comme Vénus che[ les Romains
j ils l'adoroient fous la figure d une hermaphro
dite , parce quelle n é to it pas moins la deejfc
dç ru n que de f autre ƒexe. Ce paffage m’a d’autant
plus frappé, qu’il donne une explication vraifem-
bl. ble & naturelle de la répétition de ce genre de
figure».
Les artiftes, dit Wtnckelmann, ( hifi. dé Fart.
I V . ) combinent les' beautés & les propriétés des
deux fexes dans les figures des hermaphrodites ?
qui font des productions idéales, quoique je n’ ignore
pas qu’il y ait eu des hermaphrodites- Le
rhéteur Philoftrate nous apprend que le fophifte
Favorien d’Arles, qui vivoit fous l’empereur Hadrien,
avoit été hermaphrodite ( Philofi. Vit.- phi-
lo f L . I . c. 8 .). Mais fans examiner quelle a été
.la conformation de ces créatures mixtes, on peut
e'tablir que peu d’artiftes ont eu occafîon d’en voir.
Toutes les figures de cette nature ont un fein de
femme , avec les membres de la génération de
notre fexe ; du refte elles font femmes pour la taille
& pour les traits du vifage. Le temps nous a
confervé plufieurs hermaphrodites : outre les deux
belles ftatues couchées de la galerie- de Florence
, & celle qui eft encore plus belle de la
villa Borghèfe, on en voit une petite debout à la
villa Aibani, qui n’eft pas moins belle, & dont
le bras droit repofe fur fa tête.
e* Pourquoi les anciens ont-ils tant célébré ^hermaphrodite;
pourquoi les poètes en ont-ils fait des
descriptions fi charmantes ; pourquoi, enfin, les
ai tiftes l’ont - ils repréfenté fous des formes fi
agréables & fi propres à rév< il 1er des fentimens
de volupté ? M. le comte de Caylus a cru que
c’ëtoit de leur part un excès de molleffe, un rafinement
de libertinage. . . ............. .. Mais la fable
nous en offre une rai fon plus naturelle. L'hermaphrodite
eft une pure invention- des Grecs ; &
l’être de cette efpèce qui feroit produit par la nature
devrait être regardé comme un monftre.
L ’hermaphrodite confédéré comme une fiftion, &
'comme le fruit de l’imagination d’un peuple' qui
vouloit & fa voit tout embellir, eft dès-lors l’être
le plus parfait qu’il foit poffible de concevoir.
Pandore ne réuni ffoit que les perfections de fon
fexe ; Y hermaphrodite réunit toutes les perfections
des deux fexes. C ’eft le fruit des amours de Mercure
& de Yenus, ainfi que l’indique l’ét)mologie
An nom. Or Vénus étoit la beauté par excellence :
Mercure à fa beauté perfonnelle joignoitl efpnt,
ks connoiffances & toutes les talens. Qu on le
forme l’idee dun individu en qui toutes ces qualités
fe trouvent raflèmblées, & l'on aura cehe
de l'hermaphrodite, tel que les Grecs mit voulu
le reptélenter ; d'où l'on voit qu il n a rien de
commun avec les Androgynes, êtres monllrusux
& rebutans qui ne pouvoient, fans doute, taire
naître une fiâipn fi charmante. (Pierres gra-vees du
duc d’ Orléans , I. 108. ) ”
H E RM A P O L LO N , figurecompofée de Mercure
& d'Apollon, repréfentant un jeune homme
avec'les fvmboles de 1 une & de l'autre divinité, .
le pet .le S le caducée, la lyre Se farc. Voyei
H e r m è s .'. \ \ ..........
H E RM A TH È N E S , figure qui reprëfentoit
Mercure& Minerve, dont le nom grec eft Athènes.
On- voit de ces figures ayant d'une parc les habits,
le cafque & l’égide de Minerve, & pour^expu
mer Mercure, le coq fous l’aigrette, les ai.erauS*
fur le cafque, un fein d'homme & la bourfe.
Cicéron avoit fait venir de Grèce un e. Hermathene,
pour la placer dans fon gymnafe ou lalle d exercice.
( Atticum. 1 .3 . )
Triftan ( dans fon T . I , p. 47-) a fait ,Sray er
une médaille des Triumvirs, où font graves d un
côté, leurs trois têtes , & au revers une herma-
théne , devant laquelle eft un autel entouré d un-
ferpent qui s’élève au-deffu's, & derrière une aigle
romaine ou légionaire. Cette hermaihéne, ou,
comme il parle, cette hermathAna comprend en
fo i, félon Triftan, le dieu Terme avec Minerve
& Mercure ; car c’eft un terme, dont la partie
ftipérisure repréfente un bufte avec les attributs
de ces deux divinités. Mais de ce qùe^ le bulle
eft polé fur un pied quarté, tel que celui du dieu
Terme, s’il faut dire , comme a cru Triftan,
qu’ il y a trois divinités repréfentées, il y en aura
toujours dans ces fortes de figures, ou ^refque
toujours trois : car prefque tous les hermes font
formés d’une tête ou d’un bufte orne des attributs
de deux ou plufieurs divinités, & pofé fur un pied
quàrré.
HERMÉE, f. m. Nom d’un mois des Thébains
& des Béotiens : il avoit trente jours comme les;
autres mois, & répondoit au mois d oélobre ;
c’étoit le fécond mois de l’année chez ces peuples.
Il étoit auffi le- fécond chez ceux de Bithynie ;
mais dans leur calendrier il répondoit au mois de
novembre.'
HERMÉES, fêtes en l’honneur de Mercure.,
dont le nom grec étoit hermes y on les celebroit
avec- différentes cérémonies dans le Péloponèfe,
en Boétie, en Crète * & ailleurs. Pendant la célébratîon
de ces fêtes dans I’ile de C rè te , les maîtres
fervoient leurs efclaves à table ; cet ufage
s’obfervoit également chez les Athéniens, chez
les Babyloniens, & dans les faturnales des Romains.
(D . J. )
HERM ÉM ITH R A , ftatue de Mercure, qui
portoit une tête de Mithra. Voye% M it h r a .
H E RM É R A C L E , ftatue compoféée de Mercure
& d'Hercule, dont le nom grec étoit Hé-
racle. C ’eft un Hercule , tenant d’une main la
maffue & de l’autre la dépouille du lion , ayant
la forme humaine jufqu’à la ceinture, & le refte
fe termine en colonne quarrée. On mettoit communément
les herméracles dans les academies ou
lieux d’exercices, parce que Mercure & Hercule ,
c’eii-à-dire , l’adreife & la force doivent préfider
aux exercices dé la jeuneffe.
ce Ces deux ftatues, dit le comte de Caylus,
( Rec. d’antiq. i . 217. ) font terminées en gaines,
& dans. Luné Hercule paroît avec le caducée,
ce que''je n’ai remarqué fur aucun monument,
& dont je vais me fervir pour expliquer un paffage
de Cicéron , dans lequel l'orateur romain
demande à fon ami Atticus des Hercules-Mercures.
J’avois toujours penfé que par cette expreffion,
il falloit entendre desjtatues d’Hercule Amplement
terminées en gaines;.mais on voit par ce
monument que ces ftatues réuniffoient de plus les
fymboles de ces deux divinités ».
HERMÉROS, figure qui eft moitié Mercure
8c moité Cupidon ; Spon a donné la figure d’un
herméros dans fes recherches d’antiq. ( p. çfi.fig.
X IF . ) C ’eft un jeune garçon dépeint comme on
nous repréfente l'amour. Il tient une bourfe de
la main droite & un caducée de la gauche, deux
caractères fous lefquels on a coutume de défigner
Mercure. Spon dit au pluriel hermérotes , fuivant
la déclinaifon grecque. Piine, parlant des beaux
ouvrages des fculpteurs , fait mention des hermérotes
d’un certain Tàrifcus.
C e mot d’herméros a été fsuvetit donné en fur-
nom par les Romains & par les Grecs. Il y en
a plufieurs exemples dans les inferiptions de Gruter.
Spon (Reck. d'antiq. p. 119. ) en rapporte auffi
deux qu’ il a trouvées à Rome & à Die.
HERMÈ S, dieu ou trifmégifte. C. M zr cu r e .
H ERM È S , f . m. Nom de certaines ftatues
antiques de Mercure, faites de marbre, & quelquefois
de bronze, fans bras & fans pieds. Hermès
eft au propre le nom grec de Mercure, & ce nom
paffe à ces ftatues.
I Les Athéniens, & depuis, à leur exemple, les
autres peuples de la G rèa e , repréfentèrent ce
Y ij