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Le troifième & le quatrième étoient jours co- I
initiaux.
Le cinquième jour des no nés étoit j'our plai-
doyable.
Le fixième paffoit pour malheureux.
Le feptième, on célébroit la venue d’Ifîs chefc les
üomains.
Le huitième étoit j’our d’affemblée.
Le neuvième des ides dé dé mois, on fêtoit les
agonales en l’honneur de Janus.
Le dixième étoit un jour mi-parti , marqué ainfi
dans l’aneien calendrier» F. N .
L ’onzièmë ou le iij des ides arrivoient lés car-
mentales pour honorer la déeffe Carrhentâ , mère
d’Évandre. Voyei Ç a rm en t a le s . Qn célébroit
ce même jour là dédicace du temple de Juturna
dans le champ de Mars.
Le douzième étoit jour d’affemblée, quelquefois
on y faifoit la fête des çompitales ou des
carrefour?.
Le treizième, jour des ides, confacré à Jupiter,
fe marquoit dans le calendrier , , par ces deux
lettres, N . P. Ne faß us prima parte diei , pour
dire qu’il étoit feulement fête le matin j on facrifioit
au fouverain des dieux une brebis appellée avis
èdulis.
Le quatorzième, femblable au dixième > étoit
coupé moitié fê te , moitié jour ouvrier.
Le quinzième on folemnifoit pour la fécondé
fois les carmentales, nommées par cette raifon
çarmentalia fecunda.
Au feizième arrivoit la dédicace de ce grand & ,
fuperbe temple de la Concorde, qui fut voué &
dédié par Camille , & que Livia Drufilla décora
de plufieurs f t a t u e s & d’ un autel magnifique.
Depuis lé feize jufqu’au premier février, étoient
des jours com tiaux, ou d’affemblée* fi vous en
exceptez le dix-fept, où l’on donnoit des jeux
palatins 3 Te vingt-quatre, où l?on célébroit les
fériés fémentines pour les femailles j le vingt-fept,
où l’on fêtoit la dédicace du temple de Çaftor 8c
de Pollux à l’étang de Juturna, foeur de T urnus j le.
vingt-neuvième , où fe donnoient les èquiries,
tquiria, c’eft-àrdire, les jeux de courfes de chevaux
dans le champ de Mars} & finalement le
trentième, qui étoit la fête de la paix, où l ’on
facrifioit une yi&frne blauche, 8c où l’on bruloit
quantité d'encéns.
Dans ce>moîs de janvier» que les grecs appel-
Joienr 3 ils folemmfoient la fête des ga_
mélies, en l’honneur de Junon, fête inftituée par
Çeçrops, au dire de Fayorin. Voyez G a m éfie s.
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Les ioniens célébroient aufli dans ce mois les.
lenées. Voyi Lénées ; 8c les égyptiens fêtoient U
fortie d’ Ifis de Phénicie,
-Ja n v ie r étoic perfonnifié fous la figure d’un
conful qui jette fur le foyer d’un autel, des grains
d’encens en l’honneur de Janus 8c des Lares. Près
de l’autel eft un coq qui marque que le facrifice
s’eft fait le matin du premier jour de janvier.
Aufone a expliqué cela en quatre vers, dont voici,
le fens : « C e mois eft confacré à Janus j voyez.
« comme l’encens brûle fur les autels pour hono*
» rer les dieux Lares ; c’ell le commencement de
» l’année & des fiècles : en ce mois les hommes
» que la pourpre diftingue font écrits dans les faf*
»2 tes ». Il parle là des confuls qui entroient etl
magiftrature au commencement de janvier.
J A N U S , le plus ancien roi d'Italie dont l’hif*
toire fafte mention , étoit originaire d’Athènes.
Aurelius Victor rapporte que Creüfe, fille d’Erec-
tée roi d’Athènes, d’une grande beauté, fut fur-
prife par Apollon , & en eut un fils qu’elle fit
nourrir élever à Delphes, Tout cela fe paffa à
l’infu d’Ere&ée : il donna fa fille en mariage à
Xiphêe, qui, n’en pouvant avoir desjenfans , alla
confiilter l’oracle, 8c demanda comment il pour-
roit faire pour devenir père. Le dieu lui répondit
qu’il falloit qu*il adoptât le premier enfant qu’ il
rencontreroit le lendemain. Le premier qu’il trouva
fut Janus , fils de C reüfe, qu'il adopta ( Voye£
Jo n . ), Janus étant devenu grand , équipa une
flotte, aborda en Italie, y fit des conquêtes, &
bâtit une ville qu’il appella de fon nom , Janicule„
Dans le temps de' fon règne, Saturne, chaffé du
c ie l, fe réfugia en Italie : Janus le reçut humai*
nement & l’aflbcia même à fa royauté 5 ce quon
a repréfenté par une tête à deux faces, pour faire
voir que la püiffance royale étoit partagée entre
ces deux princes, & que l’état étoit gouverné par
les confeils de l’un & de l’autre. On aflure que
Saturne, par rëconnoiffance, doua Janus d’une
rare prudence, qui rendoit le paflfé & l’avenir
toujours préfens à fes yeux ; ce qu’ on croit encore
exprimé par les deux vifages. Le règne de Janus
fut toujours pacifique, ce qui le fit regarder
depuis comme le dieu dé la paix. C;eft fpus
ce titre que Numa lui fit bâtir un temple qui ref-
toit ouvert pendant la guerre, 8c qu’on fermoir
pendant la paix. De-là cette infeription que l’on
voit au revers de plufieurs médailles de N é ron ,
avec le temple de Janus : pace perra martque par**
ta 3 Janum claufit ; 8c cette infeription trouvée £
Mérida en Efpagne : lmp. C&far. divi. F. Auguftus„
Pont. Max. Cos. X I. Tribunic. Pot. X. lmp. IX4
orb. mari. &. terra. paeatq. templo. Jani. claufoî
&c. De là les furnbms de Patul&ius & de Clu*
fu s , comme qui dirpit Y ouvert 8c le fermé.
Il paroît, par le plus grand nombre des inf-
pription$, qup çe temple fe qommoit tout court
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S,mus ; Janum claufit. Horace l’appelle Janum Qui-
rini c’ eft-à-dire , Janum Romuli, ce qui ne pou-
voit’pas s'appliquer aux autres temples que Janus
avoir à Rome , & dont nous parlerons tout-à-
l ’heure.
On remarque que ce temple fut ferme deux fois
depuis la fondation de Rome jufqu’au régné d’Au-
guile, & huit fois pendant tout le cours de la
Royauté , de la république 8c de l’emp;re, La. pre- ;
Huère fois qu’on le ferma, fut fous le. régné de
Numa, rinftituteur de cette cérémonie j la fé condé
fois à la fin de la première guerre punique,
l ’an f 19 de Rome j la troifième fois apres^ la bataille
d’Aéiium, qui rendit Augufte le maître1, du
inonde, l'an 71 y de Rome } la quatrième fois cinq
ans après, au retour de la guerre des cantabres en j
-Efpagne, l’an 730 } la cinquième fois fous le règne ;
du même empereur, l’an 744 de Rome , environ j
cinq ans avant la nailfance de Jéfus Chrift, & la
paix générale qui régnoit alors dans l’empiie ro-
nuin , dura douze ans 5 la.fixième fois fous Néron , :
l’an 811 ; la feptième fois fous Vefpafien, l’an 82.4 j
la huitième fois enfin^ fous Gordien le jeune, à-
peu-près vers l’an 994 de Rome.
Il n’eft pas bien sûr que les premiers empereurs
chrétiens aient obfervé cette cérémonie. Il eft vrai
qu’Ammien Marcellin, dans fon Hift. liv. X V I ,
ch. x. femble dire pofitivement que Confiance I I ,
après fes viéloires, vint à Rome l’an n o y de fa
fondation, 8c ferma le temple de Janus, conclufo
Jani templo ,Jlratifque koftibus cuhBis : mais comme
on aflure que ce paflage fe lit différemment dans
lesmanuferits, & aflez obfcurément, il faudroit
encore quelque autre autorité pour rendre le fa it ;
plus certain.
Ovide, au premier livre des faftes, fait raconter ;
à Janus fon hiftoire : « Les anciens, dit-il > m’ap- I
» pelloient Chaos , voyez combien je fuis vieux.
& .........Lorfque les quatre élémens , qui jufqu’alors
avoient été confondus, furent féparés , &
» que chacun eut pris fa place, alors, d’une maffe
» informe que j’éioîs, je pris la figure d’un dieu. '
*> J’ai encore quelques reftes de mon ancienne.
» confufion ; car on voit, en ma perfonne, la mê-
» me chofe par-devant que par-derrière : appre-
M nez .la raifon de ce double vifage, afin que vous
*» connoifliez 8c ma puiffance & mon emploi.
» J’exerce mon empire fur tout ce que vous yoyez,
» fur le ciel & fur l’air, fur la terre comme fur la
>» mer * tout s’ouvre ou fe ferme quand je le veux.
?» C ’eft moi feul qui garde la vafte étendue de l’u-
. *> nivers ; 8c j’^i feul je pouvoir de faire tourner
» le monde fur fes deux pôles. Lorfqu’il me plaît
f>? d,e donner la paix 8c de la faire fortir de mon
*» temple,, aufli-tôt elle va fe répandre par-tout.
» Mais fi je n’ en ferme les portes , la guerre s’al-
lumera j5ar-tout, & la terre fera jnpndée dç
ifatiquitét, Tome J1J*
J" A N :***
j» fan g- Je préfide aux portes dü ciel, 8c je les
; » garde, de concert avec les heures qui s écou-
»> lent lentement. Le jour, & Jupiter meme qui
en eft l’auteur , ne vont 8c ne viennent, que par
33 mon moyen 5 c ’eft de là que l’on m’a appelle
j 3> Janus. . . . . Mais voici pourquoi j’ai deux vîfa-
s> ges 1 toute porte a deux faces, 1 une au dehors
,3 & l’autre au dedans : la première regardé le
33 peuple, la fécondé l’entrée de U mai fon ; 8c
33 comme celui qui garde la porte voit ceux qui
3* entrent & qui forcent ; de même moi qui fuis
» le portier du c ie l, j’obferve en mêmfc temps
» l’orient 8c Foccident, & j’ai le pouvoir de le
»» faire des deux côtés à la fois., fans faire aucun
» mouvement, crainte d.e perdre le temps en
» nant la tête , ou qu’il n’échappe quelque chofe
» à ma vue...........Mais pourquoi ( lui demande le
v poète. ) ferme-t-on votre temple en temps de
» paix , 8c pourquoi l’ouYre-t-on en temps de
w guerre ? J’ouvre les portes de^ mon temple en
» temps de guerre ( répond le dieu ) pour le re-
» tour des foldats romains, quand ils font une fois
» partis pour ta guerre j 8c je le ferme-en temps
w de paix , afin que la paix y étant une fois ren-
» trée , elle n’en forte plu s.. . — ( Voyez unç
» autre raifon de cette inftrtution au mot Ja n ü A-
a» l i s . ). Enfin pourquoi, avant de faire des facri-
» fices aux dieux, ©u de leur adreffer fes prières,
»5 faut-il que ce foit par vous, ô Janus i que l’on
« commence ? C ’ eft afin ( dit-il ) que, comme jç
» garde les portes du ciel, vous puifliez, par mon
» moyen, trouver un accès favorable auprès des
» dieux à qui vous vous adreffez **
Macrobe rend une autre raifon plus hiftorique,
pourquoi on invoquoit Janus le premier dans les
facrifices î c’eft qu’il fut le premier qui bfiçit des
temples, & qui inftitua des rites facrés. « Le feul
» nom de Janus, continue le mythologue,marque
» qu’il préfide fur toutes les portes, qui s’appellent
33 janus. On le repréfente tenant d’ une main une
» c le f, 8c de l’ autre une vergç , pour marquée
» qu’il eft le gardien des portés , 8c qu’ il préfide
» aux chemins. Quelques* uns prétendent que
3. Janus eft le foleil, & qu il eft repréfenté dour
» b 'e , comme le maîrre de l’iine & de l’auçre porte
33 du ciel ; parce qn’il ouvre le jo^r en fe levant
33 & le ferme en fe couchant. Ses ftatues reprér-
m fentent fouvent 9 de la main droite, l£ nombre
» trois cents ; & dp la gauche, celui de foixante 8c
3» cinq, pour lignifier la longueur de l'année j ja
*3 plus grande-marque de la puiffance du .foleil.
33 D ’autres veulent que Janus foit le monde ou le
33 ciel » & qu’il foit ainfi appelle, abeunjo ? parce
» qu’il v a , 8c que le monde và toujours en tourr
33 nant perpétuellement. De-là vient que les phé-
» niciens expriment ceçte divinité par un dragon
,» qui fe tourne en cercle, 8c qui mord & dévore
»3 fa queue, pour marquer que le monde fe nour-
». r i t , fe fouq^H §£ fe tourne eu lpi-même-1-,