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d’homme, & que le mot qu'ils lui donnèrent fut
'.liberté.
Caïus étant décédé, on érigea, fous Claude,
tin monument à la Liberté ; mais Néron replongea
l'empire dans une cruelle fervitude. Sa mort rendit
encore la joie générale. Tout le peuple de
Rome & des provinces prit le bonnet de la Liberté ;
ce fut un triomphe univerfel. On s’empreffa de
repréfenter par-tout , dans les ftatues & fur ies
monnoies , l'image de la Liberté , qu’on croyoit
lenaiffant'e.
Une infcription particulière nous parlé d’une
nouvelle ftatue de la Liberté , érigée ious Galba.
La voici telle qu'elle fe lit à Rome fur la bafe
de marbre qui foutenoit cette ftatue :
• Imaginum domus Aug. cultoribus fignum liberta-
tis reJlitutÆ , Ser. Galbe- imperatoris. Aug. curâto-
res anni fecundi , C. Turranius Polubius, L. Cal-
purnius Zena , Murdius Laïus , C. Turranius
Florus , C. Murdius Demofthenes.
Sur le côté gauche de la bafe eft écrit : Dédie. ‘
id. Octob. C. Bellico Natale Cof. P . Corne lie
Scipione afiatico.
Ces deux confiais furent fubrogés l’année 68
de J. C . Ce fut fur Je modèle de cette ftatue ,
ou de- quelqu’autre pareille , qu’on frappa, du
temps du même empereur, tant de monnoies qui
portent au revers : Libertas augufi. , libertas ref-
tituta , libertas pubTca. Les provinces , à Limitation
de la capitale, drefsèrent de pareilles ftatues.
Il y a , dans le cabinet du roi de France ,
une médaille grecque de Galba avec le type de
la Liberté & le mot £Atvrtçict.
LIBERTINUS. Ce mot veut dire un affranchi
qui été délivré de l’efclavage & mis en liberté.
Dans les premiers r.emps de la république, liber-
tinus étoit liberti filius , le fils d’un affranchi ,
.lequel affranchi fe nommoit proprement libertus;
mais fur la fin de la république , quelque temps
avant Cicéron , & depuis fous les empereurs,
on n’obferva plus cette différence, & les affranchis
furent appelles indifféremment liberti & libertini.
Cette remarque eft de Suétone. (D . J. }_
L IBÈTHRE , ville qui étoit autrefois au pied
du mont Olympe. Les libéthriens ayant envoyé
à l’oracle de Bacchus, en Thrace, pour favoir
quelle deftinée auroit leur ville 3 la réponfe du
dieu fut qu’auffi-tôr que le foleil verroit les os
d’Orphée , Libéthre feroit détruite ; parce qu’on
l ’appelle en grec Sus.( 2 a? en grec fignifie un porc,
un fànglier; mais il fignifioit auflLun torrent nommé
le Sus : de-là l ’ambiguité de l’oracle & la mé-
prife des libéthriens.). Les habitans crurent que
l’oracle vouloit dire un fànglier. Au refte, per-
fuadés qu’il n’y avoit p»int de bête au monde
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capable de renverfer une ville comme la leur, &
que le fànglier étoit un animal qui avoit plus d'iin-
pétuofité que de force, ils demeurèrent tranquilles,
& ne tinrent pas compte de l’oracle. Cependant
lorsqu'il plut à Dieu, dit Paufanias , d’exécuter
fes delfeins , voici ce qui arriva. Un berger, tue
l’heure de midi., s’étant couché auprès du tombeau
d’Orphée , tout en dormant fe mit à
chanter, des vers d’Orphée , mais d’une voix fi
douce & fi forte 3 qu’on ne pouvoir l'entendre
fans être charmé. Chacun voulut voir une chofe
fi fingulière } les bergers des environs, & tout
ce qu’il y avoit de gens répandus dans la campagne
, accoururent en foule : ce fut à qui s’ap-
procheroit le plus près du berger. A force de fe
pouffer les uns les autres , ils renversèrent la colonne
qui étoit fur le tombeau. L’urne quelle fou-
tenoit tomba 8c fe brifa : le foleil vit donc les os
d’Orphée. Dès la nuit fvivante , il y eut un orage
effroyable } le Sus . un des torrens qui tombe du
mont Olvmpe, grofli des eaux du ciel, fe déborde,
inonde la ville dé Libéthre , en jetre à bas les
murs , les temples, les maîfons , gagne enfin avec
tant de précipitation & de violence, que cette
miférable v ille, avec tout ce qu’elle renfermoit
d’habitans., eft enfeveli fous les eaux. Àinfi fut
accompli l’oracle.
LIBÉTHRIDES. On donne quelquefois ce
nom aux mufes j il étoit particulier à des nymphes
qui habitoient aux environs du mont Libéthrius,
près de l’Hélicon. Près de là étoit auffi la fontaine
Libéthride , qui fortoit d’ une groffe roche dont la
figure imitoit le fein d’une femme} de manière
que l ’eau fembloit couler de deux mammelles
comme du lait. Les mufes & les nymphes Libé-
thrides zvoient leurs ftatues fur le mont Libéthrius.
L IB IT IN E ^ k * ^ Libitine préfidoit aux funérailles.
Plutarque prétend que c ’étoit Vénus-
Epithymbia à qui on donnoit ce nom, pour aver*
tir les hommes dé la fragilité de la v ie , & leur
faire comprendre que la fin n’en étoit point éloignée
du commencement, puifque la même divinité
préfidoit à l’un & à l’autre : c’eft aufti le fen-
timent de Denys d’Halycarnaffe. D ’autres croient
que. c’étoit Proferpine. Libitine avoit un temple
à Rome , qui étoit environné d’un bois facré :
c’étoit dans ce temple qu’on vendoit tout ce qui
| étoit néceffaire pour les funérailles. Par une an-
î cienne' coutume établie par Servius Tullus, on
portoit à ce temple de l’argent pour chaque per-
fonne qui mouroit : on mettoit cet argent dans
le tréfor de Libitine ,• & ceux qui étoient prépofes
pour le recevoir, écrivoient fur un regiftre le nom
de chaque mort pour lequel on venoit apporter
cette efpèce de tribut : ce regiftre s'appelait le
regiftre de Libitine , Libitine ratio. C ’eft par-«
qu’on favoit combien il mouroit de monde chaque
année.
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On appetla libitinaires des officiers publics qui
avoient foin des funérailles & de tout ce qui ]
concernent cette cérémonie._
Il paroît, par la troifième ode du troifième ^
livre d’Horace , qu’on donnoit auffi le nom de j
libitine à cette efpèce de lit dans lequel on portoit1
les corps morts à leur fépulture, & à la porte de '.
Rome par où on fortoit les cadavres.
Lampridius appelle porte de Libitine, libit'menfis
porta, celle par laquelle on fortoit de l’amphithéâtre
les cadavres des gladiateurs morts.
Gruter (971. 8.) rapporte l’infcription fuivante,
faite en l’honneur de cette déeffe , 8c la feule
peut-être que l’on çonnoiffe :
A B . L U C O . L I B I T I N A
Q. C O R U N C A N I. S T A T I
Q. Q. L. É R O S
G O R U N C A N I A. Q. L. C R E S T E
in. fr. p . x im • In; a, p. xrTr.
L IB O , furnom des familles} J u l i a , L i n a ,
M a r i a S c r i b ö n i a .
LIBONO T U S , l’un des douze vents des
anciens. Les dictionnaires traduifent ce mot
latin par le vent du fud - oueft, le vent qui
fouffie entre le midi & l’occident} mais cette
traduction n’eft pas èxaCte, parce que nous
n’avons point fur notre bouffole le nom qui
marque au jufte ce rhumb de vent des anciens 5
en voici la raifon :
Ariftote & Pline ont divifé les vents en douzej
le quart du cercle qui s’étend entre le midi notas
ou außer, & l’occident çephirus ou favonius 3
fe trouve partagé en deux intervalles de trente
degrés chacun , & ces deux efpaces font remplis
par deux vents } favoir : libonotus & africus ,
éloignés l’un de l’autre à diftance égale. .
Le premier eft au milieu entre le vent d’A frique,
nommé par les grecs, & le vent:
du midi, nommé No'™? dans la même langue ,
notas en latin.
Ainfi, cette divîfion, par douze, ne fauroit
s’accorder avec la nôtre, qui eft par trente-
deux} le vent, dont le libonotus approche le
plus, c’eft le fud-ôueft quart aü fud} & comme
nous difons fud-ôuefl, pour lignifier le vent qui
fouffie. aii milieu, précifément entre le fud &
Vouêfi, d’ un nom compofé de ces deux ; de
meme les anciens ont unis les noms de lips &
de notus, & ont appelle libonotus , lè vent qui
fouffie' précifément entré ces deux autres vents.
. (D .J . )
L I B tygg’
L IB R A , as 3 pondo , diviiîon de l’ancienne
livre romaine valoit,, félon M . PauCton , ( Me*
trologie. ) en poids de France , 6312 grains î valoit
en. poids romains,
I f i deunx,
ou 1 y dextans,
ou 1 y dodrahs,
ou 1 f.b e ffis , . j
ou 1 feptunx,,
ou 1 fexunx,
ou 2 f quincunx,
ou 3 .triens ,
ou 4 quâdrans ,
ou G fextans,
■ ou i z onces.
Voye^ L iv r e .
LIBRAIRE. Les Romains appelaient biblio-
pole, nos libraires , notarii ceux qu i écrivoient
en notes abrégées } 8c librarii ou antiquarii,
ceux qui tranferivoient en : beaux cara<ftères ,
ou du moins lifibles , ce qui avoit été écrit e»
notes.
L lB R A R IA , *) -r__. r ■ - ,,
LIBRA RI US , J"* ^ ous es ^avans ^ont ^ ac‘
cord fur les fonctions du librarius : c’étoit un
efclave ou un affranchi, qui mettoit au net les
notes abrégées des notarii. Il en eft fait mention
dans les inferiptions fuivantes :
L. V O L U S I O . A E G I A L E O
S Y R I L L O. L I B R A R.
R O G A, T U. V O L U S I A 1
E R O T I D I S.
E t :
r U Ç U N D
D O M I T I À E
B I B U L I. L I B R A R.
A D . M A N U M.
On trouve encore Jans Murateri (948. 3.),
LIBRARIUS Ab EXTRA PORTA TRIGEMINÆ.. . . &
LIBRARIUS LEGI OKI S & PRÆFECTI & TURMÆ ,
&c. Elles défignent celui qui tenoit dans une lé-
giqn, dans un efeadron, ou auprès du préfet,
le regiftre des fommes dues aux foldats ; comme
Vegece ( Z.7. ) nous l’apprend, inlibros refe ebat
ratÎQties sad milites pertinentes.
To^c UT. X x X