
& des richelTes. Ce fut pour arrêter* en quelque j
manière la même fureur , que les lois romaines ne ;
permirent de jouer que jufqu'à une certaine fomme, ,
mais ces lois n'eurent point d'exécution , puifque j
parmi les excès que Juvénal reproche aux romains, ;
celui de mettre tout fon bien au hafard du jeu 3
eft marqué précifément dans fa première fatyre.
( verf. 88 ).
..................................Aléa quando
Hos animos ? Neque enim loeulis comitantibus
Ad cafum tabula, pojita fed luditur area.
La frénéfîe des jeux de hafard a-t-elle jamais-
été plus grande ? Car ne vous figurez pas qu'on
fe contente de rifquer, dans ces académies de
jeux , ce qu'on a par occafion d’argent fur foi 5 on
y fait porter exprès des calfetces pleines d’or; pour s
les jouer en un coup de dé.
C e qui .paroît plus fî gulier * c’eft que les
germains mêmes goûtèrent fi fortement les jeux
de hazard , qu’ api ès avoir joué tout leur bien,
dit Tacite, ils finilfoient par fe jouer eux mêmes ,
& îifquoient de perdre 3 novîjfîmo jaâlu, pour me
fervir de l’expreftVon 3 leur perfonnè & leur liberté.
Si nous regardons aujourd'hui les dettes du jeu
comme les plus facrées de toutes, c’eft peut-être
un héritage qui nous vient de l'ancienne exaéti-
tude des germa ns à remplir xes fortes d’engage-
mens ( D. J. )
a
JEUNES. * Pour concevoir, dit M. Paw, ce
qui a donné heu à une inftitution auffi fingulière ,
que l'étoit celle dès jeûnes en l'honneur d’Ifîs,
en Egypte , il faut fa voir que pendant les grandes
chaleurs on n’y vit encore aujourd'hui que de végétaux
dans les meilleures mâifons , & tous les
repas s’y font alors le foir ou le matin, c’eft-à-
dire 3 avant^que les appétits & les forces du corps
foient abattues par l'ardeur du foleil parvenu au
méridien, inftant que les nations beaucoup plus
fcptentrionales ont choifi pour l’heure de leur dîner.
Ceci fuffit pour concevoir que les prêtres ont
fuivi les indications du climat 3 Iorfqu'ils ont
ajouté-une loi pofitive à un befoin phyfique. Le
chevalier Chardin , en parlant de la religion des.
perfans, dit qu il y en a parmi eux qui tiennent
que le mois de Ramadan étant arrivé ^ alors pendant
la plus grande chaleur de Vété, Mahomet ordonna
que ce feroit ce mois-la même qu on jeûneroit. Voilà-
la rai fon des jeunes frequens établis de toute antiquité
chez les phéniciens , les aflyriens, les égyptiens
j & les autres habitans des pays chauds.
Les grecs adoptèrent les mêmes coutumes : chez
les athéniens il y avoirplufieurs fêtes 3 entr'autres
celle d’Eleufine, & des Thefmophories, dont
Tobfervation étoit accompagnée de jeûnes 3 particuliérement
pou* les femmes * qui paffoient un
jour entier dans un équipage lugubre, fans prendre
aucune nourriture. Plutarque appelé cette
journée la p us trille des Thefmophories : ceux
qui vouloienc fe faire initier dans les myftères de
Cybè e , étoient obligés de fe difpofer à l'initiation
par un jeûne de dix jours; s’il en faut ci oire Apulé
e , Jupiter, Cérès, & les autres divinités du
paganifme > exigeoient le même devoir des prêtres
ou prêtreflës qui rendoient leurs oracles ;
comme auffi de ceux qui fe préfentoient pour ks
confulter; & lorfqu il s’agiffoit de fe pur.fier, de
quelque manière que ce fû t , c'étoit un préliminaire
mdifpenfable.
Les romains, plus fuperftitieux que les grecs,
poufsèrent encore plus loin lufage des jeunes ,*
Numa Pompilius lui-même obfervoit des jeûnes
périodiques, avant les Qicnfices qu'il offroit chaque
année pour le bien de la terre. Nous lifons
dans Tite-Live , que les décemvir'ayant confulté-
par ordre du féhat les livres de la Sybiile , à l'oc-
cafion de plufieurs prodiges arrivés coup fur coup,
ils déclarèrent que "pour en arrêter les fuites , il,
falloir fixer un jeûne public en Pnonneur de Cérès,
& l’obferver de cinq en cinq ans : il paroît aufli
quil y a voit à Rome des jeûnes réglés en 1 honneur
de Jupiter. T
Quand on réfléchit fur une pratique fi généralement
répandue, on vient à comprendre qu'elle
s'eft établie d'elle-même , & que les peuples s'y
font d’abord abandonnés naturellement. Dansles
affligions particulières, un père, une mère, un
enfant chéri . venant à mourir dans une famille ,
toute la maifon étoit en deuil , tout le monde
s’èmprefïbit à lui rendre les derniers devoirs : on
le pleuroit; onlavoit fon corps; on l'embaumoit;
on lui faifoit des obsèques conformes à fon. rang :
dans ces occafions on ne penfoit guère à manger,
on jeûnoit fans s’en app,ercevoir.
De même dans les défolations publiques, quand
un état étoit affligé d’une fécherefte extraordinaire
, de pluies excefflves, de guerres cruelles,
de maladies contagieufes, en un mot de ces
fléaux où la force & l induftiie ne peuvent rien ;
on s’abandonne aux larmes; on met les défolations
qu’on éprouve fur la colère des dieux qu'on
a forgés ; on s'humilie devant eux ; on leur offre
les mortifications de l’abftinence ; les malheurs
ceffent ; ils ne durent pas toujours ; on fe per-
fuade alors qu’ il en faut attribuer la çaufe aux
larmes & aux jeûnes, & on continue d’y recourir
dans des conjonétures femblables.
Ain:f i , les hommes affliges de calamités particulières
ou publiques, fe font livrés à latriftefïè ,
& ont négligé de prendre la nourriture ; enduite
ils ont envifagé cette abftinence volontaire comme
un aéte de religion. Ils ont cru qu’en macérant
leur corps, quand leur ameétoit défole'c, ils pouvaient
émouvoir la miféricorde d.e leurs dieux ou
de leurs idoles: cette idée-faififtant tous les peuples,
leur a infpiré le deuil, les'voeux, les prières,
les facrificés , les mortifications & l’abltinence.
( D. J. )
JEUNESSE. Les divinités qui pre'fidoient à la
jeunejfe 3éto\l't\x. Hébé & Horta : les romains y ajoutèrent
encore une déefle , juventa oujeuncjfe , qui
■ préfidoit à la jeunèjfe depuis que les enfansavoient
ris la robe appellée prétexte. Cette divinité fut
onorée long-temps dans le capitole. Auprès du
temple de Minerve, dit Tite-Live ( lib. X X X V I ) ,
étoit l’hôtel de lajeunejfe , & fur cet autel de la
jeuncjfe, un tableau de Pfoferpine. En fuite, autems
de la fécondé guerre punique , Livius Salinator
lui voua un temple , qu’il bâtit étant cenfeur ; la
dédicace en fut faite quelques années après, au
rapport de -Pline; On infbtua aufli alors les jeux
de la jeunejfe, qui fe célébrèrent lorfque ce temple
fut dédié : mais on ne trouve pas qu’ ils aient
cté coi.tinue's dans la fuite.
J eunesse ( je u x delà ). Voye% l’article précèdent.
.
Jeunesse ( prince de la ). Voye^ P r in c e .
J eunesse (têtes de ou têtes de jeun es per-
fonijages. « Les gens peu connoi fleurs admirent ,
dit Winck-t-'ma n( Hijioire de l'art, liv. IV . ch.
IL ) , en général , plus l’ art dans une figure où les
mil clés & les os fo >t fortement prononcés, que
dans unet.ille de jeunejfe . où toutes les part es
font traitées avec le moelleux de la' nature. Les
pierres gravées & leurs empreintes nous fournir
fent des* preuves Jrippantes de ce que j'avance :
il eft certain que les art!fies modernes ont infiniment
mieux-réufli à:copier de belles têtes de vieil-,
leffe que de belles têres de jeunejfe. A la première
infpe&ion un connoiffeur pourrott .bien héfitir à
prononcer fur l'antiquité d’une tête de vieillard
en pierres gravées , tandis qu'il décidera avec pius
de confiance fur la copie d'une tête idéale de jeunejfe.
Quoique les meilleurs ai tiftes modernes fe
foient efforcés de rendre exactement la fameufe
Médufe du cabinet de Strozzi à Rome, qui n'eft
pas une figure de la plus haute beauté , cependant
un antiquaire éclairé diftingucra toujours l’original
des copies. La même remarque a lieu par rapport
à la P allas d'Afpafius, que Natter & d'autres ont
gravée dans la. même grandeur que l'original. Du
refte, il faut obferver que je ne parle que du
fentiment & de la formation de la beauté dans
le fens U plus ftriét, & que je ne d’S rien de la
fcience du ddfln & de l’exécution. Par rapport
au dernier point, il eft certain qu'on peut mettre
p'us de fa voir dans les figures fortes que dansles
figures délicates »>.
J eunes-SE. La jeunejfe de Rome eut pendant
long-temps un grand refpeét pour les vieillards.
( Valer. Max. 2. 1 .) Lorfque des jeunes ger.s
étoient invités à un feftin, ils s’informoient fo:-
gneufement fi quelque vieillard devoir être du
nombre des convives, afin de ne pas prendre des
places honorables , qu’ils auroient été obligés de
lui céder. Après le repas ils fe levoient de table
lés premiers, & reconduifoient les viellards à leurs
mai fon s.
Sous le nom de junior es, ta jeuncjfe , Servius
Tullius comprit tous-'ceux-qui avoient moins de
quarante ans ; c’étoienteux-qUi devcL nt combattre
hors des murs de Rome. Ce nom s’appliqua à tous
les citoyens romains âgés de moins de quarante
ans , foie qu’ils fuflent habitans de Rome, foitdè
la campagne de Rome , foit du Latium , fait de
l’Italie entière, foit enfin qu’ ils hibitaffent des
contrées fituées hors dé l’Italie. De là vint cette
exprefflon de Tite-Live , qui dit en parlant de la
guerre contre Perfée : multitudinem juniorum in?
gentem exforis & conciliabulis ejfe confcriptam.
Les jeunes gens de Rome ne buvoient point de
vin avant l’âge de $ y ans. Ils ne fe rafoient qu’à
l’âge de 20 ans environ.
JEU X , f. m., Antiq. grecq. & rom, fortes de
fpeôtacles publics qu’ont eu la plupart des peuples
pour fe delà f i e rou pour honorer leurs dieux ;
mais pu fque parmi tant de notions nous ne con-
r.oiffons guère que lesjeux des grecs & des romains,
nous nous retrancherons à en parler uniquement
dans cet article.
La religion confacra chez eux ces fortes de
fpeétacles; on n’en connoiffoit point qui ne fût
dédié â quelque dieu en particulier , ou même à
plufieurs enfemblë; il y avoit un arrêt du fénat
romain qui le portoit expreffe'ment. On commen-
çoit toujours à les fo'emnifer par des facrificés &
autres cérémonies religieufes ; en un mot, leur
inftitution avoit pour motif apparent la religion ,
ou quelque pieux devoir.
Les. jeux publics des grecs fe divîfoient en deux
efpèces différentes, les uns étoient c< mpris fous
le nom de gymniques, & les autres fous le nom
de fcénïques. Les jeux gymniques comprenoient
tous les exercices du corps., la courfe à p ed , à
cheval , en char , la lutte , le faut, le javelot, le
difquè, le pugilat, en un mot le pemathle ; &
le lieu où l’on s’exerçoit, & où l’on faifoit ces
jeux , fe nommoit Gymnafe, Palejlre, Stade , &c.
félon la qualité des jeux. Voye% Gymniques 3
G y m n a s e , P a l e s t r e , St a d e , & c.
A l’égard des jeux fcénïques on les repréfentoït
fur un théâtre, ou furlafcène, qui eft prifepour
-le théâtre entier# Voye^ Scène.
V v ij