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géographiques « où le mot ca/Ira fe trouve inféré.
Il nous faut préfentement indiquer les différentes
parties & les différentes fortes de foldats, dont
la légion romaine étoit compofée.
Romulus, à qui Rome doit cet établiffement,
la divifa en dix corps, qu'on nommoit manipules ,
du nom de l’cnfeigne qui étoit à la tête de ces
corps, & qui confilloit en une botte d’herbes, attachée
au bout d'une gaule. Ces corps devinrent
plus forts 3 à mefure que la légion le devint ; &
toutefois lorfqu’on eut pris d'autres enfeignes, ils
ne laiflerent pas de retenir ce premier nom de ma
nipule.
On fit avec le temps une nouvelle divifion de la
légion qui néanmoins fut toujours de dix parties,
mais qu’on appella cohortes, dont chacune étoit
commandée par un tribun : chaque cohorte étoit
compofée de trois manipules, fortes à proportion
de la légion:
On attribue cette nouvelle divifion à Marius.
Elle continua depuis d’être toujours la même, tant
fous la république, que fous les empereurs. L ilé -
£/cm ecoit donc compofée de trente manipules &
de dix cohortes ou régimens, pour parler fuivant
nos ufages, plus ou moins nombreufes, félon que
la légion l’étoit.
Mais il faut remarquer que la première cohorte
étoit plus forte du double, & qu’on y plaçoit les
plus grands hommes j -les meut autres cohortes
étoient égales en nombre de foldatsj Çes dix cohortes
formoient dix bataillons qui fe rangeoient
fur trois lignes. Si la légion étoit de fix mille hommes,
la manipule étoit de deux cents hommes, ou
deux centuries..
Une légion étoit compofée , indépendamment
des cavaliers, de quatre fortes de foldats qui, tous
quatre, avoient différent âge, différentes armes &
différens noms. On les appelloit vélites, haftaires ,
princes & trjaires y vuye^ V ÉLITES , Hast AIR ES ,
Prince & T riaires , car ils méritent des articles
fépares.
Les légions, fous la république, étoient commandées
par un des confuls & par leurs lieuteîlans.
Sous les empereurs , elles étoient .commandées
par un officier général qu’on nommo:t préfet, pre-
feftus exércituum. Les tribuns militaires comman-
doient chacun, deux Cohortes , & portoient, par
diftinélion . l’anneau d’or comme lès chevaliers.
Chaque manipule avoit pour capitaine un officier
qu'on appelloit ducentàire, quand la légion fut parvenue
à fix mille hommes djihfanterie : de même
qu'on nommoit centurion celui qui commandoir
une centurie. Les tribuns militaires éKfoient les
centurions, & ceux-ci éhfoiënt leur lieutenant
qu'on nommoit fuccenturion & qu'on appela dans
la fuite option. K . O p t io n .
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Quant aux légions que les alliés fourniffoient;
ceux qui les commandoient étoient appellés préfets
;du temps de la république, mais ils étoient à la
nomination des confuls ou des généraux d’armées.
Chaque légion avoit pour enfeigne générale une
aigle les aîles déployées, tenant un foudre dans
Tes ferres. Elle étoit portée fur un piédeftal du
même métal au haut d'une pique ; cette figure étoit
d’or ou d’argent, de la groueur d’un pigeon. Celui
qui la portoit s’appeloit le porte aigle, & fa garde,
ainfi que fa défenfe , étoit commjfe au premier
centurion de la légion.
( C e fut Marius, félon Pline, liv. X. c. zV, qui
choifit l’aigle feule pour i’enfeigrie générale des légions
Romaines; car , outre l'aigle, {chaque cohorte
avoit fes propres enfeignes, faites en forme
de petites bannières, d'une étoffe de pourpre, où
il y avoit des dragons peints. Chaque manipule
& chaque centurie avoit aufïl fes enfeignes particulières
de même couieur, fur lefquelles étoient
des lettres pour défigner la légion, la cohorte &
la centurie.
On diftinguoit les légions par Tordre de leur
levée , comme première , deuxième , troifième ,
ou par les noms des empereurs^ auteurs de leur
fondation, comme legio Augufta , Claudia, Fla-
via3 Trajana , Ulpia , Gordiana , & 0. Elit s furent
encore dirtinguées dans la fuite par des épithètes
qu’elles avaient méritées, pour quelque belle action
, comme celle qui fit furnommer une légion
la foudroyante , une autre la viftorieufej ou même
pour quelque défaut qui lui etoit propre, comme
Xzpa'llarde. Enfin elles retinrent quelquefois le nom
des provinces où elles fervoient, comme l’illy*
\rienne , la macédonienne, la parihiqùe 3 la gau-
jloife j &C..
Il nous relie à parler de la cavalerie qui compo-
foit chaque légion. On lui donnoitle nom d'aile ,
parce qu'on la plaçoit ordinairement de manière,
qu'en couvrant les flancs elle en formoit les aîles.
On la divifoit en dix parties ou brigades , autant
qu'il y avoit de cohortes.; & chaque brigade étoit
forte, à proportion du total de la cavalerie de la
légion. Si elle paffoit fix cents chevaux, Chaque
aile ou brigade étoit de deux, turmes ou compa-
, gnies, de trente-trois chevaux chacune. La turme
fe fubdivifoit en trois décuries ou dixaines , qui
avoient chacune un décurion à leur tê te , dont le
premier commandoit à toute la tuime, & en Ton
abfencc le fécond. On prenoit toujours un de ces
premiers décorions, pour commander chaque aîle
ou brigade, & en cette qualité il étoit appelle/vé-
'fet de cavalerie ; il avoit rang au deflfus du petit
tribun, ou comme nous dirions, du colonel ain-j.
fanterie.
Toute la1 cavalerie romaine qu'établit Rormilus
dans
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dans les légions qu’il inflitua, ne confiftoit qu’en
trois cents jeunes hommes , qu'il choifit parmi les
meilleures familles, & qu'on nommoit celeres j
c’eft là l'origine des chevaliers romains. Servius-
Tullius porta ce nombre à dix-huit cents cavaliers*,
& e.i forma dix-huit centuries. Ils avoient
un cheval fourni & entretenu aux dépens de i'é-I
t i? Cependant cette cavalerie n'étanc pas fuffi-
fante, on l’augmenta en faifant les levées pour les
légions \ mais on obferva de la tirer d'entre les
plébéiens aifés, parce qu'on les obligea de fe fournir
demontdreàleurs dépens. Ils n'avoient encore
point d'autres armes defenfivesqu’un mauvais bouclier
de cuir de boeuf, & pour arme offenfive qu’un
fojble javelot.
Mais comme on éprouva les défavantages de
cette armure, on les arma à la grecque, c’eft-à-
dire , de toutes pièces; leurs chevaux mêmes
éjçpient bardés au poitrail & aux flancs. Le cavalier
avoit un cafque ouvert, fur lequel étoit un grand
panache de plumes, ou un ornement relevé qui
en tenoit lieu. Une cotte de mailles ou à écail’és
le couvroit jufqu'au coude, & de.cendoit jufqu'aux
genoux, avec des gantelets ou un épais bouclier.
Les armes offenfives étoient une grofle javeline
ferrée par les deux bouts, & une épée beaucoup
plus longue que celle de l'infanterie, c’ert ainfi
eue Polybe, /. I V . , ch iv ., nous déciit l’armure
de la cavalerie des légions romaines.
Elle ne fe fervoit point d'étriers, & n'avoît que
des Telles rafes. Les cavaliers pour monter à cheval,
étoient obligés de fe lancer deflus tout armés,
& ils apprenoient à faire cet exercice à droite
comme à gauche ; il n’éioit pas non plus d’ufage
de ferref leurs chevaux,'quoiqu’on le pratiquât
pour Les mules.
Parmi les légionnaires romains , jl n’y aveit point
de cavalerie légère, elle n’étoit connue que dans
leurs troupes auxiliaires, mais les empereurs en
établirent fous le nom àé archers, lefquels pour
être plus agiles, ne portoient aucune armure, &
n’avoient que le carquois plein de flèches : l ’arc -&
l'épée. Quant aux étendarts & co-rettes de la cavalerie
, on les diftinguoit de celles de l'infanterie,
parla couleur qui etoit bleue , & parce qu'elles
étoient taillées en banderoiles.
On mettoit fous la garde du premier capitaine
les étendarts & cornettes. de h cavalerie dans
un afyle alluré, ainfi que les aigles ou drapeaux
«e l'infanterie étoient fous la garde du porte aigle.
Les cavaliers & les foldats des légions portoiei t
leur argent en dépôt dans ces deux endroits. W -
gece , c. x x , liv. I l , nous apprend qu'on y dé-
pofoit encore la moitié des gratifications qu’on fai-
foit aux troupes , de peur qu'elles ne diftipafifent
tout en débauches &• en folles dépenfes.
■ Antiquités , Tome III.
L E G s°i
C e furent les empereurs qui imaginèrent l'ufage
de faire aux légions des donatifs , pour me fervir
des mêmes termes des auteurs. On partageoit ces
donatifs en dix portions, une pour chaque cohorte,
& fur quoi toute la légion mettoit quelque
chofe à part dans un onzième fac, pour la fépul-
ture communs ; quand un loidat moutoit, on ti-,
roit de ce fac de quoi faire f s funérailles.
Enfin, lorfque les ^légions avoient remporté
quelque viéloire , on ornoit de lauriers les aigles
romaines, les étendaits de la cavalerie, les enfeignes
où étoit le po.trait de l'empereur, & on
faifoit brûler des parfums devant elles.
Voilà les particularités les plus importantes fur
cette matière ; je les ai recueillies avec quelque
foin de T ite -L i\ e , de Denys d’Halicarnaflfe, de
Ce far, de Polybe, de Vég ece, de Frontin, &
d’autres auteuis ; en y métrant de l'ordre, j ’ai
pris pour guide des gens du métier. ( D J . )
L égion. Les antiquaires appellent légion une
médaille, fur laquelle on voit pour revers, dèix
lignes ou étendarts militaires , avec l'aigle des légions
au milieu ; & pour inferiprion , le nom de
la légion t Legio I - , I I . , X -, ou L egio XV. P;r
exemple, a n t . a u g . III v i r r . p . c . , avec,un
navire; au revers, deux lignes appellés pila, &
l’aigle romaine au milieu ; avec ces mots, x e c . I I ,
ou l e g . I I I , ou zeg. X V I , un autre, l e g X F I I
e t assi cæ. On trouve fur les médailles d’Antoine,
( V. J'on article, ) jufqu’ à la X X X e. légion.
La X X X V Ie. paroit fur les médailles de
Viétorin le pere : on n'en connoîc pas au-delà de
ce nombre. Antoine eft le premier, & Carauiïus
le dernier, fur les médailles defquels en trouve
des légions.
Sur les médailles de Gallien, on voit non f.-u-
Iement le nombre & le nom des légior.s 3 tels
que Ül p ia , III. I taltca 3 II. A jdjutrtx ; mais
encore les animaux qui étoient leurs fymbo’es particuliers,
un Porc-épi, un Ibis, le Pégafe, & c. & c .
L É G IO N N A IR E , f. m. Hifi^anc. , fol.iat des
légions romaines ; c'eit le nom qu'on donnoit fur-
tout aux fantaftins, car les cavaliers retenoier.t
le nom a équités. On diftinguoit dans chaque légion
quatre efpèces de foldats dans l'infanterie
: les vélites ; les haftaires , les princes & les
triaires. Les vélites, autrement nommés antejlg-
naniy parce qu’on les plaçait avant les enfeignes,
aux premiers rangs , & qu’ ils commençoient le
combat, étoient arm s à la légère d’un petit bouclier
rond, d’un | ié & demi de diamètre , & d un
petit cafque d’un cuir fort; du relie, fans armure
pour être plus difpos. Leurs armes cfler-
fives étoient l’épée, le javelot & la fronde. Ils
ne fervoient que pour efcarmoucher. Ils fe rar.-
geoient d’abord à la queue des-troupes, & de