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ciufe de !a fimiîîtudé de couleur de ce beau moment
du jour avec cette fleur. Le lotus ant/noien eft vra -
femblablement la meme chofe que la fève ci Egypte,
qui a été affez amplement décrite par Théophrafte.
On voit dans la collection de Stofch , fur une
cornaline b rû lé e d e u x Oflris tnîtrés , ayant en
main un bâton, terminé-par une tete de hupe >
au milieu d’eux elt un vafe d’une forme élégance,
orné d’un ouvrage fait en treillis , dont les anfes
font formées par de petites figures : il contient
la plante de lotus , dont la fleur qui eft épanoui*
refi'emble à une fleur de lis , comme La dépeint
Théophrafte (Hiß- plant. I. I V . c. 10. p .b 7 .) ,
‘S'C comme le lotus en marbre noir du capitole ,
fiant de deux palmes (environ 16 pouces)•, qui
fut trouvé dans la Villa d’Hadrien à T iv o li, nous
en donne inconteftable'ment la forme 5 au-deffus
du vafe , il y a des cara&ères égyptiens, deux
cancres & un globe avec des ailes. On y voit auffv,
Fur une pâte antique, un VA le qui contient une
plante dont la tige a trois branches des deux co-
té s , & qui eft Semblable à la plante du vafe rapporté
par Montfeucon (Am. expi. t. II. p. 1 1.
f l . CXLI.). Toute cette plante'refi'emble parfaitement
au grand chandelier du temple de Jérufa-
îem'j que l'on voit en bas-relief fur l’arc de Titus*
auquel reffembloient ceux des Juifs & des p:e- I
miers chrétiens ( Fabretti, Infer. c. v.,p. 3S9. n.
44. (le. vij. p. 5 37* ” • Si-)- La for!ne de c? te
■ plante* qui s’approche de celle du lotus , dont
-la fleur eft épanouie für la pierre precedente 3
■ pourroit conduire à î’oiigine de la forme tiu grand
chandelier du temple de Jérufalem, fait peut-être
à la façon de ceux des égyptiens , cher qui les
chandelle! s dédiés aux d:eux- avoient fix branches
( Clem. Alexand. Strom. I. V. p. 666.) , ou plu-
-fteurs b ranch es, fe'.on quelques auteurs (Callimach.
épigr. ). Le lotus étoic regardé par ce peuple
comme une chofe des' plus facrées ; on s’en fer-
volt pour orner les enapiteaux dés colonnes
cNorden. Voy. en Egypte , tab. XCIX. C X V . ) J
en quoi ils ont suffi été niiv:s par les g r e c s Athen.]
Deipnof. I. V .p . 106■ B. ) , & pour orner beaucoup
d'inftruniens 5 d’uftenfîles J & fur-tout ceux
qui tendo'ent a la religion , parce que le lotus
•tendant à la figure ronde , autant par la forme
des feuilles, que par celle des fleurs & des fruits ,
félon Iambliqüe {de Myfter. fcB. VII. c. 1 .) , ii
érolt pris pour l’image de la perfeßion. D'un
autre cô té , il droit auffi le fymbule du fnleil (Plut,
.de I f . h Ofir. p. 6;3. ‘ dit. Henr. Stepk. ) : on
voit de-là Je rapport qu’il avoit avec un chandelier.
‘ Caÿlus-d't ( Rec. d’Antiq. t. I. p. 3 2. ) : « Cette
figure appartenoit autrefois à M .T e maréchal
' d'Eftrées, & le P. de Montfaucon -l’ a déjà fait
graver dans le fupplément de l’Antiquité expliquée
( r. I I . pi- CXC. ). Elle repréfente le Soleil ou le
petit Horus affis fur la fleur du lotus, plante qui
« o ît dans le Ni l , & qui feoeble régler fes mou-
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vemens fur ceux de cet alire ( Diofcorid. lib. IV,
c. 114. ),- en s’élevant au-deftus de l ’eau lorfqu’i*
paroi t fur l’horifuii, & en s’ y replongeant lorf-
quM difparoït. Ce phénomène avoit'engagé les
égyptiens à lui confatrer cettt plante ., & à le
repréfenter fort fouvent a fils lur la fleur quelle
produit ( Voye^ entr’ autres Plut, de Ifd. & OJirid),
Je crois encose que c’eil fur cette tlpèce dé trône
qu’on le mon r roi t-au peuple dans les pompes ifia-
ques , où l 'on porto;t les divinités égyptienne.
Spon & Knker ont rapporté des monumens oh
l’on voit des prêtres tenant les fimulacres de leuis
dieux entre leurs mains ( Miftell. Etud. Antîq.
p. 3 ©6.). Ces petits fimulacres font fort Lmb labiés
à celui que je donne ic i, & fe terminent de meme
par une poignée, pour donner la facilité de les |
tenir & de L-s porter. Ce périt bronze a en tout
trois'pouces neuf lignes de, hauteur y la fleur a
quinze lignes de diamètre , & la figure aihfe a
un pouce, de hau’.eur. »
L otus , plante ( Fleur de). Sur les médailles
de Syracufe.
L o t o s *^ arbriffeau d’Egypte & deLybie.
Extrait d’ un mémoire intitulé : Recherckes\fur utt
arbriffeau connu des anciens , fous le nom at
lotus de Lybie. Par M. des Fontaines, de tActb
demie des fciences.
Les naturaliftes anciens avoient donné, comme
l’on fait, le nom de lotus ou lotos à diverfes
efpèces de plantes économiques, parmi lefquelles
il en eft deux qui ont eu la pius grande célébrité
; l ’une particulière à l’Egypte , croifloit dans
les canaux qui fervo.ient à conduire les eaux du
Nil pour arrofer & fertilTer. les campagnes: c’ell
le nénuphar des arabes, connu des botaniftes modernes
fous le nom de nymph&a lotus 3 & dont ;
Profper Alpin nous a îalffé une bonne défçription
dans fon livre des plantes d’Egypte, chap. 16.
Cette plante, remarquable par la beauté défi
fl. ur qui refi’emble beaucoup à celle de notre
volet blanc, eft repré Tentée fur pilleurs médailles
antiques, fous le nom de lotus, & décrite
dans l’ouvrage de Pline, de manière à ne
pouvoir être méconnue^ fes femences & & ra'
cine 'étoient employées autrefois, & le font encore
aujourdhui, à la nourriture des hommes. |
L ’autre efpèce de lotus, qui va faire le fu;et
de ce mémoire, aufii célèbre, mais beaucoup
moins connue que'la précédente , .'.croifloit na*
’ tu ellement fur les côtes de la Lybie, & aVOiE
donné fon nom à un peuple nombreux de ceS
contrées , auquel elle fervoit de principale n0Ul'
riture, les lotophages.
La plupart des naturalises & des îiiftor^DS
tnfîef» ne nous- ont laiffé^ que des defcnptiôns
très-imparfaites, & d’ apres lefquelles il elt difficile
de s’en former une idee Julie ; aufli leurs
interprètes & leurs commentateurs ont-ils rait
des efforts inutiles pour le reconnoîcre, & rarement
même s'accordent-ils entr’ eux? Les uns
ont dit que c ’étoit X ali fier , d autres 1 ont pris
pour le ‘ micoucoulier ; quelques - uns ont penfe
que c’étoit 'une efpèce de p laque minier. Mais en
lifant attentivement les defetiprions du lotus,
que Théophrafte, Polybe & Pline nous ont tran -
mifes, & en les comparant avec les arbres dont
il vient d’être fait mention, on voit qu elles ne
peuvent s’y rapporter ; & pour réfuter encore
plus fûrement toutes ces conjectures , il me fur-
flra d’aflurer qu’aucun de ces arbres ne fe trouve
dans le pays des anciens lotophages, ou j ai séjourné
pendant long-tems, & que j’ai vifite avec
beaucoup de foin. Il eft hors de doute que ces
peuples habitoient particulièrement dans le voi-
finage du golphe qui porte le nom de petite-
Syrthe, fur les confins de la partie méridionale
du royaume de Tunis , où fe trouve lileG e rb i,
connue des anciens, fous le nom de lotophagite,
Strâbon défigne le pays des. lotophages, de
manière à ne nous laiflèr aucun doute fur fa
pofîtion. a A l’ entrée de la petite Syrthe, dit
n ce géographe, eft une lie oblongue, nom-
» mée Cefcinna, tout près fe trouve celle de
« Cercinnitis. ( Ces deux îles ,'fituées exactement
» comme le dit Strabon, ont encore confervé
?» leur ancien nom ; on les appelle les îles^ de
» Cercinna ou Carcana ). Là , ajoute le meme
» auteur, commence la petite Syrthe ou Syrthe
oi des lotophages ,i ainfi nommée , parce que
D= le lotus , dont le fruit eft très-agréable au
» goût, croît abondamment le long de fes
» bords ».
- Pline confirme exactement ce que dit Strabon,
fur la-fituation de ce pays célèbre,
« La partie de l’Afrique, qui regarde l’Italie,
» produit un arbre remarquable , connu fous le
» nom de lotus y il naît en grande quantité aux
» environs des Syrthes; Son- fruit, ajoute-t-il ,
a une faveur fi délicieufe, qu’ü a donne fon
» nom à un peuple nombreux & à toute l’étendue
» du pays où il croît naturellement
C ’eftdonc dans la partie méridionale du royaume
de Tunis, & particulièrement aux environs
delà petite Syrthe , qu’il faut rechercher 1 e lotus.
Il eft prefque impoflible qu’un végétal, -qui y
fut autrefois afiez abondant pour feivu de principale
nourriture aux hommes, & pour fournir,
comme le dit Pline, à la fubfiflance des armées
romaines, lorfqu’ellestraverfoient l’Afrique, ne
Ie.fo.it pas confervé dans ces contrées^
Le lotus de Lybie étoit un aibre, & non une
herbe, comme celui d’Egypte ; c eft un fart at-
telle par tous les naturaliftes anciens, qui en ont
parlé, '& que l’ on ne peut révoquer en doute»
coin me nous le verrons ci-apres.
Pendant le féjour que j’ai fait fut les cotes de
Barbarie, & dans les lieux même ou croilloïc
anciennement le lotus,' je n ai rien néglige pour
découvrir un végétal aufii intéreflaflt. J a vois lu.
avec attention les deferiptions qu en ^ ont lai ile
Ipç anrtp.ns. entr’autr-îs celles de Theophralte,
Les recherches que j’ai faites m’ont conduit
à penfer que c ’étoit une efpèce particulière de
jujubier fauvage, qui eft encore aujourd hui très-
répandu dans toute la partie méridionale / du
royaurhe de Tunis, fur les bords du defert ,
aux environs de la petite Syrthe. Le dotteut
Schaw avoir le premier embrafte cette opinion j
fans cependant qu’il l ’ait appuyée fur des preuves
auffi fortes que celles que je vais omfc
d’ ailleurs, il n’en a donné qu’une defcription
très-imparfaite à la fin du catalogue des plantes -
imprimé à la fuite de fes voyages , avec une
figure qui n'en repréi-nte ni les fleurs, ni les
fruits, & d’après laquelle il eft difficile de le re-
connoître. Il le nomme Zifiphus fylveftris, inftj
r.'herb. ; dénomination qui manque d'exactitude ÿ
puifque Tournefort défigne, par cette phrafe „
une plante .différente de celle qui ell en quef-
tion.
Le jujubier décrit par Linr.æus, fous le nom
de rhamnus lotus, paroît bien être î’ar briffe au t
dont j’offre Thilloire 3 mais il faut avouer, en
même-tems, que les caraCieres qui le dillinguent
Ont échappé à ce célébré naturalise, il p ai oit
même qu'il n’en a parlé que d’après le doCteur
Schaw. Je vais en donner, une defcription .abre»
( g é e , & je difeuterai enfuite les pâffages de
quelques auteurs anciens, où il eft fait mention
du lotus, & d’après lefquels il me paroît évident
qu’il n’y a que l’arbriffeau en queftion , qu»
puiffe raifonnabîement s’y rapporter.
Le rhamnus lotus s’ eleve a la hauteur de quatre
à cinq pieds 5 fes rameaux nombreux & recourbés
vers la terre font garnis d’épines qui naiffent
deux à deux , & dont 1 une eft droite , &
l’autre courbe, comme celles du jujubier cuL
rivé.
Ses feuilles tombent pendant Thiver ; elles font
alternes, ovales, obtufes, légèrement crenelées,
larges.de trois à quatre lignes, & marquées de
trois nervures longitudinales.
Les fleurs naiffent en petits groupes aux ai&
Telles des feuilles, quelquefois elles font folij»
ujres,
- B b b b ^ .