
HÉROIDE , nom de l’une des trois fêtes qae
l'on célébrait à Delphes tous les neuf ans. Les deux
autres fe nommoient Septerium & U’ürila. Les cérémonies
de Y iiéroiïc étoient des fymboles qui re-
préfentoient différentes aétions fabuleufes ; mais il
n'y avoit que lesThyades qui eulfent l'intelligence
de ces fymbôlès. Ge que l'on y voyoit de plus
clair & de plus marqué, c'ell que l'on y repré-
fentoit l’enlèvement de Sémélé au ciel.
. H ÉRO ÏN E , h pü is . Les anciens donnoient le
titre de Héros HP22S , à ces hommes ilhiilres par
leurs vertus ou par leurs exploits, auxquels ils
décernoient les honneurs divins. L'Empereur Hadrien
n’eut pas honte de le faire donner d fon
favori Antinous. On l'accordoit aux morts qu’on
vouloit honorer ; les inferiptions en donnent plus
lieurs exemples. Le titre de Héros fut même décerné
à des perfonnes vivantes qui étoient diftin-
guées par leur nailfance ou par leurs a étions. Le
lénat de Thyatires proclama héros un Claudius
Aurélius Proclus, en confideration de la nobleffe
de fon extraétion, & des charges qu'it avoit exercées.
( Spon ; voy. T . I I I , pag. 113 ). Get honneur
fut auffi déféré aux femmes; la ville de
Mytilène fit graver fur fes monnoies la tête de
Julia Procla , avec le titre d'Héroïne , lo r
npoKAAN HPÜIAA ; la même ville fit graver
fur fes monnoies la tête d'nne autre Héroïne,
appellée Nauficaa, n a ïc ik a a n hpsîiaa. Seguin,
SeleS. Numifm.edu. 1684, p.'js,. JE. 2. e cim. D.
Pelerin. La ville de Cyzique aura décerné le titre
d‘héroïne, HPQIAOS, qu'on lit JE} , ex eod. cim.
fur un marbre rapporté par Eourmont à Julia
Aurélia Ménélaïs, par de femblables motifs.
HÉROÏQUES (T em p s ) , temps fabuleux,
où ont vécu les héros de la fable. Cette époque
de la ruine d eT ro y e , arrivée environ l'an 12 13 , ’
avant notre ère, eft remarquable à caufe de l’importance
d'un grand évènement célébré par les deux
plus grands poètes d e là Grèce & de l’Italie, &
à caufe qu’on peut rapporter à cette date ce qu'il
y a de plus remarquabledans les temps appellés
fabuleux au Héroïques : fabuleux, à caufe des fables
dont les hiftoires de ce temps font enveloppées;
Héroïques, h caufe de ceux que les poètes ont appelés
les enfans des dieux & des héros. Leur vie
n’eft pas éloignée de cette prife.
HÉROOPOLIS , en Egypte. hpoe.
L'abbé Bellei a publié une médaille de bronze
de cette ville , ou de -fon nome.
Le canal de Trajan, creufé pour la communication
du Nil & de h mer Rouge, finiffoit à Héroopolis,
H ERO PHILE , noip de la Sybyle Erytréenne ;
elle étoit fille d’une nymphe du mont Id a, &
dun berger de h contrée nommé Théodore;
Quelques-uns ont dit qu'elle étoit fille de Jupiter
& de Lamire. Elle fut d'abord gardienne du
temple d’Apollon-Smynthéus , dans la Troade^:
c eft elle qui interprêta le fonge d'He'cube , en
prédifant les malheurs que cauferoit, dans
IA fie , l’enfant qu'elle portoit dans fon fein.
Poy. Pa i^is. Elle palTa une partie de fa vie à
Ciaros, de-là à Samos, puis à Délos & à Delphes,
: & enfin elle revint au temple d'Apollon-Smynthéus,
ou elle mourut. Son tombeau fubfîftoit encore du
temps de Paufanias, dans le bois facré du temple.
H ÉRO S, autrement dit demi-dieu. On.appelloit
ainfî généralement tous les hommes illuftres, que
leurs grandes a&ions avoient fait placer’ dans le
ciel après leur mort , foit [qu'ils reconnuffent
quelques dieux pour leurs ancêtres, foit qu'ils
defcendiflent d'un dieu & d’une femme mortelle ,
comme Hercule , Théfée , & tant d’autres } ou
d’une déeflfe & d'un homme, tel qu’étoit le fils
de Vénus & d’Anchife.
La promotion des héros au rang des dieux,
étoit due au dogme de la philofophie Platonicienne
qui enfeignoit que les amendes grands hommes
s'élevoient jùfqu’anx aflres, féjour ordinaire des
dieux, & par-là devenoient dignes des honneurs
qu’on rendoit aux dieux mêmes, avec lefquels
elles habitaient imais lès floïciens leur affignoïent
pour demeure la vafte étendue qui fe trouve entre
le ciel & la terre, ce qui fait dite à Lucaia
C Pharfal, lib. I X ) :
Quodque patet terras inter, coelique meatus
Semi-dei mânes habitant.
Le cuit« qu'on rendoit aux héros étoit différent
de celui des demi-dieux. Le dernier confif-
toitdans des facrifiçes & des libations, qui font
des hommages dus à la divinité, pendaht que celui
des héros n’étoit qu'une efpècede pompe funèbre,
dans laquelle cm célébroit le fouvenir de leurs
exploits, àprès^ quoi on leur faifoit des feftins.
C ’eft ce qu’Hérodote remarque , en parlant des
différens Hercules, ce On facrifie , dit-il, à Her-
» cule-Olympien, comme étant d'une nature im-
» mortelle:, & on fait à Hercule, fils d’Alcmène ,
» comme à un héros, des funérailles plutôt qu’un
» facrifice ». Mais il eft bon de favoir qu’on
éjeva peu-à-peù les héros au rang des demi-dieux ;
c’eft par exemple ce qu’on pratiqua pour Hercule,
puifqu’après lui avoir rendu des honneurs comme
à un héros, on en vint à, lui offrir des facrifices
parfaits , c’eft-à-dire, de ceux dans lefquels on
bruloit à l'honneur de la divinité, une partie de
la viétime, & on maugeoit l’autre.
Diodore de Sicile confirme par fon témoignage,
que les héros ou les*demi-dieux parvinrent à la
fin
fin à tous les honneurs des Dieux fuprêmes; car eu
parlant d’une fête folemntl’e , que 1 oncelebroit
à Rome, & dans laquelle on portoit les ftatues des
Dieux anciens & modernes 5 il ajoute que la pompe
étoit fermée par les ftatues de ceux dont les âmes ,
après avoir abandonné leurs corps mortels, etoienr
montées dans le c iel, où s des participaient aux
•mêmes prérogatives que les Dieux memes , tels
étaient Hercule , Efeulape, Caftor & Poll.ux.
Comme l’opinion commune faifoit defeendre
tous les morts dans les enfers, les ombres des
Héros même y étoient retenues, pendant que leurs
âmes pures & dégagées de ce quelles avoient de
périlfable, jouifïbient dans le ciel des plailirs 6c
des grandeurs de l’immortalité.
■ Les grecs après, avoir fait mettre une colonne
& d’ autres ornemgn's!fur les tombes des Héros^
établirent un culte pour les manés- des memes
Héros, & même pour les héroïnes > car on accorda
des honneurs héroïques à des femmes. C oïoïv.s ,
mère d’Efculape ; Alcmène, mere d Hercule,
Calfandré, fille de Pri'am j-Andromaque j Andromède
; Hélène ; Latone, & quelques autres, jouirent
de cette diftin&ion.
Les tombeaux des Héros & héroïnes et oient
■ entourées d’un petit bois facré accompagné d autels
j les parens & les amis alloient. a des temps
marqués, les arrofer de libations, & les charger
d’offrande ; & ces mêmes tombeaux jouiffoient
du droit d’afyle ; c’eft là ce qu’011 appelloit monument
héroïque , n$ow s. Tel étoit le tombeau
qu’Andromaque prit foin d’élever a fon cher
Heélor j lib abat cineri Andromaçhe.
Les Romains érigèrent à leur tour des ftatues
à ceux qu’ ils regardèrent comme des Héros 5 ils
en avoient placé dans 'le cirque , revetus de
peaux de lions, de fangliers, d'ours, ou de renards
fau-vages. Cette manière de fe vêtir ordinaire
aux premiers Héros., dans le>temps qu on
n’avoit point encore trouvé 1 art de feparer la
laine ou le poil des bêtes > fut confaerée par la
religion; de-iâ vient qu’ils font repréfentés avec ces
mêmes habillement, dans les temples & fur les
médailles. 1
Les grecs nommoient ép«*, les tombeaux qu ils .
érigerent aux demi-Dieux, à ceux dés Hé/ox qui
leitr etôient chers , & les temples qu’ils bâtirenti
aux empereurs après leurs décès. Athénée , parlant
des honneurs rendus aux maîtreffes de.Dé-
métrius, joint les ijpa«’, avec les. autels qu on
leur ëlevoit, & avec, les hymnes façrées que l’ on
chantoit à leur gloire. Enfin les particuliers appel-
lèrent du même nom , les monumens qu’ ils bâtirent ,
aux perfonnes pour Jefquejles, ils avoieiit un ref-
peft & un dévouement particulier!
O n fa i t q u e l e m o t «ip»? a u n e f i g n i f i c a - ;
t i o n f o r t é t e n d u e d a n s l a l a n g u e g r e c q u e : i ° . i l ;
Antiquités , Tqjm I I I .
: défîgue un homme qui pour fa valeur eu pour
fes bienfaits, a été mis au rang des Dieux
ou des demi-Dieux, après fa mort. 2.0. 11 répond
au divus des latins , titre donné aux Empereurs
déifiés, & yçava répond a diva* Dans les médailles
que les grecs frappèrent à .l'honneur de
l’in famé Antinous, pour marquer fa confecration ,
ils l’appellent indifféremment ^ a# & S-wj. 30 Le nom
de Héros eft fouvent donné par les peres a leurs
enfans décédés en bas âge , comme cela paroit
par diverfes^inferiptions , recueillies par Gruter &
Reinefius. 4°. Quelquefois ce nom défigne amplement
un homme confidéré pour fa valeur ou pour fa
dignité; Homère l’applique non feulement aux chefs
des grecs, mais aux grecs en général, j . Enfin ,
pour dire quelque chofe de plus, le meme poete
emploie le root üfus, pour un dumeftique d un des
rivaux de Pénélope , & qui leur verfoit* boire ;
’ c ’ e f t d a n s l ’ o d y i T é e , l i v . s . v e r s 4 x 1 . C D . J . ) .
On voit fur. un monument g r e c , rapporté
par'Spon ( Mifiellan. p, 335 d^ns une îpl-
cription placée au milieu d’ une couronne , le
I titre de Héros donné à un athlète ; il _ elt vrai
que l’on peut remarquer ce titre fur pluüeurs au-
très monumens : on leur donnoit meme aiiez coni-
• munément ce nom honorable, ge Virgile a fuivi
■ cet ufage. Le roi Âc'efie adreffant la parole a
i l’athlète Entellus, dit :
; Enteile , keroum quondfim fqrtiflime f rußt a. -
t « Comme les anciens, dit Winckelmann
\ l'art, liv. I V , x . 2. ). s’ étaient élevés par grada-
; tion de la beauté humarne, jufqu a la beauté divine
j ce dernier degré fut rêfervé à la beaute par
excellence. Dans la repréfentation de leurs Héros,
c’eft-à- dire des hommes, à qui 1 antiquité donnoit
la plus haute dignité de notre nature, ils
allèrent jufqu’ aux limites de la divinité y mais
fans paffer outre & fans confondre la différence
délicate des ces deux natures. Battus fur les me-
dailies de Cyrène , n’a befoin que d’ un regard de
volupté pour repréfenter un Bacchus : un trait
de grandeur divine en feroit un Apollon. Minos,
fur les médailles de Gnoffus, fans.un regard de
fierté qui décèle un perfonnage ro y a l, reliem-
bleroit à un Jupiter plein de bonté & de demence.
Lès rattiftes imprimoient à leurs Héro.s. àe.s formes
héroïques , en relevant ' de certaines .parties. p.ar
Aés .faiilie§ au d e f a ;au- naturel. Ils ammoiept
les mufeies & leur donnoient une a&Vite extraordinaire
: dans les adions véhémentes ils
mettoient en jeu tous les refforts delà nature.
L’objet qu’ils fe propofoient par ces procédés,
étoit d’y introduire toute la variété, pofiible :
qualité dans laquelle Mïron a furpaffe. tous., fçs
fièvancinrs,; Ç 'eft ce qui fe voit .encore dans le
prétendu-gladiateur d'Agafias, d Epliefe* ftatue
confeivée à la villa Borghèfe : la phyfionomie 4e