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*ur le nombre des cordes ; parce qu'il a varie
iingulièfemsnt. Mais les lyres offrent des caractères
plus propres à les claffer. Ces caractères
font diftinguer d'une manière confiante la grande
lyre 3 ou Bar bit os ( Voye\ ce m o t ) , & la
petite lyre ou chelys 8c C ithare ( Voyez ce
mot ).
La petite lyre ou cithare 8c ckelys différoit du
barbitûs , en ce que l'on en pinçoic les cordes
avec les doigts , fens employer le pleftrum , en
ce qu'elle n’avoit point de M ag a s ( Voyeç ce
mot ) , vuide placé vers le bas de l'inftrument pour
en augmenter le fon * 8c enfin en ce qu'elle étoit
formée le plus fouvent d'une écaille de tortue ,
ce qui en fit attribuer l'invention à Mercure ,
dont l i torrue étoit le fymbole. Telles font les
lyres d'un Mercure de la Villa Negroni, &
de la mufe Terpfichore d’Herculanum, défignée
par l'épigraphe TBP’HXOPH AYPAN ( Pittur. tom.
Z. tav. y. ),
La lyre proprement dite , eft celle qui eft
ornée d’un M ag a s , ou tambour quadrangulaire
deftiné à augmenter le fon. Cette addition la ren-
doit plus péfante que la cithare ; c'eft pourquoi
on la fufpendoit aux épaules avec une courroie
ou baudrier j comme le pratiquent encore les
joueurs de vielle. Apulée appelle cette lyre apta
balthea , lyre-à-baudrier. On remarque ce baufc
drier aux médailles & aux ftatues d’Apollon-
joueur-de - Ivre , ou mufagete , ou palatin, ou
aôtiaque. Telle eft la lyre d’une mufe du palais
Catherin!, 8c celle d’Apollon dans les peintures
<THcrçulanum ( tom. 2,. tav, 1. ) .
La lyre a fort varié pour le nombre des cordes.
Celle d’Olympe 8c de Therpandre n'en avoit que
trois dont ces muficiens favoient diverfifîer les
fons .avec tant d'art, q ue, s'il en faut croire
Plutarque, ils l'empottoicriE de beaucoup fur ceux
qui jouoient d’une lyre plus compofée. En ajoutant
une quatrième corde à ces trois premières,
on rend-t le tétracorde complet, & c'étoit la différence
manière dont on gccôrdoit ces quatre
cordes , qui conftituoit les trois genres diatonique
, chromatique & enharmonique.
L ’addition, d’une cinquième corde produifit le
peritacorde , donc PpIltiX attribue l’invention aux
Scythes. On avoit fur cet inftrument la con-?
fonn^nce de la quinte , outre. celle _ de la tierce
& de la quarte que donnoit déjà le tétraçorde. Il
eft dit du muficien Phrynis , que de fa lyre à
cinq cordes il tjroit douze fortes d’harmonies ;
ce qui ne peut s’entendre que de douze chants
ou modulations différentes & nullement de douze
accords , pvvifqu'il eft mamfefte que cinq cordes
n'en peuvent former que quatre, la deuxième,
la tierce, la quarté & la quinte.
L’ union de deux tétracordes joints enfemble f
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de manière que là corde de la plus haute ^ du
premier devient la baffe du fécond , compofa l'ep-
tacorde, ou la lyre à fept cordes , la plus en
ufage & la plus célèbre de toutes.
Cependant, quoiqu’on y trouvât les fept voix
de la mufique, l'oétave y manquoit encore. Si-
monide l’y mit enfin , fel-n Pline, en y jou tant
une huitième corde , c’eft-à-dire en Liftant
un ton entier d’intervalle entre les deux tetra-
cordes.
Long-tems après lui , Timothée Miléfien , qui
vivoit fous Philippe roi de Macédcine vers la
eviij olympiade , multiplia les cordes de la lyre
jufqu’au nombre de douze , 8c alors i i lyre con-
tenoit trois tétracordes joints enfemble, ce qui
faifoit l’étendue de la douzième, ou de la quinte
par-deffus l’oétave.
Qn touchoit de deux manières les cordes de f*
la lyre 3 ou en les pinçant avec les doigts, ou
en les frappant avec l'in (hument nommée plu•
tmm , îrA^rçoj» , du Verbe v^ ttuv OU irAufrtii t
percutere , frapper. Le pleêtrum étoit une efpece
de baguette d’ivoire ou de bois poli, plutôt que
de métal, pour épargner les cordes , 8c que le
; muficien tenoit de la main droite. Anciennement
on ne jouoit point de la lyre- fans pleftrum ;
c’étoit manquer à la bienféance que de la tou*
cher avec les doigts , & Plutarque cité par Henri-
Etienne , nous apprend que les Lacédémoniens
mirent à l'amenae un joueur de lyre pour ce
fujet. Le premier qui s’affranchit de la fervitude
du plettrum , fut un certain Epigone , au rapport
de Poilux & d’Athénée.
Il paroît par d'anciens monumens & par le
témoignage de quelques auteurs , qu'on touçhoit
des deux mains certaines lyres , c’efl>à-dire ,
qu’on en pinçoit les cordes avec les doigts de
la main gauche, ce qui s’appelloit jouer en-dedans,
& qu’on frappoit ces memes cordes dç la main
droite armée du pleftrum , ce qui s'appellôit
jouer en-dehors. Ceux qui jouoient fans plefirum,
pouvoient pincer les cordes avec les doigts des
deux mains. Cette manière de jouer étoit pratiquée
fur la lyre (impie , pourvu qu’elle eût un
nombre de cordes fuffifant , & encore plus fur
;la lyre à doubles cordes, Afpendius , un des
plus fameux joueurs de lyre dont rhiftoireTaffe
mention , ne fe fervoit que des doigts de la
main gauche pour toucher les cordes de cet
inftrument, & il le faifoit avçc tant de délie*’
telle , qu'il n’éçoit prefçu'ençtndu - que de lui-
même , ce qui lui fit appliquer ces mots y rnihi
. & fidibus çano, pour marquer qu’ il ne joupit Pu®
pour f°n unique plaifir.
T°utes çes obfervations de Burette, fut
1 firuéfure, le nombre des cordes, & le jeu de
L j le conduifent à rechercher qu’elle for^
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de edneert pouvoit s'exécuter par un feul inftrument
dè cette efpece ; mais je ne puis le fuivre
dans ce genre de détail. C ’eft allez de dire ici
que la lyre à trois ou quatre cordes n’étoit fuf-
ceptible d’aucune fymphonie : qu’on pouvoit fur
le pcntacorde jouer deux parties à la tierce l’une
de l’autre ; enfin que plus le nombre de cordes
fe mu'tiplioit fur la' lyre, plus on trouvoit de
facilité à çompofer fur cet inftrument des airs qui
filfent entendre en même tems différentes parties.
La queftion eft de favoir fi les anciens ont profité
de cet avantage-, & je crois que s'il n’en citèrent
pas d’abord tout le parti poftible , du moins ils
y parvinrent mcrveilleufement dans la'fuite.
Dc-là vient que les poètes n’entendent autre
chofe par la lyre que la plus belle 8c la plus
touchante harmonie. C ’eft par la lyre , qu’ürphee
appiiYOïfoit les bêtes farouches, $c enlevoit les
bêtes 8c 1er rochers 5 c’eft par elle qu’il enchanta
Cerbère , qu’ il fufpendit les tourmens d’Ixion 8c
des Danaïdes ; c ’eft encore par elle qu’il toucha
l'inexorable" Pluton, pour tirer des enfers la charmante
Euridyçe.
L ’ ancienne tragédie grecque fe fervoit de la
lyre 3 dans fe s choeurs. Sophocle en joua dans
fa pièce nommée Thamyris , 8c cet ufage fubfift :
tant qué les choeurs confervèrent leur fimplicité
grave 8c iTiajeftueufe.
Les anciens monumens, ftatues , bas-reliefs
& médailles nous repré'entent plufieurs figures
différentes dè lyre , montées depuis trois cordes
jufqu'à vingt félon les changements que les muficiens
firent à cet infiniment, ...
Ammien marcellin rapporte que de fon temps,
au IV fiècle de 1ère chrétienne-, il y avoit des
lyres auffi groffes que des chaifes roulantes : fa-
bricantur lyr& ad fpeciem carpentorum ingentes'. En
effet, il paroît que dès le temps de Quin.tilien,
qui a écrit deux■ fiècles avant Ammien Marcellin,
chaque fon avoit déjà fa corde particulière dans
L lyre. Les muficiens ( c'eft Quintîlien qui parle)
ayant divifé en cinq échelles, dont chacune a
plufieurs degrés , 'tous les fons qu’on peut tirer
de la lyre 3 ils ont placé entre les cordes qui
donnent les premiers -toias de chacune de ces
échelles , d'autres cordes qui rendent des fons
intermédiaires , 8c ces cordes ont été fi multipliées
, que » pour paffer d'une des cinq maîyreffes-
cordes à d'autre, il y a autagt de cordes que
de degrés.
La lyre étoit chez les grecs le fymbole de la
mufique & en même tems de la poéfie, parce
que la plupart des vers & furtôut des odes,
étoieot faites pour être chantées au fon de cet.
inftrument, doht l’invention étoit attribuée à Ap-
pollon. L'épithète A’atStitov ptàiav de Callimaque
C Hymn. in Del., v. y . ) , poürroit biç»a lui c«n-
AntiqttUés. Tome H1
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venir à cet égard , ainfi que celle de l'fttfôQovot
qu'on lit dans Nonnus ( Dionys. ) . Cela juftifie
aufli l'expreflion, per me concordant carmina nervis ,
qu'Ovide met dans la bouche du dieu ( Metam
lib. 1. ).
Linus , li l'on en croit Cenforin ( fragnté
c. 12. ) reçut d’Apollon fon père la lyre à trois
cordes .de lin , mais ayant cherché à la perfectionner
en y fubftituant d’autres cordes beaucoup
plus harmonieufes, le dieu irrité lui ôta la vie.
D’autres difent cependant qu'il fut tué par Hercule.
( Eufiatk.in Iliacl. IV^. p. 116$. edit. rom).
La lyre, comme attribut d'Apollon , diffère
de l’arc & du ferpent qui font aufli dès attributs
de ce dieu , en ce que l’arc a quelquefois rapport
à Hercule, 8c le ferpent à Efculape, 8c
que h lyre 8c l'attribut propre d'Apollon de
même que le laurier, comme l’a remarqué Pelle
ri n ( Suppl. IV . p. 12. ) . C ’eft pourquoi le
laurier feul ou la lyre feule fur une médaille de
ville, par exemple, indiquent que l ’on y rendoit
un culte à ce dieu. v
Apollon doit à cet attribut principal les fur-
noms de pulfator cithara. ( Va lcr. Place. Aüguft.
de civ. dei. Pind. Pyck.) 8c de citharifta , & l;s
poètes lui ayant donné une lyre d’o r , il fut appellé
| pour cette raifon xpu<roivfoires.
- • •( Call'tm. hymn. v. 33. Horat. lib. I. ad ///*
, Tibull. Iib. III. Eleg. TV. Apud. comic. lyfîftr*.
P - '7* b
LYRE fur les médailles, eft un fymbole de
la Concorde, ou d’un culte particulier rendu k
Apollon j on la voit fur les médailles d’Antioche
de Syrie, des arcadiens, de Galaéla, de Carbuîa
de Centuripæ , de Cos , de Cragus en Lycie ,■
de* la Cyrénaïque , de Cythnus , de Del os, de
Lacédémone, de Lilybée, des macédoniens, des
Maflicytes, de Mégare en Attique, de M a lte ,
de Menæ , de Méthymnà, de Mytilène, de
Néapolis en Italie, d’Olympus, de Pella , de Pétin-
thus , de Philadelphie en Lydie , de Rhegium, dfi
Smyrne , de Syracufe » de Tauromenium , de
Thefpiæ , de Thorium, deTuder, de Valentia en-
Italie , de Chalcis dans l ’Eubée * des Lapithes.
LYRO DU S ^ es ^eux e^*P^ces
ciens jouaient de la Lyre 5 mais les féconds feuls
s'atcompagnoient de la voix. Voyeç , fur ce qui'
regarde leur coftume, le mot Çitakoxdùs.
L YR O D IE , air pour la lyre.
LYROPHCENICION,inftrument de mufîque
des anciens, dont parle Mufonius, dans fon traité
de luxu, grscorum t fans ea donner la deferiptio«.
F f f f