
f i 8 M A I
les vilues , & pour mettre à couvert les clîens les
plus diftingués. La falle à manger devoit néceflai-
r.ement être grande 8ç efpacée, par la raifon du
terrein que les lits occupaient, & par la nature
du ferviçe > ces lieux plus vaftes , emportoient
fans doute la plus grande partie des maifons j &
par çonféqugnt, vu la médiocrité de l'efpace
total, c’étoit aux dépens des autres diftributions.
Ainfi , quelques grandes.quefuffent ces pièces,
toujours obfcures, généralement parlant, à-caufe
du peu de largeur des rués,‘ elles foutenoient
très-convenablement les petits objets dé décora- i
tion , dont l’oeii pquvqit approcher, & principalement
ceux quels brillant de leur poli rendait
encore ptus app^rens^Ce genre de décoration, fréquemment
répété , en avoir établi la mode qui ne
manqua pas fans doute d’ être fuivie dans le petit
nombre de grandes mai fans que le luxe fit bâtir
dans la fuite : ainfi le ma] étoit général.
C e léger tableau des mai fans de la ville ( car
les maifons.de la campagne étoient différentes)
fert à rendre raifon de ces, petites, figures de. relief
, d’ivoire, de verre, d’ambre, 8c d’ autres
matières précieufes fufcepûbles de p o li, que Ton
trouve tous les jours dans les fouilles de Rome
& qui fout encore fcellées dans des enduits de
matière calcaire, ou de gypfe, D ’ aiileurs les détails
de- ces petits ornemçr.s s'accordent avec les
récits des anciens auteurs, 8c principalement avec
ceux de Pline 8c de Vitruve.
QbCervaiions particulières de Wînckelmann fur les
ma fans des, villes Romaines.
Quoiqu’il ne folt relie à Herculanum aucune
maifon de particulier entière, étant toutes tombées
en ruines, foit par la fouille, ou ’après, j’ai
cependant lieu de croire que la vie domeflique
des anciens étoit en général fort frugale & fins
le moindre luxe; puifque leurs maifons étoient
t.ès-(impies , 8c leurs appartenions fort bas 8c
fort petits. Ce qui me fuggèçe cette id é e , c’eft
la comparaifon .que j'ai faite, entre le plan des
ruines d’ une ville découverte, il y a déjà quelque
tems, à Frefcati, fur le terrein de laquelle eft
maintenant bâtie la ville des jéfuites, appeliée
la, Ruffinella.
• Imaginez-vous que les chambres, tant des
maifons' d’Herculanum que celles dé l’ ancienne
ville de Tufculum, ne fonrguère plus grandes que
votre cabinet d’étude , en faifant même abftrac-
tion de l’alcçve. Dans quelques-unes de ces chambres
fe trouvcif encore le l i t , ainfi que le prouve
un.e niche fort baffe, dans laquelle on en prouvoit
giïffer la partie fupérieure. A quelques appartement
de Tufculum il y avoir une efpèce cLàntî-
thambre, dont laiargeur ne pafloit pas celle d’ufie
allée étroite , 8c c’eft-là que fe tenoit le portier ou
M A I
celui qui annoaçoit au maître de la maifon les per-
Tonnes qui venoienc lui faire vifite. ( Voyez la
defcription & le deffin de ces', appartenons de
T Life U i il m , dans. les remarques fur l’architeélure,
des anciens, par XV-nckelmann, p. 73. ) Il paroît
que la chambre intéiieuve du maître n’avoir point
de porte , car.on n’y trouve aucune ef> èce de fermeture
j & il fe pourroit qu’on fe fût contenté
d’y pendre un voile ou îideau , appelle par les
anciens vélum admijfionis, Qette vie privée fifi.nple
des anciens me rappelle unpalfage de Démofthène,
où il dit : « Thénuftocle Sc Cimon , ces hommes
d’ailleurs fi adonnés au luxe, n’habitoient point de
maifon plus magnifique que leurs voifins. » ( W in-
tckelmann.)
Les maifons que l’on a découvertes dans la ville
:dc Pompeï méritent beaucoup d’attention, d’autant
plus qu’étant entièrement déblayées, elles
, peuvent nous donner une idée exa&e de la forme
des habitations des anciens. Cette forme des maifo
n s , tant de Pompeï que des autres villes en-
• fevelies, eft en général quarrée, de manière qu’elles
? forment au milieu une cour intérieure ( area,
\cortile ) , autour de laquelle régnent les apparte-
. mens. Dans les-cours des ma:fons ordinaires y, il
| y avoit àu-deffus 8c au-deffous du toît un larmier
ou une large faillie d’ais , pour y être à couvert
de l’eau des goutières. Cette cour intérieure s’ap-
pelloit, à çaufe de cela , impluvium ou atrium, de
citêpiov 3 o TÏctitytov , dejfous le ciel couvert.
Jufqu’à préfent.on n’a découvert en dedans
de la porte de la ville , & à ia droite de la rue
pavée , que deux maifons , toutes deux placées
fur le penchant de la colline fur laquelle la ville
étoit bâtie. L’entrée de ces deux maifons fe trouve
du côté de la. rue. La première maifon a une
grande porte, large de dix palmes romains (le
palme romain a 7 f pouces de France ) , laquelle
conduit directement dans la cour intérieure. De
chaque côte de cette porte , il y en a une autre
:de cinq palmes de large. Celle de la giuc-he néanmoins
eft maçonnée , & reffemble intérieurement
-à une niche. L’autre porte conduifoit aux appar-
temens d’en haut, ainfi que cela paroît diflinéte-
ment par quelques marches de l’efcalier* Ces
. portes qui condùifent immédiatement de la rue
• aux appartemens d’ en haut, font encore tres-
! communes en Italie. On voit dans lés ruines,
devant cette porte , une grande corniche denti-
culée en ftuc , qui’ en eft tombée. La cour intérieure
qui 'peut avoir au-delà de foixante-dix
palmes romains de long , eft entièrement pavée
en très-beau. fiuc_, d’qne efpèce de maftic ou .ciment
avec, dp- marbre pilé, dans le goût dont
îétoient faits* autrefois les planchers des palais de
Veni.fe, 8c comme ôn en voit dans la villa du
-cardinal Alexandre Albani. Au milieu de cette
[ cour, il y a un endroit quarté dont le pavé eft
' M A I
'enlevé; ce quarré eft enclavé dans un ornement
de mofaïque, & il y a tout lieu de croire qu’il
a été carrelé en marbre, 8e que fur ce pavé il y a
eu une citerne, ainfi que fe noble le prouver un
pet t puits rond, de deux palmes de diamètre,
maçonné en petites briques. Dans la cour intérieure
d’une maifon de campagne découverte à
Stabia, il- y avoit une citerne quarrée, dont le
toît portoit fur quatre colonnes maçonnées 8c
enduites.
De la cour on entre immédiatement dans cinq,
chambres, tant de l’un que de l'autre côté j 8c en
face de la porte de la cou r, il y a trois autres
chambres , qui toutes ont des pavés de différentes
efpèces de . mo.faïqtiés , & des murailles
peintes. La fécondé chambre à la gauche fernble
avoir été une chambre à coucher > comme on en
peut juger tant par une efpace pratiqué dans le
bas du mur pour y placer le lit fur fa longueur,
que par deux fers qui formoient les pieds 3ù bois
de lit. Get efpace deftiné à dontenir lè'lit eft enduit
en couleur rouge, ainfi que tout le pourtour
d,e la chambre , qui a douze, palmes, romains dé.
longueur , fur neuf palmes & demi de largeur.
Les murs de toutes ces chambres font peints j
quoiqu’on en ait déjà enlevé les meilleurs morceaux
pour le cabinet de Portici, il y refte néanmoins
encore de beaux tableaux. J’y remarquai
entr.autres deux jeunes figures mafquées dans le
goût grotefque. Les feufls des portes de quelques
unes de ces chambres font d’albâtre, blanc.
. La fécondé maifon qui tient immédiatement à
la première , 8c qu’on, a prefque entièrement déblayée,
poffèJe encore dans une chambre des
peintures p'us belles que celles des chambres de
l’autre maifon. Cette chambre forme, pour ainfi-
dir.e \ un carré parfait de quinze palmes romains,
tant en longueur qu’en largeur, n’étant que de
quatre p.ouces plus longue que large. La principale
porte de la même chambre a fix palmes dé
largeur. ( winckelmann. ) ,
Il me refte à faire, furies maifons de Pom-
péï j les remarquesfuivantes: Premièrement, tou-;
tes les chambres étoient voûtées } mais, ces voûtes
étoient toutes écroulées, à l ’exception de celles
des caves , 8c on n’a trouve aux portes des
chambres que du bois brûlé: cependant.les montons
des portes n’étoient jamais de bois, çomme
Montfaucon /fe l’eft imaginé. ( Antiq. expliq.
iij. p. io j. ) . Car, comment auraient - ils pu
convenir à des maifons coilftruites en maçonnerie?
On a trouvé une grande .quantité de feo- I
ries du Véfuve dans la maçonnerie des murailles,
oc peut-être en auroit-on aufii découvert dans les.
,vouffures, fi elles s’étoient confervées entières.
Cependant Vitruve ne dit rien de la manière de
M A I 619
; rendre -les voûter.plus légères, en y ernployant
des feories; & Pallàdius êft Je feu] écrivain qui
! en faffe mention. (De re ruß, l. j . c. j j . ). Auffi
eft-il vrai qu’il elVvenu plus, d'un fiècle après
Vitruve, 8c I.orfque la grande érupiiôn du V é J
fuve, fous lé règne de Titu s, eut lait mieux connaître
la nature de fes fcoçies.
En fécond lieu t on y voit, à ne pas- en douter,
que les plus belles chambres, ,& celles qui étoient
entièrement, peintes, tant dés maifons de campagne,
que des habitations de la ville, ne re-
cevoient le jour que par les portes, qu’ à çaufe
de cela, on faifoic extraordinairement hautes
8c larges. De pareils édifices ne pouvoient pas
priver les habitations vqifines .d.e la lumière du
jour, ainfi que cela étoit défendu à Rome par
-l’ancienne loi: Ne luminibus cjßciatur. ( IVinckel-
niann). tfoye^ ETAGES 8c IRRÉGULARITÉS dès.
maifons. ^
Obfervations fur les maifons de campagne des
Romains. Par W în cke lm ann .
Les maifons de campagne des villes romaines,
5 ( c e s maifons font appel lé es villa , par les ro-
mains-rnodernes), qui n’étoient point fituées fur
des hauteurs, telles que l’étoierit celles de Pom-
p é ï, avoient été bâties fur le bord de la mer,
8c fur la mer même, non-feulement par volupié,
8cpour mieux jouir de l’air frais de la mer,.mais
j encore, comme il. paroît, pour en rendre l’ha-
bitation plus falubre. Ce qui me donne lieu d’appuyer
fur ce fentiment , ce font les ruines de
; fix ou fept maifons dé campagne qu’ôn trouve
entre le port de l’ancien Antium 8c la ville de
Nettuno, dans la diftance d’un mille 8c demi d’I talie.
Pendant le flux qui, dans, cette mer, fe
fait fentir toutes les douze heures, les murs de
ces bâtimens ne font couverts que de deux palmes
d’eau, 8c l’on peut fe promener à pied fec tout
autour de ces ruines , pendant le reflux , /dans
l’après-midi, 8c vers le fo ir , 8c même torique
les jours font longs , au lever dû foleîl. Il ferok
poflîble encore aujourd’hui de lever le plan de ces
bâtimens, tant les fondemens en font vifibks ,
particulièrement ceux d’une villa. proche de l’ancien
port d’Aftuta., ( à ( huit milles au-delà de
Nettuno), laquelle1 étoit à fiiez vafte pour faire
jpetîfer qu elle a été celle d’un homme puiffant
& même d’un prinèe.
Deux fortes murailles, qui fe prolongent en
forme de digues , depuis la grève hovifontale 8c
fabloneufe jufqu’au bâtiment même dans la mer,
fervent- à prouver clairement que ces édifices ont,
depuis leur conltruétion, été,fitués à la même
diftance, dans la mer. Darjs cet;en>.ph,cernent, on
a eu fans douteen vue la falubricé de l’air qui, agité
par le mouvement & le battement continuel des,
I i i i ij