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féroces ; & dans cette manie , il écrafa contre un
mur le petit Léarque fon fils. lnot à cette vue,
faille elle-même d'un violent tranfport , qui tenoit
de la fureur, fort tout échevelée , tenant entre fes
bras fon autre fils, & va fe précipiter dans la mer
avec lui. Mais Panope , fuivie des cent nymphes
fes foeurs, reçut dans fes bras la mère & l'enfant,
& les conduifit fous les eaux jufqu’en Italie. L'implacable
Junon les y pourfuivit, & anima contre
eux les bacchantes. La malheureufe Ino alloit fuc-
comber fous les coups de ces furieufes, lorfqu'Her-
cule, qui revenoit d'Efpagne, entendit fes cris, &
la délivra de leurs mains. Elle alla enfuite conful-
ter la célèbre Carmente, pour favoir quelle devoit
être fa deftinée & celle de fon fils. Carmer.te,
remplie de l'efprit d'Apollon, lui annonça qu’après
les peines qu'elle avoit e fiu y é e se lle alloit devenir
une divinité de la mer , fous le nom de Leucothoé,
pour les grecs , & de Matuta pour les romains.
En effet, Neptune, à la prière de Vénus,
dont elle étoit petite- fille , reçut la mère & le fils
au nombrè des divi icés de fon empire. Voyeç
L eucothoé , Matuta , Palémon , Por-
TUMNUS.
Tzetzès C in Lycopkr. ) nous apprend que le roi
Sifyphe avoit établi à Corinthe des jeux & des
facrifices annuels en l'honneur d’Ino, appelles
1NS2A. Le même culte lui étoit rendu à Mégare
( Paufan. Attica ) , premier endroit où elle fut
furnommée Leucothoé , & où fon corps fut jetté
par les flots de la mer.— Paufanias dit encore, qu'on
rendoit un culteù Ino dans'la Laconie, où on lui
avoit confacré un étang. Chaque année, à cette
époque , on jettoit dans le lac des gâteaux de fleur
de froment, & l’on tiroit un bon augure de leur
fubmerfîon. C ’en étoit au contraire un fort mauvais
lorfqu’ils furnageoient. -
I n o précipitant Mélicerte dans la mer, fert de
type à quelques médailles de Corinthe, devenue
Colonie romaine.
IN P ACE & TE IN P ACE.
Mabillon a ©bfervé que ces deux formules ne
fe trouvent que fur les tombeaux des chrétiens des
premiers fiècles, & fur ceux des juifs -; ce qui annonceront
qu’elles ont été prifes dans leurs livres
facrés. Cependant quelques antiquaires -ont prétendu,
fans vraifemblance, trouver la première i
fur une médaille de Salonine, femme de Gallien, i
où l’on voit au revers une femme affife tenant un !
rameau d'olivier , & une hafle, avec ces mots,
A ug. in f a c e . Mais on regarde comme ironiques
Jes médailles & les mo:s, de même que G a l x ie n æ
A u g u stæ . Voici des exemples des deux formules.
D o m i t i a n a e ï o r t v n a t a e
VENEMERENT I TE IN PACE.
Dans la Roma fiubterranea.
I N S
I AE. F Q R T V N A T A 5
E N T I. TE. IN. P A C E.
Dans les jardins Peretti*
S E P T I M V Sfjj Q V il V i t I T
A N N I S. X I . M E N S E S. V.
D IE S. X I I . ORAS.- V I . TE’ IN. PA
C E.
Du cimetière de Calépodius fur la voie Auré-
lienne.
Ici eft gravée une MATERNA
colombe fur un Iw un tonne&tt*
rameau. TH £IN PACE.
Dans le cimetière de Prifcilla.
; V I C T O R A T E i n P A C E
M A T E R F I L I Æ F E C I T .
i Dans le cimetière de Ste. Hélène.
INS CRIBERE &des mercede, mettre un écriteau
pour annoncer qu'une maifon eft à louer. ( Plaut.
Heaut. i . i. 92. ) Voye^-tn un exemple au mot
C abaret.
IN SCR IPT IO , marque, flétriflure. Chez les
grecs on voit les famiens, au rapport de Plutarque,
imprimer une chouette fur le front des athéniens
qu'ils a voient faits prifonniers de guerre.
Platon ordonna que ceux qui auroient-commis
quelque facrijège , feroient marqués au vifage &
à la main , & enfuite fouettés & bannis. Eumolpe,
dans Pétrone, couvre le vifage de fon efclave fugitif
de plulieurs caractères qui faifoient connoître
fes diverfes fautes. Cette pratique eut lieu chez
les romains jufqu'au temps de l'empereur Conftan-
tin , qui défendit aux juges de faire imprimer fur
le vifage aucune lettre qui marquât le crime commis
par un coupable ; permettant néanmoins d'imprimer
cette lettre fur la main ou fur la jambe.
Il falloit un très-petit nombre de gardes pout
conduire des milliers d'efclaves , à calife des
marques ineffaçables que l ’on imprimoit fpr leurs
vifages & que l’on doubloit lorfqu'ils avoient fui.
C'étoit ces infortunés que Plaute appeloit, par
un jru de mots allez froid, des hommes lettres.
( Caf. II. 6. 4 9 ).
S i hic literatus me finat.
Les efclaves ne pouvoient détruire ces ftigmates
que Ton avoit creufés fur leur front avec un fer
I N S
chaud &e remplis enfuite avec une liqueur noire
préparée pour cette opération. Il leur étoit aufli
difficile de les dérober aux yeux du public; parce
qu'ils fe feroient trahi feulement en voilant leur
vifage. Perfonne ne les auroit recueillis dans leur
fuite, les officiers publics les auroient emprifon-
nés & renvoyés à leurs maîtres ; de forte qu'il
* étoit moralement impoffible qu'un efclave ftigma-
tifé pdt fe dérober long-temps-aux fers, ou à l'atte-
lier auquel fon maître l'avoit fixé.
Les lois romaines marquoient du même fceau
de réprobation les criminels-condamnés aux carrières
, ad metalLa. Les ftigmates faifoient partie
de cette peine. C e fut auffi ce qui excita l'indignation
publique contre Caligula, lorfqu’on vit
ce cruel empereur condamner aux carrières, contre
l’ufage & les termes exprès des lois, des hommes
d’une naiflance diftinguée, & faire imprimer
fur leur front les ftigmates funeftes : multos
konefti ordinis deformatos prius Jligmatum notis,
ad meialla, ad munitiones viarum & ad befiias
condemnavit. Unefou’e.de martyrs fubit la même
flétriflure. On trouve à la vérité une' loi de Constantin
qui la défendit; parce que la religion chrétienne
qu'il avoit embraffée regardoit le vifage de
l'homme comme formé à l ’image de la divinité.
( Cad. Théad. lib. 1. de poenit. lege f i quis in me-
tallum, &c. ) L'empereur Théophile la renouvella
cependant dans la perfécution qu'il fufeita contre
les défenfeurs de la fainteté des images. Il pouffa*
même l'excès de cruauté julqu'à faire graver fur*
le vifage des martyrs, Théodolè &Théophane,
douze vers ( Zonar. liber. I I I ) que je rapporte-
rois fi je ne craienois d’affoiblir l’indignation
qu'excitoit un fupplice aufli barbare, par le ridicule
attaché à l'ineptie de ces pitoyables ïambes.
IN SC R IP T ION . Cara&ères grave'sfurle marbre
ou fur le bronze,pour tranfmettre àlapoftérité
la mémoire de quelque événement.
, La manière la plus ordinaire chez les anciens
peuples du monde de conferver le fouvenir des
faits qu’ils regardoient comme mémorables, étoit
l'ufage des monumens matériels. On fe contenta,
dans les fiècles grofliers, pour y parvenir, de
dreffer en colonnades des monceaux de pierres.
Quand Jacob & Laban fe reconcilièrent, dit la
Genèfe {ckap. x x x j, ver fi 4^ ) , le premier prit
une pierre qu'il érigea en forme de colonne, pour
fervir de témoignage de cette réconciliation ; les
frères de Laban prirent à leur tour des pierres
& en firent un monceau. Jacob 8c Laban donnèrent
chacun en leur langue , à. cet amas de
pierres , le nom de monceau du témoignage, parce
que ce monceau de pierres devoit refter pour témoignage
folennel du traité d'amitic qu'ils con- :
rraétoient enfemble.
Xe'nophon rapporte dans Thiftoire de la fameufe
I N s i jÿ
[ retraite dès dix mille, que les foldats ayant vu
le Pont-Euxin , après avoir effuyé beaucoup de
fatigues & de dangers, élevèrent une grande pile
de pierres, pour marquer leur joie Scpourlaifleç
des veftiges de leurs voyages.
Cependant ces pierres n’avoient rien qui montrât
qu'elles fignifioient quelque chofe, que leur
pofition & leur fituation. Elles remettoient bien
devant les yeux quelque évènement, mais on
avoit befoin de la mémoire pour fe rappeler cct
évènement.
| Dans la fuite, on fit fenfément parler ces
pierres mêmes, premièrement en leur donnant des
figures qui repréfento:ent des dieux, des hommes,
des batailles, & en faifantdes bas-reliefs où ces
chofes étoient dépeintes ; fecondement en gravant
deffus des caractères ou des lettres qui conte*
noient des inficriptions de noms.
_ Cette coutume de graver fur les pierres fe prs-
. tiqua de toute ancienneté chez les phéniciens &
les égyptiens , d'où les grecs en empruntèrent
l'ufage, pour perpétuer la mémoire des événe-:
mens de leur nation. Ainfi, dans la citadelle
d'Athènes , il y avoit, au rapport de Thucydide
( liv. V I I ) , des colonnes où étoit marquée l'in-
juftice des tyrans qui avoient ufurpé l'autorité
fouveraine. Hérodote ( //v. V i l ) nous apprend
que, par le décret des amphidlions, on érigea un
t.amas de pierres^ avec une épitaphe en 1 honneur
j|de ceux qui avoient été tués aux Thermop , les.
On fit plus avec le temps ; on écrivit fur des
colonnes & des|tables les lois religieufes & les
ordonnances civiles. Chez les juifs le décalogue
& le deureronome furent inferits fur des pierres
enduites de chaux. Théopompe prétend que les
Corybaiites' inventèrent l'art de dreflèr des colonnes
pour y écrire les loix. Sans examiner s'il
a tort ou raifon, ori peut dire que cette coutumé
prit faveur chez tous les peuples#de la G rèce,
excepté les lacédémoniens, chez lefqm ls Lycurguè
n'avoit pas voulu permettre que l’on écrivît fes
loix, afin què l'on fût contrai.it de les favoir pat
coeur.
Enfin, l'on grava fur le marbre, le bronze,
le cuivre & le bois Phiftoire du pays, le culte
des dieux, les principes des fciences, les traités
de pa'x, tes guerres, les alliances, les époques 1
les conquêtes, en un mot tous les faits mémorables
ou inftruÇtifs. Porphyre nous parle des
inficriptions que les crétois pofledoient, & dans
lefquelles fe lifoit la cérémonie des facrifices des
corybantes. Evhémérus, au rapport deLaétànce,
avoit tiré fon hiftoire de Jupiter & des autres
dieux, des inficriptions qui fe trouvoient dai s les
temples, & principalement dans celui'de Jut ;tet
triphylien. Pline raconte que les aftronorres de
Babylone écrivoient leurs ôbfervations fur des
M m v