
• LIBELLA y tnonnoie de compte des romains.
Elle étoit repréfentée par ce ligne Elle
valoit 1 fiembetta ou 4 terU'nchs.
LIBELLA -teruncius , monnoie de compte des
romains pour, le numéraire fefterciaire. Voyeç
S jemis sris.
LIBELLES injurieux. Sous l'empire de Néron,
un romain nommé Fabricius Vegeton,. ayant été
convaincu d'avoir écrit plulïeurs libelles contre
les fénateurs & les prêtres de Rome , fut banni
d’ Italie, & fes écrits fatyriques condamnés au
feu. On les rechercha, ait T a c ite , on les lut
avec la dernière avidité tant'qu’il y eut du péril
à le faire j mais dès qu’il fut permis de les avoir,
perfonne ne s’en foucia plus. Le latin eft âu-deflus
de toute traduction : Conviclum Vejetonem , Italia
depalit. Nero libros exuri jujjit 3 conquijitos , leEii-
tatofque v donec cum perièulff parabantur ; mox li-
centia habendi, oblivionem attulit. (Annal, liv.
X IV . ch. I.)
Né ron, tout cruel qu’il-é toit, empêcha de
pourfuivre criminellement les écrivains des fatyres
contre fa perfonne, & I ai (Ta feulement fubfifter
l’ordonnance du fénat, qui condamnoit au banif-
fement & à la confifcation des biens le préteur
Antiftinus, dont les libelles étoient les plus fan-
glans.
LIBELLI. Les libelli étoient à Rome les informations
dans lefquelles les accufate.urs écri-
voient le nom & les crimes de l’accufé $ ils les
fignoient & les remettoient au Juge ou au préteur.
L 1B E L L IS , (a). Gruter JÿjM 9. 10 ) a publié
des infcriptions dans lefquelles il eft fait mention
de ceux qui recevoient les requêtes adreflees aux
empereurs , .défignées par ce mot.
L IB E L L IO , colporteur de livres , par opposition
aux libraires ayant des magafîns. Stace
(Sy/v. 4. 9. 21. ) a employé ce mot :
De capfia miferi libellionis.
L ÎB E N T IN E , Libentina3 déefte des romains.
De libendo 3 dit Varron (De ling. lat. I. V . ) fe
font faits les noms libido-, _libidïnofius 3 & beaucoup
d’autres , comme celui de libentine. Deman- :
dons , s’ il vous plaît, qui de cette nombreufe
troupe de dieux que les romains ont adorés en a
principalement étendu & confervé l’empire ? Car
de ce grand o u v r a g e& fi digne de confîdéra-
tïon , ils n’oferoient faire aucune part à la déefte
Çloacine , ou à Volupie, qui prend fon nom de
la volupté , ou à Libentine ? qui tient le lien de
la convoitife, dit Ceriziers ( trad. de là Cité de
Pieu de S. Aug. ). On dit que Libentine étoit
Vénus , ou qu.e c’étoit Proferpine j & l’on ajoute
que c’étoit à Vénus Libentine s que les filles 3
quand elles devenoient grandes , confacroient
leurs poupées. Il eft vrai que Perfe (S a t .I I . v. 70.)
dit qu’elles les offroient à Vénus} mais il ne dit
point que ce fut-à Vénüs Libentine t & l’on ne
trouve nulle part que Libentine fût Vénus. Scali-
! ger, dans fes notes fur Varron , cite des exemplaires
qui portant Libentine : il dit que Nonnius
& S. Auguftin l’appellent ainfi ( L. de Civit. 8.) ;>
que d’autres lifent dans Varron Libentia 3 &
d’autres Vénus Libentina & Libitina ; mais on ne
trouve dans S. Auguftin nulle variante fur le mot
Libentina. Scaliger, qui cite ce père mal-à-propos,
pourroit bien fe tromper de même fur Varron ,
& il faudroit fa voir quels font ces auteurs ou ces
manufcrits qui difent Libentina , Libentia3 Venus*
Libentina, & Libitina. Voflîus ( L. V I I I de Idolol.
c. 16. ) parle de cette déefte, qu’il appelle àuflî
Lubentine.
Plaute la nomme Lubentia , quand il dit ( Afin,
aft. II. Je. i . v• 2. ) uti ego illos Lubentiores fiaciam
quam Lubentia eft, C ’eft Vënus Libentine , dit
Lambin , la déeffe de la joie.
C e mot eft venu dt libet ou lubet , il plaît,
i^eft agréable, c’eft le bon plaifir.
LIBER. Les latins appelloient liber la partie
de l’écorce qui touche immédiatement au bois :
liber dicitur ( ainfî s’énonce Servius, commentateur
de Virgile) interior corticts pars , que, ligno
coh&ret. Or comme on employa cette écorce pour
écrire, on donna d’abord le. nom de liber aux
écrits dont les feuilles étoient d’ écorce ; ce qui
s’étendit dans la fuite à toutes fortes de livres,
de quelque matière qu’ils M e n t compotes. Voje%
Ecorce d’ arbre.
^onna a Bacchus le furnom
de Liber , félon quelques mythologues , parce
qu’il avoit rendu la liberté aux villes de Béotie ;
félon d’autres, parce qu’il rendoit, par fa liqueur
chérie, l’efprit libre de fouèjs. Ovide , dans fes
Faftes, dit que Bacchus donna à Àriadne le fur-
nom de Libéra ; & Cicéron ( de riatura Deorum )•
fait Libéra fille de Jupiter & de Cérès j c’eft
Proferpine. On voit réunies fur les médailles de
la famille Caffia les têtes de Liber & de Libéra,
c ’eft-à-dire, félon quelques antiquaires , de Bacchus
mâle & de Bacchus femelle.’
Un paflage de Varron,' confervé par S. Au-,
guftin ( lib. 6. c. 9. de civit. D e l) , nous donne la
véritable intelligence de ces deux divinités : il
nous apprend que dans l’efprit des plus anciens
théologiens romains Liber & Libéra préfidoient à
la formation des hommes & à l’effufion des fe-‘
mences, à leur liberté ou à‘ leur émiflion, chacun
refpeétivement à fon fexe. C ’elL pourquoi on
joignoît toujours le mot pater au furnom liber, &
celui de mater au furnom de libéra j car en Sicile
(Plutarck. Metellus. ) on appelloit mères Cérès &
Proferpine. Liberum a liberamento appellatum volant
, quod mares in coeundo per ejus beneficium ,
emijfits fieminibus , liberentur. Hoc idem in fioeminis
agere Liberam , quam ttiam Venerem putant 3 quod
& ipfias perhibeant fiemina emittere 3 & ob hoc,
Libero eamdem virilem corporis partem in templo
potù, fioemineam Libers. Y oyez. L ib ér a le s .
L IB ER , nom latin des pellicules qui forment
l’écorce des arbres. On s’en fervoit pour écrire
dans les lieux où l’on n’avoit point de papyrus
ni de parchemin.
LIBERA ( toga). Voyc^ T oge.
LIBERALES, fêtes qu’on célébroit à Rome
en l’honneur de Liber pater ou de Bacchus. Elles
étoient fixées au 17 mars. S. Auguftin (/. V I I
de la Cité.de Dieu) en parle comme de fêtes
pleines de la plus grande diflolution. Voici comme
il s’explique : Varron dit qu’en certains lieux
»■ de l'Iiaîie on célébroit des fêtes de Liber avec
ej tant de licence , qu’on révéroic en fon honneur
» des figures infâmes, non dans le fecret, pour
» épargner la pudeur, mais en public, pour faire
•m tr.ompher l’iniquité ; "car on les mettoit honorablement
fur un charriot, que l’on conduifoit
'w dans la ville , après, l’avoir d’abord promené
y paf la campagne. Mais dans Lavinium il y avoit
ÿ, un mois entier pour les feules fêtes de Liber,
pendant lefquelles on difoic les plus grandes
53 faler ‘s du monde , jufqu’à ce que le charriot
’» eût traverfé la place publique & fût arrivé au
M l:eu que l’on avoit deftiné pour mettre ce qu’il
35 portoir. Après quoi il falloit que la plus hon-
33 nête dame de toute la ville allât couronner cet
33 infâme dépôt devant tout le monde. C ’eft ainfi
93 qu’on croyoit rendre le dieu Liber favorable aux
” fcmences , & détourner 'des terres les charmes
33 puToniléges ». Çette fête étoit différente des
Bacchanales. Varron ajoute.que de vieilles femmes,
couronnées de lierre i fe tenoient aflifes avec des
pretres de Bacchus à la porte de fon temple,
ayant devant elles un foyer & des liqueurs com-
pofées avec du miel, & qu’elles invitoiént les.
paffans à en acheter pour faire des libations à
Bacchus , en les jettant dans le feu. On mangeoit
en .public ce jour-là y chacun avoit la liberté de
dire ce qu’il vouloit.
wvuBmw iviuiiuucs. gu une remiTic qui
dans un revers d’Hadrien 3 répand une corne
d abondance : dans (une autre ; elle tient une corne
d abondance d’une main de l’autre une tablette
ou tefsère, marquées de points & de nombres :
c cpDit pour indiquer la quantité de grains ou ch
vin ou d’ argent que l’empereur donnoît. Outre
ces figures delà Libéralité3 repréfentée en femme,
il y en a pluficurs autres où l’aélion même du
prince qui fait fes libéralités eft repréfentée. On
appelle même ces médailles liber alitas. Le globe
étoit aufli un des fymboles de la Libéralité. Voyeç
G lo b e .
Cette Libéralité romaine parut fans doute trop
fobre & trop économe j les modernes en imaginèrent
une autre, à laquelle on donna à chaque
main une corne d’abondance, dont fur* même
eft renverfée, afin qu’elle répande mieux les ri-
chefles qu’ elle contient. On lui mit auifi fur là
tête un aigle , dont on ignore abfoiliment la figni-
fication. D ’autres ont préféré de donner à la Libéralité
un vafe dans chaque main. '
LIBERATOR. Jupiter fe trouve quelquefois
appelle de ce nom dans les poètes , iorfqu’il avoit
été invoqué dans quelque danger dont on croyoit
être forci par fa prote&ion.
LIBERIES , Ijberia , fête ou jour auquel les
enfans des romains quittoienr les habits de l’enfance
& pre noient la toge , appellée toga libéra.
Les libéries tomboient le H des kalendes d’avril ,
c’ell-à-dire j le 17 mars.
LIBERTE. C étoit une divinité'chez les grecs,
fous Je nom d Eleuthérie ; maïs fon culte fut bien
plus célèbre chez les romains ; fi amoureux de
la liberté , qu’ ils lui bâtirent plufîeurs temples ,
& lui élevèrent un grand nombre de ftatues.
libérius Gracchus confacra à la Liberté, fur le
mont Aventin, un temple dont les colonnes étoient
dé bronze , ' & où on voyoit de très-belles ftatues :
il étoit précédé d’ une cour , que l’on appelloit
atrium Ubertatis. Les romains , par un décret public
, firent bâtir tin temple à la même déefte ,
pour flatter Jules-Céfar; comme fi leur liberté
étoit rétablie par celui qui en fapa jufqu’aux fon-
demens. Mais dans line médaille de Brutiis, on
voit un bonnetf fy.mbolé de la Liberté, entre
deux .poignards, avec cette infeription : Eidibus
martiis , aux ides de mars ; c’étoit le quinzième
de ce même mois où Brutus; Caflitis & les autres
conjures tuèrent Jules-Céfar, pour rendre la liberté,
à la république, "romaine. Dans d’autres
médailles, c ’eft une femme qui tient d’une main
un bonnet, & de l’autre une pique ou une baguette
. dont les maîtres frappoient légèrement
leurs efclaves lôrfqu’ils vouloient les mettre èn
liberté.
On érigea fous Tibère , dans la place publique,
une ftatue à là Liberté, dès qu’on fur-la mort de
Séjan. Jofephe rapporte qu’après le'maffacre de
O ai us , Caflius Chérea vint demander le mot aux
confuls, ce qu’on n’avoit point vu de mémoire