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qui luttent deux à deux pour marquer les cinq
différens genres d’exercices des jeux publics de la
Grèce ; quoiqu’il foit vrai de dire qu’on ne trouve
pas dans leurs attitudes précifémenc tout ce qu’il
faudroit pour les repréfenter tous ; ils confiftoient
à fauter , courir» jctter le difque, lancer le javelot
& lutter. Outre ces cinq grouppes, il y a un amour
qui fait rouler le trcchus > un autre qui court avec
là palme & la couronne ; un. troifième qui fe frotte
d’huile auprès d’un grand yafe fait en forme de
conclut, & deux autres qui font la fonction d'agono-
thètes ou de maître de gymnafe.
On ne voit ici proprement que deux genres de
lutte 3 c’eft-à-dire, celle qui s’appelloit Ifboirùx*) ,
ou la lutte de pied ferme 3 & ou il fuffifoit d’avoir
jette fon adverfaire par terre , & la lutte des pan-,
cratiaf.es, appellée àiotxXtvozrÙMi, dans laquelle celui
qui tomboic à terre, ne lâchoit pas fon adverfaire
, mais l’entraînoit avec lui (fabr. Agonifl.
lib. I. c. 10. i l . ) .
Les deux amours qui font la fon£lio,n A'Agono-
tketes ou de maîtres de gymnafe ( ibid. liv. I. c.
19-. 20. ) , vont corriger la lutte, ou la faire ceffer.
On voit trois lutteurs femblables à celui.de notre
gravure fur le vafe de Patin ( Num. imp.p. r fo ) .
Celui qui s’oint le corps , ne puîfe point de l’eau
d’un grand vafe dans’ un autre , comme le prétend
Agoftini. Ce que l’on voit de crochu fur
l ’une des colonnes . pourroit bien être un cadran
foîaire, car ordinairement on voiries cadrans po?
fés fur des colonnes, comme eft repréfenté un
cadran fur un vafe d’argent qui fut trouvé dans
le port de Nettuno , l’ancien Antium , & fur
lequel le favant Pacciaudi a donné des explications
qui méritent les éloges de tous les amateurs
de la littérature..
LU T TEU R S ( Grouppe des ) . Il y a grande
apparence, dit Winckelmann (Hifoire de C Art 3
lib. VI. c.i. ) que les deux fameufes figures,
connues fous le nom de Lutteurs de la galerie du
grand duc de Tofcane à Florence , font deux fils
de Niôbé. Auffi furent-elles regardées comme
tels lorfqu’on en fit la découverte , & dans le
temps qu’on n’en avoit pas encore les têtes qui
fe trouvèrent enfuite. Car c’eft fous la dénomination
des fils de Niobé que ces figures fe trouvent
indiquées dans une eftampe fort rare de l’année
i y yy ; & je conjecture que puifque la découverte
de ces deux ftatues date du même temps,
que celle des autres figure«: du grouppe de Niobé,
elles ont été tirées du même endroit, comme
nous l’attelle auffi Flaminio Vacca dans fes notices
fur les découvertes faites de fon temps ( Mont-
fauc. Diar. Ital. 1 59. ). La fable même donne un
nouveau dégré de vraifemblance à ma conjecture ;
elle- nous apprend que les fils aînés furent tués
par Apollon , lorfqu’ ils s’amufoient à faire des
courfes de chevaux dans une plaine, & que
les plus jeunes périrent au moment qu’ils
l u z
s’ex.erçoient à la lutte. L ’art confirme auffi cette
maxime par la rcflemblance & du. ftyle & de
l’économie de la manoeuvre avec les autres ftatues
de Niobé. C e qui prouve encore que ces deux
figures ne fauroient être des lutteurs des jeux
publics, c’eft la forme de leurs oreilles qui ne
font pas faites comme cel'es des Pancratiailes.
D'ailleurs les lutteurs ordinaires ou les Panera,
tiaftes avoient coutume de fe terrafter ( Mercu.
rial, de Gymnafi. lib. 1. c. 28. J , t. ndis que Lj
athlètes deFIorence .combattent & luttent debout.
On peut appeller ces fils de Niobé un fymplegma
q’.eft-à-dire, tun grouppe de lutteurs qui s’entrelacent
: c’eft ainfique PLne nomme deux fameux
grouppes de A.ux. lutteurs , l’un de Céphillodore,
dont il dit que les mains pàroifToient entrer plutôt
dans la chair que dans le marbre ; & l’autre d’He-
liodore, & qui repréfentoit la lutte de Pan & d’O*
lympus ( Plin. lib. 3.6. c. 4. §. 6. p. 276. ibid. §.
n .p , 284.). v.
LUZERNE ( Métrologie de M. Pautlon. ). La
médiqueou luzerne3 medica, eft une plante étrangère
qui nous vient de la Médie , d’où elle fut
apportée en Grèce au temps de Darius , fils d’Hif-
tafpes. Les avantages de la médique font tels,
qu’elle pouffe pendant trente ans félon les uns,
ou au moins pendant dix ans félon les autres,
dans la terre qui en a une fois été enfemencée.
Sa tige eft diviféè par, dès noeuds ou bouquets de
feuilles, & reflemble à celle du trèfle. Amphi-
loque avoit écrit un volume entier fur cette plante
& fur le cy tife. Elle fe plaît dans un terrein fec,
plein de fucs, & qui peut être arrofé. Après
avoir épierré & nettoyé la terre où on veut la
femer, on lui donne un léger labour en automne;
bientôt après on fait un labour plus profond, on
herfe la terre pour cafter les.grofles mottes , puis
on pafle une claie deux ou trois fois fur la terre
pour l’adoucir, & l’on y met du fumier. Le ter-
rein ainfi préparé, on y répand là femence au retour
du printemps, on la jette avec la main comme
le-bled , & la terre doit en être abfolument couverte
pour intercepter & faire périr les herbes
étrangères qui pourroient y naître ; c ’eft pour
cela qu’on met jufqu’à vingt modius de cette
graine dans un jugere. Il faut avoir foin de la bien
enterrer, de peur que le foleil ne la brûle, & ce
travail ne fouffre aucun délai. Si la terre eft humide
, ou fertile en herbes , la médique eft étouffée,
& l’on n’a qu’ un pré ordinaire ; c’eft pourquoi
, dès qu’elle s’eft élevée à la hauteur d’uU
d o ig t, il faut, avec la main & non avec le far-
cloir, en arracher toutes les mauvaises herbes.
On la coupe lorfqù’elle commence à fleurir, &
toutes les fois qu’elle entre en fleur, ce qui arrive
fixou au moins quatre fois par'an. Une faut point
la biffer gréner avant la troifième anrréé,.temps
auquel il faut racler la terre avec la marre pour
-détruire entièrement ce qui refte d’herbes étran-,»
L Y B
gères, ce qu’on peut faire alors fans endommager
U plante, parce que fes racines font profondes.
Si avec ces précautions les herbes prennent néanmoins
le deffus dominent, il n’y a d'autre
moyen que de remuer la terre pour fuivre ces
plantes importunes jufqu'à leurs racines. Il ne faut
pas raflafier les beftiaux de médiaue, de peur
ffêtre obligé de les faire faigner. Ç ’eft en verd
qu’elle eft plus utile ; elle donne beaucoup de
lait aux troupeaux , félon Varron ; c ’eft-’le contraire,
fuivant Arillote. Si on la laiffe fécher fur
pied, elle fe dépouille- de fon feuillage , & fe
réduit en une pouffière qui-n’eft: bonne a rien. Un
jugere de médique fuffit derefte pour nourrir-trois
chevaux durant toute l’année; par conféquent un
arpent de France doit fuffire pour en nourrir fix.
Plufîeurs écrivains prétendent que la médique
eft le fainfoin ordinaire : Onibrichis foliis vicie,
frullu echinatomajor. Mais il me fembie que Pline
décide la queftion, lorfqu’il dit que la-tige de la
médique avec, fon feuillage eft femblable à celle
du trèfle, ce qui ne peut convenir qu’ à la luzerne :
Similis efi trifolio coule, foliis que geniculata.
Voyez M édi£.
LYBAS, un des compagnons d’Uliffe. Ceprince
s’en retournant en Grèce après la prife de 1 roye,
fut jetté par la tempête fur la côte d’ Italie, au
pays des Bruttiens, & prit terre àTémeffe. Lybas,
dans lé vin & la débauche, fit violence àune
jeune fille', & la déshonora. Les habitans 3 pour
fe venger de cet attentat, lapidèrent le grec. Depuis
cet accident, les mânes de Lybas ne cef-
fèrent de tourmenter ces habitans 5 & n’épargnant
aucun âge-, ils pôrtoient la défolation dans
toures les familles; de forte que ce malheureux
peuple étoit fur le point d'abandonner Témeffe.
Mais ayant «confuité- l’oracle d’Apollon, la Pythie
ordonna aux habitans de refter dans leur
ville, & de tâcher feulement d’appaifer les
mânes du héros, en lui confacrant un temple
avec une portion de .terre, & on lui dévouant
tous les-' ans une jeune vierge , la plus belle qu’ils
pourroient trouver; ce qu’ayant pratiqué , iis
furent délivrés delà perfécution qu’ils fouffroienr.
Un athlète nommé Euthyme , le trouvant par
hafard à T'émeffe, dans le temps qu’ on ajloit faire
ce cruel facrifice au génie du héros y informé de
ce que c’étoit, demanda à entrer dans le temple.
Là il apperçoit une belle perfonne dans l’appareil
d’une viétime. A cette vue il $ft attendri ; d’abord
la compaflîon agit, puis Famour ; cette jeune perfonne
lui- promet fa fo i, s’il peut la délivrer, Euthyme
l’entreprend 3 combatte génie & remporte
fur lui une fi beftè viéloire , que le génie honteux
de fa défaite, quitte le pays & va: fe précipiter
dans la mer. Paufanias qui raconte cette fa>-
oie f ajoute à la fin : te C e que je viens de rapporter
, n’eft que fur le récit & fur la foi d'autruü
Antiquités. T'orne III.
L Y c y*r
mais je me fouvîens d’ avoir lu cette hiftoire dans
un récit original . Le génie, difoit-on, paroif-
foit fort noir, d'une figure effrayante, & couvert
d'une peau de loup*»..
L Y B IE , fille d’ Epaphus, & mère de Bufiiis.
Voyez Bu s i r i s , L a m i e .
LYBIE fut aimée, de Neptune, dont elle eut
deux fils , Bélus Ô^Agenor.
a y k a b a s , ancien nom -grec de l’année.
Voyez L.
L Y C A O N , roi d’Arcadie , fut célèbre par
: fa cruauté. Il faifoit mourir, dit la fable, tous
les étrangers qui pafloient dans fes états. Jupiter
étant allé loger chez lui, Lycaon fe prépara à
lui ôter la vie , pendant que fon hôte feroit endormi,’
mais auparavant il voulut s’affurer fi ce
n’étoit pas un dieu; & pour cela il lui -fervit à
fouper les membres d’un de fes hôtes qu’il ve-
no:i d’égorger. Un feu vengeur, allumé par
l’ordre de Jupiter »confomma bientôt fon palais;
& Lÿcaon te vit changé en loup. Paufanias, après
avoir rapporté cette métamorpbofe, ajoute :
« La chofè n'eft pas incroyable ; car outre que
le fait pafle pour confiant parmi les arçadiens,
il n’a rien contre la vraifemblance. En effet les
premiers hommes étoient foüvent les hôtes &
lescommeqfaux des dieux; c’étoit la récompenfe
de leur juftice & de leur pjété; lps.bons étoient
honorés de la vifitè ties dieux', & les méchans
éprouvoient fur le champ leur colère : delà vient
que plufieurs d’entre les hommes furent alors
déifiés, & qu’ils.jouiffent encore des honneurs
divins. Par la raifon contraire, on peut bien croire
que Lycao/z fut changé; en une bête^; Mais aujourd’hui
que les hommes font généralement corrompus
, on ne voit plus que les dieux en adoptent
aucun., fi ce n’eft par de vaines apothéofes
qu’invente la flatterie.; & la juftice divine devenue
plus lente & plus tardive, fe réferve à punir
les coupables après leur mort, O , de tout
temps les .événemens extraordinaires & finguliers,
en s’éloignant de la mémoire des hommes , ont
cefle de paroître vrais , par la faute de ceux
qui ont bâti des fables fur les fondeméns de la
vérité. C ar depuis J’aventure de Lycaon , on a
débité qu’un autre Lycaon , facrifiant à Jupiter
Lyeéus, avoit été auffi changée en. loup ; qu’il
reprenoît figure d’homme tous les dix ans, fi dans
cet intervalle il s’étoit abftenu de chair humaine*
& qu’autrement il demeuroic loup »».
Les autres hiftoriens grecs > moins crédules que
Paufanias, nous repréfentent Lycaon comme un
prince également poli & religieux, qui fut d’ abord
chéri d * fon peuple, à qui il apprit à mener
une vie moins fauvage qu’auparavanr. II bâtit .fur