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» merveilleux que prodùifoit ce t éloquence mi-
» litaire.»
La difficulté eft de comprendre comment un
général pouvoir le faire entendre des troupes.
Outre que chez les. anciens les armées h’étoient
pas toujours fort nombreufes , toute l’ armée étoit
Siïftruite du difcours du général , à-peu-près
comme dans la place publique à Rome & à Athènes
le peuple étoit inftruit des difcours des orateurs.
Il fuffifoit que les plus anciens, les principaux
des manipules & des chambrées fe trouvaffent à
la harangue dont enfuite ils rendoient compte aux
autres ; Tes foldats fans armes , debout & prelfés
©ccupoient peu de place ; 8c d'ailleurs Tes ancien^
s’exerçoient dès la jeuneife à parler d’une voix
forte, & dittihéfe.pour fe faire entendre de là
multitude dans les délibérations publiques.
Quand lès armées étoient plus nombreufes, quë
rangées en ordre de bataille , & prêtes à en venir,
aux mains, elles occupoient plus de terrein , le
général monté à cheval, ou fur un char , parcou-
xoit les rangs ,■ & difoit quelques mots aux dîffé-
jens corps pour lés animer , & fou difcôurs p.af-
foit de main en main.' Quand les armées étoient
compofées de troupes de différentes nations, leprfn-
ce ou le général fe contentoit de parler fa langue
naturelle aux corps qui l’entendoient, 8c il faifbit
annoncer aux autres fes vues 8c fes deffeins par
des truchemens > ou le général affembloit les officiers
, après leur avoir expofé ce qu’il fouhaitôit
qu’on dît aux troupes de fa part, il les renvoyoit
chacun dans leurs corps ou dans leurs compagnies
, pour leur faire le rapport de ce qu’ils
ayoîent entendu, & pour les animer au combat.
Au refte, cette coutume de haranguer les troupes
a duré long-tems chez les Romains , comme
!e prouvent les allocutions militaires , repréfen-
tées fur les médailles. Voyez Allocutions. On
en trouve au/fi quelques exemples parmi les modernes
, & l’on n’oubliera jamais celle que Henri IV
fit à fes troupes avant la bataille d’Ivri: » Vous
êtes François ; voilà l’ennemi 5 jé fuis votre roi :
» ralliez-vous à mon panache blanc , vous le ver-
» rez toujours au chemin de l’honneur 8c de la
m> gloire ».
Mais il eft bon. d’obferver que dans les haran—:
gués directes que les biftoriens ont fuppofé avoir
«té prononcées en de pareilles occafions , la plupart
femblent plutôt avoir cherché l’occafîon de
montrer leur efprit 8c leur éloquence-, que de nous.
t ïanfmettre ce qui y avoit été dit réellement.
Le maréchal de Villars nous fournit un exemple
qui prouve plus luifeul pour ces harangues ,
que tous les raifonnemens poftibles ». C e qui me
parut, dit-'il -, le plus important & le plus nécef-'
faire ,*fut d'établir une févère difeipline dans l’ar-
H A R
mée , parce qu’il n’y a que l’ordre qui fàffe fub-
fifter dans le pays ennemi , Torfqu’on ne peut rien
tirer de fes propres magàfînsr O r j’ aliois être dans
ce cas. Je fis donc alfembler les- bataillons , & je
parlai aux fojdats, de manière que la plupart me
puffent entendre. Mes amis , leur dis je , j'a i tr.a-
verfé l empire , i l y a trois ans ,• votre fagejfe & votre
bonne discipline permettaient aux payfarts d‘apporter
tout ce qui vous étoit nécejfairè } nous rentrons
dans ce'niême empire: nùus ne pouvons plus
compter fur nos magafins' : f i vous brille\ yf i vous fa ites
fuir des peuples , vous mourrez de faim. Je vous
ordonne donc pour votre propre intérêt 3 & pour celui
du roi d'être fages , & vous voyez bien vous-mimes
Vimportance quily à que vous! le foyeÇ. J’efpêre aujfi
que vous comprendre^ les bonnes taifons que je vous
dis. Je dois commencer pùr vous, iriflruire ,* mais f i
ces raiforts ne vous contiennent pas 3 la plus grande
févérité fera employée , & je'ne me lafferaipas de
punir ceux qui s'écarteront de leurs devoirs.
Ce difcours fit impreffion, & l’armée demeura
dans une difeipline fi exa&e, que l’on ne fut
obligé à aucun exemple.: =».• (V ie de Villars y
tome I. pag. 424.)
HAR EN G . C ’eft une erreur de croire que ce fait
le halec des Romains. Le halec croit une efpèce de
fauce de toutes fortes de poiffons laies 8c mis en
morceaux , 8c n’étoit le nom d’aucun poiflon en
particulier.
Le hareng n’a point été connu des anciens. C e
n’eft ni le halec 3 ou halex, 'ni le moenis ^’ni le
leucomcenis , ni lé geunres de Pline. VoyezR ondelet
3 de Pifci. Marin. I. V3 c. X I I I j 6?
| Vossius 3 dé Idol, t. IV 3 :c. IL
H A R IC O T , phafelus , fafeolus ; il ne réuffit*
bien que dans unè terre que l ’on a îaiffë repofer
durant une année ; jl. fe plaît fyr-tous dans une
terre graffe 6c réftible. Les feuilles de ce légume
font veinées, & fes goufles , qui font longues,
fe mangent aye(c les fèmences. Voilà tout ce qui
cara&érife le fafeolus dans Pline. ( Métr. de M.
Pauffon. ) Galien (de facult. aliment. II. ) dit que
les Romains mangeoient au commencement de
leurs repas des haricots confits dans le vinaigré, 8c
, dans le garum 3 pour aiguifer leur appetk. Ces
haricots étoient appellés fafelaresl
H A RM AM A X A . Voyez A r m am a x i .
H A RM A T IA S , nome d’un nome daéfeilique
de la mufique grecque > invejité par le premier
Olympe Phrygien. \ -■ » .
Plutarque , dans fön traité de muficâ , dit que
le nome Harmàtias paroît avoir tiré fon nom
dû mot char 8c dans fon fécond difcours
.(De fortuna yel virtute Alex, mag. ) il rapporte que
H A R
c’eft en jouant' le nome Harmatias qu*Andigénite !
le joueur de flâte fit courir Alexandre aux armes 5
à en juger par ces deux traits , ce nome devoit
être très - rapide. Matthefon , célébré muficien
allemand , prétend qu’ il étoit purement rhythmi- :;
que » ou qu’ il n’avoit d’autre changement que ce-
lui des longues 8c des brèves.
H ARM OD IE ,le s Athéniens chantoient dans
1 leurs feftins une chanfon à l’honneur d’Harmo-
dius & d’Ayftogiton, qui les avoient délivrés de
la tyrannie d’Hyparque > 8c ils la nommoienr
Harmodie du nom d’un des vengeurs de la patrie.
HARMONIE. A-c-elle été connue des anciens ?
’Voye% Accords.
H A RM O S T E , nom de magiftrat à Lacédémone.
Harmoftes. Il y avoit plufîeurs Harmoftes.
Leur office étoit de faire bâtir des citadelles, &
de faire réparer les fortifications des vijles. Àinfi
nous pourrions les appeller intendans des fortifications
, où oommiflaires généraux des fortifications.
Ce mot eft grec , 8c vient aPt0 3
(cçfeértfs, aptator3 concinnator«
H ARMOSYNIENS , àf^nriot, officiers de
la police de Lacédémone. Ces officiers furent
établis à Sparte pour la raifon que nous allons ex-
pofer.
Lycurgue avoit eu grand foin, d’ordonner tout
ce qui pouvoir rendre les hommes vigoureux,
capables dé fupporter avec beaucoup de patience
& de courage , les plus grands travaux j mais à
l’égard des femmes mariées , il ne leur avoit im-
pofé d’autre lo i , que celle de porter un voile
quand elles iroient d'ans les rues y pour les diftin-
guer des filles, qui avoient la liberté d’ aller à
vifoge découvert. ,
Quelque facile à ob fer ver que fût cette lo i, il
y eut des femmes qui ne l’obfervèrent que fort
^imparfaitement après la mort du légiflatsur j en-
forte qu’il fallut alors commettre des magiftrats
pour l’obfervatioh de fon ordonnance, 8c on les
appella harmofyniens. On voit ces officiers déjà
nommés dans des inferiptions , foixante ou quatre
vingt ans après Lycurgue j il ne faut pas les
confondre avec les harmoftes. Voyez HARMOS-
T £ S .(D . J .)
HARPAGE. Voye^ Arpàge.
HARPAGEIA 8c H A R P A G IUM , l u i où
étoit GanvméJe , lors de fon enlèvement; Voyez
Ganyméde.
H AR PALYCUS , coi des Amymnéens, dans
la Thrace , fut père d’Harpalyce. Voyez H a r -
PALYCfi,
H A R
H A R P A L Y C E , la plus belle fille d’Argos :
Clymèuus fon père en devint amoureux, 8c tous
les efforts qu’ iJ fit pour vaincre cette paffion ,
ne firent que l’augmenter. Il vint à bout de la
fatisfaire par le moyen de la nourrice de Ca fille *
qui l’ introduifit auprès d’e lle , fans qu’ elle^ le
cônnûr. C ’yménus avoit long teins réfifté à la
marier j après y avoir cependant confenti avec
beaucoup de peine , 8c l'avoir laîfTé partir avec
fon nouvel époux , il s’en répentit bientôt, courut
après eux, tua fon gendre , 8c ramena fa fille
à Argos , p ur en être feu' le maître. Harpalyce*
défefpérée de la mort de fon mari, déteftant la
paflîon de fon père, fe porta aux plus gjrands
excès ; renouvellant la fçène d’Atrée 8c de T é -
rée, elle tua fon jeune frère, 8c le donna à
manger à Clyménus. Il y en a qui difent que ce
fut le fils qu’elle avoit eu de Clym 'nus ,qui fer-
vit à cet horrible repas. Après quoi , -ayant demandé
aux dieux d’être retirée de ce monde , elle
fut changée en oifeau. Pour Clyménus il fe tua
de défefpoir.
HAR PAL Y C E , fille d’Harpaîycus, roi de
Thra’ce , fut nourrie du lait de jument, dit Hy-
gin , 8c accoutumée de bonne heure au manie^
ment des armes. Son père ayant été attaqué par
Néoptoléme , fils d’Achiiles, fut bleflë î 8c il
auroit été perdu fans reftburce , fi Harpalyce ne
fut venue à fon fecours : ellechargea . f i à-propos
l’ennemi, qu’ elle le mit en fuite. Son père qu’elle
avoit fi heureufement délivré de cette guerre
étrangère, périt quelque tems après dans une
guerre civile. Ses fujets le chaffèrent avec fa fille*
8c le tuèrent à la fin. Pour Haypalyce , elle, fe retira
dans les bois, où elle exerça mille brigandages.
Elle marchoit avec la vîtefTe de la foudre } 8c
quand on couroit après efle pour recouvrer les
beftiaux qu’ elle venoit d’enlever , on- ne pouvoit
point l ’atteindre. Elle ne fut prife que dans les
filets qu’on lui tendit, comme pour la chaffe des
cerfs. Gn la mit à mort; mais il en coûta cher à
fes meurtriers : car aufli-tôt il s’éleva une dif-
pute dans le voifinage , pour favo r à qui étoit
le bétail qu’elle avoit volé} on fe battit; 8c il
■ en demeura de part Sc d’autres plufieurs fur la
- pl^ce. Depuis ce temps , on établt pour coutume
. qti'on s’aflemble.rôit au tombeau de cette fille , 8c
; qu'on y feroit des tournois en expiation de fa
( mort.' Virgile dit que Venus s'offrit aux yeux:
, d’Enée , fous l'air a ’une chafîeufe , te.le qu’on,
pepréfente la célèbre Harpalyce , piquant le$
flancs d’un cheval, plus rapide que les flots dç
l’Hébre. {Ændd I. 3 20. )
H A R P A L Y C E , amante d’Iphicus , tin des
argooautés, mourut du chaprin de s’en voir mé-
pnfée. Ç’eft d’elle qq’un certain cantique fut ap-^
pelle Harpalyce,
Q ij