
le conjecturer- d’après les. noms qui fe trouvent
gravés fur le marbre.
On ignore ce quipouvoit particularifèr 1-habif«
lement des femmes belges j feulement une médaille
d'Hadrien, citée dans le Thefaurus Brand. ( pars
IL fol. 657. ) -repréfente une femme belge, ou
gau{oife ,* elle eft vêtue d'une tunique longue,
fans manches» & d'un fagum.
Strabon ( Mb. I V . ) , en paflant de ces peur
ples, remarque que les perlonnages les plus ref-
peétés parmi eu x , écoient lejs bardes , qui chan-
toient les louanges des dieux & des héros ; les
•vates, confacrés aux facrifices 8c. à l'étude des
fciences naturelles ; & les druides qui joignoient
la Philofophie naturelle à. la morale'. Voyeç leurs
articles.
Ces derniers ( Pline, lib. X V I . cap. XLIII.)
portoient des habits blancs. Dom Jacques Martin
Sc l’abbé Banier ( Mythologie , tom. V. fol. 431.)
croient reconnoître des dru des fur les bas-reliefs
déterrés dans la cathédrale de Paris 5 ce qu'on
diflingue le plus clairement fur les gravures qu'on
en a publiées ( Hift. de l’Acad, des Infcript. &
Belles-Lettres, tom. II. fol. 3 70 .), fe réduit à
l'apparence d'une tunique, & d’un manteau qui
diffère entièrement du fagum. Ils portent des
couronnes fur la tête > mais onauroit bien delà
peine à: reconnoître fous leur tunique de longueur
ordinaire', la robe que l’abbé Banier ( Mythologie,
tom. V , fol. 396. ) leur attribue j l’une &
l’autre s'ouvroient par devant, li l ’on pouvoit
en croire le même écrivain.
. Les nations voifines des germains , des belges ,
des gaulois3 portoient Je même habillement que.
ces peuples, & le confervèrent jufqu'aü huitième
fiècle. Agathias, en parlant des francs & des
allemands du fïxième fiècle , leur donne pour
tout habillement des caleçons , ou chauffes , qui
defcendoient jufqu'aux pieds. Leurs armes étoient
le bouclier, l’épée, la hache & Jes dards J ils
combattoient prefque tous à pied 8c fans cafquer
Le fagum étoit encore au feptième fiècle l’habit
ordinaire de ces peuples , comme il eft évident
d'après les aCtes du concile de Leptines. ( J. N.
Paquot, in commentarii libris de hiftoria SS.
imaginum & piElurs. jlutore Molano 3 fol. 564. )
Ils le portoient encore à la fin du huitième fiècle
{ Hijlorica difquiftio de re vefiiaria , hom. facri ,
fo l. 61. ) , ainfi que le témoignent les a&es du
concile tenu à Ratisbonne en 792. A urefte, le
fagum j dans l'efp^ace de tant de fiècles , peut
avoir fubiquelque changement» mais l’abbé Vertot
( Mém. de i'Acad. des Infcript. & Be!!es-Lettres,
hift. tom. II. fol. 440. ) , racontant que les francs
avoient des manteaux qui defcendoient, p.af
devant & par derrière jufques à terre, & que les
cottes d'armes ( c ’eft ainfi que Ton appelle ces
manteaux ) leflembloient à la tunique de nos
diacres,-‘n'auroit pas dû en conclure, "que les
manteaux , dont lont vêtus fur les monumens
Charlemagne & les autres rois, fuffent des cottes-
d’armes , ou des fqgums ordinaires.
Les gaulois , dit Strabon ( lib. IV . ) , avoient
du courage & de la fimplicité > mais ils étoient
•fujets à fe vanter:ces peuples» ajoute-t-il, ont
la coutume barbare d'attacher les têtes de leurs
ennemis au cou de leurs chevaux, & au-deffus
des portes de leurs maifons i ils confervoient aufli
embaumées les têtes des hommes illuftres , pour
les montrer aux étrangers. Les gaulois brûloient
avec les corps ( élefar de bello gallico , lib. VI. )
ce que le défunt avoit de plus précieux , même
les animaux î ils célébroient avec beaucoup de
pompe les funérailles des perfonnes diftinguées.
Les maifons ( Strabon , lib. IV . ) des belges
étoient fpacieufes, faites de bois & de claies,
recouvertes de joncs. Les toits de ces maifons
s'élevoient en forme de dôme.
Les peuples des ifles britanniques ( nous parlons
de ceux qui étoient libres du joug des romains du
temps de l’empereur Septime-Sévère ) , les mêati ,
les calidoniens , L s pietés t hibitans de l’Eçoffe,
& originaires de la Scythie, étoient tout nuds
( Dion. ) , ou ne couvroient que la partie infé-'
rieüre du corps , & fe peignoient de diffei entes
: couleurs. Leurs armes étoient- une petite épée
très-2fïilée, une courte pique, & le'bciitlier.
Au bout de Ieür pique ( ibidem) ils attâchoient
une pomme de cuivre, dont l'ébranlement produirait
un certain bruit. Ils fabriqûqîent des
colliers & des ceintures de fer {Hérodien) , pour
leur fervir de parure. Ces peuples habîtoienc fous1
des tentes. Une médaille d'Hadrien ( Tkcf Brand.
pars II. fol- 654. ) , qui porte l'infcriptiori*
Britannia, offre une femme vêtue d'une tunique
& du pallium , tenant un bouclier de forme ovale.
Au relie, cette figure n'eft qu'une province per^
fonnifiée.
On peut- affurer en général, que les gaulois
aimoient à porter des habits de couleur brune ,
ou fombre, d'après ce vers de Martial ( lib. XIV.
epigr. 129. ) ;
...................................... Vefiitur G allia rufis.
Lettres & écriture des gaulois. Avant que les
romains fe fuffent emparés des Gaules, les habi-r
tans du, pays ne mettoient rien par écrit de ce qui
concernoit leur religion. Seulement ils faifoient
quelque ufage de l'écriture dans leqrS affaires
publiques & privées. Mais quelle étoit cette écriture,
quels en étoient les caractères, 8c quels
monumens en refte-t-il? Les plus anciens,dont
on ait çonnoiiïance , font en écriture romajne#
Tous font pofterieuis à la conquête des Gaules
par JuleS'Géfar. L'écriture, dont on pfoit dans
la plupart de ces contrées avant, les romains ,
croit néanmoins aufli différente de la , leur, qu approchante
de celle/des grecs.
C e n'eft pas là fans doute l'écriture, dont,les
gaulois avoient coutume d'üferau trôifiéme fiècle.
Quand ils dreffoient des aétes- en leur langue ,
ou qu'ils érigeoient des monumenspublics, alors
ils employoient les caractères romains. Mais avant
la conquête des Gaules par Cefâr-, 1 écriture
grecque y étoit ordinaire.' Des peuples entiers
de'ces vaftes contrées ignoroient la langue deis
grecs, & ne laiffoient pas de fe fervir de leur
écritme. Auftî Céfar fit-il tenir une lettre en
langue grecque à Quintus Cicéron, aflîégé par
les gaulois. Si la langue 8c- Fécriture des grecs
leur euffént été également familières, ç'aüroit
été mal s’y prendre » pour empêcher que les def-
feins des romains né leur fuffent découverts par
cette lettre» en cas qu'elle1 vînt à être interceptée.
On ne comprend pas comment Manuce 8c quelques
autres modernes ont pu employer ce fait,
pour prouver que les gaulois fe fervoient, non-
feulement des caractères, mais encore de la langue
des grecs. Quoique les gaulois, dontil S?agie
ici , fuffent plus feptentrionaux 8c plus éloignés
des colonies grecques que les- fuiffes , plufieurs
favans, & fur-tout Lipfe & Glaréan , nient que
les tables- écrites en lettres grecques , & trouvées
d,\ns leur camp après la viéloire de Céfar, fuffent
aufiî en cette langue. C e fentiment paroit au
doéle Allatius d’autant nv'eux fondé, qu'on rencontre
dans cette partie des Gaules des inferip-
tions inintelligibles, ce qui ne feroït pas-, fi elles
réuniffoLnt enfemble la langue avec les lettres
grecques. Telle eft une pierre proche de Taren-
taife. Cette infeription au relie paffe pour avoir
été gravée en la langue des anciens bourguignons,
qu'on n'entend plus. Si les ca'aélëres grecs ,
employés dans l’ infeription fuppofée gauloife , ont
lin air étranger 5 cela n’eft pas furprenant, puif-
que les manufcrics grecs , écrits en Angleterre,
ou en Frariçë, vers • le -huitième' ou neuvième
fiècle, font aidés à diftmguer dés autres par leur
pérégr-inité. Il faut en dire autant des manuferits
grecs, écrits en Egypte, ou en Chypre , depuis
le dixième fiècle.
On a fujet dé croire , que l'écriture gauloife
ne fut pas tout d’un coiip-entièrement abolie.*
D*. Mabillon regarde comme lé feul monument
de cette écriture, fue la. fincërîté duquel on
puffe compter, rinfcrâptlÿn du tombeau dé
Gordien, meffager ou courier des Gaules, qui
fouffrtt, dit-il, au troifieme fiècle, le martyre avec
toute fa famille. Que l’infcription du tombeau de
Gordien foit vraie-, c'ell fur. quoi lés favans ne
contefteront pas apparemment 5 mais-,ils pourront
révoquer en doute , q«’ elle foit écrite-;en caraétères
gaulois, C e ne fexgit .pa^ eo effet i’unique monument
où l'on découvrîroit des infcriptîoris latines,
compofées de lettres grecques 8c latines.
Cette infeription a été trouvée à Rome, publiée
dans le livre intitulé , Romafubterranca , & parmi
les inferiptiens antiques de Fabretri. Elle a depuis
été donnée par D. Mabillon , par D. Ruinart,
8c par Jacques Martin. Nous accordons la préférence
à la gravure dë Fabretti, parce qu'ayant
eu fous les yeux le monument antique, il eft à
préfumer que rien ne manque aux caractères du
côté de l'exaétitude & d« la vérité.
« Si l'on veut rendre l'infeription lettre pouï
»» lettre-, on la lira ainfi:
T H I S. G O R D I A N U S
G ALLIE NUNSIUS, JUGULATUS
P R O F I D E,
C U M F A M I L I A T O T A.
QÜIESCUNT IN PAKE. YTEF I LA
A N C I L L A F E C I T.
»-■ où » poiindire en paftant, on voit que le c des
é anciens : fe. prononçoit fortement comme un k
» ou un q , & qu’ils difaient pake pour pace ,
» 8cc. « ( La religion des gaulois , liv. I. pag. 41.)
D. Mabillon a relevé l'auteur du Roma fubter-
ranea , fur quelques termes qu’il avoit mal lus:
mais à l'égard du premier mot de l'infeription ,
il lit hic- avec lui. D. Jacques Martin foutient
qu'il faut lire IS précédé du ©, que les grecs ne
manquaient jamais de mettre à la tête de toutes les
épitaphes. Ainfi il ajoute de: nouvel'es correét ons
aux correétions faites par D. Mabillon , à la
manière de lire de l’ancien éditeur. Mais, i°. fi
l'on vouloit s'en rapporter à Jofeph Laurent,
dans fa Polymatbie, le © ne feroic attribué qu'aux
ftpulcrës- des militaires. 20. C e n'eft pas ici le
tombeau dé Gordien feul 5 c'ell encore celui de
toute fa famille.' 30. Le © défigne p’utôt le
fépulcre d'un pa.yen , que d’ un martyr de J. C .
Il nous femble donc plus probab e que tkis eft un
terme originairement grec, & peut-être latinifé ou
gallicifé. Les latins ne faifoient nulle difficulté
d’emprunter des grecs les mots qui mnnquoient
à leur langue. O r , ©is veut dire un amas. Homère
l ’emploie pour fignifier un tas d ’offemens
humains» L ’application qu’en avoit faite un auteur
fi célèbre-, fuffifoit, pour qu'on s’en fervît
comme d’un mot confacré déformais à cet ufage*
Dans les inferiptions on affect-oie volontiers des
expreffions antiques. Au furplus, il faut fous-
entendre un point après tk is , comme avant 8c
après Ythfila ancilla fe c itt,
En rapportant l’épitaphe de Gordien, martyr,
U feule de toutes les -inferiptions en lettres