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cette capitale du monde de la fépuhlire des
pauvres.
Le paganifme n’ infpiroit aucun établiffement
charitable : des divinités qui fe livroient des corn-,
bats j fe bleflbient cruellement & s’abandonnoienf
dans cet état de foiblelTe j une religion qui n’en-
feignoit point l’égalité entre les profélytes, qui ne
blâmoit point l’inhumanité des maîtres envers
leurs enclaves , qui enfin ne mettoit aucune borne
au defpotifme, ne pouvoit infpi:er la pitié pour
les enclaves malades. Les citoyens malheureux
( car il en exifta dans les plus beaux jouis de Rome
& d Athènes ) n’avoiept d’autres refîources dans
leurs maux que la force du tempérament , eu les
crifes de la nature.
La religion des peuples anciens n’éloignoit pas
feule des malheureux, leur philofophiecontribuoit
aufli à cette barbarie. Le ftoïcifme, cette fedte
quille donnoit pour la réformatrice du paganifme,
& I eeole des héros, étoit bien éloignée- de rendre
fes fe&ateurs favorables aux pauvres. La douleur
n étant point un mal, félon elle, l’ame s’endurcif-
loit à fa vue, & tout chemin étolt fermé à la pitié.
Occupés à s’étourdir eux-mêmes fur leurs maux j
lès difciples de Zénon devenoient égalementinfen-
fibles à ceux de leurs concitoyens. D ’ un autre
côté l'Epicurien plongé dans la molleffe, & travaillant
fans ceffe à repoufler les impreffions.: fâ-
çheufes que les malheurs & la trifiêfle pouvoiènt ,
communiquer à fon ame, n’avoir garde de penfer
a foulager les malades : telles étoient cependant,
à quelques légères différences près, les deux fec-
tes qui partageoient les philosophes grecs & ro- i
mains.
Le defpotifme d’ ailleurs anéantit toutes les facultés
de l’ame, & ne laiffe recevoir à fon efclave
d’autre^ impreffion que celle des maux, dont la
volonté bifarre du tyran peut l’accabter. C e malheureux
réferve toute fa pitié pour lui feul, &
n’envifage^ fes concitoyens qu’avec l’indifférence
cruelle qu’on éprouve pour des compagnons d’ef-
clavage. Auffi les vaftes états du Mogol, les riches
contrées de l’Inde, la Chine fi policée &
en apparence fi heureufe, ignorent l ’ufage des hôpitaux.
Il eft vrai que les peuples qui croient à la
mérempficofe en ont élevé pour les animaux,
les chiens & les puces : l’homme feul a été oublié
dans leurs établiffemens. Par-tout où le pouvoir
arbitraire a étendu fes branches, il a étouffé la
pitié & la générofîté.
Il étoit réfervé à cette religion fublime, qui regarde
tous les hommes, comme les membres
d'une même famille, & q u i tient compte du plus
léger fecours donné aux malheureux , d’apprendre
aux légiflateurs ce qu’on doit à l ’humanité fouf-
fiafltc. A peine fon flambeau a-t41 diffipc les té-
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nèbres du paganifme, que fes difciples établilïent
des foulagemens réglés pour leurs frères infirmes
& malades. La rigueur des peifécutfons ne peut
être un' obllacle à leur zèle} & en 258, nous
voyons à Rome le chef des diacres, Laurent,
aflembler une grande quantité de malades &c de
pauvres que i’églife de cette ville faifoit fubfifter
par fes aumônes. C en ’étoit cependant pas encore
un hôpital t félon l ’idée que nous attachons à ce
nom : car Prudence , qui nous] a 1 aillé un poème
très-étendu fur la vie du S. Diacre, fou compatriote&
prefque fon contemporain, ne fait aucune
mention de retraite commune pour les malades.
Il dit au contraire pofitivement qu’il les ralTembla
des différens quartiers de Rome.
L ’année 380, ou 381 au plus tard, vit en O 0
cident Je premier hôpital proprement dit} & S.
Jerome nous apprend queFabi.ola , dame romaine,
ifluftre par fa piétié, conftruifit pour la première
Co\s 3 primo omnium , un hôpital, »oo-oKOfittov ( Hie-
ron. ad Oceanumde Fabiolâ) , c’eft-à dire , comme
il 1 explique lui même, «une maifon de campagne
» deftinée à raffembler les malades & les infirmes,
« qui étoient auparavant étendus fur les places
” publiques, & à leur fournir cous les- fecours
» & les alimens néceffaires * . Obfervons, avec
ce pere, que cette illuftre pénitente commença
l’emploi de fes grands biens par le fervice des
pauvres, avant la conftruétiort des monaftères.
• Nous pouvons: remarquer encore que ce fut hors
de la ville, &dans un air pur , qu’elle plaça-cet
etab’.iffement, villam languentium.
En 330, l’empereur Conftant’n clnifit pour
capitale de l’empire romain la ville de Byfance,
& l'embellit d’edifices publics. Le prêtre Zotique,
qui 1 avoit fuivi , établit fous fa protection un hof-
pice pour les étrangers & les pèlerins-, qui cêrri-
mençoient dès-lors leurs pieux voyages. Cet édifice
fut conftruit fur le modèle de I’hofpice qu’Hir-
can avoit érigé le premier à Jérufaltm , 1 jo ans
avant J. C . Ce prince chercha > par cet établi f-
fement, a fe laver aux yeux des ju-ifs du crime
dont il s’étoit fouillé , en ouvrant &r expoliant le
tombeau de David. Pour fanCtjfier les richeffes
qu il en tira, il voulut Ls faire partager aux étrangers
, que le zèle ou la curiofité amendent en
dans la capitale de la Judée. Peut-être
n etoit-il ouvert qu'au temps de pâque, fête que
les juifs né dévoient célébrer qu’à Jérufalem.
C ’ell de-là , dit S. Ifidore dans fes étymologies ,
que fut formé le nom de cet établilfement
Kuor, hofpice pour les étrangers.
L’empereur Juftinien conftruifit à Jérüfalem , en
35-0 , le fameux hôpital de S. Jean , qui a fervi
e berceau à l’ordre militaire des chevaliers de
Malthe. C et exemple fut fuivi par fes fucceffeurs
avec tant d’émulation , qu’onvoyoit à Conftantf*
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*opIe, félon Ducange, dans fon commentaire Air
l’Hiftoire Byzantine, jufqu’à trente-cipq etablilïe-
mens de charité. Aucune efpèce d’hofpice ou
d'hôpital n’avoit été oubliée : les malades, les ■
pauvres, les vieillards fains ou infirmes, les enfans
pauvres, les orphelins, les étrangers, tout âge en
un mot, tout fexe y trouvoient des foulagemeqs
& des remèdes. Des hôtelleries gratuites y of-
froieiic une retraite sûre 8c commode aux voyageurs
, 8c préparoient ces magnifiques caravanfe-
rais, qui font l’objet de l’admiration des européens, i
accoutumés à des hôtelleries mefquines & très-dif-
pendieufes.
Ces établiflernens admirables qui teno^ent à
l’ effence de la refgion chrétienne, étendirent fon
Empire avec la plus grande rapidité. Ils firent déferrer
les temples des idoles pour courir aux églifes,
dont la principale étoit accompagnée dans chaque
ville d’hofpices ou d*hôpitaux. Une lettre de l’empereur
Julien confirme ce que j’avance. On l’y
voit occupé à rétablir le paganifme, & à prendre
pour cet effet les moyens qu’il croyoit avoir été
employés par les premiers chrétiens. «Nous ne
• *> faifons pas( écrit-il à Arface, fouverain pontife
» de Galatie ) allez d’attention aux moyens qui
» ont contribué 'e plus à étendre le chnftianifme,
» je veux dire l ’humanité, les fecours envers les
» étrangers 3 8c les foins emprdfés pour la fé-
» Dulture des morts..............Etablirez donc dans
M les villes grand nombre d’Hofpiees, pour y re-
» cevoir les étrangers , non - feulement ceux de
*> notre religion, mais tous indiftinétement : bc
» s’ils ont befoin d’argent, que nos bienfaits leur
» en fourn:ffent abondamment». Nous apprenons
la même vérité de S. Auguftin, qui dit que les
hofpices ont reçu des noms nouveaux........... mais
qu’ils ont pour bafe la vérité même de la religion.
Les premiers rayqns du chriftianifme éclairèrent
à Rome & dans l'Orient la fondation des premiers
hôpitaux : ce fut aulfi par ces religieux établilfe-
mens que la piété des rois françois commença à
fe fignalçr.
J’ai ralfemblé ici fous leurs acceptions communes
, les différens noms donnés aux hôpitaux dans
l’Hiftoire byzantine &les anciennes chartes.
Nofocomium. Receptaculum aegrotorum.
Xenodochium'-$\Xenon y Lobotrophium. Peregri-
norum 8c exteroruqi receptaculum.
Ptochium3 Vtochodochium> Ptochotropkium. Pau-
perum 8c mendicantium hol|)itium.
Brepkotrophiurâ. Locus infantium pauperum
educationi dicatus.
Orphanotrophium. Locus orphanis facer.
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Gerocomium , Gerontocomium. Locus in quo Cènes
tùm valetudine , tùm fenio confeéti aluntur.
PandochAum. Diverforium gratuitum, nunc Caravanier
ais.
Morotrophium. Amentium & nepotum recepw.-
culum.
^ H O P L IT E S , f. m. {Hiß. an c .) , nom que
l’on donnoit à ceux q u i, dans les jeux olympiques
8c les autres combats facrés, couroient armés.
Voye% Jeu. C e mot eft grec, formé
d'ozrhov, armure.
Un des beaux ouvrages du fameux Parralius
étoit un tableau qui repréfentoit deux hoplites,
dont l’un couroit & fembloit fuer à greffes gouttes,
& l’ aurre mettoit bas les armes 8c fembloit tout
elfoufflé. Pline, lib. X X X P ' 3 c. xx, &: Pafchal,
de coronis, lib. J 'T, cap. ~xiv.
H OP L ITRO D OM E S , f. m. ( Hiß. :anc. .)
on appelloit ainlî les athlètes qui couroient armés
dans les jeux olympiques', & dont les armes
étoient au moins le cafque, le bouclier 8c les
bottines. Paufanias, liv. I I 3 des iliaques , ch- x 3
dit que de fon temps on voyoit encore à Oîympie
la ftatue d’un hoplltrodame. Elle portoit, dit-il,
un bouclier tout fcmblable au notre} elle avoit
un calque fur la tête 8c des bottines aux pieds.
Théagenes leur donne aufli la cuiralfe , mais lé-
; gère. La courfe des hoplitrodomes avoit toujours
fait partie des jeux neméens; mais ils ne furent
: admis aux jeux olympiques que dans la foixante-
cinquième olympiade 5 ce fut Dam.irete quirem-
1 porta le premier .prix. Cinq oyinpiades après, ils
eurent entrée aux jeux py thiques, 8c Timenete
fut le premier qui fe diftingua par la vîttlfe de fa
courfe. Pindare fait aufli mention de ces coureurs
armés , & l’on en conje&ure qu’ ils avoient place
aux jeux ifthmiques. Dans la-luite les Eiéens , félon
Paufanias , retranchèrent de leurs jeux cette
forte de courfe, & les autres grecs en firent autant.
( M.ém. de 'Vacad. t. III. )
HOP LOMAQU E S, f. m. (Hiß. anc.')étoient
des efpèces de gladiateurs qui combattoient armés
de pied en cap, ou du moins du cafque & d e
la cuiralfe.
C e mot eft compofé de deux autres mots grecs,'
ozrXoy , armes, & ptct%oputi, je combats.
HOP LO DAM US , un des chefs des géants.
Voye,I T hAUMASIE.
H O R A , déelfe de la jeun elfe chez les romains.
Junon avoit donné cette dignité à Herfilie, femme
de Rômulus. ( Ovid. met. X IV . 851. ) Quelques
écrivains la confondent avec Horta. V. ce mot.