
C H A P I
t . I. Di l'Ere des Olympiades. Du fyftême .
Lycurgue &
P o u r déterminer avec certitude le rapport
de iere des Olympiades à celle du temple, il
faut defcendre jufqu'au paflkge de X«rces;en
Grèce. Selon Diodore, qui paroît fufhfanmient
kiftruit dans cette partie, cet événement arriva
la première année de la 7 5 e. 0 1 ym p * - c > mats
ceci demande une obfervation. Il faut lavoir
qu’il y avoit deux calculs d'Olympiades :
10. celui des Eléens, qui tenoient pour nuis
deux quatrains d’années qui euflent du faire la
8e. & la 3 Ie. ; & c'eft ce qu’on nomme Aao:
lympiades ; 1°. celui des Piféens qui les reftf
tuoient. C ette différence a dû produire dans les
auteurs une équivoque a laquelle on n a peut-
être point allez fait attention. Elle n exifte point
dans notre cas, parce que D.odore avertit qu il
compte fur les Eléens (1 ). '
D ’autre part, Hé ocjpte, contemporain de
Xercès, nous apprend que ce prince palfa en
Grèce la 5c..année de fon règne ( 1 ) , qui nous
eft connue pour la ^ iz c. du temple. O r , 74
OlympiadesTa quatre ans chacune, plus 1 année
courante, donnent 297, q u i, founraits de
5 1 1 , laiflent de relie 215 .pour la première am
née des Olympiades félon les Eléens : mais fi
l ’on reftitue les huit ans qu’ils omette'ent, on
remontera à 20 7 , & telle eft 1 époque (}) de
la fondation, ou plutôt du rétabliffemenr des
deux Olympiques par Iphitus, roi d Elis (a)., ..
( 1 1 A g e b a t u r a p u d E l e o s -75«. O l y m p i a * . . . H f e t e m -
p e j la t e X c r c e s g r a t i s B e l lu m m o n t . Diod. Sicil. Lib. XI.
p. 406. Edit, de Wefleling. i vol. in - f o l .
( » j Herod Lib. VII. p- 510.
(al L»s anciens Chronologiftes Chrétiens, & les
modernes, qui ne font ordinairement que leurs co-
oift°s } descendent de vingt ans 1 Ere des Olympiades j
mais c’eft parce qu’ils la calculent lur le règne de Cyrus,
& qu’ils veulent toujours admettre 7 0 ans de la prife
de Jérufalem jufqu’au règne de ce prince.
( 4 ) L’origine de ces jeux va fe perdre dans la nuit
des antiquités facrées de l’Egypte ; ils furent apportés-
en Grèce par les Phéniciens avec tout le fyftême de
religion dont ils faifoient partie : par le laps' de tems,
le véritable- motif de leur imutution s’oublia ; & ce
R E I I I .
les ‘ Générations. Du tems d'Homère, Héfiode,
fythagore.
L e calcul 4es temps par les Olympiades ne
! s’introduire que fort tard. Hérodote n’en fournit
pas un feul exemple : ce ne fut que pres d un
fiècle après lui que les écrivains. Tentant la né-
ce {fi té d ’un typé général & commun, s’avisèrent
de choifir celui-là. O n parle- de T im e e de
Sicile comme en ay ant, le premier, fait ulagej
or ce T im e e n’ayant écrit que vers le tiède
d’A lexandre, prefque toutes les citations d O -
que les Grecs nous en racontent , prouve combien ils
étoient ignorans dans leurs propres antiquités. Ils di-
foient, par exemple , que c’étoit un homm£ appelle
H e r c u le s q-ui les avoient inventés, & que lui-meme y
avoit combattu le premier : mais ce prétendu Æomme
n’eft qu’un être aftronomique ; c’eft le S o l e i l . En écartant
les voiles de l’allégorie, ou plutôt des équivoques
du langage, om reconnoît que les jeux Olympiques
étoient une fête cyclique à l ’honneur de cet altre. On
célébroit fon quatrième retour aù même tropique ; ■ &
au 1460 jours écoulés, on en ajoutoitun forme du quart
réfervé pendant les quatre ans. C’eft ce que nous pratiquons
encore dans l’intercalation que nous appelions
.B î f f e x t i l c ■ Joignez à ceci que le nom d ’ E l i s , où fe cèlé-
broient les jeux , fignifie ■ v i l l e d u f o U i l 'en phénicien.^
A l . )
C’eft cette même période de quatre ans i dont l’em-
blême étoit chez les Egyptiens, fes inventeurs, un
champ quadripartite: & il eft remarquable que^ce caractère
aftronomique eft devenu g r am m a alphabétique ;
c’eft la huitième lettre de l’alphabet primitif, bien
confervée dans lefHi des Phéniciens. Cette idee, qui
a bien des conféquences, prouve entr autres que la
connoiftance de la révolution folaire , telle; que nous
l avons aujourd’hui, appartient à la plus haute antiquité
; mais les Barbares de la Gièce , chez qui ee
fut une plante étrangère, ne furent pas la conlerver,
puifqu’on les trouve plufieuis fié des après fe iervant
de l'imparfaite année lunaire, & qu’il fallut quEudoxe
& 'Platon jretournafient en Egypte chercher la con-
noiflance de l’an folaire.
- Il en fut air.fi dés Jeux ïftmiques , Pythiques & Né-
"méens , qui tous furent des J u b i lé s de diverfes périodes
aftronomiques, & tous les ufages de la haute an.îquitw
portent le même carat!ère. Les C i r q u e s - , les A m p h i t
h é â t r e s , les D a n f e s , la M v f iq u e , tout eioit lymbole
des révolutions des a vues dans leurs orbites circulaires;
de là le cara&èré facré de toutes ces choies chez les
anciens : de-là cette fameufl- danleP y r r h iq u c en 1 honneur
de la Canicule; la danfe A n g é l i q u e en 1 honneur
des Planètes ; celles ci’Adonis , de Bacchus , d Hercule
en l’honneur du Soleil. V. T h e f a v r . o n t . G u e c a r . y rC ~
n o v i i . t o m . 7 : de-là ces tournoiemens des Derviiclies ,
des Bonzes, des Fakirs, les procédions des Chrétiens,
& c.
C H R O N
lympiades qui le précèdent n’ont été faites que
par fupputation. On confronta les calculs des
différens mémoires 6c monumens, 6c ori les
rapporta à*la férié des Olympiques. Dans ce
travail, la diverfité des Chroniques, l ’inexac-
ritude des rédacteurs durent néceflairement in
tro luire des variations-, au (fi les hiftonens pnt-
ils des difcordances continuelles iur les \dates
des évènemens un peu anciens.
§. 2. Du fyjlême des Générations.
La méthode d évaluer les temps par la fu&--
ceffion des générations, eft plus ancienne, êc
a été plus étendue qu’on ne l’imagine ordinairement.
O n !a trouve employée dans Les. premiers
écrivains cités de la G rè c e , de l’Italie,
de l’Afie, 4e l’Egypte, d an sT y r té e , Ephorus,
Agathocle de Syracu e , Céphalon de Gergi-
the, Xanthus de L y d ie , Hérodote, ôcc. Les
trois âges de Ne ftor, dans. Horaere, ne font
pas autre chofe que des générations ; & par là
le poere n’a pas entendu trois fiècles, comme
quelques uni l’ont cru i mais trois fois 3 3 , ou,
en nombre ronds, un fiècle, félon 1 évaluation
généralement ufitée par les anciens.
De nos jours on a reftufeité le fyftême des
générations *, mais on n’en a point retiré 1 a-
vantage qu’on,s’en étoit promis, parce qu’on a
péché dans un point capital A vant d’employer
.cette mefure univerfellè, il eût fallu examiner
fa conftitution, vérifier fi l’évaluation qu’on ad-
mettoit étoit fondée fur les faits, fur une expérience
confiante j 6c l’on n’a rien lait de raifoii-
nable fur cer objet. Il eft vrai que N ew ton a ■
prétendu prouver, par la genealogie des rois
de France, que le terme commun des générations
érolt réellement de 3 3 ans • ma’s quand
cet exemple feroit vrai, il ne fulfiroit po:n t f
car dans une matière àufti fufceprible cfacci
dens, il faut s’attendre à des variations. Difons
la vérité : on n’a point cherché à fonder un f y f
tême fur des faits, mais on a cherché des faits
pour prouver un (yfteme reçu d avance, parce
qu’il étoit confacré par Un ufage de tiois mille
ans, par l’autorité dés G re c s, des Latins, &
fur-tout des Egyptiens à qui il paroît devoir
fon origine.il feroit curieux de rechercher quels,
furent chez ce peuple les motifs de cette éva’ua
tiom l’on trouveroit fans doute quelle provint
dé quelq .i’iifagè civil -, il femble qu’on en ap
perçoit des traces dans une coutume des Hébreux
, dont les Lévite* n’entr-oient en charge
0 L O G I E xxvtj
qu’à trente ans, & dans une autre des Romains
qui ne conféroient-les magiftratures qu’au même
âge. Quoi qu’il en to it , 1 évaluation des
Egyptiens ne peut s’a Imettre , parce qu elle-
contrarie les faits 6c l’expérience. Tavo'.s commencé
Iur ce fujet des recherches particulières
qu’il n’a pas été en mon pouvoir d’achever ;
mais fur l’examen de plus de quinze généalogies,,
à dix ebéts au moins chacune, j’ai cru
pouvoir établir po^r terme moyen vingt-cinq
'..ans à ia génération v 6c je le trouve encore fou-
vent pécher plutôt en excès qu’en déficit. Je ne
prétends po nt cependant, par une (impie af-
(èrt.ion, déraciner une opinion qui a jufqu’à ce
jour fttbfifté prefque fans contradiction. J ed e -
1 mande feulement quJon admette la mienne
comme hypothèfèj au furplus, que l’on revienne
a l’examen des faits, que l’on calcule
de nouveau un grand nombre de généalogies ;
mais dans ce travail il faudra porter certaine?
précautions, avoir égard à des circonfiances
phyfiques, mo ales , politiques qu*on a ’a point
- allez obfervé. On n’a point affez remarqué les
différences qui réfultent dans les générations de
la différence des climats, des gouvernemens,
des conditions 6c des moeurs. Cependant, tout
cela produit des variétés fbnfibles *, on r/en-
gendre point au même âge fous le pôle que fous
l’ équateur*, les particuliers n’engendrent point
communément d ’auffi bonne heure que les
princes : dans les pays nouveaux 6c fans luxe ,
les mariages font plus précoces.que dans les
pays'oùle luxe règne ôc où la population regorge.
Ainfi dans ^Amérique feptentrionale on
voit habituellement des époux de 18 à zo ans
Ôc le terme moyen de 25 y fe oit trop fort: o r ,
la plupart des anciennes, généalogies que nous
avons font dans le cas de la plus grande b rièveté
, puifqueles fujsts en font des princes ou des
prêtres , qui ont vécu dans des climats très-
chauds , tels que la Paleftine, l’E g yp te , la
Perfe , la Grèce , ôcc. Les Hébreux en font
la preuve, puifque de.David à Jéchonias.
c’eft-à-dire dans up efpace de 43 8 ans, ils donnent
dix neuf géhér|*ions , ce qui ne fait pas
vingt-trois ans Jolaires par chacune -, 6c cependant
cette généalogie n’eft pas dans Hrcasle
plus favorable, puitque Salomon eft à l’égard
de David , comme fon périt—fils : auiïi, pour
; me rapprocher de ces conditions le plus qu’il
étoit p'oflible , j’avois pris mes exemples dans
les familles des Empereurs T u r c s , des Rois de
Perfe anciens 6c m o i n e s , des Kalifes 6c de«
d ij