
gemme letterate) ont prefque toujours négligé,
a l'exception du (avant Venuti, de remarquer fi
les lettres qui compofoient les mots qVon lifoit
fur ces pierres étoient en relief ou gravées en
creux. De toutes celles qui font dans le cabinet
de Sainte-Géneviève, il n'y en a aucune dont
les caractères foient en relief, & nous doutons
qu’on en trouve beaucoup de cette efpèce dans
les autres cabinets.
Celui du Palais-royal en renferme deux publiées
par M. l’abbé le Blond. Elles font toutes
les deux des agates-onyx de deux couleurs ; &
les lettres de toutes les deux font gravées en
relief avec une délicatelfe fingulière. On lit fur
h O; emiè e MAKPINE ZHcAIC ÎIOAAOIC ETECIN.
Alacrin, viveç longues années!
Mariette s’eft trompé lorfqu’il a cru que c'étoit
le voeu d'un amant pour fa maitrefie : le nom
de Màcrin eft évidemment un nom d’homme. 11
y a un exempte d'un femblable fouhait, fait aufli
pour un homme, fur une pierre publiée par
Venuti dans X'Académie de Cortone.
Il n'en eft pas moins vrai qu'on trouve fur un
grand nombre de pierres, qui dévoient être
portées au doigt, l'expreflion tendre d'un amant
pour fa maîtreflfe. Les formules en font aufli con-
nues que fimples, & leur variété n’eft guère &
ne peut guère être que dans les mots.
Il y a aufli des pierres dont les inferipttons
font croire qu'elles auroient été deftinées par des
femmes pour leurs amans. C'eft principalement
fur celles-ci qu’on trouve la formule mnhmon ,
ou m nhmone ïe , fouveneç-vous ; quoique cette
formule puifle également avoir été employée &
par des hommes & par des femmes, fans-doute
le mot MNHMONEïE ^voit une lignification relative,
& qui n'étoit entendue que de^epx qui
^voient intérêt de l'entendre. Cela voqloit d ue ,
peut- être, fouvetieç-vous clc moi » de. notre (impur,
de vos fèrmens , &c.
On lit fur la fécondé pierre écrite du Palais
royal les lettres akaici zh.ce.c , qui veulent dire,
peut être9 yiveç fans chagrin, ou AKAKIAÇ
ZHcEC.
« Depuis’ que le baron de Stofch a publié un
recueil des pierres antiques qui portent les noms
des graveurs, le goût des- pièces de cette clafle
e}f devenu général. Outre que je ne trouve aucune
raifon plaufible, dit le favant M. Eckhel,
qui puifle iultifier ce que j ’açpellerois volontiers
une fantaifie, je crois devoir obferver, qu'on
rifque très fouvent d’être la dupe de cette préférence
: car enfin, les pierres portant le nom
des artifles nétant pas toujours les plus belles,
ce dont les connoifleurs conviendront fans difficulté
, je demande à quel égard le nom du
graveur peut être cenfé rehauffer le mérite d’une
pierre gravée , qui outre l'antiquité, ne confifle,
que dans la beauté de la matière', la corre&un
du deflin, & la perfection de la gravure f
D ailleurs, quelle utilité peuc-on tirer de la découverte
du nom d'un graveur parfaitement inconnu
dans l’h-ftoire ancienne ?' Sur quoi il eft
bon d obferver. qu’à l’exception de Pyrgotè'.e,
de Cronius , d’Apolionide & d e Diofcoride, donc
Pline fait mention, & dontles noms fe trouvent
encore fur quelques pierres antiques qui nous
relient, l'èxiftence de tous les autres dont les noms
fe j i fe n t fu r les pierres, quelque confidérab'e
quen foit le nombre, n’eft pas atteftée par le
témoignage de quelqu’auteur ancien. De plus,
quant aux pierres mêmes des quatre artiftes
que je viens de nommer, celles de Diofcoride
par exemple, comment peut-on s’affurer qu’elles
foient réellenunt forties de la main de ce fameux
graveur du temps d’Augufte? Le Baron
de Stoich en a publié jufqu’à fept qui portent ce
nom. M. Bracci en a ajouté fix à ce nombre, fans
compter plufîeurs autres difperfées dans divers cabinets
, mais fut lefquèlles ce nom a été gravé peut-
être par une main moderne. Or quel nombre im-
menfe de pièces de ce genre devroit-on fuppofer
être lorti des mains d’un feul artifte,fi aujourd'hui
il nous en relie au moins treize pierrest II parole
donc que l ’onTeroit bien fondé à fuppofer qu’il y
a eu plufîeurs graveurs nommés Diofcorides, comme
il y a eu plufîeurs fculpteurs du nom de Socrate.
M .B racci ne s’y oppoferoit certainement pas, lui
qui prétend avoir recqnnu jufqu'à fix différens
graveurs du nom d’Aulus, nom que l’on trouve
fur diverfes pierres. D ’ailfeurs le nom de Diofro*
rides peut avoir été (uppofé même par quelque
graveur ancien qui, en attribuant fon propre ouvrage
à ce grand artifte, aura cherché à lui donner
plus de relief. Je pourrois produire un affez grand
nombre de preuves pour démontrer que cette fu-
percherie, fi commune de nos jours, étoit aufli
en ufage chez les anciens ; mais je me borne au
témoignage claflique de Phèdre, qui dit que les
artiftes de fon tems, pour faiie valoir leurs ouvrages
, ofoient ÿ inferire les roms de Praxitèle & de
Myron. ( Lib. V >fabul.I,) C e que l’on pratiquoit
pour les flatues, n’e ft-il ‘pas bien vraifefnblable
qu'on l'ait également pratiqué pour les pierres
gravées ? Enfin, la paflion pour les pierres qui portent
le nom d'un graveur une fois connue, , des
fauffaires n'auront pas manqué d’en profiter, &
d'ajouter adroitement le nom de quelque ancien
artifte renommé, pour augmenter le prix d'une
pierre antique. Cette fraude n'eft que trop connue,
& tout le monde fait qu’elle n'a que trop bien
réufli à divers graveurs. On a beau dire que les
anciennes lettres font fi finesi, fi délicates, fi bien
; alignées, qu'on ne peut pas s’y méprendre; mais
j fi les Sirletti, les Natter, les Pichîer, furent autrefois
& favent encore fi bien imiter l'antique dans
les figures, que les connoifleurs les plus experts v
ont
y ont été trompés! peut-on douter qu ils ne réuf-
fiffent également dans l'imitation des anciennes
lettres, quand ils s'y attacheront ? Je crois en avoir
«Ht aflez pour faire connoitre aux amateurs trop
prévenus, combien ils rifquent d’être les dupes de
f'impofture ancienne ou moderne, ou de s egarer
dans leurs jugemens fur l’hiftoire de 1 art.
Voici enfin un dernier paflage relatif à Diofco-
rides; c’ eft Winck.Imann qui parle :
Le nom de Diofcorides I ce célébré graveur de
pierres fines, a donné occafion a plufîeurs taullai-
res dé tromper le public. Cette fourberie a meme
eu lieu, depuis peu, avec un camee nouvellement
trouvé, repréfentant la tête de Cahgula j lequel elt
aâuellement (en 1760) " ltre les mams de M.
Jenkins, peintre anglois à Rome, & dont on a
voulu rehauffer par là le prix. Il eft bon que ceux
qui commencent à prendre le goût des pierres gra- vêts, fâchent que le nom des artiftes, fur les camées
, y eft pareillement travaillé en relief » & ne
fe trouve jamais gravé dans la pierre.
Environ deux mille ans avant notre è re , dit M.
d eP aw , les Egyptiens gravoient déjà fur prefque
toutes les efpèces de pierres fines : or il n’y a
point d'apparence qu'on ait jamais réfléchi au tems
qui a dû s’écouler pour que les hommes foient parvenus
à ce point dans un art qui ne tient a aucun
befoin de la vie, mais fimplement au luxe. Bochart
croyoit avoit découvert, après bien des recherches,
que l'on a commencé à fe fervir du fehamir, qui
eft, félon lui, l'émeril : mais il y a bien de^l'appa- 1
rence que le fehamir eft la pierre ponce qu’on emploie
à polir le marbre & les autres minéraux de ce
-genre ; mais qu'on n'emploie point pour graver. Il
a fallu faire bien des expériences , tantôt malheu-
reufes, tantôt inutiles, avant que de parvenir à
connoîtïe les propriétés de l ’émeril, de la pierre
naxienne & de la poudre de diamant ; car c’ eft une
erreur de dire que les anciens n’ont fait aucun
ufage de la poudre de diamant, puifque Pline en
parle en termes non équivoques. Enfuite il a fallu
faire bien des eflais pour inventer cette machine
qu’on nomme le touret, & fans laquelle on ne fau-
roit tracer des figures & des caraéteres fur des matières
fi dures : on peut bien, fans le touret, y
creufer, comme les Péruviens creufoient dans les
émeraudes; mais cette pratique n'a aucun rapport
à la gravure proprement dite, dans laquelle il faut
fe fervir de fcîes & de bouterolles, dont on recon-
noîtles traces fur les antiques égyptiennes, comme
Natter en convient lui-même ( Traité de la maniéré
de graver en pierres fines.). On reconnoit
aufli très-bien fur l'obélifque de la Matarie, les
traces de ceç inftrument, que les fculpteurs grecs
nommoient teretron, 8s que nous appelions trépan :
c'eft une efpèce de foret dont la pointe doit être
faite d’un acier extrêmement fin; fans quoi il s’é5-
moufleroit au premier effort fur le granit.
Antiquités. Tome I I I .
Quoique nous connoiflions , dît le comte de
Caylus ( Rec. I , pl»6» ) , un grand nombre ^de
pierres égyptiennes gravées en creux, nous n en
avons prefque point de gravées en relief, que nous
appelions camées. Cependant, par plufieurs raisons
que fourniflent les principes de 1 art , ces
deux fortes de gravures ont toujours marche d un
pas égal, & auroient dû fe multiplier dans la meme
proportion. Eft-cepar hafard qu'on a jufqu a
préfent trouvé plus des unes que des autres?^ou
devons-nous croire que les camées faciles à etre
mutilés, n'étoient pas du goût des Egyptiens ? Le
temps pourra réfoudre ce problème.
Il convient de mettre quelque reftriétion à ce
que le comte de Caylus dit de L’extrême rarete des
pierres égyptiennes, gravées en relief. Car il eft
certain qu’on en trouve plufieurs, indépendamment
de celle dont il eft queftion-dans Natter (page y*,)'1'
on en connoît même qui repréfentent dès fearabees
militaires, travaillés en relief fur la partie convexe ,
& gravés encore une fois en creux fur la partie
platte. L e peu de penchant que les Egyptiens ont-
témoigné pour les bas-reliefs en général, paroïc
avoir influé en ceci j puisqu'on ne fauroit dire
qu’ils ont tellement multiplié les pierres gravées en
creux, afin de les faire fervir de cachets ou de
fceaux ; car chez eux on ne fcelloit pas les aéles,
dans lesquels Pline allure que l’écriture feule fufn-
foit : '
Non fignat Oriens aut. Ægyptus litteris etiam tune
contenta folis. Il peut y avoir eu quelques excep-
tions à cette réglé.
i La rareté des pierres,gravé« par les perfes , a
occafîonné les méprifes de plufieurs écrivains. N e
s pouvant en comparer plufieurs enfemble, ils les
ont fouvent confondues avec les gravures grecques.
Cette erreur eft encore venue de l'ignorance où
ils étoient fur la manière & le deflin de cette nar
tion. Parmi les pierres gravées des perfes, confer-
vées dans la colle&ion de W ild e , on a cru recon-
noître fur une la fable d'Ariftée, & l'on a fait^fur
l’autre un roi parthe d’un-roi perfe , ou d’un prêtre
de cette nation. Mais aujourd’hui on les diftingue
; parfaitement, depuis qu’on a étudié les beaux
relies de Perfépolis ; les grecs ont defliné avec une
! noblefle, une (implicite & une élégance, que les
autres peuples n'ont jamais connues; & comme
chaque nation a Ion cara&ère particulier, dont
elle s’eft rarement départie, les étrufques ont rendu
leurs productions reconnoiflabtes par une féche-
refle & une affeélation dans le détail 'des mufcles,
qu'on peut regarder comme leur étant particulières..
Les ouvrages admirables que nous ont Jaifle les
graveurs de là Grèce fuffifent pour nous faire juger
de leur mérite ; tuais nous ne favons rien de leur
hilloire, & le temps nous a enlevé cette inftruc-r
tion. C'eft pourquoi Mariette n'a commencé
qu'aux romains.fon hifiçire des graveurs. Nous ne.
j