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C H R O N O L O G I E
Béiofe ( i ) donne vingt-neuf ans à Nabopo-
lafÛtcj & cet hiftorien, élevé dans B ab y lon e ,.&
devant pat cette rai!on être mieux instruit que
Ptolomée , je préfers fon calcul. Il refte à ce
moyen trente fept ans pour Chynii-Adan (2).
L e Saosduchæus de Ptolomée ne peut être
que le Biléîys de C té lias; & tout ce que Ctéfias
rapporte de ion Belefys convient, comme nous
l ’avons déjà remarqué, au Mérodak-Baladan
des Hébreux.
Il faut convenir qu’il fe préfente ici plufieurs
difficultés. J ’ai dit que l’ambalTade de Mérodak- Baladan à Ezéki as avoir pourobjet d’en tirer des
fecours pour faire la guerre à Sar-dana pal.
Mais i° . ia mort d’E zék ia s , qui tombe à. l'an
ileux cent quatre-vingt-feize , paroîtra rendre
cette démarche trop précoce i i°. Mérodak e(l
appelié roi de Babylone dès le tems de l’am
ballade , & cependant Ninive n’étoit point encore
détruite-, 30. ce prince dan , efh dit fils de Bala
& l’on voudra pen 1er que ce dernier eil
plutôt le Belefys de Ctéfias -, ce qui remonte-
roit plus bautla fubverfionde l’Empireaffyrien.
Mladaaisn je penfe au contraire, i° . que Mérodak Bâ- doit être pris pour Belefys, parce que ce
terme de Mérodak paroît avoir été d ans ces contrées
un titre de la puilfance royale : on le re
trouve dans Aouil- Mérodak, dans plufieurs
noms du canon aftronomique, & nous le verrons
encore dans une lifte fort ancienne, ou il
tient, comme nous le rétabliffons i c i , tapre
mière place des Rois Babyloniens.
Il eft bien vrai que Mérodak, au tems de
l’ambaffarle, n’étôk point encore effectivement
Roi de Babylone -, mais on doit obferver que
les livres qui lui donnent ce titre , n ayant été rédigés
que depuis l ’événement, ils ont pu très
natu-rellementlui anticiper un titre qu’il eut trois
ans après-, il n’eft point d’hiftoire qui n’offre des
exemples de cela.
3®. I a difficulté qui naît de la mort d’Ezé-
kia s, n’eft qu’une difficulté apparente. Il fautfe
rappeller que les années étoient folaires à B ab y lo
n e , t e lunaires à Jérufaîem. O r fi depuis l’an
. deux cent quatre-Yingt-feize jufqu’à quatre
(1) A p. Jofeph. Lib. I. contr. App. n*. 19. Il eft vrai
que Jofeph dit en fes Antiq. 3ud. lib. X. c. n. qu’il réfna
i-i ans ; mais les Ant. 3ud. paroift’ent en général
ien moins exactes dans leurs citations que le petit
ouvrage contre Appio».
(a) Observez que ce font 37 années lunaires qui
n’en font pas 36 folaires.
cent fix on les réduit à la même d p è ce , c’eft-à-
d ir e ,q u ’on réduife les années lunaires en folaires
, la mort du prince hébreu defeendra de
trois ans quatre mois , 8c répondra à l’an trois
cent. Si l’on remarque enfuite que la guerre dura
trois ans au moins ('3), on conviendra que l’en-
femble qu’offrent ces événemens, eft auffi rigoureux
qu’on puiffe l ’exiger.
C ’eft peut-être ici le lieu d’examiner le récit
de Judith, qui Illicite quelques difficultés dans
cette portion d’hiftoire.
« Après avoir fournis plufieurs nations à Ion
» empire , Arphaxad , Roi des Mèdes, dit ce
« livre, avoir fuperbement bâti la ville d’Eg-
» batanes ", & il y jouiffoit avec fplendeur de
sa fa puiftancé 8c de fa gloire.
33 O r l’an douze de fon règne , Nabukodo-
>3110for , qui régnait dans Ninive , combattit
« Arphaxad & le défit dans les plaines de Ra-
33 gau v fier de fa vieftoire , il députa vers tous
>3 les peuples de l’Afie pour les fommer de re-
>3 connaître fa puilfance -, mais par tout fes en-
33 voyés furent méprilés........L ’an treize de fon
33 règne, il lit des préparatifs immenfes pour
33 venger fon affront \ Holoferne , fon Géné-
33 r a l, partit à la tête d’une armée formidable ,
33 & ravagea route la baffe A fie , la S y r ie , la
» PaJeftine & c .
Quel eft cet Arphaxad, Roi des Mèdes?
Les caradères qu’on lui donne ici fe partagent
entre deux princes d’Hérodote. C ’eft Deïokes
q u i, fdîon lui , bâtit Egbaranes d’une manière
toutà-fait conforme au récit de Judith ( 4 ) :
mais il n’eft point dit qu’il ait eu affaire aux A f
lyri'ens.
($) Phràortes fon fis, au contraire, après
aarvmoiers dcoomnptrteé lele sp rAefmfyi erire nless, &P epraferst i,c utoliuèrrnema efenst
contre ceux de Ninive, jadis dominateurs de tous
(3) Ctéfias apud Dïod. lib. II. p. 14& Arbaces &
Belefys livrèrent d’abord quatre batailles ; ils perdirent
les trois premières ; mais ayant gagné la quatrième,
ils allèrent mettre le fiége devant Ninive ; & la ville
ne fe rendit qu’après deux ans révolus.
(4) Hérod. lib. I. p. 50.
' EvPhraortes primusPerfas fubegrt. . deinde ad
Aflyrios progress ■, & quidem adeos Afiyriorum qui
Ninum incolebant, quondam omnium principes , fed
a fociis per defertionem defe&os., alioqui per le bené
habentes. Sed expeditfone' adversüs cos ftficepta cum
pleraque exercitus parte interiit.Ió, p. 51.
Iv
D E S D O U Z
dh'sa ailulteruerss, menaciosr ea laofrfse çr péduuijiftasn às \ lemuarsis f eiull pe*ér foitr dcaenss, cette expédition avec la majeure partie de fon
armée.
Phràortes fembleroit donc plutôt être l’Ar-
phaxad de Judith : mais i° . il n’eft aucun prince
babylonien dont la douzième année réponde
à fa dernière -, 20. chez lès Babyloniens, le
prince défigné par Judith ne répond point à
Phràortes} car fon Nabukodonolor eft le C h y nii
Adan de Ptolomée , le même que les-Para-J
lipomènes appellent Roi d’A f f y rie (1)’ , dont les
Généraux, dans une expédition, qui paroit la
même que celle de Judith , enlevèrent Manaf-
sès, le transférèrent à Babylone. C e titre de
Roi à'Àffyric prouve également qu'il régnoit
dans Ninive i car , comme nous l ’avons dit,
les Hébreux n’appellent proprement Affyriehs
que les Ninivites \ & cela eft fi v rai, que depuis
que Kyaxares (e fur emparé-de cette vide,
'les Hébreux affectent de-ne plus donner aux
Rois de B ab y lon e, le titr-e-de Rois d’Aby{finie.
Mais d’ailleurs il fe préfente ici des contradictions
-, car d ’un côté Bqradt>re peint les .Nipneivfi
tdetsf ecloiomrumme udnéf epretuosp e indépendant (a fociis d’autre-part, les Hébreux
fembients faire de 'Ninive une province
de l’empire babylonien. Comment accorder
ceci avec ce que rapporte Hérodote? C omment
imaginer que Nabopolaiiar ( ] fe fut
rendu médiateur f in trois cent foixante-huit,
entre Alyartes & Kvàxares, pour voir- le Roi
des Mèdes affiéger incontinent Ninive , dont
©n trouve ce même Nabopol-Affar en poffef-
fion en 3 84 ( 3,)? GommentNabukodônofor II
eut-il fouffert tranquillement qu’on lui enlevât
une auffi belle poffeffion? Toutes-ces diffon-
nances de fa its , ces contrariétés d’auteurs ,
rendent fi équivoque l’état de Ninive depuis fa
première prife pai* Belefys jufqu’à fa fécondé
par Kyaxares, qu’il ne me paroît pas raifonnable
de hafarder un jugement.
Nabou-Kaden-Atfar II eft le prince Babylonien
qui a- le plus intéreffé les Hébreux. Auffi
ont-ils déterminé avec préeifton différentes
dates de fon règne.
WJ üâralip. Lit?',.LL 0,^3..vu u*.- - ...
|a) Hérqd. j ’appelle d’pn.nom commun aux Rois de
Babylone y Labynéü.Lib. i.pv 3 H v
^3) Reg. II. cï-zy. v.-tÿ.li eft-appelle Roi d’Afiÿrie.
: S I E C L E S .
L a quatrième année de Joakim ( 3 8 O
la première de Nabou-Kaden-Atfar , Roi de
Babylone.........Jérémie, c. 25. v. 1.
La huitième année de fon règne, ( 3 P.5O Na-
bou-kadzn-Atfar prit Jéchonias & i’emmsna à
Babylone. Reg. II. c. 24. v. 12.
L ’an onzième de Sédéclas (40^) - fut la dix-
neuvième deNahoukadenatfar. Ibid. c. 21 . v.
C ’eft lui qu’Hérodote défigne fous le nom
de prince Syrien (pour Aflyrien ) qui avoit
fait conftruire les fameux jardins fufpendus, 8c
la plupart des autres merveilles de Babylone-,
8c Bérofe, d’accord en ceci, annule ce que des
écrivains poftérieurs ont raconté de Sémiramis.
C ’eft encore le même prince q u i, félon M é - -
gafthènes (4)., avoit conquis les Ibères d’Efp.a-
gne. Que Mé'gafthènes ait lu. dans les livres
kaldéens que N ab u k o d on o for conquit des Ibères, je ffen doure point-, mais qu’il y ait
vu que c’étoit ceux d’Efpagne, c’eft ce que je
nie. Moyfe de Chorcne a prétendu que ce fat
les Ibères de C o ’chide-, mais l ’interprétation
n’eft pas plus heureufe. Ces Ibères étoient en
Phénicie. C e font les Abirim des Orientaux , ■hebrcei des Latins. Les Occidentaux, qui n’ont
jamais bien rendu X%in des Afiatiques, lui ont
-ici, comme dans bien des c a s , fubftitué. IVi
haia hu ftî ;i ls dirent ilus pour al, le foleil, le très- 8c c’eft a n fi que l’ignorance des langues
••Ôc l’équivoque des noms jettent dans l’hiftoire
des abfurdites, ( 5 ) ôc'des invraifemblances.
Je ne fais pourquoi nos do êtes font conquérir
à Nab«chodbnofor toute l’Egypte : c ’eft une
fuppofition démentie par le filence de toute
l ’antiquité. D ’ailleurs ils font abfolument en
défaut dans la défignation des villes qu iis lui
font prendre fi gratuitement.
Aouil-Mérodak eft le prince que X éno -
phon (d) appelle fimplement fis du roi à’Affy- rie, 8c qui fit en Médie une incurfion jorfque
Cyrus avoit feizè ans, c’eft-à-dire, l ’an 22^.
Après deux ans de règne, fon beau-frère N é -
■ ri-gliffor le tua (7 ) , & régna à fa place. Celui-ci * I
; *(4)- Apud Jofeph. contr. Ap. lib. T. & àpud. Stra-
bon , qui l’appelle Nâvoçodrofar. Lib. XV. p- 687.
| (5) Les Kaldéens employoient la même ortographe
pour tous les autres Ip e r e s , parce que le nom de tous
étoit phénicien.
I (6) Cyropédie ïh fol. p. 17■ .. . ai . . . . 88.
« (7) Bérofe, ap. Jofeph. contr. Ap. lib. I.