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LEÇTIÇARIJDel. On lit dans une inTcription
( Muratori 16. T. ) ces mots qui défîgnent les porteurs
des ftatues des dieux dans les .pompes reli-
gieufesi
LECTICARIOLA3 femme qui prodigue fes
faveurs aux porteurs de chaifes > mot forgé par
Martial. ( 12. j8 . )
L E C T IS T ER N E , cérémonie relîgîeufe pratiquée
à Rome , dans des temps de calamités publiques,
dont l'objet étoit d’appaifer les dieux.
C ’étoit un feftin que, pendant plufieurs jours,
on donnoît au nom & aux dépens de la république
, aux principales divinités dans un de leurs
temples , perfuadé qu'elles y prendraient part
effectivement, parce, qu'on y avoit invité leurs
itatues , & qu'on le leur avoit préfenté. Mais les
miniftres de la religion, s’ils n'aVoientpas l'honneur
du feftin, en avoient tout le profit, & f e .
régalorèrit entre eux aux dépens des fuperftitieux.
On drefloit dans un temple une table avec des
lits autour , couverts de beaux tapis & de riches
couffins , & parfemés de fleurs & d’herbes de
lenteur, fur lefquels on mettoir les ftatu.s des
dieux invités au fêflin 3 pour les déefTes, elles
n’avoient que des lièges. Chaque jour que duroit
la fê te , on feivoit un repas magnifique, que les
prêtres avoient foin de deffervtrle foir.
Le premier leëlîfterne parut à Rome vers l’an
^56 de fa fondation : un mauvais h,ver ayant été
fuivi d’ un été encore plus-fâcheux, où la pefte fit
périr un grand nombre d’animaux de toutes fortes
; comme le mal étoit fans remède, & qu'on-,
n’en pouvoit trouver bi la caufe, ni la fin, par
un décret du fénat, on alla confulter les livres des
lybilles ; les dulimvirs fybillins rapportèrent que
pour faire ceffer ce fléau, il falloit faire une fête
avec des fefiins, à fept divinités qu’ils nommèrent
î favoir, Apollon, Diane, Hercule, La-
tone , Mercure & Neptune.^ On célébra pendant
huit jours cette nouvelle fête, dont le foin ou
l ’ordonnance fut confiée aux duumvirs, & dans
la fuite on leur fubftitna les épulôns. Les citoyens
en leur particulier, pour prendre part à ja folem-
nité, îaifsèrent leurs maifons ouvertes, avec la
liberté à chacun de fe fervir de ee qui etoit dedans
: on exerça Thofpitalité envers toutes fortes
de gens connus, inconnus, étrangers : on vit en
même-temps difparoître toute animofité. Ceux qui
avoient des ennemis , conversèrent & mangèrent
avec eux, de même que s’ils euffent toujours été
en bonne intelligence : on mit fin à toutes fortes
dé procès & de différions 3 on ôta les liens aux
prifonniers , & , par principe de religion, on ne
remit point dans les fers ceux que le s dieux en
avoient délivrés. Tite-Live , qui rapporte tout ce
détail, ( au cinquième liv. de fon hift. , ç. 13 .)
pe nous dit pas fi ce premier leiïifierne produifit
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l’effet qu’on en attend oit ; du"moins étoit-ce
toujours un moyen de fe diftraire pendant un
temps des fâcheufes idées qu’offre à l’efprit la vue
des calamités publiques. Mais le même hiftorien
nous apprend que la troifième fois qu’ on tint le
leBifteme, pour obtenir encore la ceffation d’une
pelle, cette cérémonie fut fi peu efficace, qu’on
eut recours à un autre genre de dévotion, qui fut
l’inftkution des jeux fcéniques, dans l’ efpérance
que, n’ayant point encore paru juRome, ils fe-
roient plus agréables aux dieux.
Valère Maxime fait mention d'un lettîfterne
célébré en l’honneur de trois divinités feulement,
Jupiter, Mercure & Junon. Encore n’y avoit-
il que la ftatye de Junon qui fut couchée fur le
lit, pendant que celles de Jupiter & de Mercure
étoient fur des. fièges. Artiobe lait auffi mention
d’un lectiflerne préparé à Cérès feulement.
Le leiïijîerne n’eft pas d’inftkutîon romaine y
comme on l’a cru jufcju’au temps de Cafaubon;
ce fa va nt critique a fait voir qu’ il étoit auffi'en
ufage dans la Grèce. En effet, Pau l'a mas parle en-
plufieurs endroits de ces foi tes de couffins 3' puhi~
\naria, qu’on métrait fous les ftatues des dieux &
des Héros. Spon-, dans fon voyage de Grèce , dit
qu’on voyoït encore à Athènes le leclifierne d’Ifis
& de Sérapis ; c ’étoit un pet-t lit dé marbre de
deux pieds de long fur un de hauteur, fur lequel
ces deux divinités étoient repréfe tées a.ffi-
fes. Nous pouvons juger par-là de la forme des
anciens leftijlcrnes. Le nom de la cérémonie eft
pris de l’aétion de préparer des lits , de les
étendre. (de lefius, lit, & de fiernere , dreffer*
préparer, étendre.
LËCTlSTERNIUM. Le plus grand des leâif-
ternium qu’on a trouvé à Herculanum , eft de
bronze 3 de cinq palmes romains, ( de fept pouces
de long) & en a quatre de long fur deux & demi
de large. Les barres d’en haut, du côté de devant,
portent fur deux belles têtes de cheval, & celles
du derrière repofent fur des têtes de cygnes. Un-
petit leiïifternium auffi de bronze , a la figure d’un
bois, de lit à l’antique, avec quatre colonnes, fans
lefqueltes on pourrok prendre cet ufter.fiie pour,
un joujou.
Gn voit fou vent-fur les médailles impériales des
leëiifiernium chargé de divinités, qui fervent «le
| type.
L É D A , fiile de Theftius, époufa Tyndare,
roi de Sparte. Jupiter l’ayant trouvée fur les bords
de l’Eurotas, fleuve de Laconie, où elle fe bai-
gnoit, en devint amoureux 5 & pour pouvoir l’approcher
fans aucun foupçon, il commanda à Vénus
de fe métamorphofer en aigle : pour lui il prit la
figure d’un cygne, qui, étant pourfuivi par cet
aigle, alla fe jetter entre les bras de Léda, & fe
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repofa: fur fon fein. Au bout de neuf mois1, la
re-ne ~<îe "Sparte accoucha d’un oe u f, d’où forti-
rentPoliux & Hélène. D’ autres racontent qu’elle
accoucha de,deux oeufs 3 que de l’un d’eux forti- ,
rent Caftor & Pollux, & de l’autre Hélène &
Clytemneftre. Plufuurs des anciensrant confondu
teda aveé Néméfis. Pàufanias dit què'Lêda 11’éfqit
point la rrière d'Hélène, mais, feulement fi nopr- 1
jice. Phidias fe .conformant à cette tradition i.re-
préfenta Léda de telle‘fù.rte, fur la bafe de la fta-
tue de Néméfis, qu’ elle fémbloit amener Hélène
à cette déeffél D’autres enfin ont dit que ce fut
Néméfis qui pondit l'oe u f, & que Léda l’ayant
trouvé, le couva, & en fit éclore Caftor, Poliux
& Hélène. Vbyei le mot H élène, où l’on éx^fe
les différentes traditions touchant cet oeuf mÿfté-
rieiix.
L’ufage f cpnfacré la dénomination de Léda
pour toutes les femmes qu’on voit careffées par un
cygne, de quelque.manière qu'elles foient rèpré-
fentées : peut-être feroit-on plus fondé à leur donner
le nom àtNéméfîs, . ri.
Nous trouvons cependant un cara&ère diftinébf
dans la fable; elle nous apprend que Jupiter,
dcguîfé en cygne r & pourfuivi par Vénus, méta-
morphofée en aigle, alla chercher un afyle dans
le fein de Néméfis. Cette déeffe recueillit l’oifeau
fugitif, qui en jouit pendant fon fommeil, & s’envola
à fon réveil. On pourroïc donc appeUer Né-
méfîs lés femmes qui font repréfenrées endormies
fur les monumens antiques, & careffées par un-
cygne.; Le nom de Léda appartiendroit exciufive- ,
ment aux*, femmes, qui feroient repréfenrées avec
le cygne , rfnis éveillées, ou dans toute autre attitude
que couchées.
LÉ ÉN A , fameufe courtifane d’Athènes, ayant
été foupçonnée d’avoir eu part à la .conjurati n
contre les fils du tyran Pififtrate, parce qu’el.e-
étoit amie d’ un des meurtriers d’Hipparque, Hip-
pias, frère d’Hipparque, fous ce prétexte, fit
fouffrir à cette femme toutes fortes de cruautés,
jufqu’à ce qu’elle expirât dans les tourmehs. Les
athéniens, lorfqu’ ils fe virent délivrés ,de la tyrannie
des Pififtratcs, érigèrent à cette courtifane
une ftatue fous la figure d’ une lionne fans langue,
pour marquer que la force des, tonrmens n’avoit
pu arracher une feule parole de la bouche de
Lééna, qui même fe coupa la langue, dans la
crainte de fuccomber à la douleur.
LEG A T IO , employé de l’officier appelle lega-
tus chez les romains. Vaye% LèGATus.
LEGATIS. ( à ) On trouve cet ..office dans
une infeription rapportée par Muratori. ( 898. 9. )
C ’etoit probablement un officier chargé du foin
des ambaffadéurs, legad, comme nos introducteurs
des ambaffadeuis.
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L E G A T IUM , honoraires d'un envoyé
L E G A TU S , défignoit chez les romains, i°.
un officier fupériêur qui commandoit en qualité
de député du général, ce qui répondoit d nos
lieutenans généraux des années ; a0, un officier
civil député par le proconful ou le gouverneur
pour gouverner une province j }°. une perforine
de hia*qu^que le fénat décoroit de ce titre (ans
fondions , pour lui attirer le refpeft dans (es
voyages, & pour le faire défrayer par les villes
qui fe trouvoient fur fon paffage. On appelloit le
titre d’honneur des troifièmes, libéra legatio , me.
ambaffade libre, parce que la perfonne qu elle
regardoit n’étoit chargée d'aucune fonction, fie
pouvoit fe dépouiller de ce titre à volonté.
L É G E N D E , mots "gravés, fur les ^ médailles
amour des têtes ou des types. h‘ infeription, au
contraire, eftTaffemblage des mots qui tiennent
fur le milieu de la médaille la place d’un typs.
f D ’après cette diftinélion, il faut dire que cha-?
que médaille porte deux légendes, celle de la teie
i & celle du revers. La première ne fert ordinairement
qu’ à faire connoître la perfonne, reprefen-
! té e , par fon nonl propre , par fes charges ,• ou
par certains furnoms que fes vertus lui ont acquis.
La fécondé eft deftinée à publier foit à tort, fok
avec juftice, fes vertus , fes belles allions, à perpétuer
le fouvenir des avantages qu’elle a procurés a
; l’empire, & des monumens glorieux qui fervent à
immortalifer fon nom. Ainfi, la médaille d Antonin
■ porte du coté de la tête, Antonius Auguflus pius,
vater pain a , tnb. pot• cos. 1 I I . Voila fon nom 8c
fes qualités. Au revers, trois figures, l’une de
l’empereur afiis fur une efpèce d échaufaud 3 1 autre
d’une femme debou:, tenant une corne d a-
* bondance, un carton quarré, avec çertain nombre
de points. La troifième eft une figure qui fe
, préfente devant l’ échafaud , & qui tend fa robe,
comme pour recevoir quelque chofe : tout cela>
! nous eft expliqué par la légende, liberalitas quarto,
qui. nous apprend que cet empereur fit une quatrième
libéralité au peuple, en lui diftribuant certain
nombre de mefures de bled, félon le befoin
de chaque famille.
Cet ufage. n’eft pas néanmoins fi univerfel & fi
indifpenfablê, que les qualités & les charges de
la perfonne ne fe lifent quelquefois fur lé revers,
auffi bien que du côté <ie la tête 3 fouvent elles
font partagées moitié d’un côté, moitié de l’autre 3
d’autres fois on les trouve fur le revers, où on
ne laiffe pas encore., quoique plus rarement, de
rencontrer le nom.même, celui d’Augufte, par
exemple, celui de Conftantin & de fes enfans.
On trouve quelquefois des médailles fur ief-
I quelles le nom fe lit des deux côtés, même fans
I prefqu* aucune ÿfférencç dans la légende. T émoi«