
J.
» X j E s anciens grammairiens romains diftinguè-
rent la valeur de i J confonne de celle de TI voyelle.
Sur la dénomination qu'ils leur donnoient, & fur
l ’application qu’ils en faifoient, ils étoient parfaitement
d’accord avec nous ; mais nous ne convenons
point avec eux fur la manière de prononcer
leurs J confonnes , & fur la figure que nous leur
aflignons maintenant. Leur prononciation étoit
conforme à celle du fécond J confonne de notre
langue, femblable à celui des italiens & de quelques
autres nations. Nous avons coutume de le
rendre par un Y ou par un ï. Mais la valeur des
diverfes fortes d’I ne doit pas nous arrêter : nous
ne devons nous occuper que de leur figure. Si TI
perpendiculaire eft de tous les temps , l’J à queue
étoit employé plufieurs fiècles avant la fin de la
république romaine ».
*> Comme notpbres, Ê court & TJ à queue fe
trouvent fouvent réunis, au fiècle de Charlemagne
& même avant lui. Dès le fixième fiècle, on diroit
quelquefois qu’on affe&oit de mettre l’J au commencement
des mots ; mais bientôt on s’apperçoit
que cela fe fait fans deffem. Aux onzième & douzième
, fur-tout en Ecoffe , on vit fouvent l’J au
commencement des phrafes , des noms propres &
de I eux. On continua d’en ufer de la forte durant
les fiècles fuivans , quoique peut-être un peu
moins fréquemment,jufqu’au quinzième. Alors on
s’avifa de le marquer en général au commencement
des mots : cette pratique paroît affez fuivi'e
dans quelques imprimés & manüfcrits > mais c’eft
fans conféquence pour les autres ».
» L ’ufage de diftinguer les figures de l’J confonne
d’avec celles de l’ I voyelle eft fi récent,
qu’on ne peut pas affurer qu’il foit généralement
reçu dans tous les pays. Il n’étoit pas établi en
France au milieu du dernier fiècle : il ne rétoit pas
généralement en Allemagne» ni même en Efpagne,
il y a cinquante ans ».
» Le P. des Molets, au feptième tome de fes
mémoires de littérature, a publié une dijfertâtion
de l ’abbéPapillon fur l’J & l’V confonnes. C e fu t,
nous dit cet abbé , Jacques Pelletier du Mans
qui, dans fa grammaire françoife imprimée en 1550.
à Paris, plaça l’J à la tête des mots qui commencent
par cette confonne. Dans la poétique du même
Pelletier j imprimée en 1555 à Lyon, l’J confonne
eft conftamment diftingué de l’ I voyelle.
L ’abbé Papillon ne devoit donc pas recourir à la
grammaire latine de Ramus ou la Ramée , pour
fixer l’époque de TJ. confonne, en tant que diftingue
de l’I î puifqu’ il ne peut la faire remonter au-
delà de la date du privilège de cette grammaire ,
donné l'an 15-57 » d’autant plus que l’ arithmétique
du même , de 1 y; y , ne fuit point cette orthographe.
Ramus l’avoit exigée de fon imprimeur. Après
la mort de l’un & de l’autre, les héritiers de Vechel
furent exaéts à remplir leurs engagemens dans les
impreflions des ouvrages de Ramus ; mais ils n e-
tendirent point la nouvelle orthographe a ceux des
autres auteurs. Gille B ey s , imprimeur de Paris ,
la fuivit en 1584, dans le commentaire^ de Mi-
gnault fur les épîtres d’Horâce. En i 599, ou peu
après, Guillaume le Gagneur publia fa-technographie
, où non - feulement toutes les planches en
grand nombre obfervent exactement 1 orthographe
de l’J confdnne; mais il fe déclare encore expref-
fément en fa faveur. ce Quant à cet J , dit-il, que
» nous.faifons toujours fervir de confonne, & qui
» prend fon origine de G , je n en ferai autre def-
» cription, & me contenterai d’en repréfenter feu-,
» lemenc la forme , j , je , ju. ».
» La diftinétion de TJ confonne fut obfervéd
prefque par-tout, dans l'hsftoire des plantes rares
de Clufius , imprimée à Anvers eh ié o i . On a
cru voir un germe de la diftinétion des J & V con ■
fonnes d’avec les voyelles, quant à la figure» dans
une édition du catholicon de Jean de Gènes , en
1460. Mais fi l’on n’en a pointjl’ autre preuve que
le texte cité p. 22b. des mémoires de littérature,
on peut attribuer cette orthographe au hafard',
plutôt qu’à quelque deffein de la perfectionner. Il
n’en eft pas de même de l’ ufage qu’en ont fait no;g
auteurs & nos imprimeurs ; mais ce furent plutôt
des tentatives de leur part qu’ une pratique fou-;
tenue ».
» Les hollandois ne tardèrent pas à s’y conformer
affez exactement. Ils ont daté fur n o u s à cet
égard, de plus d’un demi-fiècle. II eft vrai qu’ils
n’employoient pas encore alors d’J majufculej ils
ne le firent qu’au temps où nous commençâmes à
fuivre tout de bon un exemple que nous leur avions
donné. II n’y a pas cent ans que nous tenions encore
à l’ancienne mode , & pas quatre-vingt que
la nouvelle- a chez nous pris fa plface. « Lorlqu il
» fut queftion de diftinguer les i & les u confon-
» nés & voyelles, il ne fe trouva pas un feul ouvrier
» en état d’en graver paffablementjes poinçons
» ( DiStionn. Encycl. t . i . p. ûàz. ) »• L’auteur
parle d’après Fournier le jeune.
Cellarius dans fon orthographe latine, & le c§
J A M
îèbre Fabnclus ont encore réclamé de nos jours,
fort ferieufement > en faveur de l’ancienne mode ;
mais la nouvelle fait tous les jours, en Allemagne,
<bs progrès fenfibles. Nous voyons un même imprimeur,
à Nuremberg, employer e 111741 vieille
orthographe , & en' 1747 la nouvelle. Nous ii’en-
trerons point dans le ( détail des villes qui s’ attachent
à l’une , préférablement à- Fautre. Il y a
plus de quatre-vingt ans, que la bibliothèque de
ï empereur , par Lambecius , a été imprimées
Vienne avec des J & des V confonnes , bien dif-
tingués. des voyelles ». ( Nouvelle diplomatique.')
JADE. On trouve, dans des tombeaux gaulois,
des morceaux de ja de , pierre très-dure, taillés en
haches & en cifeaux. C ’étoient les outils des peuples
qui ne favoient. pas travailler le fer. On en
trouve de pareils chez les fauvages de la mer
du fud.
JAILLISSANTES (eaux). On ne fauroit douter
que les romains n’aient été verfés da^s l’art de
faire des jets-d’eau. Le feul poète Manilius fuffit
pour le prouver, fans qu’on fe donne la peine de
parcourir les anciens auteurs, dont la plupart font
mention des machines hydrauliques & de leurs
ufages.
Manilius (lib. 4. verf. 2^9. ) dit que le Verfeau
préfide aux travaux hydrauliques, & notamment
aux eaux jaillijfantes :
Ipfaquè converjis afpergere fluttibus afira.
Ovide dit de la fontaine par laquelle l’eau de
l ’aqueduc d’Appius s’écouloit au forum de Céfar :
Appias exprejfts aéra pulfat aquis.
JAIS ou JA YE T. Gette tête de Jayet, dit
Caylus ( Rec. IV . pl. 1 1 . . ) , fe joint aux autres
preuves fans nombre que les monumens nous donnent
, de la préférence que les égyptiens avoipnt
accordée aux matières noires. La matière du jayet
qui réfifte difficilement à tous les accidens deftruc-
tifs , m’ a engagé à rapporter cette tête , peut-être
plus encore que le plaifir de pofféder la repréfen-
tarion d’un (impie égyptien.. Ces fortes de monumens
ne fe trouvent pas communément. Le travail
deceljui-ci eft très-fin & même très-agréable, quoi-
qu’égyptien 5 auffi je l’ai fait defliner de face & de
profil.
JAMBAGES des portes. Les anciens rendoient
une forte de cuire aux jambages des portes des
temples ; ils. y .appendoient les armes & les dépouilles
prifes aux ennemis. Ils les baifoient en
ligne de refpeét ( Æneid. 1. 490. )/
Amplex&que tenent pofies $ 0 ofcula figunt
J A M 517
$ Des chefs de pirates paffant par Linternum, où
s’.étoit retiré Scipion l’Africain, allèrent faluer ce
grand homme. Arrivés à fa maifon , ils (allièrent
avec refpeét les jambages de la porte , comme ils
auroient fait, dit Valère-Maxime ,à un autel facré
& à un temple augufte.
Mais, dans la douleur, les anciens frappoient
de la tête contre les jambages des portes faertes
( Tibul. 1. 5. 42. ) .*
Et miferum facro tundere pofie caput.
A Rome, les nouvelles mariées frottoient avec
de la graiffe, & effuyoient avec de la laine les jambages
de la porte qui leur donnoit entrée chez leur
époux. Voyei A n té pagm en ta .
JAMBES (Armuredes). Voyei Bo t t in e s .
M. de Nom a rapporté de Sicile deux armures
de jambes. Elles font de bronze , & refifemblent
parfaitement aux bottines de carton que l’on mec
devant les cheminées aux jambes , pour les prefer-
ver du feu.
On voit ces bottines fut un bas-relief du Capitole,
où les cydopes forgent des armes.
Jambes (Beauté des). Voyc^ G enou. Les
anciens avoient toujours les jambes nues. Les femmes
feules portoient au-deflus des chevilles une
efpèce d’anneau, de bande ou de bracelet. On
en voit fur les vafes étrufques , & les femmes de
l’Orient en portent de femblables.
Jambes croife'es. « On ne trouve, dit Winc*
kelmann ( Hijl. de Vart. I. IV . c. I I I . ) , aucune divinité
de l’âge mûr qui ait les jambes croifées. Une
pareille pofition auroit été jugée également indécente
chez un orateur. ( Plutorck. Confol.ad Apoll.
pag. 19 4 .1. X.-) Les pythagoriciens regardoient-
même comme peu décente l’aétion de croifer la
jambe droite fur la gauche, quand on étoit affis.
( Id. tS âxovuv p. 78» /, X V I I . vrifji à'oraTT. )
D ’après cela, je ne crois pas qu’une ftatue de
bronze de la ville d’Elis, qui s’appuyoit des deux
mains fur une pique, & quiavoitlts deuyljambes
pofées l’une fur l’autre, repréfentât un Neptune ,
comme on voulut le faire acroire à Paufanias.fPdit*
fan. I. VI. p. 517., I. X I I I . ) Les interprètes n’ont
pas bien entendu cette façon de s’exprimer : rot
treçov rav ■ xoè'av ew/ttAé*«» to treça, en la rendant en
latin par pedem pede premere , mettre un pied fur
l’autre > ils auroient dû la traduire par decujfatis
pedibus, ce qui s’appelle en françois , jambes
croifées ».
« Apollon & Bacchus feuls font figurés ainfi
dans quelques ftatues, pour exprimer dans le premier
la première jeuneffe, & dans le fécond U