
erigea une ftutua à l ’auteur de cette invention.
Comme la foppreftîon des accens paffe pour
un des lignes d'antiquité le moins équivoque j
nous n’admettons aucun manufcrit , dont 1 ecrimre
ne foit marquée a ce cara&ère : fi ce n eft qu elle
en porte d’autres, qui paroilfent également avantageux
, & qu’il n’y ait au moins quelque fujet
de douter, fi les accens n’ont pas été ajoutés après
coup.
Le fécond ligne d’une haute antiquité dans les.
manufcrits grecs & latins, c'eft que les mots n'y
foient point diftingués les uns des autres.
Le troifième ligne d'antiquité eft que l'écriture
foit onciale & fur-tout quareée ou ronde , & non ■
penchée ou allongée. ( Nouvelle diplomatique ).
M AN U SC R IT S d’Herculanum. Voici ce
qu’ en dit Winkelmann.
Quant à la forme & à l’état des manufcrits
trouvés à Hercutanum, il faut remarquer que le
plus grand nombre ont un palme de hauteur ,
quelques-uns deux , & d'autres trois ; & que
roulés ils portent jufqu’à quatre doigts d epaiffeur
ou de diamètre; cependant il s’en trouve suffi
quelques-uns d’un demi palme d’épaiffeur. La
plupart font defféchés & aufli ridés que la corne
d’un bouc. La chaleur a produit cet effet , &
les a convertis pour ainfi dire > en charbon s
car ils font ou noirs, ou d’ un gris très-foncé.
En les tirant de la fouille , ils' n’ont pas rout-à-
fait confervé leur forme cylindrique ; ils ont pris i
un contour inégal & raboteux ; & à ne les confi-
dérer que par l’extérieur, on les prendroît pour
du bois pétrifié : ce .qui n'empêche pas qu’on en
dillingue aifément à chaque bout les circonvolutions
des feuilles de papier, dont eft compofé
le rouleau. A l'égard des livres de forme quar-
r é e , il ne s'en eft pas trouvé un fenl.
C e papier d’Egypte eft mince & plus délié
• qu’ une feuille de pavot ; il n’a plus la même con-
fiftarice qu’il avoit dans fon premier état ; le feu,
après l’avoir défféché;, lui en a fait prendre une
nouvelle ; un foufle , en le déroulant, peut y
caufer du dérangement. On ne peut douter que
ce papier n’ait toujours été fort mince, par
l’ examen de pluiîeurs manufcrits qui font moins
ridés & moins - defféchés , qui cependant
étoient roulés aufli ferrés qu’ils le paroilfent aujourd’hui
; car comme ceux-ci n’ont pu être comprimés
par la chaleur -, dans un volume moindre
que celui qu’ils occupoient, & qu’ils n’ont_ diminué
en aucun fens ; ils font reliés fans ridés
& fans compreflion.
Un rouleau de tette forte eft formé, de plufieurs
bandes, minces larges'Comme’ la main , q u i,
mifts au bout l'une de l'àûtte, forment à l’endroit
de leur jonfiion, un recouvrement de la larges
d’un doigt, & font fi bien affemblées, que rien
n’a été capable de les difjoindre. Les ancien!
avoient des ouvriers dont la profeflion étoit de
coller ces feuilles j on les nommoit glutinatoru
(Cic. ad Au. I. I F , ep. 4. & l’on nedoitpru
les confondre avec les ouvriers du commun ;
car les athéniens élevèrent une ftatue à un certain
Philtatius ( Phol. Bibl. ex Olimpiodoro. ) qui leur
avoir enfeigné à, coller les manufcrits, o u , ce
qui me paroît plus vraifemblable , qui avoit in.
venté une efpèce de colle particulière pour les
livres.
Cette bande de papier compofée de plufieurs
morceaux collés enfemble, éroit fouvent fimple*
ment roulée fur elle-même j mais il y en avoit
d’autres q u i, félon le témoignage du feholiafte
(Porphyr. in hor. Epod. 14, v .- 8 , p. 2.85- tl,
Plant. î é n . 4. ) d’Horace étoient joules autour
d’un tube de bois ou d’os , tantôt mince &,tantôt
plus gros. C ’étoit fans doute ce que les anciens
nommoient le ndmbril ( umbilicum) des livres)
car ce tubê , non-feuleinent occupoit au centre
du rouleau la même place que le nombril occupe
au milieu du ventre , mais ce qui en parpiffoit
au dehors, reffembloit aflez pour la ligure, a
cette partie du corps humain.-Cette obfervation
me fervira à donner l’explication d’un paffage
de Martial dans lequel if parle d’un écrit qui
n’avoit pas plus de circonférence que l’ ombilic:
Quid prodefi miki tant macer libellas ,
Nulle craffior ut fit umbilico ,
Si totus. dbi triduo ïegatur 7
C Lib. 1 i ep, 6 v. .10.)
Il ne me paroît pas que ce pafla'ge art été
bien 'entendu ; la comparaifon nrmqiteroit de
jufteffe , fi Ton prétendoit qu’il xfût ici queftion
d’un nombril humain. L’auteur latin n’a pas non
plus voulu parler de l’ornement qu’on plaçoit fut
la couverture des livres ; mais il a eu Ons doute
en vue le petit rouleau qui étoit placé au centre
du livre. Le poëte veut donc, dire, que le livre,
n’ eft ni plus fourni ni plus épais que le petit
tube ou bâton autour duquel il eft roulé. Voila
aufli pourquoi fon d’.foit ad'umbilicum addu^rt
' (.Hor. loc. cit.) , pour fignifier finir un écrit,
prêt à être mis en rouleau ; 6* ad umbilicum pfi-
venire ( Martial, liv. 5 , ep. 9, v. î . ) , lorfqu on
vouloit exprimer la le&ure qu’on a faite de cet
écrit j jüfqu’à ce qu’on foit parvenu au rouleau.
En conféquence , il faut fe figurer que le bâton
intérieur qui fervoit à dérouler , demandoit un
autre bâton ou tube extérieur, pour rouler une
fécondé fois le manufcrit ^ue l’onav<?it déroule*
& que ces tubes étoient attachés à chacune des
extrémités de la bande qui forrnoit lVnfemble
du livre. De cette façon , après avoir entièrement
achevé la leéture du bvre, le tube qui auparavant
étoit en dedans , fe retrouvoit en dehors
îufqu’à ce qu’ on eût fait une nouvele & fem
blable opération ^ & qu’on eût remis les chofes
dans leur état primitif.
Les manufcrits d’Herculanum n’ont, point, de
fécond tube; mais apparemment que la feuille à
laquelle il étoit attache , & qui faifoit la couche
extérieure du livre, n’exifte plus, du moins aux
Éouleaux qu’on a examinés ; & par confequent
l’on peut croire que ce tube a été perdu. Ils
font très-vifibles fur le livre ou rouleau que tient
la mufe Clio , dans un tableau^ d’Herculanum
(tome fécond, planche fécondé). D ’ ailleurs les anciens
parlent fouvent au pluriel (Marc. lib. iij ,■
ep, 2 , v. 9} lib. I V 3 £p, 9 * i v. l ‘, lib. vi'j 3 ep.
C i , v. 4 ; Stat. I. I V ; Subr. 9 J , de ces fortes
de tubes confacrés aux Manufcrits. Dans quelques
uns de ces Manufcrits, on voit quelque
chofe qui entre dans l’intérieur du tube 3 & qui
paroît être une petite baguette , fur laquelle le
tube tournoit en roulant ; quand celui-ci n’avoit
que la hauteur du manufcrit, la baguette qui le
dépaffo i t , fervoit à tourner le tube. Cette baguette
fe terminoît, félon les apparences, en un
bouton travaillé au tour, & peint ; ce qui a fait
dire à un poète : Piftis luxurieris umbilicis. C ’eft
aufli fur cette baguette, quand if y en avoit une,
que s’attaçhoit, à ce qu’il paroît, l’étiquette qu’on
apperçoit dans une des peintures d’Herculanum
citée plus haut, & qui, pendue au rouleau, por-
toit apparemment le titre du livre. Cette dénomination
prife de l’ombilic des tubes, dont je
viens de parler, peut avoir pafle dans la fuite à
fornemenr du milieu du volume ou de la couver^
ture des livres quarrés, Comme Martorelli le pré-
me, d’après un paffage du traité de Lucien contra
indoHos.(Artpf spas- r s g A itç Xj’oftQctXxs iv'ji ôqs.).
Cet ornement étoit ou une garniture de cuivre ,
comme il y en a dans nos' plus vieux livres ou
Amplement un timbre, tel qu’on en met ordinairement
fur des reliures en parchemin.
En déroulant les manufcrits , on avoit coutume
d’en tenir un bout fous le menton ; ( Martial
3 l.j. épigr. 67. ) ; mais il n’étoit pas poflible
de les lire pendant cette opération, ainfi qu’on
a interprété fur ce fujet le poëte ciré. ( Schvarç.
diffen.de ornam. libror. §. 19. ) . C a r , lorfque
le manufcrit étoit ainfi déroulé, l’écriture fe trou-
voit en travers'; mais on tenoit un des bouts
d-u roulèau fous le menton, afin de le dérouler
d’une manière égale; après quoi, on tournoit
ce qui était ainfi déïqulé dans le feos requis pour
le lire.
JJ étoit également impoffible^ de Sre ^ ea menant
ainfi le bout du rouleau fous le menton ,
ni les manufcrits trouvés à Hsrculanum ^ qûi
font écrits par colonnes fur la largeur du papier,
’ ni les aétes de Ravenne, dont l’écriture
cend fur toute la largeur du rouleau.
Lés manufcrits d’HercüIanum ne font écries
i que d’unfeul côté, pas un n’efl oa-trdoyf*<pos, écrit
dés deux côtés; ce qu’on ne faifott pas apparemment
fur du papier fimple, tel que celui-ci.
Le côté de l ’écriture eft placé dans l’intérieur
des rouleaux; & c’eft par cette raifon, qu’il eft
difficile defavoir de quelle efpèce eft l’ écriture >
avant que d’avoir commencé de les dérouler : il
faut donc que les manufcrits écrits des deux
côtés aient été faits fur du papier double qjt
doublé.
Tous ces ouvrages font écrits par eoîonrtas
larges d’environ quitte bons doigts, c ’e ft -à -
d re, occupant autant d’efpace qu'un vers grec
! de fix pieds ; une colonne contient dans quei-
- ques manufcrits, quarante lignes, & dans d’att-
\ très quarante-quatre. On a laiflé entre les 60-
\ lonnes l’efpàce d’un doigt de blancs & il paroît
' que ces colonnes, ont été encadrées avec aes lt-
îgnes rouges, comme on faifoit à l’égard de beatv
i coup de livres dans les premières impreflions: ces
lignes ou encadremens font aujourd'hui blanchâtres;
ce qui, fans doute! eft un effet du feu fur
Je minium ou cinabre. On ne remarque ici, Comme
fur le parchemin, aucune trace de ces lignes qui
y étoient mifespour régler l’écriture; mais comtüe
ce papier fimple étoit fort mince, & qu'il paroît
avoir été tranfparent, on fe fervoit fans doute
d’une feuille de papier réglé ou d’un tranfparçfjc
qu’on mettoit deflbus.
Le premier manufcrit d’Herculanutla, qui a été
déroulé » contient quarante colonnes, & fa longueur
eft dè treize palmes ; le fécond eft de
foixante-dix colonnes ; le troifième peut avoir environ
douze palmés de longueur; & le quatrième;*
) trente. Je ne garantis point l’exadlitude de ces
mefures , Ces manufcrits déroulés étant fort difficiles
à voir. Le premier eft le feul qui foit ex-
pofé dans une armoire du cabinet; on l’a coupé
en cinq parties, chacune de huit colonnes, qu’oa
a collées fur du papier, & qu’on a encadrées..
Pline parle de manufcrits traités fur du papier
doublé, c’eft-à-dire, qui étoit compofé cK deux
feuilles collées enfemble; de manière que l’une
de ces feuilles étoit placée fur fa longueur, &
l’autre fur fa largeur; de forte que les fibres de
ces deux feuilles fe croifoient. De cette efpèce
de papier collé ou doublé, font quelques dipUx
mes que l’on conferve dans la bibliothèque du
Vatican^ où l’on garde aufli ceux des exartjpes