
3 U J U P
nique Chryfaoréus. Epaphroditus dit plus $ car il
affûte que toute la province avoit porte le nom de
Chryfaoris. .
On faifoit des facrifices à Jupiter-Afcréen dans
la ville d'Halicarnaffe. L'on connoît aufll des médailles
de cette v ille, avec le type de Jupiter-
Dodonéen. Cependant elle révéroit encore ce
dieu fous le nom de K.«/*tipost lï Ton eh croit Pha-
vorin.
En Lycie Jupiter étoit nommé Cragus ( Lyco-
pkron. Strabon. Eufiutk. ) , peut-être de la mon-,
tagne de ce nom. Il y en avoit une autre en Cilicie ,
qui faifoit partie du Taurus , laquelle pouvoit également
y avoir contribué.
Etienne fait mention d'une ville de Lycie, nommée
xdfhrro», peu éloignée de Lyrnoffe. Le culte
que l'on y rendoit à Jupiter > fit furnommer le dieu
’SufJiiavios.
Jupiter étoit appelle Apu/tw en Pamphylie , félon
Lycophron , qui eft leieul qui rapporte cette
épithète : « Jpûfcyos Jctlpav.
La ville de Synnades étoit métropole de la
Phrÿgie falutaire. ( Stephan. Plin. lib. V. ) Cette
ville étoit ainfi appellée , de l'affemblée générale
delà province qui' s’y faifoit. Son ancien nom , félon
Etienne , étoit Synaa, & par corruption elle
fut nommée Synn&da. Jupiter étoit regardé comme
le prote&eur & le préfident de cette affemblée du
peuple. C 'eft en cette qualité qu'il reçut cette épi- ;
thète de populaire, qui fe lit fur une médaille
de Domitien, z e y e ü a n A Hm o c
CÏNNAAeûN ( Vaill. Select. Numifm. p. 294. ).
Près de Tyane, ville'de Cappadoce, célèbre
par la naiflance d'Apollonius, on voyoit un temple
de Jupiter , furnommé Asbamtus.
La ville de Tarfe rendit de tout temps un culte
particulier à Jupiter. ( Vaill. Select. Numifm. p.
Z95. ) Nous voyons fon nom exprimé fur une
médaillé d'Hadrien , frappée dans cette v ille,
A I O C T A P C E Û N M H T P O IT 0-A E & C.
Les habitans de Gaza reconnoilfoient dans le
Marnas qu'ils adoroient, la même divinité que
les grecs nommoient Jupiter de Crète , zeuV
rctysitis.
On connoît deux montagnes & deux temples de
Jupitery du nom de Cajius. La première de cés
montagnes étoit près de Pélufe, à l’entrée de l'Egypte
, & célèbre par le tombeau’ de Pompée. La
fécondé & la plus renommée des montagnes qui
portoient le nom de Cafius , étoit en Syrie, à peu
de diftance de Séleucie. Les médailles dé cette
ville font voir que Jupiter étoit fa divinité principale
& tutélaire, qu'elle le révéroit fous plufieurs
formes 3 & particuliérement fous celle d'une groffe
pierre repréfentaçt le mont Cafius, Le rocher que
j u P
I on voit fur les médailles défigne feulement le
Jupiter-Cafius de Syrie; car il ne paroît point
qu aucun des autres fut ainfi repréfenté. Selon
Achille Tamis, celui de Pélufe étoit repréfenté
fous là figure d’un jeune homme feirblable à Apollon
, etendant les bras & tenant d'une main une
orange.
Les romains confervèrent toujours à leur dieu,
même dans leurs colonies,' le nom de Jupiter
optimus maximus , qui' lui étoit donné à Rome. Et
• de même que ce dieu y étoit furnommé Capitoli-
nus du .Capitole, fur lequel étoit fon temple principal
, ils lui donnèrent à Héliopolis dé Syrie le
furnom d'Héiiopolitanus, ce qui ne peut faire
d'autre fens que celui-ci : Jupiter le très-bon, le
très^grand, adoré par les romains dans Héliopolis.
On dit que Séleucus , ayant deffein de bâtir
une grande ville en Syrie, confnlta l'oracle de
Jupiter, 8c que pendant le facrifice un aigle fondit
fur l’autel, enleva une partie de la viaime &
la transporta fur un autre qu'Alexandre: le-Grand
avoit élevé à Jupiter-Botti&us. Séleucus croyant
que le dieu manifeftoit fa volonté par ce prodige,
11e balança point à bâtir fa nouvelle ville fur
l'Oronte , environ à quinze milles de la mer, au
lieu où étoit l'autel ; & à fa place il fit conftruire
un temple à Jupiter-Botti&us. Ulférius, d’après
Malaia , le nomme Bot^ius, d'autres écrivent
Bolt^ious ,• mais la véritable prononciation1 celle
que Libanius admet, c’eft Boti&us. C e nom vient
d’une contrée de Macédoine , appellée Bott'iAa.
Diodore de Sicile( lib.XII.) , Thucyd ide-^.//.),
Hérodote ( lib. VII. )parlent de cette contrée. La
ville de Pella étoit dans fon territoire. Alexandre
qui en étoit originaire , en dreffant un autela/a-
piter fur les bords de l'Oronte , furnomma le dieu
BottUus , pour rappeller la mémoire du culte qui
lui étoit rendu dans fa patrie. Peut-être aufli le héros
avoit-il en vue fa propre gloire, en confacrant
dans la Syrie un nom qui n'étoit en ufage que
dans une partie de la Macédoine.
Jupiter étoit en grande vénération à Damas, où
ftm culte étoit établi d’une manière particulière.
L'empereur Julien (Epift, x x iv . ) , dans ut>c lettre
• a Sarapion, fait le plus grand éloge, de cette ville ,
& lui donne l'épithète de ville de Jupiter. .
Le furnom de Coelefiis a quelauëfois été donné
à Jupiter, pour le diftinguer de Pluton fon frère,
que l'on nommoit, Jupiter-Stygius. Neptune le
troifîème frère a été aufli appelle quelquefois Ju-
piterÆquoreus.
Sur des médailles de Vefpafien & de Trajan,
frappées dans l’ifle de Cypre ( Vaill. Colon, p.
1 H* ) »0,1 voie Jupiter y avec la légende : k o in o n
KYnPi&N. Vaillant croit que ce Jupiter eft celui
que l’on appelloît Salaminius. Eu effet, Tacite
nous
j u P J U P 3 8 5 -
nous apprend que ce dieu étoit la divinité principale
de Salamine, ville de Cypre.
Althémènes, defcendant de Minos ( Apollodor.
I. 3. sapé II. ) ayant été forcé de quitter Tille
de C rè te , aborda dans celle de Rhodes. Lorfqu'il
y fut arrivé, il monta fur le mont Atabyris, &
de là confidérant toutes les ifles voifines , celle de
Crète lui rappella le fouvenir des dieux de fa patrie,
& lui fit naître le deffein d élever un autel à Jupiter;
ce qu'il exécuta fut le lieu même, & le dieu en fut
furnommé Atabyrien•
Chez les habitans de l'Italie, on célcbroit principalement
le temple de Jupiter-Latialis , bâti fur
le mont-Albain des dépouilles de l'ancienne Sueifa
Pométia, capitale des Yolfques. C ’eft là que fe
faifoientles affemblées. ( Dionyf. Halycar. l.IVé )
A la première il fe trouva quarame-lèpt peuples
parleurs députés, & tout fut égal entr’eux ,
excepté que le préfîdent étoit romain , & le fut
toujours par la fuite.Ces fêtes enfuient nommées
fériés latines parce que les peuples du Latium
étoient .obligés de s’y trouver, & qu’ils avoient
droit d'y participer aux vi&imes.
A Rome, le plus célèbre des furnoms de Jupiter
fut celui de Capitolin. Ovide lui donne l'épithète
de Tarpeien ( X I I I . Métam. ) :
Quique tenes altas Tarpejus Jupiter arces ,
du nom de la roche tarpéienne fituée fur le Capitole,
au-deffous du temple de Jupiter-Capitolin.
Numa porta une lo i, par laquelle il étoit ordonné
à chacun de marquer le terrein qui lui ap-
partenoit, & d'y placer des bornes. Afin d'infpirer
plus de refpeéi pour un tel étabiiffement, il voulut
que ces bornes ou termes fuffent confacrés à
Jupiter, que l'on appella, fans doute pour cette
raifôn , terminais. Il ordonna de p lus, que ceux
qui les enleveroient ou les changeroient de place,
fero-ënt coupables de mort. Les grecs adoroient
un Jüpiter-optog, qui étoit le même que le terminais
des latins. ( P lato, in Oétav. Leg. )
Il ne feroit pas jufte de conclure du nom de Ju-
piter terminal, que les romains juroient par ce
dieu , quand iis fa-foi eut le ferment fi renommé
& fi facré chez eux , que Ton défîgnoit par ces
paroles : Jovem lapidem jurare. Il eft vrai que toutes
ces idées paroiiLnt avoir entr'elles une certaine
analogie. Mais outre que les termes n’étoient
Pa;LtOLls de pierre, comme on le voit par ces vers
0 Ovide :
Termine y five lapis y five es def&Jfus in agris
Stipes 3 ab antiquis tu quoque nomen hohes.
E ft- il bien sûr que les romains aient reconnu
Antiquités P Tome III.
wn Jupiter-lapis? Cette imagination paroît fi bizarre
q u e , pour l’expliquer, on a eu recours à
la matière dont étoit formée originairement la
ftatue de Jupiter - Capitolin , qui étoit d'argile.
C'eft peut-être la coutume obfervée dans ce ferment
qui aura donné lieu à l’erreur, fuppoféque
c’ en foit une de dire que le mot Lapis foie un fur-
nom de Jupiter. Feftus nous apprend que ceux qui
dévoient faire ce ferment & jurer par Jupiter y
tenoient une pierre dans leur main , & qu’ ils pronon
çoient cette formule : f i feiens fetllo , tum me
Diefpiter , falvâ urbe areeque ejiciat , ut ego hune
lapidem.
Dans tout ce paflage il n*y a rien de commun
entre la pierre que l’on ténoit & Jupiter 3 fi non
qu’en la tenant on juroit ordinairement par ce dieu
chez les romains. C ’eft comme fi l’on fe fût exprimé
de cette forte : Jovem lapidem tenens y jui o.
Les ftatues de Jupiter étoient fort répandues
dans Rome. II y en avoit une coloflaîe près du
théâtre de Pompée, ce qui fit donner au dieu le
furnom de Pompéïanus. Celle qu’il avoit dans la
rue habitée par les aéteurs, le fit furnommer
Tragoedus.
Si les furnoms de Jupiter, que Varron mettoit
au nombre de trois cents , lui venoient tous des
romains ou des peuples d’Italie , & que dans ce
nombre il ne comprenne point ceux qui lui avoient
été donnés par les étrangers, 011 peut dire que
nous en avons perdu beaucoup. Nous avons vu
ci-delfus. ceux qui ont été confervés dans les auteurs
& fur les monumens. Les romains lui avoient
aufli donné des noms tirés du heu où il étoit adoré;
mais on en connoît peu. Il femble que Jupiter-
Capitolin ait fixé lui feul toute l’attention , &que
par fâ réputation , il ait diminué celle de tous les
autres. Feftus nous apprend que, le nom de Vimi-
néus fut donné à Jupiter, parce que ce dieu avoir
un autel fur le mont Viminal.
Feftus , Varron & Pline ( lib. X V I . cap. X. )
font mention d’un petit temple de Jupiter, dans
■ lequel on confervôit un hêtre qui fit donner au
dieu le furnom de Fagutalis. On fait que cet
arbre, ainfi que le chêne, étoit confacré à Jupiter.
L’ ufage de colorer avec du minium les ftatues
de Jupiter y faites de terre cuite, le fit furnommer
Mini anus.
Les habitans de Tufculum adoroient Jupiter
avçc le furnom de Maius y on n’en fait point la
ïdé\[on. (M.aerob.fat. 1. 12. )
; » On diftingueroit, dit Winckeîmann, ( Hif-
» toire de L'Art, liv. IV . cap. I I . ) , le por-
» trait de Jupiter par les cheveux de fon front,
« ou par le jet de fa barbe, fi l’on trouvoit'
C c c