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ftéchades, aujourd’hui d’Hyères. Dîon de Prufe
dit que dans un fleuve du pays des celtes * on
ramafîe de l'ambre jaune & du fuccin. ( Métrologie
de M. Puucion. )
GAULOIS.
La religion des anciens gaulois nous eft peu
connue. Jules-Céfar* qui avoit demeuré longtemps
dans leur pays , nous en a confervé quelques
traits dans les commentaires. Voici ce qu’il
en rapporte : «= la nation des gaulois eft fort
» fuperftitieufe ; ceux qui font dangereufement
si malades* & ceux qui le trouvent dans des com-
» bats & dans des périls, immolent des vi&imes
*> humaines, ou promettent de les immoler, & le;
m fervent pour cela du miniftère des druides. Iis
»» croient qu’on ne peut obtenir des dieux la vie
» d’un homme, qu’en facrifiant un autre homme
» à fa place. Ils ont des facrifices publics de cette
»» forte. D’autres font des figures d’homme,
»> d’une grandeur énorme, avec de 1’ofier,dont
s> ils remplirent tout le vuide d’hommes vivans ;
f? ils y mettent enfuite le feu* & font périr tous
s» ceux qui font dedans. Ils croient que les fup-
a» plices des voleurs, des brigands & des autres
s» fcélérats font fort agréables aux dieux : ce font
ss ceux-là qu’ ils font mourir; mais quand ils en
* manquent* ils prennent aulfi des innocens. Ils
«» honorent par-delfus tout le dieu Mercure,
s» qu’ils regardent comme l’inventeur de tous les
s» arts, le guide des voyageurs, & .celui qui aide
, s» plus que tous les autres à amaffer de l’argent
s* & à négocier heureufement. Après Mercure *
=» ils rendent encore les honneurs divins à Apol-
» Ion, à Mars, à Jupiter & à Minerve, dont
*> ils ont prefque la même opinion que les autres
m nations. Ils croient qu’Apollon chaffe les ma-
■ » ladies ; que Minerve a donné le commence-
« îfient aux manufactures & aux arts; que Jupiter
. » a pour fon partage l’empire du ciel ; que Mars
; » conduit la guerre : de là vient que, quand ils
*> vont combattre , ils font voeu de lui offrir ce
» qu’ils pourront prendre ; & , après la victoire,
» ils lui immolent des beftiaux pris aux ennemis.
» ......... Tous les gaulois {t vantent de defcendre
» de Pluton; ils ont après cela* d ifent-ils , des
» druides.. C ’eft pour cela qu’ils comptent les
» efpaces.du temps, non par les jours, mais par
» les nuit» : les jours de la naifïance, les mois
*» & les.années commencent chez eux parla nuit,
& finilf5.pt par le jour ». Céfar donne aux divinités
des gaulois, les mêmes noms qu’on leur
donnoit à Rome & Athènes 5 fans doute parce
qu’il avoit remarqué dans quelques-uns de ces
dieux, queîqu’ attribut * ou quelque' fymbolere f-
femblans à ceux de fon, pays. Car les anciens
dieux des gaulois dévoient être inconnus aux
grecs & aux romains , puifque Lucien , dans un
«Le fes dialogue?, fait dire à gerçure , qu’il fx
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fait comment s’y prendre* pour inviter les dieux
des gaulois de fe trouver à l’afiemblée des autres
divinités, parce que, ne fachant pas leur langue,
il ne peut ni les entendre, ni fe faire entendre
d’eux. D ’ailleurs les druides ? feuls dépofitaires
de leurs myftères , n’écrivôient rien, &cachoient
foigneufement aux étrangers & au peuple le fond
de leur religion. Il eft vrai que, depuis la conquête
des Gaules par les romains tous les dieu#
d’Athènes & de Rome s’y introduifirent infen-
fiblement, & prirent la place des anciens dieux
du pays, ou du moins fe confondirent avec eux.
Les noms de quelques anciens dieux dzs gaulois3
fe font confervés dans des monumens qu’on a
trouvés : tels font Abélion * Bèlénus * Cernunnos
Dolichénius, Éfus * Eurises , Magufanus * Mitkras,
Og 77110S> * Polinus, Séria ai , Turanis * Tauros 9
Trigaranus, Voclanus, Weilo, &c. Nous' en parlons
dans les articles particuliers. Voye^ auflr ce
que nous avons dit fur les Druides Ce les
Druidesses.
Les gaulois étoient reconnsiftables à leur chevelure
blonde ( Tite-Live décad. ï V. liv. VIII. ) ;
ils portoient des tuniques de différentes couleurs »
avec de longues chauffes, ou des caleçons, qu’ils
appelloient bracques, braccs. ( Voyez ce mot.)
Sur la tunique ils portoient un fagum *. étoffe
rayée à lignes droites ( Eneid. ' tib, VIII. 660 ) *
ou à lozanges, comme il fe voit fur quelques
monumens du bas-empire. ( Du O io u l. fur la
caftramentation des anciens romains * foL 22. ),
Ils avoient a-ufiV des tuniques particuliers , que
Pancirolle ( de Magifiratibus 1/Lunicip. & de rebus-
bellicis, fol. 35. ) appelle thoràcomacchi * donc
l’ufage paffa chez les romains, à l’époque de la
décadence tte l’empire & du relâchement de la
difcipline militaire.
Tous Ies_ gaulois n’ctoient pas fi bien vêtus j
car Tite-Live ( Décad: III. liv. II. ) dit qu’a
la bataille de Cannes * il y en avoit quicombat-
toîent nuds depuis le- nombril jufques à la tête.
On voit fur la colonne trajane un barbare* qui
ne porte de même d’autre habillement que des
caleçons, ou des bracques. Suétone raconte la
même chofe que Tite-Live. Aide Manuce a remarqué
fur les textes du premier * queparémcèa
il. faut entendre la tunique des gaulois : ce qui
eft évident * ajoute-t-il * puifqu’ils quittèrent les
1 braccs, pour prendre le latus clavus ( qui çtoit
une_ tunique ) , lorfqu’ils furent admis au fénat.
Mais ce favantn’a pas fait attention que les braccA ,
caleçons , étant l’habillement diftinétifdes barbares
, il étoit naturel que 1 es gaulois devenus féna-
teurs, les quittaient plutôt qu’une tunique.
Les boucliers gaulois étoient longs & plats
C Tite^ive décad. IV , liv. V I IL & Strabon liv.
T V .) . Montefquieu ( Confdérations fur tes eau,-
fes de la grandeur des Rom. fol. zf . ) d it, fans
preuve , que ces boucliers étoient petits. Ils étoient
ornés de figures d’animaux* fculptés en'relief
avec beaucoup d’art: ces ornemens étoient d’ airain.
La forme des boucliers étoit ovale, ou oôtangu-
laire , comme nous l’apprennent les monumens
découverts dans la cathédrale de Paris. ( Hift.
de T Acad, des Infcript. & Belles-Lettres, tom.
II. fol. 370. ) Les cafques., gaulois étoient fur-
montés de hauts pannaçhes ; d’autres étoient
ornés de cornes d’animaux, de têtes d’oifeaux *
ou d’autres animaux. Les. épées de ces peuples
étoient longues (. Tite-Live, décad. IV.liv. VIII.
Strabo lib. IV . ) * fans pointe ; elles retomboient
( Polybe, liv. II. chap. V L ) fur la cuiffe droite,
fufpendues à des chaînes de fe r , ou d’airain * en
güife de baudrier : quelques gaulois cependant
avoient des baudriers d’or ou d'argent. Leur arme
de jet ordinaire & caraélérifttque * étoit l’efpèce
de javelot appelle g&fum. Voyc% ce mot. -
C e que nous venons de dire des gaulois , fuffit
pour les dillinguer des autres nations barbares,
c ’eft-à-dire , par le fagum rayé, & parla tunique
de différentes couleurs. Quelques .modernes ont
cru aftigner la différence du fagum romain au
fagum dps gaulois ( Ferrarius de re vefi. pars II.
lib. III. cap. IX. ) , en attribuant des manches à
ce dernier. ( Voye% l’ article du fagum & dans celui-
ci la tunique des belges. ) Mais cette fuppofition
ne s’accorde point avec les monumens, difons
plutôt que l’étoffe rayée du fagum gaulois * les
diftinguoit allez du fagum romain * toujours teint
d’une feule couleur : d’ailleurs les bas-reliefs déterrés
dans la cathédrale de Paris* monumens du
«règne de Tibère, représentent ( autant que l’état
de vétufté permet de le recônnoïtie ) des gaulois *
avec la tunique ordinaire & des bonnets plats. Il
ne paroît pas que les gaulois puiffent être mieux
diftihgués par la chaufîure fermée* comme l’a
cru M. Caylus ( Recueil d’antiquités , tom. III.
fol. 400. ) , puifque d’autres peuples en portoient
de fembiables qui couvroient aufti tout le pied.
Strabon donne aux gaulois belges ( lib. IV . )
la chevelure longue * les caleçons & le fagum ;
& au-lieu de tuniques , des habits, qui fe termi-
noient au haut de la cuiffe, qui étoient ouverts &
garnis de manches. Quelques auteurs ont inféré
de ce paffage , que 1 c fagum avoit des manches :
ftiàis dans ce cas , Strabon n’auroit pas fait une
mention diftinéte du fagum & de cet habit, qui
n’eft qu’une tunique courte , ouverte fur le, devant.
C ’efl là i’efpèce de tunique'gaüloife* qui
a été nommée fagum par plulîeurs auteurs ; au
relie, fon peu de longueur* & fon ouverture
fur le devant le long du corps, la dHHngue dès
autres tuniques, qui toutes n’avoient d’ouverture
que pour le paffage de la tête 8c des bras.
Les belges appelaient lana leur fagum, qu’ils
fabriquoient avec de là laine grofhère. Selon Stra- -
bon, ils étoient pompeux dans leurs habillemetfs.
Ils faifoient ufage de colliers & de braffelets».
qu’ils pîaçoient aux bras & aux poignets; les plus
diftingués portoient des habits teints, ornés oa
brode? d’or. On voit affez qu’on parle ici des
belges* civilifés par le commerce des autres^#-
lois ou des romains ; les belges feptentrio.naux
n’etoient pas fans doute auflà élégans.- {
Quelques gaulois - belges combattoîent tout
nuds; même ils ( Polybe * liv. IL chap. V I . ) ,
ne fe dépouilîoient airifi qu’un jour de bataille,,
portant en tout autre temps hür fagum * & c’en:
ce qui caufoit la blancheur de leur peau, donc
il eft parlé dans les auteurs. D ’autres belges
avoient des cuirafles (. idem ) faites de petites
chaînes ou de mailles , comme on en voit-
fur quelques' 'monumens ; mais il ne s’y trouve
jamais de ces cafques ornés de cornes * ou de
têtes d’animaux* que leur attribuent les auteurs.
DuChoul ( Dilcours fur la cailrametation des
anciens romains, fol. 54. ) cite une figure qu’ il
fuppofe un cavalier romain pefamment armé..
Cependant, comme il ne dit pas, fi le marbre
ancien, dont il a tiré; cette figure., contenoit
d’ailleurs quelque infeription, ou quelqu’autre
marque romaine, il feroit beaucoup plus probable,
que ce marbre, qui a été trouvé dans les
Gaules , repréfentoit un cavalier de cette nation.
Ne fe peut-il pas que cette figure, ainfi que,
nombre d’autres citées par du C h ou l, ait été-
faite dans Je temps où Rome, déjà fur fon déclin
* rempliffoir fes armées de gaulois 3 d’aqui-
j tainiens ( NotitiA dignit. utriufque imperii cotn-
mentarium\ fo l. y 9. ) , d’équités cataphra&i Bitu-
rigenfes , & d’autres ? Quoi qu’il en foit, le ca-'
v ali er cité par du Choul, porte un calque un
peu différent du cafque romain * & furmon'té
■ d'un haut pannache ; fa cuirafïe eft compofée de
petites chaînes ou de mailles ; elle reffemble plus
: à une tunique qu’ à une cuiraffe romaine. Les
! bras du cavalier font garnis de bandes de fer qui
fe ctoifent * & de petites lames deftinées à couvrir
la partie fupérieure de la main ; il a les
jambes enveloppées de jambières ou de bottines.'
; Nous avons cité cette figure pour expliquer 1»
forme de ces cuiraffes à petites chaînes, ou à'
mailles , attribuées aux belges. Une de leurs armes
öffenlives étoit la lance, qui différoit de celle,
des germains en ce qu’ eTe avoit le fer long
d’ une coudée. Quelques uns portoient l’arc'& la
fronde. '( Strabo, lib. IV . ) Selon Ehen ( hiftoires
dîverfes * liv. XII. chap. XXIII. ) * les celtes
alloient au Combat couromfés de fleurs. ( Les
bas-reliefs de la cathédrale de Paris-, offrent des
figures qui ont le cafque & la cuiraffe grecque ;
mais il faut frire attention que ces figures repré-
fentent des divinités- grecques * comme on petit
C