
parques, cîé détourner les malignes influences
des aftres, de calmer les orages de la fortune,
mais encore de diffiper ceux.de la mer, & de
faire échapper les navigateurs aux périls dont elle
les menac-e. (.Ibid p. ii6> a4i , &c.) Ceft pourquoi
on confacroit à la dé elle un navire , & on
célébré t fa fête dès que le s tempêtes qui régnent
pendant l’hyver., ne fe fjfoient plus fentir,,. 8c
que les flots , devenus paifibies, -permettoient aux
batimens d appareiller. Per fo n ne n’ignore que I heu-
reuie pofîtion de Corinthe l’avoit rendue le centre
du commerce maritime de la Grèce; il n'eft donc
point étonnant qu'elle fût celui du culte d‘Ifis ,
protectrice de la navigation. Quoique les égyptiens
ne. pu fient fouffrir la navigation autant par
goût que par principe religieux , cela ne les empê-
choit pas néanmoins de faire honneur de fa découverte
à cette détfle en lui attribuant l'invention
des voiles ( Hygin, fab. C C L X X V I I ) , &
la conftruébon du premier navire. (Fulgent. I . 1 .
c. x x n -
Il eft allez probable que le culte d3 Ifis paflVde
Corinthe à Rome, puifque cette décile portoit
aufii le- fui nom de Pélagique ( inferip. ap. Grut.
P* 3.! 3 > n°- dans cette dernière ville où fon
oiigine remontoit au temps de Sylla. fApul, l. X I 3
p. 24(3). Comme toutes les divinités égyptiennes,
Ifis y fut d’abord fupportée avec peine ( Macrob.
Satura. I. I , c. V I I ) , enfuite chafiee avec Sé-
rapis du cap tôle, malgré les rumeurs du peuple,
fous leconfulat de Pifon & deGabinius, l'an y8
avant. J. C . Elle ne revint que peu <ie temps
avant les guerres civiles dans cette capitale du
monde où fes myftères s'établirent alors , & ,
eurent He nombreux partifans. Appien raconte que
l'édile Volufius cherchant à éviter la profeription
des triumvirs, emprunta d’un ifiaque fa robe de
lin & fon mafque à tête de chien. Dans cet équi-'
page il fe tendit par les chemins ordinaires, un
filtre à la main, & demaadant l’aumône, auprès
du jeune Pompée. ( Appian. de h fil. civil. I. I V ,
z. I I , éd. var. p. 99,091 ). Si les yeux, comme
le remarque très-bien Fréret ( Acad. des infeript.
t- X V I 3 p. 1 7 6 ) , n’avoient pas été accoutumés !
à voir des hommes dans ce bifarre ajuftement, !
rien n'étoit plus propre à faire arrêter Volufius
par les premiers qui l'eulfent rencontré.
Virgile parle avec tant de mépris des divinités
égyptiennes, que fon ancien commentateur, Ser-
vius, penfe que leur culte ne fut introduit, ou,
fi l'on veut rétabli à Rome, qu’aprês le règne
d’Augufte. Sous les fuccefîeurs de ce prince la fu-
perftition Semblant croître avec la dépravation
générale des moeurs, les myftères d’IJis eurent
beaucoup dé vogue ; 8c au temps de Domitien,
ils n’étoient plus que .ceux de la débauche- ( Juven.
fa - I f f* v. 488 ). C'étoit dans les jardins du
temple même de cetie déeflfe que les adultères
fe commettoient, & les femmes ssy proftîtuoîent
fans crainte. En falloit-il davantage pour méritera
cette cérémonie la protection de Commode 8c de
Caracalla ? On y vit le premier la tête rafe, avec la
figure d'Anubis fur les épaules, & fe fervant de
fon mufeau de chien pour afihmmer les afïVltans.
D'autres fois il forçoit les malheureux initiés de
fe frapper la poitrine iufqu'a courir un danger
éminent de mort. ( ML Lamprid. lu fs. Auguft. t. 1 3
p. 499 ). On ignore fi Caracalla fut moins inhumain
dans les mêmes cérémonies ; il y porta aufli
la fia tue d'Anubis ; mais il furpafia Commode par
fa magnificence, en élevant des temples à Ifis*
( Æl. Spartian. Ibid. p. 728 ).
Le plus célèbre de ces édifices étoit celui du
champ de Mars , où fe faîfoient les cérémonies de
l'initiation à laquelle on fe préparoit, pendant dix
jours , par l'abftinence de la chair 8c une continence
rigoureufe. L'une & l'autre étoient nécef-
faires aux myftères d’Ofiris (Apul. métam. I. X I ,
p. 245 ) , remarquables par quelques pratiques
différentes de celles des myftère d'ifis, quoique
le culte de ces deux divinités fut réuni. Les
thyrfes, les branches de lierre, étoient confacrés
fpécialement à la première, & portés par les initiés,
à ces cérémonies myftérjeufes. Comme
réception des init'és rendoit beaucoup d’argent
aux prêtres, il n'eft point étonnant, non-feulement
qu’on trouvât dans le même temple deux
fortes de myftères, mats encore qu’on s’ÿ fît
initier jufqu'à trais fois. C ’étoît à la dernière
initiation, à caufe de la vertu prétendue de ce
nombre, qu'on promettoit aux adeptes une félicité
inaltérable. ( ibid. ). L ’a-flemblée étoit enfuite
congédiée avec cette formule: quod felix îtaque ic
fauftum falutarcque tîbi fit. ( Ibid. )
( I f article précédent eft tiré des 'Recherches fur les
myftères du paganifme , de M. de Sainte-Croix ).
Les ifiaques chantoîent deux fois le jour les
louanges d'ifis. Le matin à la première heure ,
c'eft-i-dire,au lever du foleil, lorfqu'ilsouvroient
fon tempîe , ce qu'ils appeîlojent ouverture3 ils fa-
luoient la déefie , & appeîloient cette cérémonie
falutation ou exercice. Enfuite iis derr.ando:ent
l'aumône tout lé jour,. & revenoient à la huitième
heure; fis adoraient alors une fecon.le fois debout
la fiatue d'ifis , l’aecommodoient 8c la couvroient,
puis ils fevmoient fon temple-Telles étoient la vie
& les fondions des ifiaques- Ces Ifiaques reflem-
bloient aux galles , de même qu'lfis étoit Cybèle.
Ils ne fe couvraient Es pieds qu’avec des écorces
fines du rofeau appelle papyrus; c'eft pou®"cela
que Prudence 8c d’autres opt dit qu'ils alloient
nuds pieds. Il v a une fiatue antique â Rome, qui
repréfente un Ifiaque avec une befàce &-une clochette
à la main , foit que ces prêtres *’en fervi£
fent en demandant l’aumône a foit qu'elle fût d'u*
fage dans leurs facrifices, comme Lucien l’a dit.
L es-Ifiaques ne fe revêtoient que de robes de lin,
parce qu’lfis avoit appris aux hommes à cultiver
8c à tuava lier telin. lis ne mange oient: ni cochon,
ni mouton, 8c ne faloient jamais leurs viandes ,
afin d’être plus chafies. Ils mêloient' beaucoup,
d’eau dans leur vin , & fe rafoient la tête.
. <e II eft bon ,^dit M. Pav/, de faire quelques (
çonfidérations fur le prétendu zè’e à faire des prosélytes,
qu’on attribue aux égyptiens, parce qu'on
trouve dans différentes contrées une infinité de
temples où le ferviee divin fe faifoit précifement
fuivant les rits ifiaques par des prêtres rafés, vêtus
de lin, &dont la probité étoit très-fufpeite. Mais ,
jamais les véritables égyptiens ne le fondèrent de
faire des profély tes; & ce Sont des grecsafiatiques
qui ont porté le culte d'ifis dans les ifles de l'Archipel,
à Corinthe, à Tithorée , & dans prefque
toutes les villes d'Italie , ou .l’on recevoit les néophytes
fans les foumettre à la circoncifion , qu'on
regardoit en Égypte comme .une opération indif-
penfable. Quelques temples d'ifis, tels que celui
de Bologne , ^peuvent avoir joui de revenus fixes ,
parce qu’ils étoient fondés par des familles romaines,
ou par de riches affranchis ; mais la plupart
des autres n’étoient defiêrvis que par des prêtres
mendians, qui heurtoient aux portes avec leurs
(iftres, & qui faifoient croire au vulgaire qu’il n’y
avoit point de différence entre commettre un
. énorme facrilège, & leur refufer l’aumôiie.
Ecquis ita eft audax , ut limine cogat abire
Jaclantem JPhariâ tinnula fiftra manu ?
O v id . de Pont. I.
C e mal vint bientôt à fon comble , fans que la
police , qui vouloit l’arrêter au moins à Rome &
en Italie, ait pu y réufiîr ; parce que le fénat &
les empereurs employèrent d’aufli mauvais moyens
pour extirper les ifiaques que pour extirper les juifs
& les aftrologues.
Au refte, nous ne voulons pas nier abfolument
que fous le règne des Ptolémées il ne fe foit mêlé
de temps en temps parmi ces vagabonds, & même
parmi les galles de vrais égyptiens, que la pauvreté
perfécutôit chez eux, & qui étoient des gens de
la lie du peuple, dont toutes les efpèrances fe
fondoient fur ia crédulité la fuperftition.
Il eft encore queftion cheg: les anciens 8c fur-
tout chez Apulée de petits carêmes égyptiens,
qui n’ étoient que de dix jours, 8c donc la principale
rigueur confiftoit èn ce qu’il n’étoit pas permis
alors de coucher avec fa femme ; ce qui excita de
grandes plaintes en Italie, lorfque le culte .d'ifis
y devint dominant, malgré toutes les précautions
prifes par le fénat pour le réprimer.'Il nous eft
ffefié fur ce fujet une élégie très-remarquable de
Properce, qui n’ ufe pas, comme on l’a cru , d’une
licence purement poétique, lorfqn'il menace la
déefle Ifis de la faire chafièr de Rome : car enfin
elle en avoit été chaffée plus d'une fois , comme
on l’a vu pai* les révolutions arrivées à fon temple
tant de fois relevé de deffous fes ruines :
Triftia tam redeunt iterum folennia nobis.
Cynthia jam noéies eft operata decern
Que, dea jam cupidos toties divifit amantes,
Qu&cumque itla fu i t , femper amatafuit. &C.
« Comme les romains, d’ailleurs fi tolérans envers
les, cultes les plus abfurdes, apportés en Italie
par des fanatiques errans ou par des peuples vaincus
, ont très-fouvent perfécuté la religion égyptienne
avec fureur, on a cru qu'ils y avoîent*été
engagés par les défordres, dont le temple àflfis
à Rome futaccufé long-temps avantDécius Mun-
Jus 8c Pauline ; mais il paroît par un partage
du 42.me livre de Dion , que les arufpices 81 les
ficrificateurs des divinités indigènes, excitoient
fous main la perfécution ; & comme de tels hommes
etoient incapables de donner de bons con-
feils, les romains fe rendirent véritablement ridicules
en fuivant leur avis : car quoi de plus ridicule
que de voir ce temple d3Ifis à Rome, démoli
jufqu’ aux fondemens par arrêt du fénat, 8c
de le retrouver bientôt après relevé : il fur de la
forte alternativement abattu & reconftruit huit ou
neuf fois ; ce qui y attira un concours extraordinaire
de pvuple , 8c occafîonna en grande partie
cette folitude affreufe qui régnoit autour des autres
dieux de la capitale, fi négligés dans leurs fane-
tua ires ,que, fuivant l'exprefiion de Properce,
les araignées y filoient paifiblement leur toile :
velavit aranea fanum ( lib. II. eleg. V. ). Ces cho-~
fes n’ étoient pas fur un autre pied, lorfque St.
Jérôme vint à Rome : fuligine aranearum telis
omnia Roms, tcmpla cooperta fun t, dit-il. Preuve
que les romains étoient très-peu attachés à leur religion
, lors meme qu'ils perfécutèrent celle de
l’Egypte». _
is ik io n ƒ boyaux farcis , andouilles, fau-
cifies. On les appelloit aiifîi eficiau. I.es aneiens
en mettoient dans le corps des oifeaux qu’ils fer-
voient dans les repas, tels que les oies 8c les
poules :
Eminet zmpleto pullorum carnibus anfer ,
Et varias menfs torridus ambit opes.
Inguinibus nam portât olus , ventrifque foluti
Truditur e medio eft ci ata nitens.
p p ÿ