
Quelque galerie. Nous admirons de vieux murs
que nous avons enduits de feuilles de marbre, fâchant
bien le peu de prix de ce qu'elles cachent,
& ne nous occupant que du foin de tromper nos
yeux, plutôt que d'éclairer notre efprit. En incruC-
tant de dorures les planchers, les plafonds & les
toits de nos mai Ions, nous nous repaiffons de ces
ululions menfongeres , quoique nous n'ignorions
pas que fous cet or il n'y a que du bois fale , vermoulu,
pourri, & qu'il fuffifoït de changer contre
au bois durable & proprement travaille. ( D, J. )
■ ^ La fuite cec article je vais parler de quelques
incrustations ou damafquinures exécutées fur des
objets d un moindre volume & fut des matières
preçieufes,
Métaux incruflêst
. “ Les métaux, dit Caylus ( Rec. V. pag, 6, )
incrustés , pour former les yeux, ou pour indiquer
les parures , entraînent plufieurs pratiques fines &
délicates pour leur exécution. Indépendamment de
leur magnificence prouvée par ces incrujtaùons ,
1 exactitude du creux, celle du métal, eu de la
matière mcrujtée, font des opérations , à la per-
rection defquelles on eft long-temps fans pouvoir
arriver, pnncipaiementquàndaucun exemple étranger
ne conduit a 1 imitation, A l'égard de ces travaux:
délicats & recherchés, je ne citerai dans le
nombre de ceux que je poffidè qu'un taureau.-
A p is, dont la fonte eft admirable) mais , quoique
m a i lle , ou plutôt fa proportion foit affez cqnfi-
derable, je ne 1 ai point fait graver, par la- raifon
que les quatre jambes font rompues, & qu’il ne
p. ente auc“ ne autre fingulai ité que les mcrnSla-
tigns d or 8e d argent mêlés enfembie, pour enrile
frontParUre C°* ’ ^ trl'anS,ç porte fur
ss La première planche du quatrième volume
prefente un prêtre fort chargé S incrustations, foit
pour fa parure , foit pour les caractères dont il eft
I0 r«e ’ ir j ne, f?nt ^ « u té e s qu'en argent ; mais
la findle des hiéroglyphes augmente.le mérite du
travail & de la pjrecifion ».
“ Le volume cinquième fait voir ( PS, X V I I I .
: p & '4 • ) un autre prêtre qui porte des brafle-
lets formes parune inçrujlation en or. Ce monument
prouve que cette parure, qu'on ne trouve pas corn-
munejnen t fur les figures qui font parvenues jufqu’ i
nous, etoit en plage chez les’ égyptiens : Selon
'SoenÇes fHln f qH'C:!e -f5 pepenles, On trouve les e"inScarSu“staict ioàn sd ép lgursa nfdrées
.
quemment employées pour former le globe des
yeux : cette prétendue parure adoptée par des nations
plus éclairées dans les parties du goût eft
donc venue des égyptiens ; mais ce peuple faee
non plus que les grecs, n'a pas fait, généralement
cft&V p c9" " ? - fens d’y marquer des prunelles.
W fur les ouvrages romains, & plufieurs
modernes ont adopté ce procédé q u i, je l'avoue ?
me paraîtra toujours ridicule«.
Parmi les fig-uresqu'on fait remarquer aux étrangers
a Portici, on diftingue fur-tout une petite
1 allas & une -Vénus , chacune de la hauteur d'un
palme ( 7 ou 8 pouces ) , ou environ. La première
tient une patère-de la main droite , & fa Jance de
u : les ongles des mains & des pieds , les
boucles de fon calque, & une bande iur le bord
de fon veterpem 3 font incrufiês en argent avec
beaucoup d art. La Vénus a des brafïçlets d’or à
les bras & à fes- jambes , formés avec des filets de
ce métal, Paufanias ( (ib. I. ) parle d'une llatue
avçc des ongles d'argent. Hérode-Atticus fit éle-
ï ^er. a Corinthe un quadrige dont les courfiers
etoient dores & avoientles fabo.ts d’ivoire. ( Ibid*,
lib. II. ) Le diademe de l'Apollon-Sauroétonon de
la villa Albani eft d'argent. Les bafesde plufieurs
fta^tues du cabinet de Poiçici, font incruftées du
meme métal.
" Ces deux morceaux de bronze, dit Caylus
( Rrc. I l, pl, LjuZ /i°. 1. ) , préfentent une fingu-
larite que je n’avois point encore remarquée fur
ces fortes d antiquités. Tous les vuides d'un trait
a 1 autre ont été remplis d?une -couleur groflière,
verte ou rouge, qui fubfifteencore aujourd’hui.
11 eft vraifemblable que les romains n’ernployoient
ces fortes d'embelliflèmens que dans leurs, colonies
de la Gaule, peut-être même dans le temps que
les armes ayant perdu leur première fimplicité ,
reçurent des ornemens, que le luxe fut augmenter
fucceffivement. En tout cas je n’en ai point
vu de femblables , ni de ce genre de décoration
• ?I!S es mQnumens que les autres pays nous fournirent.
Il faut cependant convenir que l'ufage de
ces couleurs ^ introduites pour l’ornement des
bronzes , a été plus étendu que je ne l'avais foup-
çonne j car M , Louis Giraldi m*a envoyé de Rome,
depuis que ces morceaux font gravés,'deux petites
plaques de bronze , de forme circulaire , abfolu-
ment ^mblables pour le travail, les couleurs &?
leur difti-ibution. Il les regarde comme les couver-»
clés de boîçes deftinées à renfermer des parfums ».
Marbre, incmfté. •
« L çtat, dit Caylus ( rec. I. 220) où fe trouvent
ces efpeces de gravures fur marbre, 'me pei fuade
que tous ces creux n’ont été faits que pour recevoir
des mcru.fiadons de métaux que l'avarice 3
détruites. Pour s'en former une idée', il fuffira
d examiner un’vafe de marbre à-peu-près de même
grandeur, poftedé autrefois par le cardinal Ma-
zarin , & confervé aujourd’hui dans le garde-
meuble. du roi, parmi un très-grand nombre de
richelies en ce genre. Les incrufiations qui y relient
encoie, car il y en a eu quelques-unes d’empor-ü
tees, font d or & d'argent : elles repréfentent des
divinités de la mer, Les figures de l’urne dopt i\
s ’agit ici étant du double plus grandes que ces
dernières, doivent faire juger qu'elle étoit ancien-
nementTa beauté de ce morceau, & l'opulence
du père qui avoir confacré ce vafe à la mémoire
de fa fille. L ’ornement courant dont j'ai déjà
parlé, & qui eft renfermé dans une bande, con-
ferye encore des reftes de dorures appliquées dané
le champ : ce qui me perfuade que ces incrufiations
pouvoient .être d’or ; nouvelle preuve du degré
d habileté que les romains avoient pour la préparation
de leurs dorures & de leur couliur, qui
parmi eux faifoient partie d’un luxe qui n’avoit
point de bornes».
Verre incrufié.
Deux morceaux ( Caylus, rec. 1 2J2) de verre
bleu foutenu d’une couche de matière blanche,
l'un & l’autre très-peu épais, font incrufiês d’or.
Leur travail n’elt pas tout-à-fait le même. L’un
eft d’un genre d’ornement plus épais, & l’o r y
eft d’une feule pièce. Je ne crois pas que ce morceau
aie été fabriqué autrement qu’en appliquant
la feui.le d’er toute découpée avec un emporte-
pièce fur le verre encore chaud & prefqu’ en fu-
Jion. Cette feuille doit toujours avoir été d’une
ce taine épaffeur, pour recevoir le poliment quand
les matièr-es font refroidies. L’or du fécond a du
être app’iqué de la même façon ; mais la fineffe,
des filets, & l’efpèce d’émail coloré que l’on
voit encore dans les côtes des feuilles, font des
objets dignes des curieux «.
Pierres gravées incrufiêes.
» On voit ,*dit Mariette, des agathes ôu d’autres
pierres fines, fur lefquelles des têtes ou des figures
en baffe taille &-cifelées en or ont été rapportées
& incruftées , de façon qu’à la différence près de
la matière, elles font à-peu-près le même effet
que les véritables camées. On en voit une à Florence.
C ’eft un Apollon vainqueur du ferpent
Pithon, ou bien quelque chaffeur qui fe repofe ,
appuyé contre un tronc d’arbre 5 & la figure qui
eft debout eft d’un defifein correét & élégant. Je
ne crois pas qu’avant cette pierre , citée avec
éloge par le chevalier Maffei, & rapportée depuis
dans le Mufoeum Florentinum , ( tom. 1 . , tab. 66
n° r . ) , on en eût produit aucune de la même
efpèce dans d’autres livres «.
s» Mais, depuis environ un an (en i7 ) 'o ) ,u n
italien a diftribué à Paris plufieurs pierres fembla-
blement incruftées j & comme il en avoit nombre,
& qu’eftes étoient toutes trop bien confervées
Pour n^être pas fufpeéles, bien des gens ont cru
que c’étoient dés pierres modevnes. On a déjà remarqué
que plufieurs têtes qui s’y voyoient re- ;
■ prefentéesferètrouvoient préciférrieht les mêmes, 1
trait pour trait, fur des médailles. C ’eft déjà un
grand préjugé contr’elles j car perfonne n’ ignore
combien il eft aifé de prendre des empreintes avec
des feuilles d'or, tant fur les médailles que fur les
pierres gravées. L'or eft un métal extrêmement
duêtile ; s’il eft appliqué mince fur un relief
ou dans un creux, l’empreinte qui -fe formera aura
la même netteté que fi elle avoit été faite avec la
cire. Il ne s’agit plus après cela que de découper
, cette empreinte fur fes bords, que de la maftiquer,
comme les orfèvres font leurs ouvrages de cife-
lure,.pour lui donner de la confiftance, & que de
l’àffujettir dans la pierre , après avoir creufe. cette
pierre, ou fait uh fillon fuivant le contour du relief
qu’on a deffein d’y incrufter ; opérations qui ne
demandent que de l’adrefte. J’ajouterai que je crois
! avoir remarqué dans quelques-uns de ces reliefs *
des touches & des coups de cifelet & de burin,
donnés après coup, foit pour réparer quelque
défaut, foit pour mettre dans le travail cette vivacité
d ’ou til, & ces arrêtes tranchantes, qu’une
empreinte, quelle que bien faite qu’elle foit, ne
peut avoir ». ( Traité des 'pierres gravées , /. ,
'P*g-A9- )
Caylus étoit du même avis que Mariette. Il dit
(Rec. 1 .3 167) :« Cette efpèce de camée, de la
grandeur d'une bague, eft fur un jafpe noir, donc
la couleur eft très-égale, & dans lequel on a
! creufé tout l'efpace que doit occuper la figure-, en
fuivant exaélement le trait & le contour, pour y
incrufter en fuite cette même figure de bas-relief
en or. Il eft fort aifé d’imiter ce travail, dont les
recueils contiennent peu d’exemples ; & les plus
habiles connoiffeurs peuvent alors y être trompés,
fans qu’on doive leur reprocher une erreur aufli
fimple; car quelle difficulté trouveroit-on à mouler
de l’or fur une pierre antique, dont l’empreinte
fera d’autant mieux rendue, que cet or ne doit pas
être fort épais ? Je demande enfuite fi nos meilleurs
ouvriers, qui ont porté l'art de mettre eu oeuvre
au plus haut degré d’exa&itilde & de précifion ,
auront beaucoup de peine à exécuter ce genre
d'incrustation3 & à établir folidement dans le creux
préparé fur la pierre, la figure qu’ils voudront y
mettre 5 & cette figure, par les raifons que j’ai
déjà dites, aura le tour, la compofition & quelques
détails de l’antique. Rien de plus facile. Voici les
paroles du,chevalier Maffei, (Pl. X C V I 3 vol. III. )
à l’occafion d’un morceau ae ce même travail:
Apollo in canimeo d oro, incaftrato in Nicolo. Après
ce titre , il ajoute, dans la defeription de la
planche : La novita e la perfe^ione di fimil lavoro
m anno configlioto a?collocare quefto bel camfneofra
le noftre ftampe, quantunque non porti feco alcun
fimbolo particolare. On en trouvera dès morceaux
rapportés dans le Mufeum Florentinum; je viens
de relire ce que Mariette a écrit fur ce recueil,
dans fon traité des pierres gravées, pag. 989. On
ne peut rien y ajouter».
IN CUB ARE Jovi, ou pellibus viftimarum ,